Jean-Baptiste RACLOT1865 - 1912
- Status : Prêtre
- Identifier : 1787
Identity
Birth
Death
Status
Biography
[1787]. RACLOT, Jean-Baptiste, naquit le 5 septembre 1865 à Montureux-les-Gray, actuellement Montureux-et-Prantigny (Haute-Saône), fit ses études au petit séminaire de Marnay, les continua à Vesoul, et entra laïque au Séminaire des M.-E. le 12 septembre 1883. Prêtre le 11 mars 1888, il quitta Paris le 4 avril suivant, avec sa destination pour la procure de Hong-kong, où il devait pendant 13 ans remplir avec une serviabilité parfaite les fonctions de sous-procureur.
En 1901, il fut nommé procureur à Saïgon ; il y fit construire la procure et ses dépendances. En 1904, il fut appelé à diriger la procure de Marseille, et en 1911 fut envoyé à Chang-haï. Il mourut à l'hôpital de cette ville le 26 janvier 1912.
Obituary
M. RACLOT
PROCUREUR A SHANGHAÏ
Né le 5 septembre 1865
Parti le 4 avril 1888
Mort le 26 janvier 1912
Je n’oublierai pas, de longtemps, l’émotion douloureuse que nous ressentîmes tous, à Hongkong, lorsque, dans la nuit du 26 janvier un télégramme laconique, arrivant de Shanghaï, nous apporta la nouvelle de la mort de M. Raclot. Nous l’avions vu passer, un an auparavant, gai et plein de santé ; aucune lettre ne nous avait parlé de maladie ni même d’indisposition passagère, et voici que, subitement, nous apprenions sa mort ! Deux ou trois jours plus tard, les lettres de M. Sallou nous apportaient les détails suivants :
« Un télégramme vous aura déjà appris la mort de notre cher confrère, M. Raclot, décédé « hier soir 26 janvier, à l’hôpital Sainte-Marie, d’une obstruction intestinale. Cette mort a « surpris tout le monde par sa soudaineté.
« Ce n’est que samedi dernier, vers les 4 heures du soir, alors qu’il travaillait encore dans « son bureau, que notre confrère fut tout à coup saisi de violentes douleurs à l’estomac. Ces « douleurs ne furent toutefois que passagères, et, le soir, il put prendre part au repas commun « et présider la prière. On voyait cependant qu’il était très fatigué : lui, si gai d’habitude, se « mêla fort peu à la conversation, et se retira chez lui, aussitôt après la prière. La nuit fut « pénible ; il ressentait de temps à autre des élancements douloureux, qui l’empêchaient de « dormir. Ce ne fut que vers le matin, qu’il put reposer un instant. Croyant à un simple « dérangement d’estomac, il ne jugea pas à propos de faire venir le médecin et se contenta de « prendre une purgation, qui lui fit du bien.
« Il se crut complètement guéri ; au repas du dimanche soir, sa gaieté habituelle lui était « revenue, et le lundi, il allait à son bureau pour reprendre son travail. M’étant absenté vers 10 « heures, je le trouvai, à mon retour, repris par les mêmes douleurs que l’avant-veille. Il avait « le visage complètement défait : « Je ne souffrirais pas davantage, disait-il, si l’on m’ouvrait « l’estomac avec un couteau. »
« Nous rentrâmes à la résidence, et le Dr Ricou fut appelé. De prime abord, il crut « reconnaître les symptômes de coliques hépa¬tiques, et soigna le malade en conséquence.
« Mais, aucune amélioration ne se produisant, il demanda, le mardi matin, qu’on « transportât le malade à l’hôpital, où il pourrait le suivre de plus près. Le mercredi, de « nouveaux symptômes plus alarmants lui firent craindre l’obstruction de l’estomac. Le jeudi, « il n’y avait plus de doute possible, les vomissements devenaient plus fréquents, les remèdes « ne produisaient aucun effet, et le docteur déclara qu’une seule chance restait, l’opération.
« A cette nouvelle, le Père fut d’abord surpris : il ne se croyait pas encore si malade, mais « il se soumit pleinement à la volonté de Dieu. Il demanda à se confesser, me parla ensuite des « divers membres de sa famille et me dit : « Vous demanderez bien pardon à tous les « confrères de la Procure des mauvais exemples que j’ai pu leur donner. Vous direz à M. « Fleury et à MM. les Directeurs de Paris que j’offre avec joie à Dieu le sacrifice de ma vie « pour notre chère Société. »
« La respiration devenait déjà très difficile ; le malade ne souffrait pourtant pas. A 7 heures « moins le quart, les docteurs arrivaient, et, après un dernier examen et une dernière « consultation, ils décidèrent que l’opération aurait lieu immédiatement. Ils ne se faisaient « cependant pas illusion ; si le Père n’est pas opéré, me disait le Dr Fresson, c’est la mort « certaine ; même avec l’opération, il a très peu de chance de s’en tirer.
« L’opération commença, et, dès le début, les médecins perdirent tout espoir : l’intestin « était déjà violet, signe de gangrène. Tout à coup, le visage du malade changea brusquement, « il pâlit d’une pâleur cadavérique, les narines se contractèrent, l’agonie commençait. Je lui « administrai en hâte l’extrême-onction et lui donnai une dernière absolution avec « l’indulgence de la bonne mort. Quelques instants après, M. Raclot avait rendu son âme à « Dieu. »
M. Jean-Baptiste Raclot était né à Montureux-les-Gray (Besançon, Haute-Saône), le 5 septembre 1865, au sein d’une famille profondément religieuse. Il édifia, de bonne heure, la paroisse par sa piété angélique. Dieu lui avait départi un don excellent, un don qui gagne si facilement les cœurs, la bonté : elle fut la caractéristique de toute sa vie.
Cet enfant d’une foi si vive, d’une piété si profonde, d’une intelligence éveillée, d’un charme d’innocence qui édifiait, était fait pour le sanctuaire. Il entra donc au petit séminaire de Marnay, où, dès le début, il fut un modèle pour ses condisciples, qui se rappellent encore aujourd’hui sa bonté et son affabilité. Il montra les mêmes qualités au séminaire de Vesoul, où il fit sa philosophie.
Cependant, Dieu lui avait mis au cœur la vocation apostolique, et, pour y répondre, il entra au Séminaire des Missions-Étrangères. Des années qu’il passa dans cette maison, il garda toujours un profond souvenir, l’unissant, dans son affection, à sa famille selon la nature. Plus tard, naviguant vers l’Extrême-Orient, il écrira ces lignes touchantes : « Le soir, assis à « l’arrière du bateau, nous causions du Séminaire, belle famille commune, qui nous rappelle « notre famille réelle. L’un va avec l’autre. Agenouillés dans l’ombre, nous récitions notre « prière du soir, nous transportant en esprit devant le tabernacle du Séminaire, au pied de cet « autel témoin de nos promesses. Quels souvenirs ! »
Trop jeune pour être ordonné prêtre à la fin de ses études, il eut le bonheur d’aller passer quelques mois à Rome. Quelle joie pour lui d’achever dans la Ville Eternelle sa préparation à la vie apostolique ! Ayant eu la faveur inappréciable d’une audience pontificale, voici en quels termes il en parle, dans une lettre à ses parents : « J’avais la main du Saint-Père dans les « deux miennes, et mon front appuyé sur ses genoux. De la main restée libre, il me bénit et me « donna une douce caresse. Qui était content ? Vous le devinez sans peine. Mais ma joie « surtout, c’était de penser que j’étais, en ce moment, votre représentant à tous, et que cette « précieuse bénédiction retombait sur toute ma famille. »
Ordonné prêtre le 11 mars 1888, il faisait peu après ses derniers adieux aux siens, avec son calme ordinaire, mais non sans brisement douloureux : « On croit, écrivait-il plus tard à un « ami intime, que le sacrifice ne coûte pas à un missionnaire, et pourtant, quelles souffrances « intérieures ! »
Un autre sacrifice lui avait été demandé : au lieu de la vie de missionnaire telle qu’il l’avait rêvée, c’étaient les fonctions de procureur qui lui étaient assignées. Il fut envoyé à Hongkong. Comme ceux qui l’avaient précédé, comme d’autres qui, après lui, ont reçu la même destination, il accepta bien simplement, sinon joyeusement, cette nomination, preuve de l’estime et de la confiance que ses Supérieurs avaient pour lui.
La vie d’un procureur peut se résumer en quelques mots : travail incessant, occupations matérielles, longues heures passées devant un bureau, devant de gros livres de comptes, correspondance multiple, dont on ne voit jamais la fin. Telle fut l’existence de M. Raclot, d’abord à Hongkong de 1888 à 1901, puis à Saïgon de 1901 à 1904, à Marseille de 1904 à 1910, et enfin à Shanghaï, où il resta un an à peine.
Dans un poste de dévouement, il s’est montré, durant vingt-quatre années, égal à lui-même, toujours bon, serviable, affectueux, s’attirant partout où il passait la sympathie de tous, aimé de ses confrères, surtout ceux des procures. Dans la famille des Missions-Étrangères, les membres des procures ne forment-ils pas une autre famille intime, dont tous les membres s’affectionnent comme des frères ? J’en ai vu la preuve, à la peine que tous ont éprouvée à la nouvelle de la mort de M. Raclot ; et, en voyant les larmes couler de leurs yeux, je me rappelais involontairement la parole de l’Evan¬gile : Voyez comme ils l’aimaient ! Ecce quomodo amabant eum.
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References
[1787] RACLOT Jean-Baptiste (1865-1912)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1902, p. 296 ; 1904, p. 288 ; 1910, pp. 292, 297. - A. M.-E., 1901, Comment les Chinois traitent les Européens... en images, p. 67.
Notice nécrologique. - C.-R., 1912, p. 310.