Petrus COSTE1869 - 1954
- Status : Prêtre
- Identifier : 2033
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1892 - 1950 (Hanoi)
Biography
[2033] Petrus, Marie, Philippe COSTE naquit dans une famille aisée, le 6 janvier 1869, à St. Etienne, paroisse Sainte Marie, diocèse de Lyon, département de la Loire. Il fit ses classes primaires chez les frères maristes à St. Etienne, et ses études secondaires à l'Institution St. Michel, puis il passa deux ans au séminaire St. Sulpice d'Issy où il reçut la tonsure le 3 juin 1887.
Le 21 juin 1888, il présenta une demande d'admission au séminaire des Missions Etrangères, où il entra le 15 septembre 1888. Minoré le 21 septembre 1889, sous-diacre le 12 mars 1892, diacre le 3 juillet 1892, il fut ordonné prêtre le 24 septembre 1892, reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 26 octobre 1892.
Arrivé dans sa mission vers la fin de 1892, il commença l'étude de la langue viêtnamienne, à la communauté missionnaire de Ke-So, puis il devint professeur au petit séminaire de Hoang-Nguyên. Il avait, en matière d'éducation, des idées assez originales et quelque peu révolutionnaires pour le temps, qui lui valurent quelques difficultés.
En 1898, M.Petrus Coste fut nommé chef du district de Lô-Xa, sur le territoire duquel se trouvait l'importante chrétienté de Dong-Chuoi-Ha, qui comptait alors plus de deux mille âmes, et où la persécution avait fait beaucoup de mal. En vingt ans,cette chrétienté retrouva sa ferveur première, et en 1908, on fit le projet de remplacer l'ancienne église devenue trop petite.
Pendant une trentaine d'année, M.Coste parcourut la région à cheval ou en barque dans tous les sens, visitant régulièrement les six chrétientés de son district. Entrenant de bonnes relations avec les non chrétiens, il conforta les nouveaux chrétiens, multiplia ses interventions afin que protection et justice leur soit rendue. Il construisit l'église et la résidence de Lô-Xa, et la grande église de Ke-Tâng., où en 1908, il organisa une impressionnante procession de la Fête-Dieu. De 1927 à 1929, il fit un séjour en France pour rétablir sa santé ébranlée.
En 1930, M.Petrus Coste céda le district de Lo-Xa à un prêtre viêtnamien, et fut nommé curé de Nam-Dinh, en remplacement de M. Pédebideau, chargé de la procure. Habitué aux grands espaces, et à une grande liberté d'action, Il ne put se faire aux contraintes d'une paroisse urbaine; en septembre 1932, il remit ce poste à M.Tardy, et se retira dans une petite chrétienté du district de Lô-Xa, sur les bords du fleuve Dai, là où ce dernier coupe la route mandarine, au confins des trois provinces de Nam-Dinh, Ninh-Binh et Hà-Nam. Il y construisit une église minuscule à la gloire de Ste Thérèse de l'Enfant Jésus. Cherchant à se rendre utile, il rendait souvent visite à M. Cantaloube, à Ke-So; à force patience, il réussit à faire agréer ses services par M. Souvignet, dont les forces déclinaient, et qui mourut à Phu-Ly, le 19 mars 1943.
Du fait de ce décès, M.Petrus Coste devint curé de Phu-Ly, à une époque particulièrement difficile. Les japonais y tenaient garnison, et le Viêtminh" naissant y faisait une propagande active. En août 1945, menacé et plusieurs fois en danger de mort, M.Coste dut rentrer à Hanoï où il assura l'aumônerie du "Couvent des Oiseaux" et de la Communauté des "Amantes de la Croix". Doyen d'âge de la mission, il célébra dans l'intimité, le 4 janvier 1949, son 80ème anniversaire. Mais la mort de Mgr. Chaize, à Hanoï, le 22 février 1949, l'affecta beaucoup. Atteint de la cataracte, et les changements importants qui se préparaient pour la mission produisirent chez lui un certain malaise. Il ne retrouvait plus la mission qu'il avait connue et aimée.
Généreux, M. Petrus Coste donnait sans compter; il ne sut jamais tenir à jour un livre de comptes; réclamer une dette, le gênait. D'un naturel gai et heureux, très entreprenant, mais manquant parfois d'esprit de suite, il se rendait très sympathique. Il aimait beaucoup les visites et les longues conversations. Il avait gardé de son éducation première une politesse exquise; un manque d'égards lui était très sensible. Il conserva un esprit jeune, jusque dans sa grande vieillesse.
A la fin de 1950, en raison de la situation politique, le supérieur de la mission estima prudent d'éloigner les anciens pour les soustraire au péril communiste. Avec d'autres confrères, M. Petrus Coste partit pour Saïgon et arriva à Marseille, le 4 avril 1951. Opéré de la cataracte à Paris, et ayant recouvré une vue suffisante pour écrire de longues lettres, il se retira le 19 octobre 1951, à Voreppe où il passa les dernières années de sa vie. Au matin du 6 février 1954, il ne descendit pas célébrer la messe. On le trouva mort, appuyé sur son lit, la face très reposée.
Obituary
Le Père Petrus Coste1
Le P. Coste naquit dans une famille plutôt riche et durant sa jeunesse fut assez choyé. Il fit des études secondaires normales, puis passa deux ans au séminaire Saint-Sulpice d’Issy. Le 21 juin 1888 il présentait une demande d’admission aux Missions-Étrangères. Ce même jour son supérieur le présentait en ces termes : “Ce cher enfant est très pieux ; il a bon caractère ; son intelligence est médiocre. Cela se manifeste même dans un certain embarras dans la conversation Il peut certainement cependant acquérir la science théologique compétente...”
En fin 1892 il est à Hanoi, et s’initie à la langue du pays, puis devient professeur au petit séminaire de Hoang Nguyen. Il avait en matière d’éducation des idées assez originales et quelque peu révolutionnaires pour le temps, qui lui valurent quelques difficultés.
En 1900 il est en district. Il possédait sur son territoire la grande chrétienté de Dong Chuoi Ha qui comptait alors plus de 2.000 âmes. La persécution y avait fait beaucoup de mal, presque tous les chrétiens étaient retournés au culte païen. En 20 ans la face des choses fut transformée. Il resta peu de renégats, et encore la plupart d’entre eux tenaient à faire baptiser leurs enfants. Cette époque était aussi la belle période du vicariat de Hanoi où l’on enregistrait de nombreuses conversions. Visite des chrétientés, très grande liberté de mouvement, cela convenait au P. Coste. Pendant trente ans, le P. Coste parcourut la région de Lô Xa dans tous les sens, témoignant d’un grand zèle et d’une grande activité. Il s’intéressait aux constructions. C’est ainsi que l’église et la résidence de Lô Xa ont été édifiées par ses soins ainsi que la grande église de Ke Tâng et il n’y a pas de chrétienté dans les six paroisses de ce district qui ne lui doive quelque chose. Il payait aussi de sa personne et menait le bon combat en faveur des nouveaux chrétiens, multipliant les interventions pour que justice leur fût rendue. Il avait la parole facile, et une idée amenant l’autre ses prédications souvent répétées duraient parfois longtemps.
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1. COSTE Petrus-Marie-Philippe, né le 6 janvier 1869 à Saint-Etienne, au diocèse de Lyon. Entre aux MEP le 15 septembre 1888, sous-diacre le 12 mars, diacre le 3 juillet et prêtre le 24 septembre 1892. Parti pour le Tonkin occidental le 28 octobre de cette même année. Retourné à Dieu le 16 février 1954.
Cette activité et son entrain lui valurent beaucoup de sympathie. Généreux, il donnait sans compter, et ne sut jamais tenir à jour un livre de comptes ; spécialement au cours des constructions qu’il entreprit, il fut certainement volé à plusieurs reprises. Il lui arrivait aussi de prêter quelque argent, mais il ne sut jamais réclamer une dette, ce qui, au Nord-Viêtnam, peut mener loin. Quand il se décidait à réclamer on aurait dit que c’était lui le débiteur tant il y mettait de forme et de timidité !
Naturel gai et heureux, très entreprenant, mais manquant parfois d’esprit de suite dans ses entreprises, il avait un cœur d’or et jusque dans son extrême vieillesse il resta jeune. Il aimait à converser avec les enfants, à se mêler à leurs jeux et même parfois à leurs espiègleries. Pour parcourir son district, il avait un cheval et une barque, célèbre parmi les confrères en raison des aventures qu’elle lui valut.
Le P. Coste aimait beaucoup les visites et il recevait fort bien. Mais pour le trouver chez lui il ne fallait pas le prévenir. En effet, quelqu’un s’annonçait-il : “Tiens, se disait le P. Coste, voilà que tel Père se promène. Pourquoi pas moi ?” Et en avant...
Peu à peu la région de Lô Xa avait reçu son organisation définitive. La création des quasi paroisses dans le vicariat avait beaucoup réduit le rôle des chefs de district, et un prêtre vietnamien ayant été nommé à Lô Xa même, le P. Coste devint en 1930 curé de Namdinh pour remplacer le P. Pédebideau nommé procureur de la Mission. C’était la grande ville. Mais habitué aux vastes espaces et à une grande liberté d’action il ne put se faire aux contraintes d’une paroisse urbaine et, dès 1932, il était de retour dans son cher district, retiré dans une petite chrétienté près du Day, là où le fleuve coupe la route mandarine. Il employa ses dernières ressources à construire une église minuscule, plutôt un monument élevé à la gloire de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qu’il aimait beaucoup. Tout était si bien combiné que sanctuaire et résidence du prêtre ne devaient pas occuper vingt mètres carrés en tout !
Le P. Coste avait alors plus de 40 ans de Mission, mais toujours actif il aimait se rendre utile. Il aimait aussi rendre visite aux confrères. Le P. Cantaloube le voyait souvent à Ke So, et il allait aussi chez le P. Souvignet. Ce dernier, octogénaire était assez fatigué. Très original, il se croyait toujours alerte et il n’était pas facile de l’épauler. Le P. Coste qui le connaissait bien s’offrit pour cette tâche et réussit à force de patience à faire agréer ses services. Il fut son ange gardien à l’heure de sa mort.
La mort du P. Souvignet laissait le P. Coste curé de Phuly à une époque particulièrement difficile. Les Japonais y tenaient garnison et le vietminh naissant y faisait une propagande active. L’ancien centre de la mission de Ke So, tout voisin, n’était pas tranquille non plus et si le P. Cantaloube prévenu à temps put s’enfuir et se réfugier chez le P. Coste avant de gagner Hanoi, deux Pères y furent assassinés au début d’août 1945, et la communauté dut chercher un refuge à Hanoi. Le P. Coste, lui-même menacé et plusieurs fois en danger de mort, dut aussi revenir à Hanoi.
Désormais il ne fallait plus compter retourner à Phuly. Le P. Coste employa ses dernières forces comme aumônier des Sœurs des Oiseaux et des Amantes de la Croix qui furent pour lui pleines de respect et d’attention. Les sœurs s’étaient alors réfugiées sur les bords du Fleuve Rouge, car les Japonais puis les vietminh avaient occupé leur maison. Ce fut pour le P. Coste l’occasion de longues promenades à travers la ville et une distraction.
Il avait gardé de son éducation première une politesse exquise. Il cherchait à faire plaisir. Il avait toujours peur de gêner, d’autant plus qu’un manque d’égards lui était très sensible ; mais il aimait les longues conversations et les longues visites, particulièrement dans ses dernières années passées à Hanoi, car atteint de la cataracte il n’y voyait plus guère et ne pouvait pratiquement plus lire ni écrire, ne récitait plus son bréviaire et disait la messe de Beata.
La mort de Monseigneur Chaize l’affecta beaucoup. Puis après une longue vacance, la nomination d’un vicaire apostolique vietnamien, et les changements importants qui s’ensuivirent dans la mission produisirent chez lui un malaise que la parfaite délicatesse de Monseigneur Khuê envers les missionnaires réussit d’ailleurs à dissiper. Cependant il ne retrouvait plus la mission qu’il avait connue et aimée.
Quand à la fin de 1950 il parut prudent d’éloigner les anciens pour les soustraire au péril communiste, le P. Coste acquiesça volontiers et partit pour Saigon en attendant de se rendre en France où il espérait pouvoir se faire opérer de la cataracte.
Il fut accueilli à Paris et peu après subit l’opération escomptée. Il recouvra suffisamment la vue pour pouvoir écrire de longues lettres où se retrouve toute sa délicatesse et toute sa gaîté. Il passa les dernières années de sa vie à Voreppe, et il garda jusqu’à la fin l’esprit d’enfance qui avait toujours rendu si agréables les relations que l’on avait avec lui.
Il était toujours prêt et si la mort vint le surprendre elle n’était pas imprévue à coup sûr. Un matin de février on ne vit pas le P. Coste descendre pour dire la messe. On le trouva mort appuyé sur son lit, la face très reposée. Il était âgé de 84 ans et avait pendant 51 ans mené la vie apostolique.
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References
[2033] COSTE Petrus (1869-1954)
Références bibliographiques
AME 1893 p. 627. CR 1892 p. 274. 1908 p. 150. 151. 1910 p. 153. 1911 p. 131. 1912 p. 175. 1913 p. 190. 1919 p. 66. 1921 p. 69. 1922 p. 90. 1923 p. 104. 1927 p. 89. 92. 1954 p. 87. 88. BME 1928 p. 117. 1929 p. 144. 1932 p. 783. 1933 p. 937. 1935 p. 360. 597. 1938 photo p. 253. 1939 p. 657. 1949 p. 242. 243. 592. 616. 617. photo p. 440. 1951 p. 125. 321. 377. 446. 532. 1954 p. 390. 713. EC1 N° 136. 176. 180. 496. 498. 500. 553.
Mai 1995
Mémorial COSTE Petrus, Marie, Philippe page 2