Jean-Baptiste DUTHU1865 - 1932
- Status : Prêtre
- Identifier : 1813
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1889 - 1932 (Osaka)
Biography
[1813] DUTHU Jean-Baptiste, Laurent, naquit le 7 mars 1865 à Avezac-Prat, diocèse de Tarbes (Hautes Pyrénées). Il fit de brillantes études secondaires, couronnées par l'obtention du baccalauréat, au Petit Séminaire de Saint Pé. Malgré l'opposition de son père, il demanda son admission à la Société des Missions Étrangères, où il entra laïque le 28 février 1885. Il fut tonsuré le 7 mars 1886 et reçut les ordres mineurs le 26 septembre suivant. Sous-diacre le 24 septembre 1887, diacre le 25 février 1888, il fut ordonné prêtre le 22 septembre. Destiné à la mission d'Osaka, il partit le 28 novembre et arriva début janvier 1889.
Envoyé tout d'abord à Kochi pour apprendre la langue, il est transféré, en 1890, à Hiroshima. L'année suivante, il est de nouveau à Kochi mais, cette fois-ci, comme responsable du poste. En 1899, Mgr. Chatron le nomma curé de la paroisse d'Okayama : il y resta jusqu'à l'érection du nouveau diocèse de Hiroshima, confié aux Pères Jésuites en 1931. Nommé à Kitano, le Père Duthu n'y fit qu'y passer, car en septembre 1931 il est nommé curé de la paroisse Saint François-Xavier à Kyoto. Malheureusement, il ne jouissait pas d'une bonne santé. Il demanda donc à Mgr. Castanier d'accepter sa démission et de lui permettre de se retirer à l'évêché où il pourrait rendre encore quelques services. Venu à l'évêché en 1931, il desservit, durant quelques mois, la paroisse de Noé, où il allait célébrer la messe le dimanche. Mais le 11 avril 1932, il décéda subitement.
Obituary
M. DUTHU
MISSIONNAIRE D’OSAKA.
M. DUTHU (Jean-Baptiste) né à Avezac-Prat (Tarbes, Hautes-Pyrénées) le 7 mai 1865. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 28 février 1885. Parti pour le Japon Central le 28 novembre 1888. Mort à Osaka le 11 avril 1932.
Parmi les deuils cruels qui ont frappé la Mission d’Osaka, lui enlevant cinq ouvriers en l’espape de trois mois, la disparition de M. Duthu causa une peine d’autant plus vive qu’elle était inattendue. A l’annonce de cette mort, chacun de se deman¬der : Est-ce vrai ? N’y a-t-il pas erreur dans la transmission de la dépêche ? et le doute n’étant pas permis en pareil cas, on concluait à un accident dont notre confrère aurait été victime.
M. J. B. Duthu était né à Avezac-Prat, dans le diocèse de Tarbes, au sein d’une de ces familles qui par leur esprit de foi font honneur à notre France. Aussi ne doit-on pas s’étonner de voir ses parents le conduire à Lourdes dès l’âge de sept ans pour le consacrer à la Sainte-Vierge. L’offre fut acceptée, si l’on en juge par ce fait, que le jour même, l’enfant entendit dans son cœur le premier appel au sacerdoce.
C’est d’ailleurs dans le voisinage immédiat de Lourdes, au petit Séminaire de Saint-Pé, qu’il passa les années de son adolescence, puisant à ce contact immédiat avec la Bonne Mère du Ciel, cette dévotion filiale qui fut la caractéristique de sa vie. Quelques semaines avant sa mort, la conversation s’étant portée un jour sur les voyages de congé accordés aux missionnaires. « Pour moi, répondit-il, je n’éprouve aucun désir de revoir la France, ou le pays natal ; il n’y a que Lourdes que je reverrais avec plaisir. »
Après de brillantes études au petit Séminaire, études couronnées par l’obtention du baccalauréat, Jean-Baptiste demanda son admission au Séminaire des Missions-Etrangères ; il le fit contre la volonté de son père, et trouva de ce côté une opposition irréductible. Ce fut là une épreuve assurément pénible ; mais grâce à Dieu, il devait en triompher.
A Meudon aussi bien qu’à Paris, il se montra un aspirant pieux, en même temps qu’un charmant condisciple. Longtemps il exerça les fonctions d’infirmier à la satisfaction de tous, apportant à l’accomplissement de sa tâche un tel dévouement que le surnom de « mère Duthu » lui fut donné, et lui resta jusqu’à la fin de ses jours.
Ordonné prêtre le 22 septembre 1888, il fut le jour même destiné à la Mission d’Osaka, en même temps que M. Marie ; tous deux y arrivèrent au commencement de janvier de l’année suivante. Le temps de se reposer à l’évêché, et aussi de classer les impressions que tout nouvel arrivé éprouve dans un milieu où tout étonne, M. Duthu est envoyé à Kôchi, au sud-est de l’île de Shikoku. Là il trouve M. Plessis qui doit lui servir de mentor dans l’étude de la langue, et aussi l’initier au ministère apostolique. Dix-huit mois plus tard il reçoit son changement pour Hiroshima, où il continua sa formation sous la direction de M. Aurientis. Vers la fin de cette même année, il était envoyé de nouveau à Kôchi pour prendre la charge de ce poste, à la place de M. Plessis. Pendant les neuf années qu’il passa dans cette ville éloignée d’Osaka, et particulièrement difficile au point de vue évangélisation, notre dévoué confrère travailla de toutes ses forces à développer la chrétienté, et à former les jeunes missionnaires qui lui étaient confiés.
En 1899, Mgr Chatron demanda à M. Duthu d’aller prendre la direction de l’importante chrétienté d’Okayama. Les débuts furent pénibles : soucis matériels pour achever la construction de l’église, peines morales causées par les dissensions qui troublaient alors ce centre où quelques mauvais esprits semaient la zizanie, du fait que les habitants de cette région ont la réputation d’être frondeurs par nature plus que par conviction.
S’armant de patience et sachant que le temps travaillerait pour lui, M. Duthu s’efforce par sa bonté, par son tact et son esprit surnaturel, de gagner la confiance de ses ouailles. Il réussit à ramener l’harmonie entre eux et à créer dans cette ville une chrétienté modèle, à ce point qu’au moment de l’érection du Vicariat Apostolique de Hiroshima, les PP. Jésuites firent d’Oka¬yama le centre de leur nouvelle Mission.
Ce fut pendant son séjour à Okayama que M. Duthu dut subir une grave opération d’appendicite qui mit ses jours en danger. Un moment tous le crurent perdu, mais grâce à Dieu, il retrouva peu à peu ses forces et, après un séjour de six mois à Hong-Kong, il se rétablit complètement. Il put reprendre le cours de ses occupations habituelles auxquelles se joignirent conférences, projections, et même pièces de théâtre. Tout cela lui servait à former les chrétiens et à attirer les païens à la Mission Catholique ; il se faisait aider par un groupe de jeunes gens qu’il avait formés et dont il savait stimuler le zèle.
Malgré diverses épreuves, Okayama fut vraiment le champ d’action de M. Duthu, celui où il obtint le plus de succès et où il passa ses meilleures années. C’est là que les confrères voisins aimaient à se réunir à l’occasion de la confession mensuelle ; ils étaient assurés d’y trouver un accueil bienveillant, une conversation enjouée et pleine d’intérêt, en même temps, que les sages conseils dont ils avaient parfois besoin.
La division du diocèse d’Osaka, et la cession de toute la partie ouest aux Rév. Pères Jésuites ramena sur le territoire restreint de notre Mission tous les ouvriers apostoliques qui travaillaient dans la région cédée. Le poste de Kitano à Osaka échut à M. Duthu. Toutefois il ne fit qu’y passer : la mort de M. Aurientis, survenue l’année suivante, laissait vacante la paroisse de Kyôto ; il en recueillit la succession.
Dans ce nouveau poste, le Père se remit à la tâche avec son entrain ordinaire. Comptant d’abord sur la grâce de Dieu et le secours de la Sainte Vierge qu’il ne cessait d’invoquer, il s’efforçait de former des chrétiens bien instruits, pieux, généreux et zélés ; il ne plaignait pas sa peine, et ne craignait pas non plus de prendre patiemment tout le temps nécessaire. Il formait ainsi une élite qui exerçait une heureuse influence sur les autres fidèles et attirait à la Mission des païens de bonne volonté.
Malheureusement M. Duthu ne jouissait pas d’une bonne santé ; à Kyôto, la maladie vint le visiter à plusieurs reprises. Deux fois même il fut administré. Il finit par reprendre le dessus, mais resta toujours plus ou moins souffrant. Le sang circulait mal dans ses jambes, la marche lui était pénible, il s’enrhumait facilement, il devait suivre un régime sévère ; aussi pour assurer le service de son importante paroisse, il ne pouvait se passer de l’aide d’un vicaire. Son dernier et plus précieux auxiliaire fut son vieil ami, M. Vagner qui faisait une partie de son travail, tout en préparant la formation d’un nouveau poste à Kyôto. Lorsque cette ville fut définitivement divisée en deux paroisses, et que M. Vagner alla occuper sa nouvelle résidence, M. Duthu se retrouva seul pour assurer le service à la paroisse Saint François-Xavier.
Il fit son possible pour tenir, mais reconnaissant qu’il ne pouvait suffire à la tâche, il exposa simplement la situation à son évêque et tout en s’en remettant d’avance à sa décision, il lui suggéra de confier la paroisse à un confrère plus jeune et plus vaillant que lui, s’offrant délicatement à se retirer à l’évêché dans le but d’y rendre les services que lui permettrait son état de santé. Bien qu’à regret, Mgr Castanier dut décharger notre confrère de sa paroisse de Kyôto ; il confia divers travaux à ce dévoué missionnaire qui était un japonisant émérite et qui eut toujours du goût et des aptitudes spéciales pour le travail de bureau. C’est au mois de septembre 1931 que M. Duthu vint s’installer à l’évêché. Les deux premiers mois, il allait assez bien et semblait même reprendre des forces. Mais en novembre, les douleurs reparurent au point de le contraindre à s’aliter de longues semaines. En janvier 1932, un mieux relatif s’étant fait sentir, il accepta volontiers de prendre provisoirement la charge du poste de Noe, récemment fondé à Osaka. Il se réjouissait vraiment de ce retour à la vie qui lui permettrait, pensait-il, de reprendre du ministère actif.
Au début d’avril, à la mort de M. Villion, il avait pu se charger, sans fatigue apparente, des multiples soucis occasionnés par l’organisation des funérailles de notre doyen. De plus, le dimanche 10 avril, après avoir fait son service à la paroisse de Noe, il s’était rendu au cimetière d’Abeno, avait ensuite visité M. Bec dans son nouveau poste de Tanabé, et était revenu tout dispos à l’évêché.
Le lendemain, après une matinée passée tout entière à tra¬vailler à son bureau, il avait déjeuné comme d’habitude et avait causé gaiement avec Monseigneur et M. Hervé, de passage à l’évêché. Vers trois heures de l’après-midi, il alla prendre un bain. Comme trois quarts d’heure plus tard on ne le voyait pas revenir, on commença à s’inquiéter. On alla frapper à la porte de la salle de bain : mais pas de réponse, on ouvrit et on le trouva inanimé. Il était assis dans la baignoire, la tête légèrement inclinée et complètement hors de l’eau, il semblait endormi. Monseigneur averti aussitôt, accourut et lui donna une dernière absolution. Le médecin appelé par téléphone arriva à la hâte, mais ne put que constater le décès, qui avait été occasionné par une congestion cérébrale foudroyante.
Ce fut pour nous tous une terrible surprise ; nous étions cependant sans inquiétude au sujet de notre cher défunt : nous savions en effet que depuis qu’il avait été menacé d’une embolie au cœur, ce cher confrère se tenait toujours prêt à paraître devant le Souverain Juge ; nous étions sûrs qu’il n’avait pas été surpris par la mort.
Le surlendemain eurent lieu les funérailles au milieu d’un grand concours de fidèles, parmi lesquels nombreux se trouvaient, ceux dont il avait eu à s’occuper. Plusieurs n’hésitèrent pas à entreprendre un long voyage pour donher au cher défunt cette dernière marque d’affection.
La disparition de M. Duthu est, sans aucun doute, une perte considérable pour le diocèse d’Osaka auquel, malgré ses 67 ans et ses infirmités, il pouvait encore rendre de précieux services. A défaut du ministère actif, qui devenait au-dessus de ses forces, son jugement sûr, ses connaissances multiples des choses comme des coutumes japonaises étaient d’un précieux secours. Par la lecture habituelle des journaux, revues et autres publications, il se tenait au courant des idées du jour ; par celles des livres, il avait acquis une véritable autorité au sujet des questions religieuses (bouddhisme et shintoïsme) ; aussi faisait-on souvent appel à ses connaissances pour des articles à publier. En pareil cas, M. Duthu ne savait point refuser ; il accomplissait son travail consciencieusement, quoique sans hâte ; on pouvait compter que tout serait fait et bien fait au moment voulu.
D’ailleurs dans ses moments libres de la journée, il lisait, approfondissant les questions, les examinant sous tous les points de vue, de manière à ne rien avancer qui ne fut l’expression de la vérité.
Il était aussi un homme d’ordre, toujours bien personnel, quoique sans la moindre affectation, visant par-dessus tout à mener une vie intérieure intense, qu’alimentait journellement la stricte observation de ses exercices de piété. Bien que pendant plus de vingt ans il dut souvent payer son tribut à la maladie et aux infirmités, il avait toujours le sourire aux lèvres, et sa figure manifestait à tous une profonde bienveillance.
En un mot ce bien-aimé confrère s’en est allé après avoir laissé dans les diverses situations où la Providence l’avait placé, des traces durables de son passage ; ses successeurs ont trouvé après lui la tâche facile, et n’ont qu’à suivre la voie tracée par ce véritable apôtre.
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References
[1813] DUTHU Jean-Baptiste (1865-1932)
Références biographiques
AME 1889 p. 36. 1932 p. 142. 189. CR 1888 p. 208. 1891 p. 58. 1892 p. 57. 72sq. 1893 p. 88. 1894 p. 96. 97. 1895 p. 103. 104. 1896 p. 88. 1897 p. 71. 1898 p. 69. 1899 p. 36. 1901 p. 37. 1903 p. 30. 1907 p. 39. 1908 p. 26. 1909 p. 33. 1910 p. 30. 1911 p. 29. 1912 p. 34. 1920 p. 12. 1922 p. 14. 243. 1923 p. 14. 1924 p. 8. 1927 p. 15. 1928 p. 18. 1929 p. 18. 1931 p. 21. 24. 26. 27. 1932 p. 312. 337. 338. 370. 381. 1933 p. 340. 343. 1935 p. 20. BME 1923 p. 15. 48. 84. 184. 250. 338. 401. 672. 752. 1924 p. 4. 10. 70. 140. 202. 555. 636. 749. 1925 photo p. 63. 1926 p. 146. 1927 p. 335. 344. 397. 560. 743. 1931 p. 826. 1932 p. 6 (art.). 84 (art.). 445. 1960 p. 714. RHM 1924 p. 306. 1925 p. 154. 1938 p. 155. EC1 N° 242. Mélanges Japonais (articles) : 1908 p. 1. 131. 284. 1909 p. 1. 324. 487. 1910 p. 1. 145. 451.