Justin RISPAL1867 - 1896
- Status : Prêtre
- Identifier : 1983
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1892 - 1896 (Hakodate)
Biography
Né le 6 mars 1867 à Saint-Étienne (Loire).
Après ses études classiques au petit séminaire de Saint-Jodard et au collège Saint-Michel à Saint- Étienne, il entre aux MEP le 21 octobre 1887. Ordonné prêtre le 27 septembre 1891, il part le 25 novembre suivant pour Hakodaté (Japon).
Il étudie d’abord le japonais à Niigata, puis il est chargé des paroisses de Morioka et d’Iwate (août 1893). En 1895, lorsqu'il n’a plus à s'occuper du premier de ces postes, il se donne tout entier à l'évangélisation des campagnes d’Iwate.
Le 15 juin 1896, de retour de Sakari où il est allé administrer un malade, il se rend à Kamaishi. Il y périt, victime d’un raz de marée qui ravage cette cité. Il est inhumé dans l’église de cette Sakari.
Obituary
M. RISPAL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE HAKODATÉ
Né le 6 mars 1867.
Parti le 25 novembre 1891.
Mort le 15 juin 1896.
Né à Saint-Etienne (Loire), le 6 mars 1867, Henri-Justin-Régis Rispal fut ordonné prêtre le 27 septembre 1891. Le même jour il recevait sa destination pour la mission de Hakodaté, où il arriva dans le courant de janvier 1892.
« Il dut d’abord se rendre à Niigata, écrit Mgr Berlioz, pour y étudier la langue japonaise et s’initier au ministère apostolique, sous la direction de M. Lecomte. Au mois d’août 1893, il fut désigné pour prendre soin des chrétientés de Morioka et de l’Iwaté. Il y recevait, de temps à autre, la visite de M. Jacquet qui était chargé de résoudre ses difficultés et de guider ses premiers pas dans l’administration de son district et la direction de l’école des sœurs de Saint-Paul de Chartres.
« Au début de son ministère, M. Rispal se montra réservé avec les Japonais, trop réservé même, à leur avis ; mais ceux qui le connurent bien, ne furent pas tentés de taxer sa conduite d’indifférence. Tous, d’ailleurs, sont restés profondément édifiés de sa vie sacerdotale qui se manifestait par son assiduité devant le Saint-Sacrement, sa dignité à l’autel et par son zèle pour la maison de Dieu.
« Notre confrère ne devait pas borner son action à la chrétienté du chef-lieu, il avait aussi à administrer celles du département de l’Iwaté. En avril 1894, il fit son premier voyage sous la conduite de M. Jacquet, et entra ainsi en relations avec ces pauvres néophytes, qu’on ne peut visiter qu’une fois ou deux par an. Dès ce moment, ils devinrent l’objet préféré de son ministère, et l’année suivante (26 avril 1895), quand il fut déchargé de Morioka pour se livrer tout entier à l’évangélisation des postes de la campagne, il nous fit part du grand contentement que lui causait cette décision.
« Comme genre de ministère, écrivait-il, l’ambulance est sans contredit beaucoup plus « conforme à mes inclinations naturelles qu’une résidence à poste fixe. D’ailleurs, des visites « plus fréquentes aux chrétiens de la campagne sont devenues de toute nécessité. Le champ « qui me revient est plus que vaste ; il me suffit et au delà ; il pourrait suffire à plusieurs. »
« Au retour de ses excursions apostoliques, il utilisait son temps en se livrant à quelque étude sérieuse. Les résolutions de cas de conscience qu’il a rédigées, témoignent que son jugement, naturellement droit, était guidé dans toutes ses décisions par les principes de la plus saine théologie. Il avait une prédilection pour l’histoire ecclésiastique. Rohrbacher faisait ses délices ; il aimait aussi à feuilleter l’Histoire du Japon du P. Charlevoix, et il y avait puisé une foule de renseignements précieux.
« Entre temps, il s’adonnait à l’étude de la géographie du Japon dont il possédait un atlas très complet, qu’il a enrichi de notes. Aussi, comme il était au courant de la topographie de son cher district, dont il avait suivi tous les sentiers, gravi tous les sommets, et cela — disons-le en passant — en se condamnant parfois à passer la nuit à la belle étoile ! Mais ce n’était pas chez lui imprudence voulue, et encore moins ostentation. Marcheur intrépide, et d’un courage qui ne savait pas reculer, il s’imaginait aisément qu’il ne se laisserait pas devancer par le soleil. Il dut pourtant s’avouer vaincu plus d’une fois, mais Dieu merci, sa robuste santé n’eut pas à en souffrir. D’ailleurs, il était suffisamment dédommagé de sa peine par les grands spectacles de la nature qui exerçaient sur sa belle âme un charme particulier. Selon lui, il ne manquait aux paysages de l’Iwaté, pour atteindre l’idéal, que des clochers surmontés de la croix.
« Le 14 février dernier, il me fit part du programme qu’il se proposait d’exécuter pendant l’année. Son plan était de séjourner dans les principaux centres pour y donner une mission aux chrétiens, aux catéchumènes et aux païens. Il terminait sa lettre par ces mots : « Je ne saurais « trop vous exprimer ma satisfaction au sujet de mon catéchiste, il est très dévoué, très « débrouillard, et par dessus tout, aime beaucoup la religion et les Pères. Je crois que je ne « rencontrerai jamais mieux. »
« Nous eûmes le plaisir de posséder le cher M. Rispal, à Hakodaté, pour la semaine sainte. Il repassa le détroit après Pâques ; j’eus la consolation de l’embrasser encore une fois à Morioka, le 15 avril, puis quelque temps après, il entreprit ce voyage qui devait être pour lui le voyage de l’éternité.
« Notre cher confrère ayant à administrer un malade, à Sakari (11 lieues sud de Kamaishi), partit de Myoko, le 15 juin, à deux heures du matin, après avoir célébré le saint sacrifice. A une heure si hâtive, c’est à peine s’il put prendre quelque nourriture ; et cependant, dans son empressement à gagner Kamaishi, il ne prit son repas du jour qu’à trois heures de l’après-midi, à Otsuchi. Pour parcourir la distance qui sépare Myako de Kamaishi, il n’y a qu’un petit sentier qui suit les sinuosités de la côte, très abrupte dans ces parages. Ce jour-là, en outre, le temps était à la pluie.
« Malgré son intrépidité à la marche, M. Rispal avoua à son catéchiste qu’il se sentait fatigué. « Si nous venions à mourir sur ces rivages inconnus, ajouta-t-il ; comment « apprendrait-on la nouvelle à Morioka ? » Réflexion sans portée dans un autre moment, mais bien étrange à pareil jour. Après la halte de Otsuchi, il se mit de nouveau en marche vers Kamaishi, et, comme il arriva en vue de cette ville une heure environ avant les bagages, il récita son office sur la montagne qui domine la rade. Lorsque son suivant l’eut rejoint, il lui dit qu’il pourrait se reposer plus tôt, ayant terminé la récita¬tion du bréviaire.
« A Kamaishi, le missionnaire et son catéchiste se présentèrent successivement à deux hôtels ; mais il n’y avait pas de place pour eux, paraît-il. On les accueillit enfin dans un troisième, où ils furent installés au rez-de-chaussée. Notre confrère déposa sa soutane d’été toute trempée par la pluie, changea de linge et revêtit une soutane de drap. Vingt minutes environ s’étaient écoulées depuis son arrivée ; le missionnaire causait dans sa chambre avec le catéchiste et un autre chrétien ; le thé était servi, et on attendait le repas du soir.
« Une secousse de tremblement de terre se fit sentir, et peu après, vers huit heures du soir, on entendit un bruit assourdissant, comparable, disent les témoins, à la décharge simultanée d’une centaine de canons. Cette détonation fut suivie aussitôt d’un bruit insolite, semblable à la crépitation d’un immense foyer, mais plus accentué. Chacun de sortir en toute hâte. Tsunami ! Tsunami ! L’alerte est donnée par le maître d’hôtel. M. Rispal et ses deux compagnons se trouvaient alors dans le vestibule. Le catéchiste se mit à fuir dans la direction de la montagne, et cria au Père de le suivre. A deux mètres de là , il se retourna de son côté, il le vit hésitant et comme disposé à rentrer dans la maison. L’autre chrétien réussit à gagner la colline avec le catéchiste. Ils crurent un moment que le Père avait lui aussi abordé quelque part. Hélas ! leur illusion fut bien vite dissipée. Notre cher confrère avait été englouti dans la catastrophe.
« Le lendemain 16, il n’y avait plus de doute à cet égard et les autorités adressaient, le 17, au Ministère de l’intérieur, cette dépêche : « Le missionnaire français Henri Rispal a péri. On « n’a pas retrouvé son corps. » En même temps, la triste nouvelle nous était commu-niquée par la police, par le catéchiste et par le directeur du télégraphe de Kamaishi, qui est chrétien.
« Comment M. Rispal n’a-t-il pas réussi à se sauver comme ses deux compagnons ? Nous croyons qu’il ne s’est pas rendu compte de l’imminence du danger, et qu’il se sera attardé, soit pour se chausser, soit pour sauver ses effets. L’étage de l’hôtel, où il logeait, a été séparé du rez-de-chaussée et transporté sur une hauteur, à une distance de deux cents mètres. Quant au rez-de-chaussée, où nous supposons que se trouvait le Père, il aura été rasé par le retour du flot destructeur, et comme la charpente en était relativement massive, il sera resté ensablé au fond de la mer, car on n’en a pas retrouvé de traces. Nous n’avons donc pas eu la consolation de rendre les derniers devoirs à la dépouille mortelle de notre si regretté confrère. Toutefois, si la mort l’a surpris, du moins, elle l’a trouvé debout dans l’exercice de son devoir. Très édifiant, d’une dévotion filiale à la très sainte Vierge, cordial avec tous ses confrères, réservé avec le monde, il vivait bien habituellement dans l’attente du divin Maître. »
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References
[1983] RISPAL Justin (1867-1896)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1894, p. 106 ; 1895, p. 110 ; 1896, p. 99. - M. C., xxviii, 1896, p. 313. - B. O. P., 1896, p. 584.
Notice nécrologique. - C.-R., 1896, p. 390.
Portrait. - A. P. F., lxviii, 1896, p. 401.