Jean-Baptiste MARAVAL1866 - 1890
- Status : Prêtre
- Identifier : 1861
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Korea
- Mission area :
- 1890 - 1890
Biography
[1861]. MARAVAL, Jean-Baptiste, né le 25 novembre 1866 dans la paroisse Saint-Jacques de Villegoudou, à Castres (Tarn), fit ses études au petit séminaire de sa ville natale. Entré laïque au Séminaire des M.-E. le 12 septembre 1885, il reçut le sacerdoce le 21 septembre 1889, et partit le 27 novembre suivant pour la Corée. Il étudia la langue à Séoul, et y fut dès son arrivée atteint de phtisie. On l'envoya à Ouen-san, province de Ham-kyeng, dans l'espoir d'améliorer sa santé ; il y succomba le 24 octobre 1890.
Obituary
M. JEAN MARAVAL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE CORÉE
Né le 14 novembre 1866.
Parti le 27 novembre 1889.
Mort le 24 octobre 1890.
M. Jean-Baptiste Maraval naquit à Castres (diocèse d’Albi ), le 14 novembre 1866. Il était le deuxième enfant d’une humble famille d’artisans qui, à défaut des biens de la terre, a reçu en partage une foi dont la générosité ne recule devant aucun sacrifice.
Au foyer domestique, le futur missionnaire apprit de bonne heure à connaître et à aimer Dieu. Aux paroles et aux exhortations, ses pieux parents joignaient l’exemple, toute leur ambition était de faire de leurs enfants d’excellents chrétiens. Dieu a dépassé leur attente. Des six enfants qu’il leur a donnés, deux sont devenus prêtres et missionnaires, un troisième est frère des écoles chrétiennes en Égypte, les deux filles ont embrassé la vie religieuse, et le plus jeune n’attend plus que l’appel divin pour suivre l’exemple de ses aînés.
Doué d’une nature vive, Jean-Baptiste avait de son tempérament les défauts ordinaires, mais au petit séminaire de Castres, où il fit ses études, sa piété franche, sa bonne volonté et son excellent cœur lui méritaient l’indulgence de ses supérieurs. On lui pardonnait volontiers ses espiègleries, mais lui était moins condescendant, il se croyait tenu de les expier par une pénitence volontaire. Plus d’une fois on le surprit dans un coin de la maison paternelle, pratiquant quelque austérité ; sans cette mortification, sa conscience troublée aurait agité son sommeil.
Il aimait tendrement ses parents, et il ressentit vivement la perte de sa mère, ravie trop tôt à son affection. Comprenant tout ce que ce coup inattendu avait de douloureux pour son père et les devoirs nouveaux qu’il lui imposait, il reporta sur celui-ci tout l’amour qu’il avait pour sa mère. Malgré son inexpérience, au retour du séminaire où il n’était qu’externe, il s’ingéniait même à suppléer son père dans les travaux domestiques.
Un jour, son aîné qui était au grand séminaire d’Albi, annonça que Dieu l’appelait à la vie apostolique. Le sacrifice était dur, mais le père n’eut pas un moment d’hésitation, Jean-Baptiste fut plus ému. Avait-il espéré que son frère, bientôt prêtre, serait l’appui des siens ? peut-être : « Joseph vous quitte, dit-il à son père, moi je vous resterai. » C’était le premier mouvement d’un cœur sensible dans lequel l’amour de Dieu devait bientôt dominer tout autre amour.
Son frère était en Corée depuis un an lorsque Jean, arrivé au terme de ses études classiques, demanda à son père la permission de le quitter à son tour et d’être missionnaire. Le coup était rude, c’était un troisième sacrifice que Dieu imposait à ce pauvre père ; entre temps un autre de ses fils avait pris la robe des fils du bienheureux de la Salle. Il le sentit mais il n’en laissa rien paraître, il sembla même oublier la promesse spontanée de celui qui l’abandonnait : « Pars, mon fils, si telle est la volonté de Dieu, et sois un saint missionnaire. » Et à ceux que ces départs successifs alarmaient, qui faisaient valoir les considérations d’une prudence tout humaine, ce père répondait : « Dieu me prendrait tous mes enfants que je les lui donnerais de grand cœur . »
Et, cependant, sur ses vieux jours, sans ressources, sans appui, que deviendra-t-il ce père bien-aimé ? Tout le temps qu’il passa au séminaire des missions, ce fut la constante et douloureuse préoccupation de Jean-Baptiste. Parfois même il se demandait si Dieu n’exigeait pas qu’il fît à son père le sacrifice de ses attraits. Dans ses lettres laissait-il percer quelque chose de ces inquiétudes, la réponse ne se faisait pas attendre, elle le rappelait bien vite à la confiance en Dieu et à l’abandon complet entre les mains de la divine Providence.
Au séminaire des missions, rien ne parut distinguer l’aspirant missionnaire, il avait conservé tout son entrain, toute la vivacité de sa nature ; mais ce qu’il cachait avec soin, ce que ses apparences frêles et délicates dissimulaient, c’était une énergie extraordinaire. Sa régularité était parfaite, mais ce n’était qu’au prix d’une vigilance et d’efforts continuels, qu’inspirait une tendre piété.
Sa santé parut bonne presque jusqu’à la fin, ce ne fut guère que les derniers mois de son séjour au séminaire que se manifestèrent les premiers symptômes de la maladie qui devait l’emporter. Il songea à se soigner seulement lorsque l’obéissance lui en fit un devoir. Son état d’ailleurs n’avait rien d’alarmant, le voyage, le changement d’air, la vie active devaient opérer une réaction heureuse. Il n’en fut rien.
Ordonné prêtre le 21 septembre 1889, il fut destiné à la Corée où son frère travaillait depuis cinq ans. Après avoir pris congé de son vieux père, de ses sœurs dont il avait encouragé la vocation religieuse, et de son plus jeune frère, il partit le 27 novembre . A Alexandrie il retrouva son frère des écoles chrétiennes, avec qui il avait obtenu de passer quinze jours, et il arriva en Corée le 2 février 1890.
« Comme ses devanciers, écrit M. Costes, il fut retenu à la résidence épiscopale pour commencer l’étude de la langue. Quelques jours après, Mgr Blanc, notre vénéré vicaire apostolique tombait malade pour ne plus se relever. Le P. Jean Maraval, plein d’affection pour notre bien-aimé Père, voulut contribuer aux soins qu’on lui prodiguait. On dut cependant lui interdire de veiller la nuit, parce qu’on s’aperçut que sa santé ébranlée à Paris par un rhume négligé, ne pouvait supporter une telle fatigue. C’est à peu près à cette époque que la toux le reprit.
« Fidèle à son règlement, il distribuait son temps entre la prière et l’étude. D’ordinaire il employait ses jours de congé à faire le voyage de Ryong-san (à une lieue de Séoul), où le P. Maraval aîné était alors professeur, et là les deux frères épanchaient leurs cœurs dans les souvenirs de la famille et du pays.
« Lorsque vint l’époque de la retraite, à la fin d’avril, la joie de revoir les confrères qu’il avait connus, de faire connaissance avec les autres, était tempérée par un sentiment de tristesse, facile à deviner. Il aurait voulu comme eux se lancer dans l’arène, et gagner des âmes à Jésus-Christ. Mais les remèdes n’avaient pu enrayer le mal qui le minait ; la voix était devenue rauque, voilée.
« Le docteur consulté avait donné à entendre qu’il n’y avait pas beaucoup d’espoir. Quel sacrifice pour ce jeune cœur d’apôtre, en devinant cette sentence qu’on essayait de lui dissimuler ! Aussi, dit-il un jour à un de ses confidents : « Je ne croyais pas que la résignation fût si difficile ! » Il était résigné pourtant, le cher Père ! Nous avons tous conservé le souvenir de sa douceur, de son amabilité.
« Un changement d’air fut jugé opportun. M. Maraval aîné ayant été transféré à Ouen-san, port ouvert, à l’est de la Corée, il fut décidé que son frère l’accompagnerait. Ils partirent ensemble le 28 mai.
« A Ouen-san, le cher malade a reçu tous les soins qu’on pouvait attendre du dévouement fraternel. » Mais ni les soins, ni le changement d’air, ni l’affection et le dévouement ne purent triompher de la maladie. Pour achever de purifier son âme, Dieu permit qu’il passât par le creuset de la souffrance.
« On dit, écrivait son frère, que les poitrinaires ne souffrent pas. Hélas ! il n’en pas été ainsi pour lui…On peut bien dire qu’il n’a fait que passer en Corée, mais son passage n’a été qu’une souffrance continuelle ; et, quand la douleur trop forte pour la nature, lui arrachait quelques plaintes, il n’avait qu’une crainte, celle d’offenser Dieu par ses impatiences et de murmurer contre sa volonté.
« Etant toujours à côté de Jean, je lui ai donné l’Extrême-Onction le 15 octobre ; l’avant-veille de sa mort, croyant sa fin très prochaine, je lui récitai les prières des agonisants auxquelles il répondit lui-même en toute connaissance. D’ailleurs, il a conservé sa connaissance jusqu’à la fin. » Le 24 octobre enfin, vers six heures et demie du matin, le cher malade s’endormit dans le Seigneur presque à l’insu de son frère qui était auprès de lui.
« La douleur que je ressens, de cette cruelle perte, écrivait encore celui-ci, est bien sensible. Que la volonté de Dieu soit faite ! Que puis-je croire et espérer sinon que l’archange Raphaël dont nous célébrons la fête ce jour-là , aura conduit son âme en Paradis, comme il conduisit le jeune Tobie à qui il avait été donné pour compagnon… »
References
[1861] MARAVAL Jean-Baptiste (1866-1890)
Notes bio-bibliographiques. - A. M.-E., 1911, p. 211. - Sem. rel. Albi, 1890, p. 237.
Notice nécrologique. - C.-R., 1890, p. 309.