Augustin LOMBARD1863 - 1893
- Status : Prêtre
- Identifier : 1740
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1887 - 1893 (Vinh)
Biography
[1740]. LOMBARD, Augustin, vit le jour le 11 juin 1863, à Chabons (Isère), fit ses études classiques et théologiques dans son diocèse, entra diacre au Séminaire des M.-E. le 13 mai 1886, reçut la prêtrise le 5 mars 1887, et partit le 20 avril suivant pour le Tonkin méridional. Il étudia la langue à Tan-loc, et fut ensuite chargé du district de Van-phan ; il contribua à protéger contre les rebelles plusieurs stations, et remporta quelques succès apostoliques.
En février 1890, il fut placé à la tête du district de Ngan-ca et y fonda deux chrétientés : l'une à Xuan-tinh, l'autre à Bot-da. En 1891, on lui confia le district de Dong-thanh, dont le préfet commençait à persécuter brutalement les chrétiens. Il mit tout en œuvre pour réconforter ses néophytes, et s'installa dans le lieu même où les païens se montraient le plus hostiles, à Dong-thap. A force de persévérance et d'énergie, il fatigua ses adversaires qui cessèrent de molester les catholiques. Il visita alors les autres stations de son district, et releva les courages. Il mourut au cours d'un voyage, entre Xa-doai et Vinh, près de Ke-gai, le 30 juillet 1893. On ramena son corps à Xa-doai où il fut enterré.
Obituary
M. LOMBARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MÉRIDIONAL
Né le 11 juin 1863.
Parti le 20 avril 1887.
Mort le 30 juillet 1893.
Le P. Lombard (Augustin), écrit le P. Abgrall, naquit à Chabons (Isère) le 11 juin 1863. Entré diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 13 mai 1886 et ordonné prêtre le 5 mars 1887, il fut destiné au Tonkin méridional. Il s’embarqua à Marseille le 24 avril de la même année. Nous ne parlons point de la première période de sa vie, sur laquelle les détails nous manquent ; notons seulement que sa vocation rencontra dans sa famille une opposition très sérieuse. C’est pourquoi il crut devoir s’abstenir de retourner au pays avant de se rendre aux Missions-Étrangères et même avant de quitter définitivement la France. Il voulait épargner à ceux qu’il aimait les déchirements de la dernière séparation. Ce sacrifice lui fut néanmoins très pénible et ouvrit dans son cœur une blessure qui ne se ferma jamais, malgré les lettres pleines de soumission à la volonté de Dieu que lui écrivirent plus tard ses parents.
Le P. Lombard arriva au Tonkin avec trois autres confrères le 7 juin 1887. L’insurrection de 1885 avait fait bien des vides dans les rangs des missionnaires du Tonkin méridional. Pour remplacer ceux qui étaient tombés sous la hache du bourreau ou avaient suc¬combé aux fatigues d’un apostolat si difficile en ces temps troublés, le Séminaire de Paris envoyait à Mgr Pineau, peu de temps après sa consécration épiscopale, quatre nouveaux missionnaires ; le P. Lom¬bard se faisait remarquer entre ses compagnons par sa robuste santé. Doué d’une très forte constitution, le jeune soldat du Christ promettait de fournir une longue carrière. Cependant une chose lui manquait : la gaîté, cette qualité si précieuse chez le missionnaire. Le P. Lombard était naturellement un peu porté à la tristesse ; il luttait bien contre ce défaut, mais il ne réussit jamais à s’en corriger tout à fait.
Après avoir étudié la langue pendant deux mois à Tan-loc, chré¬tienté importante située sur le bord de la mer, le P. Lombard fut envoyé à Van-phan pour se mettre au courant des usages du pays, se former à la vie de missionnaire et aider le P. Bonnet, alors chef du district de Dong-thanh. La guerre allait bientôt finir et, sous l’impulsion du P. Bonnet, on voyait se dessiner un mouvement considérable vers notre sainte religion. Le P. Lombard se porta plusieurs fois avec son confrère au secours des chrétientés attaquées par les rebelles et préserva de leurs incursions les stations les plus rapprochées de sa résidence. Pendant les deux ans et demi qu’il passa à Van-phan, il baptisa dans ce village et aux environs près de 200 païens. Aussi reçut-il de Mgr Pineau de chaleureuses félici¬tations.
Au mois de février 1890, le. P. Lombard fut placé à la tête du district de Ngan-ca, avec résidence à Van-loc. Là encore, Dieu bénit ses travaux ; il fonda deux nouvelles chrétientés : l’une à Xuan-thinh et l’autre à Bot-da. Un an après, il était appelé à succéder au P. Bonnet dans le district de Dong-thanh. A ce moment venait d’ar¬river à Phu-dien, chef-lieu de la province, un jeune préfet envoyé pour arrêter les conversions. Ce grand mandarin ne put, il est vrai, anéantir la religion chrétienne, comme il s’en était vanté ; il nous fit cependant beaucoup de mal, et le mouvement des conversions se ralentit. Notre ennemi persécuta les nouveaux chrétiens avec une brutalité telle que ses chefs le désavouèrent ; de dépit, le malheureux se donna la mort en avalant du poison. Le P. Lombard ne négligea rien pour atténuer les effets de la persécution organisée contre ses néophytes par le préfet de Phu-dien. La plupart des chrétiens avaient pris la fuite, d’autres languissaient dans les prisons et confessaient la foi sous la verge et le rotin. Le Père visita ces derniers pour les consoler et les fortifier ; il ramena les fugitifs autour de lui et leur vint efficacement en aide dans leurs nombreux besoins. A Dong-¬thap, la situation des chrétiens était lamentable : les païens em-ployaient contre eux le mensonge et la calomnie pour les tenir éloi¬gnés du village, où ils n’osaient plus résider, de crainte d’être traînés devant les tribunaux. Le P. Lombard vint alors s’installer à Dong-thap au milieu de ses ouailles, pour les mieux protéger. Il n’ignorait pas les dangers auxquels l’exposait une pareille démarche ; car, quelques mois auparavant, il s’était vu insulté par les gens de Dong-¬thap, qui avaient poussé l’audace jusqu’à le couvrir de boue et d’im¬mondices. Le Père s’était plaint aux autorités ; mais... Ponce-Pilate était alors gouverneur de la Judée, et les réclamations du mission¬naire étaient restées sans effet.
Malgré toutes les difficultés qu’on lui suscita, le Père tint ferme à son poste. Par sa persévérance obstinée, il triompha de ses ennemis qui, de guerre lasse, mirent enfin bas les armes et laissèrent les chrétiens en paix : la lutte n’avait pas duré moins d’un an. Le P. Lombard, débarrassé dès lors du souci que lui occasionnait la situation des néophytes de Dong-thap, ne songea plus qu’à faire la visite du reste de son troupeau. Au mois de mai, il visita Nghi-loc, gros bourg chrétien qui compte un millier d’âmes ; au mois de juin, nous le trouvons à Ly-nhan, à Thanh-trai et à Dang-cao. Partout il prêche, entend les confessions et donne la confirmation. Épuisé de fatigue, il tombe malade au commencement de juillet. Au bout de quelques jours, se sentant mieux, il se remet à l’œuvre.
Le 16 juillet, après avoir fait à jeun un long voyage, il célèbre à Dang-cao la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel et se croit assez fort pour continuer sa tournée d’administration. Il arrive à Phuc-thinh, village de nouveaux chrétiens, situé sur le bord de la mer. Mais à peine a-t-il commencé la visite que la maladie le reprend. Le 20 juillet, il peut encore monter au saint autel : c’est pour la dernière fois. Obligé de s’aliter, il se fait porter à sa résidence, le 23juillet, et écrit au P. Cudrey ce billet laconique : « Je suis malade, je désirerais vous voir. »
Le P. Cudrey accourt et trouve le P. Lombard assis sur sa chaise, la tête dans ses mains et les coudes appuyés sur la table (24 juillet) : « Père, je vais mourir. » Telle est la première parole du malade en voyant entrer le P. Cudrey. Ce dernier, frappé de la gravité du mal, lui propose aussitôt de le conduire à Xa-doai, résidence de Monsei¬gneur, où il sera plus facile de lui donner des soins. Le malade accepte avec joie. Le voyage se fait sans incident et les deux mission¬naires arrivent à Xa-doai le 28 juillet. Mgr Pineau engage le P. Lombard à se rendre au sanatorium de Hong-kong, proposition qu’il accueille avec une satisfaction marquée. Le 30 juillet, il monte en barque pour aller prendre à Vinh le vapeur qui fait le service de Haïphong. Aucun confrère n’est désigné pour l’accompagner ; mais, au dernier moment, à cause sans doute de cette bonté particulière de Dieu qui ne permet pas que ses missionnaires soient privés des secours religieux à l’heure de la mort, le P. Cudrey partit avec lui. A mi-route de Xa-doai à Vinh, le P. Lombard, on ne sait comment, tombe de la barque dans le canal. Il en est retiré, mais son mal prend tout à coup un caractère de gravité extraordinaire. Il peut encore se confesser et recevoir l’extrême-onction. Peu après, il perd connaissance et, au bout d’une heure, rend son âme à Dieu entre les bras du P. Cudrey. Le corps du cher défunt fut ramené à Xa-doai et enterré le 1er août.
A la fin de cette courte notice biographique, ajoute le P. Abgrall, je me reproche de n’avoir pas assez insisté sur la grande charité qui fut comme la caractéristique de la vie du P. Lombard. Notre con¬frère ne savait rien refuser ; il se privait lui-même de tout pour pouvoir donner davantage. Les ressources particulières dont il dis¬posait étaient vite distribuées, et quand sa caisse personnelle se trouvait « à sec » , il ne se faisait pas scrupule de puiser tant soit peu dans la caisse de la mission, usant à cet effet de ruses innocentes qui ne parvenaient pas toujours à dissimuler le délit. Humainement parlant, il avait tort sans doute ; mais, dans certaines circonstances, l’intention justifie bien des choses...
Si la petite croix de bois qui marque l’endroit où repose le corps du cher P. Lombard donnait place à une inscription, aucune ne conviendrait mieux que ce texte des Saints-Livres : Dispersit, dedit pauperibus ; justitia ejus manet in sœculum sœculi.
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References
[1740] LOMBARD Augustin (1863-1893)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1890, p. 110 ; 1893, p. 186.
Notice nécrologique. - C.-R., 1893, p. 359.