Jacques GIRE1867 - 1897
- Status : Prêtre
- Identifier : 1855
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1889 - 1897 (Yibin [Suifu])
Biography
[1855]. GIRE, Jacques-Joseph, né le 19 mars 1867 à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire), entré laïque au Séminaire des M.-E. le 29 août 1885, reçut le sacerdoce le 21 septembre 1889, et partit le 13 novembre suivant pour le Se-tchoan méridional. Il étudia la langue à Kuin-lin, et un an plus tard fut chargé de ce poste. En 1894, Mgr Chatagnon l'envoya au Kien-tchang, d'où la persécution le chassa l'année suivante. On lui confia alors le district de Ya-tcheou dans lequel il travailla activement, aidant même les missionnaires des districts voisins. Le 13 mai 1897, il tomba malade à Sy (Te)-tchang (Kien-tchang) où il était allé pour l'inauguration de cette station ; il y succomba le 8 juin suivant.
Obituary
M. JACQUES GIRE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN MÉRIDIONAL
Né le 19 mars 1867.
Parti le 13 novembre 1889.
Mort le 8 juin 1897.
Le bon Dieu visite souvent, cette année, son petit coin de vigne du Su-tchuen méridional, et, pour la troisième fois, il appelle un de ses serviteurs au repos éternel. Jusqu’ici nous avons perdu au plus deux confrères dans le cours d’un exercice ; cette fois, juste au moment où nous sommes le plus accablés de travail, voilà trois confrères, trois vaillants auxiliaires, qui nous sont retirés. Dieu l’a voulu, son saint nom soit bénit.
La perte la plus sensible a été celle de M. Jacques-Joseph Gire, du diocèse du Puy. Il arriva au commencement de 1890 au Su-tchuen méridional ; il était faible, dit-on, et souvent malade à Paris ; ici il parut immédiatement transformé. Les apparences de la santé et les forces lui revinrent si rapidement que ceux qui l’avaient vu en France, ne le reconnaissaient plus. Bref, c’était, à l’époque où Dieu nous l’a enlevé, le plus intrépide missionnaire du Su-tchuen méridional. Il faut avouer qu’il fut, dès son arrivée, mis à bonne école, à celle de M. de Guébriant qui ne s’épargne pas, lui non plus. Après avoir étudié la langue près de ce confrère pendant un an, il lui succéda au poste de Kiun-lin, mais n’y resta pas longtemps. M. de Guébriant qui était allé remplacer M. Gourdin au Kien-tchang, perdit au bout de quelques mois M. Usureau, son unique compagnon et collaborateur ; il fallait immédiatement lui trouver un remplaçant ; je choisis M. J. Gire.
Cette expédition lointaine ne l’effraya pas ; il partit en hiver 1894 et depuis lors il ne s’est plus guère reposé. Il avait à peine visité son nouveau district, lorsqu’éclata, comme un coup de foudre, la persé¬cution de 1895.
Ils étaient quatre missionnaires alors au Kien-tchang : deux déjà formés, MM. de Guébriant et J. Gire ; deux nouveaux, MM. Bur¬nichon et Veyrac. Le P. de Guébriant qui, comme supérieur, portait la responsabilité, décida de battre en retraite vers le Yun-nan, où il espérait trouver un asile sûr, en attendant la fin de la tempête. Il donna le signal, en se retirant avec les deux missionnaires qui se trouvaiant près de lui. On avait déjà détruit sa résidence. M. Gire ne pouvait se résoudre à abandonner la sienne. Il voulut attendre jusqu’à la dernière extrémité ; il attendit si bien qu’il fut obligé, pour s’échapper, de descendre le mur de la ville au moyen d’une corde. Enfin, il rejoignit les autres fugitifs au bout de deux ou trois jours. De là, ils continuèrent leur route sans encombre jusqu’au chef-lieu du Yun-nan, où Mgr Fenouil les reçut à bras ouverts. Mais M. Gire ne put y demeurer longtemps tranquille ; dès que l’orage parut se calmer, il voulut retourner dans son district et réunir ses chrétiens dis¬persés.
Pendant que M. de Guébriant, accompagné de M. Veyrac, se rendait auprès de moi pour aviser aux moyens d’obtenir quelque réparation des autorités chinoises, M. Gire, suivi à peu de distance de M. Burnichon, se dirigea vers le Kien-tchang. Il y rentra sans diffi¬culté ; sa résidence avait été épargnée, grâce à l’intervention du sous-préfet ; et il n’eut pas trop de peine à reprendre ses anciennes posi¬tions.
Il songeait à étendre ses conquêtes, lorsque je fus obligé de l’arra¬cher à ses projets. M. Burnichon pouvait commencer à aider M. de Guébriant ; à eux deux, ils pouvaient pourvoir aux besoins du Kien tchang, tandis qu’ailleurs, où la persécution avait sévi avec plus de rage, les confrères ne suffisaient pas à réparer toutes les ruines maté¬rielles et spirituelles amoncelées. Je rappelai donc M. Gire à Ya-tcheou avec charge de visiter ce district, et d’aider les confrères voisins occupés aux constructions. Il remplit parfaitement mes intentions. Outre son propre district, il soigna celui de M. Mathern absent, celui de M. Raison occupé à rebâtir son église et sa résidence, et celui de M. Morlet déjà atteint de la maladie qui devait l’emporter.
Il était vraiment infatigable et d’une complaisance qui lui faisait compter pour rien la peine et le travail, quand il s’agissait de rendre service. Or, il y avait en ce moment beaucoup de confrères fatigués ou malades des suites de la persécution. D’autres, surchargés de besogne, demandaient du soulagement. J’étais heureux de trouver dans M. Gire un si bon auxiliaire. Lorsque je le vis à la retraite dernière, quatre mois avant sa mort, il ne paraissait nullement fatigué. Je le chargeai même de nouveaux travaux à diriger chez M. Gallay, à quatre journées de Ya-tcheou. Il accepta tout sans difficulté. Il paraissait devoir rendre à la Mission de longs et précieux services, lorsque je reçus un courrier de M. de Guébriant m’annonçant sa maladie et sa mort. Je cède la plume à mon cher Provicaire pour retracer les derniers moments de M. J. Gire.
« Arrivé le 26 mai, veille de l’Ascension, pour assister à notre fête (l’ouverture d’un nouveau poste à Te-tchang, petite ville située au centre du Kien-tchang), M. J. Gire fut pris le 31 d’une violente dysenterie que l’on parvint à maîtriser au bout de cinq jours. On le croyait guéri et en convalescence, lorsque aujourd’hui, 8 juin, vers midi, il a été pris d’une attaque subite et incompréhensible qui l’a emporté en 6 heures, sans qu’il ait éprouvé autre chose que 2 ou 3 crises de nerfs assez courtes. Ni nos soins, ni les médicaments n’ont pu le sauver. Il est mort dans mes bras, animé des sentiments les plus édifiants. MM. Burnichon et Bourgain m’assistaient pendant ces heures difficiles. Dieu soit béni !
« Dès le commencement de l’attaque, le cher malade ne voulut plus entendre parler de guérison. Il désirait mourir pour expier ses péchés, pour voir Dieu, pour nous aider du haut du ciel. Il a parlé de tous, demandé le pardon de tous, envoyé sa bénédiction à tous. Il m’a embrassé pour son frère Philippe, m’a prié de le bénir au nom de Votre Grandeur. Je n’ai jamais vu de si sainte mort. »
Le bon P. Jacques, comme nous l’appelions pour le distinguer de son frère Philippe, avait-il été prévenu, comme M. Piault, de sa mort prochaine ? Voici quelques lignes de M. Galibert qui le donneraient à croire. Il répond à ma lettre de faire part : « Quel coup de foudre ! quelle perte pour la mission ! Je puis dire que la mort n’a pas surpris le P. Jacques, il était bien préparé. A la retraite dernière, il y a quatre mois, il me dit être, depuis quelque temps, obsédé de l’idée qu’il n’avait pas longtemps à vivre, et me demanda à entendre sa confession générale. Il fit cette confession avec la simplicité d’un enfant, et une humilité qui me remplit d’édification. Pauvre cher confrère ! Je n’aurais pas cru tout de même que ses prévisions se réaliseraient si vite. Sa belle âme doit être maintenant en possession de la magnifique couronne promise aux bons serviteurs. Son zèle infatigable, sa charité si douce et si aimable, toutes ses autres vertus lui auront valu une bien belle place en paradis d’où il nous protégera. »
Je n’ajouterai qu’une réflexion. Malgré les déchirements de la sépa¬ration, le grand vide fait dans nos rangs par la mort de si bons soldats et la difficulté de tenir campagne avec un effectif si réduit, il est vraiment consolant et édifiant de voir de si belles morts, on est heureux de vivre dans une Mission où il fait si bon mourir. Fiant novis¬sima nostra horum similia !
† MARC CHATAGNON,
Vic. ap. du Su-tchuen méridional.
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References
[1855] GIRE Jacques (1867-1897)
Notes bio-bibliographiques. - A. M.-E., 1909, pp. 36, 39 ; 1912, p. 182.
Notice nécrologique. - C.-R., 1897, p. 318.