Alphonse MARCON1860 - 1921
- Status : Prêtre
- Identifier : 1670
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1886 - 1921 (Mysore)
Biography
[1670] MARCON Alphonse, est né le 1er janvier 1860 au village de Montet, dans la commune de Laussonne, au diocèse du Puy, d'une famille foncièrement chrétienne. Dans ces montagnes, il devait aller à la messe du dimanche, en se débattant dans une épaisse neige. Après la mort prématurée de sa maman, il fut élevé par sa soeur aînée. On lui confiait la garde des troupeaux, et il aimait ce pays de montagnes, aux lointains horizons. Il était plutôt irrégulier à l'école primaire. Alors, son père l'envoya au Puy, chez les Frères du Paradis. Il devait y rester un an, puis on l'envoya au Petit Séminaire de la Chartreuse.
C'est là qu'il sentit s'éveiller sa vocation missionnaire. Il entra alors au Séminaire des Missions Etrangères de Paris en 1881. Il fut ordonné prêtre le 27 septembre 1885 et reçut sa destination pour la Mission de Mysore. Il partit pour l'Inde le 18 novembre suivant.
Dans la ville de Mysore, sous la direction du Père Rautureau, il étudia le tamoul et le kanara. Il était doué pour les langues, ce qui lui permit plus tard de prêcher d'éloquents sermons dans ces langues.
De 1886 à 1891, il fit du ministère à Vayitri, dans les montagnes de l'Ouest, sous la direction du curé de l'endroit, le Père Auzuech. Il se déplaça dans les forêts et plantations de thé et de café, convertit et baptisa nombre d'hindous. Il eut de douces consolations dans ces montagnes, qui lui rappelaient celles du Velay.
Obituary
M. MARCON
MISSIONNAIRE DU MAÏSSOUR
M. MARCON (Alphonse-Jacques-Henri), né à Laussonne (Le Puy, Haute-Loire), le 4 janvier 1860. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 8 septembre 1881. Prêtre le 27 septembre 1885. Parti pour le Maïssour le 18 novembre 1885. Mort dans sa Mission le 2 mars 1921.
Alphonse-Jacques-Henri Marcon naquit le 1er janvier 1860, au village de Montet, commune de Laussonne, canton de Monastier, Haute-Loire. Il fut haptisé le 4, en l’octave des Saints-Innocents. Il aimait plus tard rappeler cette dernière date et à proclamer les Saints Innocents ses patrons, comme pour montrer qu’il avait contracté alliance avec la simplicité. Mais la chose était dite avec un certain air de malice qui donnait suffisamment à entendre que notre confrère, pour vouloir être simple, n’entendait pas du tout être simpliste. Et la finesse de son sourire annonçait avec une excessive bonté un esprit très subtil.
Alphonse appartenait à une de ces familles foncièrement chrétiennes, comme il s’en trouve toujours dans les montagnes du Velay. Malgré une distance de plusieurs kilomètres, on bravait le mauvais temps pour assister à la sainte messe chaque dimanche. Si la neige était trop abondante, le papa avec ses grosses bottes passait le premier, traçait le chemin, et tout le monde emboîtait le pas après lui. Ce faisant, on ne pensait guère que le souvenir de ces expéditions aiderait plus tard deux missionnaires à supporter les ardeurs des tropiques !
Le père d’Alphonse avait une belle voix, qui aurait fait honneur à un artiste. On ne l’entendait qu’à l’église, et aux réunions de famille. Elle résonna une fois au Séminaire de la rue du Bac. Les aspirants de cette époque ne l’ont pas oublié.
Notre Alphonse était en bas-âge lorsqu’il perdit sa mère. Sa sœur aînée la remplaça. Elle eut pour lui et son jeune frère Clodimir tous les sentiments, toutes les tendresses de la défunte, et sut leur inspirer une solide piété avec l’amour du bon Dieu.
Fils d’agriculteur et né dans une ferme, Alphonse éprouva du premier coup un très vif attrait à mener paître les troupeaux de bœufs dans les prairies. Occupation facile et agréable. Aussi quand plus tard il fallut aller en classe, la vue des livres ne lui dit rien qui vaille. Placé chez des parents au bourg de Laussonne, il fut inscrit quelques temps à l’école paroissiale. Plus d’une fois, il prit l’initiative de se donner congé, ce qu’ayant su son père l’envoya en pension au Puy, chez les frères de Paradis. Tout nouveau, tout beau, et les débuts firent croire que l’écolier était converti, et qu’il deviendrait homme de lettres. Tout de même il était dur d’être enfermé entre quatre murailles et de marcher toujours au son de la cloche. La nostalgie tourna la tête à notre homme. Un beau matin, il se glissait par la porte entrebaillée du pensionnat, et, après une course furibonde, arrivait à Montet. Une réception plutôt fraîche l’attendait. Dès le lendemain, le papa attelait, saisissait son Alphonse par le bras, le hissait en voiture, et... en route ! Les larmes coulèrent ; mais cette fois la nature était vaincue. Le retour de l’espiègle lui attira quelques brimades de la gent écolière. On comptait sans son biceps. Animé déjà de sentiments chevaleresques envers les faibles, il fit grâce à ceux de son âge, et se tourna vers les grands : je vous assure que ceux-ci se contentèrent de cette première expérience. Désormais il fut respecté. Même il fut recherché ; car en récréation il était un parfait boute-en-train.
Après un an à Paradis, il passa au Petit Séminaire de la Chartreuse, pépinière de prêtres et de missionnaires. Sans être très brillant dans ses classes, il obtint toujours de bonnes notes à ses examens. Il appartint ¬à la Congrégation de la Sainte-Vierge.
Nous ne savons rien du germe de sa vocation pour les Missions-Étrangères. Il est fort probable que c’est à la Chartreuse qu’il la sentit s’éveiller en lui. Quand il eut terminé ses études au petit séminaire, il partit pour Paris. C’était en 1881. Il est facile de se le figurer édifiant et sérieux dans les temps de silence, vif à la balle en récréation. Le 10 septembre 1883, il eut une grande et agréable surprise : il fut appelé par M. le Supérieur qui lui dit à peu près ceci : « Mon cher ami, votre frère vient demain vous rejoindre, veuillez aller le chercher à la gare ». Clodimir n’avait rien confié à son aîné : il avait gardé le secret de sa démarche jusqu’à la dernière minute.
Ordonné prêtre le 27 septembre 1885, le Père Alphonse Marcon reçut sa destination pour le Maïssour, et partit le 18 novembre suivant
A son arrivée en Mission, ses supérieurs l’envoyèrent apprendre le tamoul à Mysore, sous la direction du Père Rautureau. Le Père Marcon montra une heureuse disposition pour les langues indiennes. Il se familiarisa vite avec le tamoul, et plus tard avec le canara. Il les parlait avec grande facilité, et cela lui permit de prêcher avec une réelle éloquence.
Après son apprentissage à Mysore, dans le courant de 1886, il fut nommé à Vayitri, à l’autre bout du diocèse. Les montagnes de cette région lui rappelaient le Velay, et le séjour qu’il y fit lui procura de douces consolations. Toute sa vie il gardera le meilleur souvenir de ce premier poste. M. Auzuech, curé de ce district, nous écrit à ce propos : « Le Père Marcon avait conservé très vivant le souvenir de Vayitri, et chaque fois que je le voyais, il ne manquait pas de me demander des nouvelles des deux ou trois vieillards qu’il y connaissait encore. Parmi eux se trouvait un néophyte qu’il avait baptisé, le plus fervent converti que j’ai jamais rencontré, aussi fervent que ceux de la primitive Eglise. En raison de la vivacité de sa loi, on ne le connaissait partout que sous le nom de Visouvâsi (Fidèle). C’était Visouvâsi Antoni. Il est mort environ trois semaines avant le Père Marcon ; et j’ai pu écrire à celui-ci à l’hôpital les détails de ses derniers moments.
Du temps du Père Marcon, les maisons de Vayitri étaient presque toutes couvertes en chaume, et à deux reprises le bourg fut la proie de l’incendie. Dans un de ces deux sinistres, le Père Marcon fit vraiment preuve d’héroïsme, se jetant au milieu des flammes pour aider les chrétiens à sauver leurs pauvres hardes. Il reçut plusieurs brûlures ; et quand tout fut fini, il tomba épuisé et sans connaissance sur le bord de la route. »
Il était encore à Vayitri, en 1887, lorsque son frère, le Père Clodomir vint le rejoindre au Maïssour. Mais Vayitri est loin de Bangalore, où son cadet s’installe parmi les professeurs du Collège Saint-Joseph. Pendant trois ans encore les entrevues fraternelles seront assez espacées.
En avril ou mai 1891, le Père Alphonse fut appelé à prendre la direction de l’orphelinat agricole de Silvépura. Il y trouva une bande de jeunes gens et enfants, tous rescapés de la célèbre famine de 1878. Pas faciles à mener ces gaillards, fils de païens, baptisés sans doute mais encore imbus d’étranges préjugés, et toujours revêches à la discipline, quand ils n’étaient pas entraînés et dévergondés par des apostats, qui les rejoignaient nuitamment pour leur prêcher la haine de la religion, et leur insuffler l’esprit de révolte. Il faut avoir passé par là pour comprendre les transes et les difficultés des premiers confrères qui se sont dévoués à cette œuvre. Le Père Marcon y resta sept ans. Avec un cœur d’or comme le sien, il devait se plaire à Silvépura, même à ce moment-là. Il aima ces enfants, et il en fut aimé. Il put ainsi leur faire beaucoup de bien. Dix ans après s’être éloigné, invité à les revoir, il s’empressa d’accourir. Sa visite fut une ovation. A la fin, le pauvre Père ne sachant plus comment se dégager, fit un signe de détresse à son successeur qui vint à la rescousse.
Ce fut la plus dure étape de sa vie apostolique. Après cela, il passe successivement à Chikmaglur, au commencement de 1898 ; à Shimoga, à Noël 1899 ; à Tirthahalli, en décembre 1901 ; pour revenir à Silvépura, mais un autre Silvépura, en février 1910.
Dans tous ces postes, il fait preuve d’une extrême bonté, à laquelle personne ne résiste. A Chikmaglur, le Deputy Commissioner, Euro¬péen, l’invite à siéger aux assemblées munici-pales. A Shimoga, le presbytère est assiégé de visiteurs intéressés. A Tirthahalli, les Konkanis sont chez lui comme chez eux, et lui chez eux comme chez lui. On abuse tant de la bonté du bon Dieu ! Le disciple n’est pas au-dessus du Maître. Il était naturel par conséquent qu’on fût porté à abuser de la bonté du Père Marcon. Cependant les plus fins roublards devaient se modérer. Car le Père jouissait de tant de crédit qu’on ne pouvait que se rendre impopulaire à vouloir lui jouer des tours. Pareil point n’échappe pas à la clairvoyance des Indiens.
Le Père Alphonse faisait l’administration de Chikmaglur quand il apprit inopinément la mort de son frère. Notre regretté Père Clodomir, atteint d’une grave maladie, avait dû s’embarquer pour l’Europe. Forcé de descendre à Suez, il y subit une opération, après laquelle il éteignit doucement (9 décembre 1898).
La peste bubonique, ayant fait son apparition à Bomhay en 1896, mit deux ans à gagner Bangalore. De là, elle s’étendit dans toute la province du Maïssour. Shimoga, nid de toutes les épidémies, fut pourtant le dernier endroit qu’elle envahit : par exemple, elle s’y établit pour de bon. C’était en 1900. Notre confrère s’y trouvait alors : l’occasion était trop belle pour montrer une fois de plus son zèle et sa charité, il sut en profiter.
A Tirthahalli, église et presbytère étaient à bâtir. Un certain nombre de matériaux avaient été accumulés par le Père Laurent, qui avait même terminé les fondations. Les fonds manquant, M. Marcou reçut l’ordre de se construire une chambre pour sa résidence, et de continuer à célébrer dans le hangar qui servait provisoirement de chapelle. Je ne sais plus quelle année, le Père revenant de la visite des chrétientés, qui dans ce district sont fort éloignées, fut tout surpris de voir se dresser devant lui une nouvelle bâtisse, un peu plus solide que l’ancienne, élevée en son absence pour les cérémonies du culte. Elle tient toujours debout, tandis que l’église en est encore au niveau des fondations du Père Laurent.
A Kallurkallé, succursale de Tirthahalli, le Père Marcon, plus heureux, put construire une chapelle pour la petite chrétienté qui augmente sans cesse.
Le voici de nouveau à Silvépura. Cette fois, Silvépura est un poste de chanoine. Plus d’orphelinat, ministère peu chargé, terres de la Mission à surveiller, et c’est un ouvrage à peu près aussi facile que de faire paître les troupeaux paternels autour de Montet. N’allez pas croire que notre missionnaire va jouir tranquillement d’une retraite pourtant bien gagnée, à côté de sa jolie petite église. On manque de prédicateurs de retraites au Maïssour. M. Marcon se dévoue. En ces dernières années de sa trop courte existence, on le rencontre à peu près partout dans la Mission. Il prêche, et fait merveille. Il ne quitte la chaire que pour s’installer au confessionnal, où sa bonté attend et gagne les pécheurs. Le bon Dieu et ses Saints savent seuls tout le bien qu’il a réalisé dans ce ministère.
Il devait tomber glorieusement. En janvier 1921, il fut appelé près d’un malade atteint de la fièvre typhoïde, et contracta le mal, en lui administrant les derniers sacrements. A l’hôpital Sainte-Marthe, où il est conduit, sa foi, sa piété, sa patience font l’admiration de tous. Dès le premier jour, il déclare que c’est la fin. On ne le croit pas ; on ne peut pas le croire. Va-t-il donc manquer si vite, lui si fort et si vigoureux ? Le docteur veut lui relever le moral : « Faites-lui croire qu’il guérira, et je le sauve. » Peine perdue. Le malade a son idée, et il est impossible de l’en faire démordre. Le bon Père Marcon rendit sa belle âme à Dieu le 2 mars 1921. Son meilleur ami et compatriote, en même temps que son Supérieur, Mgr Teissier, lui avait adiministré les derniers secours de l’Eglise, quelques jours avant de présider ses funérailles.
References
[1670] MARCON Alphonse (1860-1921)
Références biographiques
AME 1922 p. 119. CR 1885 p. 144. 1888 p. 188. 1889 p. 223. 1890 p. 194. 1894 p. 282. 1899 p. 331 sq. 337. 338. 1900 p. 280. 1904 p. 265. 1905 p. 259. 260. 1907 p. 285 sq. 1911 p. 249. 1921 p. 124. 172. BME 1925 p. 27.