Stanislas GENTILHOMME1859 - 1935
- Status : Prêtre
- Identifier : 1614
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Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1884 - 1935 (Pondichéry)
Biography
[1614] GENTILHOMME Stanislas naît le 13 août 1859 dans le diocèse d'Angers, à Tiercé dans le Maine et Loir. Il fait ses études secondaires au Collège Montgazon à Angers. Ayant reçu les ordres mineurs et désirant entrer aux Missions Étrangères, il a besoin de l'autorisation de son évêque. Il va trouver deux fois Mgr Freppel. Celui-ci finit par lui donner la permission de répondre à sa vocation missionnaire. Après deux ans au Grand séminaire d'Angers, il entre à la rue du Bac, le 8 septembre 1882. Ordonné prêtre le 20 septembre 1884, il reçoit pour destination la mission de Pondichéry. Il part pour l'Inde le 19 novembre suivant. Jusqu'à sa mort, il ne devait jamais revoir la France.
Professeur, auteur de livres scolaires, voyageur curieux de l’Inde
Il est d'abord affecté à Tindivanam, à quelque 30 km de Pondichéry, pour apprendre le tamoul. Au bout de quelques mois, il est rappelé à Pondichéry et nommé professeur au petit séminaire-collège près de la Cathédrale. Au temps des vacances, il aimait s'évader un peu et faire des voyages, pour enrichir sa connaissance des hauts lieux et de la culture de l'Inde. Il visite ainsi Kumbakonam, Tanjore, Trichinopoly, Palghat, la côte Malabar (sud-ouest de l'Inde), Coimbatore, les Nilgiris, Madras, Calcutta, Bénarès, Darjeeling, etc. Il consigne les relations de ces voyages dans des cahiers qu’il enrichit de nombreuses photos et illustrations. Ces cahiers sont désormais aux archives de la rue du Bac. Sur place, à Pondichéry, Mgr Laouënan trouvant très instructif le cours de géographie que le Père dispense à ses élèves, donne l'ordre de le faire imprimer. L'ouvrage paraît en 1890 en deux volumes sous les titres : ‘‘Géographie des Indes Orientales’’ (290 pages) et ‘‘Géographie de la Présidence de Madras’’ (75 pages). La Commission de l'Instruction Publique adopte l'ouvrage et l'introduit dans toutes les écoles de la colonie française.
Curé
Puis Mgr Laouënan nomme le P. Gentilhomme à la paroisse de Vellore (1) au nord de la mission où il passe six ans. Il eut une nouvelle nomination pour la paroisse de Kurumbugaram (2) près de Karikal, au sud de Pondichéry. Il passa là, dit-il, les plus heureuses années de sa vie, entre 1896 et 1900. C'est alors que Mgr Gandy lui demande de revenir au petit séminaire collège de Pondichéry. Pendant deux ans, il y donne des cours de mathématiques et de grammaire pendant deux ans (1900-1902).
Vingt-cinq ans dans la même paroisse
En 1902, l'évêque a besoin d'un prêtre pour la paroisse de Reddiarpalayam dans la banlieue de Pondichéry. Il y envoie le Père Gentilhomme. Enfin, en 1910, il est transféré à la paroisse de Muthialpet, paroisse de pêcheurs le long de la mer dans la banlieue de Pondichéry. Il y reste environ vingt-cinq ans et se montre bon pasteur, excellent organisateur et saint prêtre.
Esprit pratique
Comme il faut terminer l'église, bâtir un presbytère, le Père le fait avec autorité et mesure. Il fait aussi le recensement des Chrétiens après avoir visité toutes les familles. Il tient à jour "l'état des âmes" de sa paroisse jusqu'au bout. Il orne les autels de son église, meuble la sacristie et remplace les vieux ornements par des neufs. Quant au nouveau presbytère, il en fait un modèle de résidence, qui lui vaut les éloges de Mgr Lépicier, venu à Pondichéry comme visiteur apostolique. Le Père est ingénieux et a l’esprit pratique : il y a un puits dans le jardin ; aussi fait-il construire sa salle de bains en bordure du puits de sorte que, sans se déranger, il a de l'eau quand il veut et autant qu'il le souhaite. Les plates-bandes de son jardin sont entourées non de fleurs, mais de bouteilles renversées, bordures originales en un temps où l’on trouvait du vin à boire en Inde. Les bouteilles vides sont donc utilisées de cette manière.
En 1916 s'abat sur Pondichéry un terrible cyclone qui détruit toutes les masures couvertes de chaume : quelle tristesse et quelle douleur pour le pasteur devant les scènes de désespoir de ses Chrétiens qui en quelques minutes ont tout perdu ! Peu à peu, grâce aux secours obtenus par le Père, Muthialpet se relève de ce désastre et la vie du curé reprend son rythme habituel.
Une démarche d’inculturation
Conscient de ses devoirs pastoraux, il s'adonne avec zèle à l'instruction et à la formation chrétienne de ses ouailles. Ainsi laissera-t-il plus de mille sermons en tamoul, écrits en caractères romains (ils sont conservés aux archives de la rue du Bac). Sa prédilection va à l’enseignement des enfants. Leur confiance, leur simplicité enfantine le consolent. La chaleur intense de cette région l'oblige à changer de linge et de soutane blanche plusieurs fois par jour. Il dit la messe pieds nus car, selon la coutume indienne, souliers et chaussures sont interdits dans les temples et les églises. En cela, il est un précurseur de l'inculturation préconisée plus tard, surtout au moment du Concile.
En 1935, la maladie le force à se faire soigner. Il est envoyé à l'hôpital Sainte-Marthe de Bangalore. Il souffre de crampes et de douleurs d'estomac. Malgré les soins intensifs des Sœurs du Bon Pasteur, les crises se multiplient et la fin s’annonce. Il conserve son sourire et sa gaîté jusqu'à la fin, attendant la mort comme on attend un visiteur désiré. Il ne peut bientôt plus prendre de nourriture. Il reçoit l'extrême onction le 3 octobre, en la fête de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus qu'il aime particulièrement. Il s'éteint doucement le 23 octobre. Les obsèques ont lieu le lendemain à Bangalore où son corps repose dans le cimetière des Pères des MEP, près de l'église du Sacré-Cœur.
1 – Entre Madras et Bangalore.
2 – L’une des paroisses du comptoir français de Karikal.
Obituary
M. GENTILHOMME
MISSIONNAIRE DE PONDICHÉRY
M. GENTILHOMME (Stanislas-Marie), né le 13 août 1859, à Tiercé (Angers, Maine-¬et-Loire). Entré acolyte au Séminaire des Missions-Etrangères, le 3 juin 1882. Prêtre le 20 septembre 1884. Parti pour Pondichéry, le 23 novem¬bre 1884. Mort à Bangalore, le 23 octobre 1935.
Stanislas-Marie Gentilhomme naquit à Tiercé (Maine-et-Loire) le 13 août 1859. Il perdit son père à l’âge de 4 ans et passa ses années d’enfance auprès de sa mère et d’une sœur unique, son aînée de quelques années. De bonne heure il se fit remarquer par sa piété et manifesta l’intention d’être prêtre. C’est au petit sémi¬naire de Mongazon qu’il fut envoyé pour faire ses études. Là, il eut bien vite gagné la confiance de ses supérieurs et fut nommé sacristain. Le 1er octobre 1880, il entrait au grand séminaire d’An¬gers. La première personne qu’il y rencontra fut M. Aguesse, Su¬périeur de la section de philosophie. — « Que nous apportez-vous, mon ami ? » lui dit celui-ci. « Ma bonne volonté, Monsieur le Supérieur. » Et le bon Sulpicien l’embrassa paternellement en répétant par deux fois : « Sufficit bona voluntas ».
Dans l’esprit de Stanislas, le séjour au grand séminaire d’An¬gers n’était que transitoire ; il voulait être missionnaire et son cœur était déjà au Séminaire des Missions-Etrangères. Pour quitter le diocèse, il lui fallait au préalable l’autorisation de Mgr Freppel. Afin d’être plus sûr d’aboutir, il alla lui-même pré¬senter sa requête à S. Excellence. Le vénérable prélat le reçut avec bonté, l’interrogea longuement sur sa vocation, mais lui de¬manda de réfléchir encore. Après la réception des Ordres Mineurs, seconde entrevue à l’évêché ; cette fois, il obtint la permission de faire sa demande d’admission à la rue du Bac. Le 8 septem¬bre 1882, il faisait sa première visite à la salle des Martyrs. Ordonné prêtre le 20 septembre 1884, il fut destiné à la Mission de Pondichéry, et le 19 novembre suivant il dit adieu à la mère¬-patrie qu’il ne devait plus jamais revoir.
Quand le bateau qui l’emportait arriva en vue des côtes de l’Inde, le jeune missionnaire s’écria : « Voici l’Inde, le pays évangélisé par Saint François-Xavier lui-même... A toi nos cœurs, nos sueurs, toute notre vie. » Ce fut le programme qu’il réalisa tout le reste de sa vie. D’abord, il fut envoyé à Tindivanam pour apprendre le Tamoul et faire ses premières armes, mais il ne fit qu’y passer. Au bout de quelques mois, en effet, il fut rappelé à Pondichéry et nommé professeur au petit séminaire-collège ; en plus de ses cours, il fut chargé de la sacristie de la cathédrale et de la léproserie. Désireux de s’instruire, il profita des vacances pour faire de nombreux voyages dans l’Inde. Kumbakonam, Tanjore, Trichinopoly, Palghat, la côte malabare, Coimbatore, les Nilgiris, Madras, Calcutta, Bénares, Darjeeling [Sikkim] reçurent tour à tour sa visite. Dans ces excursions, il prit des notes sur les lieux où il était passé et sur la géographie de l’Inde. De retour au petit séminaire, il sut faire bénéficier ses élèves de toutes ses connais¬sances nouvelles, et suppléer ainsi aux notions par trop élémen¬taires qu’ils trouvaient dans les manuels alors en usage. Mis au courant de ce cours inédit de géographie, Mgr Laouënan voulut en prendre connaissance ; et, l’ayant trouvé intéressant, donna l’ordre de le faire imprimer. L’ouvrage parut en 1890 en deux volumes, sous le titre de « Géographie des Indes Orientales » : 290 pages, et de « Géographie de la Présidence de Madras » : 75 pages. La Commission de l’Instruction Publique adopta l’ou¬vrage et l’introduisit dans toutes les écoles de la colonie.
Avant son départ pour la France, Mgr Laouënan le nomma curé de la paroisse du Fort, à Vellore tout au nord de la Mission où il passa six années. De Vellore, il fut envoyé à Coorombaragam, aux portes de Karikal. Il y resta quatre ans, logé dans la sacristie parce qu’il n’y avait pas de presbytère. Ce furent, à son avis, les plus heureuses années de sa vie de missionnaire. Entouré de l’estime et de l’affection de ses ouailles, volontiers il serait resté avec eux ; mais le missionnaire doit être toujours prêt à aller là où l’obéissance l’appelle. C’est ainsi qu’en 1900, Mgr Gandy lui demanda de revenir au petit séminaire-collège ; M. Gentilhomme accepta sans mot dire et se remit de tout cœur à l’enseignement des mathématiques et de la grammaire.
En 1902, nous le trouvons curé de Bettiarpaléam près de Pon¬dichéry ; puis, en 1910, il est placé à la tête de la paroisse de Mu¬thialpet, limitrophe de Rettiarpaléam. C’est là qu’il devait passer le reste de sa vie, environ vingt-cinq ans. Dans ce nouveau poste, il y avait fort à faire. Il fallait terminer l’église, bâtir un presby¬tère, faire le recensement des chrétiens, tout organiser. Immédia¬tement il se mit à l’œuvre et disposa toutes choses avec poids et mesure, grâce à cet esprit d’ordre dont il était animé. Sachant que le premier devoir d’un curé est de connaître ceux dont il a la charge, il commence par visiter toutes les familles et rédige un état des âmes parfait qu’il tiendra à jour jusqu’à son départ. Il termine ensuite son église, fait venir de France de jolies statues pour orner les autels, meuble la sacristie, met au feu tous les vieux ornements usés qu’il trouve et les remplace par des neufs. Son presbytère entouré d’arbres et de fleurs était un modèle de rési¬dence et lui valut les éloges de S. Exc. Mgr Lépicier, Visiteur Apostolique. Ses constructions étaient terminées, quand le terrible cyclone de 1916 s’abattit sur Pondichéry et les environs. Heureu¬sement, ni l’église ni le presbytère ne furent endommagés, mais il n’en fut pas de même, hélas ! des misérables huttes couvertes en chaume de ses pauvres chrétiens ; toutes furent renversées ; pas un arbre ne restait debout. En une nuit, ils avaient perdu tout ce qu’ils possédaient en ce bas monde. Aussi, quelles ne furent pas la tristesse et la douleur du pasteur à la vue de nom¬breuses scènes de désespoir et des pertes irréparables dont il était le témoin. Peu à peu, Muthialpet se releva de ce désastre et la vie du curé reprit son train habituel.
M. Gentilhomme ne fut jamais un grand convertisseur. Il était plutôt organisateur. Il se donnait tout entier à l’instruction et à la formation chrétienne de ses ouailles. Il a laissé plus de 1.000 sermons en tamoul écrits d’un bout à l’autre. Les enfants surtout étaient la partie préférée de son troupeau. Il les prépa¬rait à la Première Communion avec le plus grand soin et veil¬lait à ce qu’ils continuassent ensuite à s’approcher des sacrements au moins une fois par semaine. Qu’il était heureux le dimanche, après la messe, au milieu de tous ces jeunes communiants qui venaient au presbytère recevoir ses avis et sa bénédiction ! Leur piété, leur confiance, leur simplicité enfantines le consolaient du mauvais vouloir des quelques personnes malveillantes du village dont il eut parfois à souffrir. Tout dévoué à ses chrétiens, il n’hé¬sita pas à intervenir à plusieurs reprises auprès des autorités civiles pour défendre les droits de ses enfants contre les empiète¬ments des païens.
Notre confrère était d’une piété exemplaire. Toute sa vie il resta très fidèle à tous ses exercices quotidiens. Le courage, la résigna¬tion chrétienne, l’abandon confiant et complet entre les mains du bon Dieu dont il fit preuve pendant sa dernière maladie furent une leçon pour tous, prêtres et chrétiens.
Au début de l’année 1935, des crampes d’estomac répétées et violentes le firent souffrir beaucoup. Pour le soigner, Mgr Colas lui demanda de venir à la Mission, l’installa conforta-blement à l’étage à côté de lui et le mit entre les mains de la Faculté. On ne connut pas tout d’abord la nature de son mal. Au mois de mai, pour lui épargner de trop grandes chaleurs, on le fit admettre à l’hôpital Sainte-Marthe tenu par les Sœurs du Bon Pasteur d’An¬gers et situé sous un climat idéal, à Bangalore. Reçu avec bien¬veillance, comme toujours, par les bonnes religieuses, il fut bien soigné et ce bon missionnaire ne cessait de bénir Monseigneur l’Archevêque de l’avoir envoyé dans cette maison. Ce chan¬gement sembla d’abord lui faire du bien et calmer les douleurs de son estomac ; le mieux ne dura pas. M. Gentilhomme était atteint d’un mal qui ne pardonne pas. Les crises bientôt recom¬mencèrent plus violentes que jamais. La mort n’était pas loin ; il le savait, mais ne s’en émut pas outre mesure. Grâce à un traite¬ment énergique et, à une diète très stricte, il ne souffrait pas en dehors des crises qui furent d’abord assez espacées. Il conserva sa gaieté et son bon sourire jusqu’à la fin, attendant la mort comme on attend un visiteur désiré. Dans les premiers jours de septembre, les douleurs devinrent plus fréquentes et plus aiguës ; il ne put plus prendre de nourriture et les forces diminuèrent rapidement. Il reçut l’Extrême-Onction le 3 octobre, fête de Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus qu’il aimait particulièrement. Il vécut encore trois semaines, supportant ses souffrances avec une patience et une résignation remarquables.
Enfin, il s’éteignit doucement le 23 octobre et les obsèques eurent lieu le lendemain en présence de tous les confrères et de tous les prêtres indiens de Bangalore. Du haut- du ciel, notre regretté confrère, nous en avons la douce confiance, continuera à prier pour les missionnaires et pour la Mission de Pondichéry tout entière.
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References
[1614] GENTILHOMME Stanislas (1859-1935)
Références bibliographiques
AME 1915-16 p. 131 (art). 1917-18 p. 104 (art). 1935 p. 40. 41. 284. CR déc. 1884 p. 158. 1892 p. 235. 236. 1912 p. 280. 1915 p. 142. 1920 p. 74. 1922 p. 150. 1929 p. 201. 202. 1932 p. 270. 271. 1934 p. 208. 1935 p. 242. 375. 1936 p. 287. BME 1933 p. 229. 1934 p. 809. 1935 p. 449. 610. 680. 750. 905. 906. 1936 p. 74. MC 1916 p. 268. 1917 p. 87. 88. 1918 p. 99. EC1 N° 323.