François-Xavier DÜRR1869 - 1949
- Status : Prêtre
- Identifier : 1962
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1892 - 1949
Biography
DÜRR François-Xavier est né le 6 janvier 1869 à Boerxh, au diocèse de Strasbourg (Haut-Rhin). Il fit ses études primaires à St Léonard et ses études secondaires au Collège d'Issy et ensuite à celui de Vaugirard. Il entra au Séminaire des Missions Étrangères le 16 septembre 1887. Il fut ordonné prêtre le 27 septembre 1891. Le 29 octobre de cette même année, il partit pour la mission du Kouytcheou.
Il arriva à Kweiyang le 27 février 1892, et étudia le chinois jusqu'en mai 1893. Il fut alors nommé au poste de Tcheo-chou, aux abords du Kwangsi. Un an après, il fut transféré à Mou-ieou-se, mais en 1896, on lui confia le district de Hin-y-hien. C'était un poste difficile, mais il réussit à installer à Pan-y-hien une pharmacie et un pied-à-terre pour le missionnaire. Pendant huit ans, il parcourut cette immense région, baptisant, catéchisant, et bivouaquant dans de maigres auberges chinoises.
On lui donna un vicaire, le Père Louis Esquirol, et le district fut divisé. La partie sud échut au vicaire, et le Père Dürr se réserva tout le reste. Il s'installa à Hin-jen, pour s'occuper des nouveaux chrétiens. Il connaissait si bien le chinois, qu'il parlait avec aisance avec des lettrés chinois. Il était très hospitalier, et recevait toujours bien ses confrères voisins. Il était également très serviable.
En 1909, le poste de Lant'ang à Kweiyang étant devenu vacant, il y fut nommé en octobre. En 1913, Mgr. Seguin désirant donner un nouvel élan de vie spirituelle aux paroisses de la ville, conçut le projet de fonder des oeuvres d'Action catholique. Le Père Dürr préféra donner sa place à un missionnaire plus jeune, et il quitta Kweiyang pour Gan-chouen, où il travailla avec entrain jusqu'en 1935. Puis il se retira en 1937, en acceptant un petit poste entre Gan-chouen et Kweiyang. En 1941, M. Dürr célébra ses noces d'or sacerdotales; malgré son âge, il chanta une belle grand-messe, avec une voix encore forte mais un peu tremblotante. À cette époque, le Père Dewonck était provicaire de la mission et il demanda au Père Dürr de venir se retirer à Kweiyang. M. Dürr vint donc à l'évêché, essayant encore de rendre service en s'occupant d'une petite paroisse de ville. À la fin de novembre 1949, il s'affaiblit beaucoup, et dans la soirée du 13 décembre 1949, il eut une crise plus forte qui le força à s'aliter. Il rendit le dernier soupir, après avoir reçu le sacrement des malades des mains de Mgr. Larrart, son évêque. Il fut enterré dans le cimetière de la mission.
Obituary
M. DURR
MISSIONNAIRE DE KWEIYANG
M. DURR (François-Xavier) né le 6 janvier 1869 à Saint-Léonard de Bœrsch, diocèse de Strasbourg. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 16 septembre 1887. Prêtre le 27 septembre 1891. Parti pour le Kouytchéou le 29 octobre 1891. Mort le 13 décembre 1949.
M. Durr, François-Xavier naquit le 6 janvier 1869 à Saint-Léonard, diocèse de Strasbourg. Par sa mère, il était le neveu de M. Esslinger, missionnaire au Kweichow de 1866 à 1910.
Vers douze ou treize ans, il commençait ses études de latin chez son curé qui avait le don d’éveiller et stimuler l’intelligence de son élève. L’année suivante il demandait et obtenait son admission à la petite communauté d’Issy et entrait ensuite au collège de Vaugirard. Là, M. Durr ne fut pas toujours le premier de sa classe, mais il le fut plus souvent qu’à son tour. Trois ans après, notre futur confrère entrait au Séminaire de la rue du Bac et prenait la tête de son cours. Comment rester au second rang avec l’amour du travail et une prodigieuse mémoire comme la sienne.
Ordonné prêtre le 27 septembre 1891, il quitta Paris le 29 octobre et arrivait à Kweiyang le 27 février 1892. Pendant un an il étudia le chinois au petit séminaire avec une application réglée et soutenue ; le soir, il ne se couchait pas sans avoir logé dans sa mémoire de vingt à vingt-cinq expressions triées dans le dictionnaire. Aussi, dès l’année suivante pouvait-il déchiffrer et comprendre une prièce de prétoire qui lui tombait sous les yeux. En mai 1893, il fut nommé au poste de Tcheo chou aux abords du Kouangsi et un an après transféré à Mou ieou se. Mais en 1896, il laissait cet agréable petit poste à M. Bazin et recevait en échange l’important district de Hin y bien avec de nombreuses stations. Dès 1900, là où avaient successivement échoué MM. Chouzy, Aubry et Thibault en raison de l’hostilité des notables, il réussissait à installer à Pan y bien une pharmacie et un pied-à- terre pour le missionnaire. Il parcourut cette immense région en tous sens pendant huit ans, baptisant, catéchisant, mangeant tôt ou tard dans de maigres auberges chinoises ce qui lui tombait sous la dent. Il lui arriva parfois de parcourir une distance de soixante à soixante-dix kilomètres, ayant seulement dans l’estomac trois œufs à la coque avalés le matin.
Enfin en 1904, il recevait un aide en la personne de M. Louis Esquirol. Il laissa à son vicaire le temps voulu pour se perfectionner dans l’étude du chinois ; celui-ci s’y appliqua de son mieux et quelques mois plus tard, sans délaisser livres et cahiers, il voulut à son tour s’adonner au travail missionnaire. C’est alors que se fit la division du district. Comme il convenait, le nouveau venu reçut en partage la partie sud, Hin y hien et Ta chan avec des stations d’anciens chrétiens. M. Durr se réserva tout le reste : les territoires de Hin jen, de Pou gan et Pan hien, avec des nouveaux chrétiens dispersés ça et là et s’installa à Hin jen. C’est là que je l’ai connu, étant à ce moment-là l’un de ses plus proches voisins. Je ne suis pas à même de juger de sa science en chinois, mais j’ai entendu souvent des lettrés parler de lui en termes très élogieux. Il connaissait parfaitement la mentalité des Chinois païens et chrétiens et leur rouerie dans les affaires et procès ne le trompait pas
M. Durr était doué d’une sensibilité très vive, qui enregistrait tout, caresses et frottements, comme un disque de gramophone. Au premier abord, on se tenait avec lui un peu sur la défensive, mais pas longtemps ; dès les premiers contacts, la gêne fondait comme neige en avril. Très hospitalier, il était aux petits soins pour tous, sa table prenait tout de suite un autre aspect, et si dans un coin de son armoire se cachaient quelques provisions venues d’Alsace, il était heureux de les exhiber. N’a-t-il pas dit un jour à l’un de ses confrères : « Si vous passez par hasard en mon absence, vous me ferez plaisir de vous servir vous-même. » Il connaissait à une double croche près la gamme de ses droits, mais le moment venu de les faire valoir, il n’y pensait plus. Lors de nos voyages pour la retraite annuelle, c’était nous qui étions les princes : aimions-nous courir sur nos destriers ? il courait ; ralentir ? il ralentissait ; stopper ? il stoppait. Il ne reprenait ses droits qu’au quart d’heure de Rabelais. Lui demandait-on un service en bonne et due forme, la réponse était prompte et totale. Je ne le vois pas risquant un refus : je crois que la nuit suivante, il l’aurait payé de quelques insomnies.
En 1909, le poste de Lant’ang à Kweiyang étant devenu vacant à la mort de M. Poinsot, il y fut nommé et installé en octobre. Il administra parfaitement la paroisse : sermons et catéchismes venaient en leur heure. Quant à la direction du contentieux, il se trouvait à ce moment et d’emblée le plus apte : d’un côté, il mesurait exactement, sans grand risque d’exagérer, les droits à soutenir, de l’autre, les mandarins frappés de ses connaissances ès-choses et lettres chinoises, tenaient compte de son prestige. Il arriva une fois à l’un d’eux de refuser sa carte, mais il ne le fit pas deux fois.
Installé au Lant’ang, il attira l’oncle, M. Esslinger, auprès de lui. Celui-ci avait soixante-dix ans, en raison de plusieurs infirmités, il avait dû depuis plusieurs années, renoncer à tout ministère. Naturellement les souvenirs de la famille et de l’Alsace, firent souvent les frais de la conversation, mais les confrères n’en délaissèrent pas pour cela leur compagnie. Malheureusement, le premier froid de l’année de 1910 occasionna à l’oncle une chute qui eut de funestes conséquences. Le lendemain, en effet, avant le lever du jour, il rendait le dernier soupir, assisté du neveu et de deux ou trois amis, les yeux et la pensée fixés sur un médaillon de Mgr Faurie, son évêque bien-aimé qui l’avait reçu à Kweiyang en 1866 et initié à la vie apostolique.
En 1913, Mgr Seguin désirant donner un nouvel élan de vie spirituelle aux paroisses de la ville, conçut le projet d’y fonder l’Action catholique et d’autres œuvres encore. Mais pour cela, M. Durr, bien que dans la force de l’âge, manquait d’enthousiasme et il céda la place à un successeur plus jeune. Celui-ci plein d’entrain, se mit à l’œuvre et deux ou trois mois après, présentait à son évêque une Action catholique parfaite, constituée d’une trentaine de membres triés sur le volet avec président, vice-président, assesseurs et secrétaires ; c’était la perfection atteinte d’un bond, et en fait d’Action catholique, tout en resta là.
M. Durr avait donc quitté Kweiyang pour Ganchouen, un des plus anciens postes de la Mission. Là, aidé d’un vicaire, il maintint le bon entrain dans la paroisse jusqu’en 1935, date où il prit le congé octroyé par le règlement de la Société. Il rentra en 1937, mais déjà la vieillesse était venue. Monseigneur lui proposa le petit poste de Pin pa, entre Ganchouen et Kweiyang, qu’il accepta avec plaisir.
M. Durr, en 1941, se prêta volontiers à ce que ses confrères fêtassent ses noces d’or; Il accepta de chanter la messe avec diacre et sous-diacre ; il avait bien quelques mérites à cela, car il n’en avait pas chanté depuis 1891. Il s’y prépara de son mieux et s’en tira très convenablement, mais sa voix avait perdu de son ampleur et tremblait un peu.
Trois ans après, M. Dewonck, provicaire de la Mission alla passer quelques jours de vacances chez M. Durr ; il lui demanda de la part de Monseigneur, s’il ne serait pas content de prendre sa retraite. La réponse fut franche et nette : « Quand je suis venu en mission, dit-il, c’est avec la décision de travailler jusqu’à l’extrême limite de mes forces ; ce terme, je ne l’ai pas encore tout à fait atteint, donc je reste. » En 1945, il était rappelé à Kweiyang, pour y tenir la petite paroisse de Saint-Etienne-hors-les-murs, et enfin l’année suivante, lors d’un fort accès de fièvre, il était prié de se retirer à l’évêché. Ses infirmités semblaient ne pas compter pour lui ; il en parlait comme si elles étaient d’un autre, et se voyait volontiers à la veille de la guérison. L’intelligence restait claire, mais la mémoire l’était moins, les souvenirs chevauchaient les uns sur les autres et la conversation n’était plus qu’une série de parenthèses.
A la fin de novembre 1949, M. Durr s’affaiblit brusquement et renonça à la célébration de la sainte messe. Il poursuivit toutefois jusqu’au matin du 13 décembre la lecture de son journal chinois, qui était sa principale distraction. Ce jour-là, à cinq heures du soir, une crise plus forte le força de s’aliter et notre cher confrère entra subitement en agonie. Mgr Larrart lui administra l’extrême-onction, et une heure après M. Durr rendait le dernier soupir. Il repose au cimetière de la Mission, près de son oncle, M. Esslinger.
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References
[1962] DÜRR François-Xavier (1869-1949)
Références biographiques
AME 1892 p. 436. 1910 p. 122. CR 1891 p. 239. 1893 p. 143. 1898 p. 115. 117. 1900 p. 120. 121. 1903 p. 111. 112. 114. 1905 p. 104. 1909 p. 118. 1910 p. 405. 1922 p. 69. 1948 p. 46. 1949 p. 59. 238. BME 1922 p. 549. 1923 photo p. 399. 1927 photo p. 457. 1928 p. 102. 1930 p. 373. 1933 photo p. 775. 1934 p. 36. 343. 1936 p. 611. 844. 1937 p. 590. 649. 651. 1941 p. 410. 1950 p. 73. ECM 1945 p. 97. EC1 N° 319. 337. 341. 360. 476.