Joseph COUILLAUD1869 - 1924
- Status : Prêtre
- Identifier : 2132
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Burma
- Mission area :
- 1894 - 1924 (Mandalay)
Biography
[2132] COUILLAUD Joseph est né le 4 mai 1869 à Saint Crespin, diocèse dAngers, Maine et Loire. Après ses études primaires, il fit ses études secondaires au Collège libre de Combrée. Puis il entra au Grand séminaire dAngers, pour en sortir après son sous-diaconat. Il entra au Séminaire des Missions Etrangères en 1893. Il fut ordonné prêtre le 22 septembre 1894 et partit pour la Mission de Birmanie le 21 novembre 1894.
Après son arrivée dans le nord de la Birmanie, il fut nommé à Nabek. Cest un village de vieux chrétiens, dont il va soccuper, sans oublier que, se trouvent également de nombreux païens dans les environs. Il ouvrit alors des écoles. Comme il navait pas de maîtres qualifiés à sa disposition, il prépara lui-même des jeunes pour lEcole Normale dinstituteurs. Cest même un de ses enfants qui obtint plus tard, au concours du Brevet supérieur pour toute la Birmanie, la médaille dor. A laide de tels instituteurs, il put donner linstruction scolaire et religieuse aux païens des alentours, heureux davoir de belles écoles. Il fut chargé également de toutes les chrétientés disséminées le long de lIrrawady, jusquaux confins de la Birmanie méridionale. Il eut un ministère très pénible et peu consolant, avec des Birmans, des Européens, des Eurasiens, des Chinois, des Américains, etc... Tous ces gens travaillaient aux puits de pétrole de la région et formaient une communauté très hétérogène, dépourvue de ferveur religieuse.
A Nabek même, le Père remplaça la vieille église devenue trop petite par une église neuve de style gothique, spacieuse et digne de cette grande paroisse de Nabek.Léglise était debout, mais le Père ne tenait plus guère sur ses jambes, et dut retourner en France pour se soigner. A son retour, il fut chargé de deux villages dans le nord : Monbla et Chaungya. Comme le poste de Yeu était devenu vacant par la mort de son voisin, il le prit en charge également ... Il fonda de toutes pièces un petit village de chrétiens, pour les préserver de la contagion de la ville. M. Couillaud était très aimé de ses chrétiens. Ceux-ci augmentaient en nombre. Le Père les exhorta à acheter des terrains, afin de prévoir lavenir de leurs enfants.
Cest en pleine activité et la tête remplie de projets pour lavenir quil ressentit les premières atteintes de la maladie qui devait lemporter. Une sorte de ganglion se forma au cou, quil se mit à soigner avec de la teinture diode. Mais le mal empira et le Père négligea de consulter un médecin. En décembre 1923, il eut plusieurs crises de nerfs avec perte de connaissance. On lenvoya consulter le docteur de Maymyo, qui déclara quil ny avait aucun espoir de guérison. Il retourna alors à Mandalay et sinstalla à la Léproserie. Il resta là quatre longs mois, subissant un vrai martyr avec de fréquentes crises. Il disait aux Religieuses qui le soignaient : Le bon Dieu me met la tête sur lenclume et me martèle. Que sa sainte volonté soit faite. Après trois jours de plus grand abattement et de perte de connaissance, il séteignit doucement, assis sur une chaise, le 6 mai 1924, après avoir reçu en pleine connaissance, le sacrement des malades. Maintenant il repose dans le petit cimetière de la Léproserie.
Obituary
M. COUILLAUD
MISSIONNAIRE DE BIRMANIE SEPTENTRIONALE
M. COUILLAUD ( Joseph ), né à Saint-Crespin (Angers, Maine-et-Loire), le 4 mai 1869. Entré sous-diacre au Séminaire des Missions-Étrangères le 17 août 1893. Prêtre le 22 septembre 1894. Parti pour la Birmanie Septentrionale le 21 novembre 1894. Mort à Mandalay, le 5 mai 1924.
Joseph Couillaud naquit à Saint-Crespin, diocèse d’Angers, le 4 mai 1869. Tout jeune encore, la note dominante de son caractère se dessinait déjà : la fermeté. Il n’y a pas un an, un confrère qui le connaissait bien et qui, à ses heures, est assez bon peintre de mœurs, écrivait dans le Bulletin de la Société : « Pour le P. Couillaud, d’un geste, d’un tour de main, il faut que ça marche … », et le brave Père, en faisant le geste spécial, court et sec que tous ici nous connaissons, ajoutait : « Et ça marche ». C’est sans doute en computant les entraînements de sa nature ardente et les dangers qu’il eût rencontrés dans le monde qu’il nous disait parfois, non sans une pointe d’exagération : « Moi, si je ne m’était pas fait curé, je serais devenus apache. » Exagération, car l’éducation familiale et chrétienne était déjà un salutaire frein et le clergé de la paroisse, de bonne heure, avait veillé sur lui.
Il fut dirigé vers le Petit Séminaire de Combrée où il fit ses études. S’il faut en croire un bruit parvenu jusqu’ici, plus d’une fois il fit rentrer dans l’ordre quelques-uns de ses camarades trop portés à brimer leur surveillant d’études. Cependant, l’amour des aventures surexcita un moment son caractère encore indompté : il eut la velléité de faire son tour de France, voire même de partir en Afrique comme colon … ou tout autre chose. Mais le Bon Dieu et ses directeurs veillaient et ses études terminées, c’est vers le Grand Séminaire d’Angers que très prosaïquement il se dirigea.
Là, sous l’habile direction de M. Letourneau, le digne et vénéré Curé actuel de Saint-Sulpice, la vocation fut étudiée plusieurs années durant et la décision fut prise, bien conforme à sa piété déjà éprouvée, à ses aptitudes et à ses goûts : Joseph Couillaud serait missionnaire. Et voilà comment, après un stage d’une année au Séminaire de la Rue du Bac, où certainement il dut être comme partout un homme de règle, il nous arrivait en Birmanie dans les derniers jours de 1894.
Pendant trente ans de Mission, si notre confrère a occupé temporairement plusieurs postes, Bhamo, Meiktila, etc., c’est surtout à Nabek et Monhla qu’il est demeuré assez longtemps pour y faire un travail suivi pouvant produire des résultats tangibles.
Nabek est un vieux village chrétien où il n’y a guère qu’à entretenir les bonnes coutumes chrétiennes ou mieux, à réveiller, exciter, développer l’esprit chrétien. Il y avait là ce qu’on appelle souvent en France « un bon noyau » qui ne pouvait suffire à accuper l’activité d’un jeune missionnaire. Aussi, dès son arrivée, M. Couillaud, tout en donnant ses soins aux chrétiens de Nabek, s’efforça d’atteindre l’élément païen environnant. Dans ce but, il installa des écoles. N’ayant pas de bons maîtres à sa disposition, c’est lui qui le premier dans la Mission prépara des enfants pour l’Ecole Normale. Pour arriver à sa fin, il ne ménagea ni ses efforts ni sa bourse ; bien plus, il lui fallut plus d’une fois tenir tête à certaines critiques plus ou moins avisées. Loin de se laisser décourager, il persévéra tranquillement et fit si bien que ces dernières années il avait à sa disposition un certain nombre de maîtres d’écoles diplômés et vraiment capables. C’est même un de ses enfants qui, il y a deux ans, au concours, pour toute la Birmanie, du Brevet Supérieur d’instituteurs remporta le numéro 1 et obtint la médaille d’or. Il installa ses maîtres d’école non seulement au milieu de ses chrétiens pour pousser l’instruction scolaire et religieuse tout à la fois, mais encore dans les villages païens des alentours où, avec l’instruction officielle, ils font connaître et propagent notre sainte Religion.
En dehors de cette vieille paroisse de Nabek, son poste central, M. Couillaud était encore chargé de toutes les chrétientés disséminées le long de l’Irawaddy, jusqu’aux confins de la Birmanie Méridionale. S’occuper de tous ces chrétiens n’est pas une sinécure : Au dire de tous ceux qui connaissent ce pays, c’est un ministère très pénible et bien peu consolant. Birmans, Indiens, Eurasiens, Chinois, Américains, etc., tous venus là à cause des très importants puits de pétrole de la région, forment une communauté très hétérogène, qui généralement ne se recommande pas beaucoup par sa ferveur religieuse. Aussi, pour que toutes les petites congrégations chrétiennes qui sont là « marchent » à peu près, ce fut surtout lui, le Père qui « marcha » et sans compter sa peine.
Une œuvre visible et durable signalera pour longtemps le stage de M. Couillaud à Nabek, une nouvelle église. L’ancienne, très vieille, était devenue trop petite et avait besoin d’ailleurs de réparations considérables. Notre confrère résolut d’en bâtir une nouvelle, digne de la belle et grande paroisse de Nabek. Il mit plusieurs années pour préparer ses plans ; mais quand les préparatifs furent terminés, il se mit résolument à l’œuvre ; et alors, ses équipes d’ouvriers organisées, « ça marcha…» et militairement. Aux heures voulues, le signal du commencement ou de la fin du travail était donné par le Père lui-même d’un vigoureux coup de clairon, lancé de loin, du haut de sa demeure et, aussi bien que sa voix, le clairon rendait toujours un son sec et impératif ; aussi, chacun se le tenait pour dit. Au bout de quelques mois, une belle église gothique fut le résultat de tant de peines.
Ce n’est pas sans danger que, dans ce pays, on s’expose pendant plusieurs mois à des stations répétées, quoique nécessaires, au grand soleil. L’église était debout, mais le Père ne tenait plus sur ses jambes. Il dut aller demander au pays natal les forces que son pays d’adoption avait si vite usées.
A son retour ici, il fut chargé de deux villages chrétiens dans le Nord de la Mission : Monhla et Chaungyo, où il restera jusqu’à sa dernière maladie. Là, comme à Nabek, il s’occupa très spécialement des écoles et ses efforts ne furent pas vains ; non seulement ses écoles prirent place au premier rang parmi les meilleures du district, mais son exemple encouragea à l’imiter quelques confrères du district, plus ou moins hésitants ; il eut surtout la consolation de voir quelques-uns de ses enfants prendre le chemin du Petit et du Grand Séminaire.
Lors de son retour en France, il avait étudié avec soin nombre d’œuvres que, dans son zèle, le clergé français a fondées pour le bien même temporel des catholiques. Sitôt rentré ici, il se mit en mesure de faire de même autant que possible, et dans chacun de ses postes il organisa un certain nombre de coopératives sur lesquelles il fondait beaucoup d’espoir.
Là ne s’arrêtait point son zèle. La chrétienté de Ye-u, à huit milles seulement, il est vrai, de ses autres postes, était devenue vacante par suite de la mort de son titulaire ; il s’offrit volontiers à s’en charger pour soulager le confrère déjà un peu vieux qui aurait dû s’en occuper. « C’est sur ma route, avec un petit détour seulement », disait-il, pour donner le change. Ces dernières années, il avait, près de Ye-u mais en dehors de la ville, fondé de toutes pièces, – et avec quels ennuis, les fondateurs de nouveaux villages seuls le savent – un petit village chrétien pour préserver ses ouailles de la contagion de la ville. Dans ses plans, il devait commencer sous peu l’évangélisation d’un gros centre païen au Nord de Changya. Plusieurs fois il avait envoyé ses catéchistes de ce côté, et, c’était décidé ; au printemps 1924, pour commencer, il ouvrirait là une école.
Pas plus que de zèle et de courage, notre confrère ne manquait pas d’esprit de prévoyance pour l’avenir. Voyant le nombre de ses chrétiens augmenter rapidement, grâce à leurs nombreux enfants, il les exhortait de toutes ses forces à placer leurs économies dans l’achat de terrains, actuellement encore à des prix abordables mais qui probablement ne le seront plus dans dix ans, afin de pouvoir établir leurs enfants sur place et les préserver des dangers de la ville. Et il prêchait lui-même d’exemple, achetant des terrains avec ses petites ressources, en vue des œuvres de l’avenir.
M. Couillaud était très aimé de ses chrétiens. Ils l’ont prouvé lorsque pendant les deux ou derniers mois de sa douloureuse maladie, plusieurs d’entre eux sont venus librement et comme délégués de tous s’installer à son chevet et le veiller nuit et jour, pour ainsi dire sans répit ni repos possible, même pour quelques heures seulement.
Pourtant, si M. Couillaud était aimé de ses chrétiens, il était craint aussi. Ne pas dire un mot de sa rudesse extérieure de manières serait laisser dans l’ombre tout un côté de sa physionomie, et pas la moins intéressante. Notre confrère, à la tête large et carrée, aux traits presque durs, n’avait pas une figure très avenante. Un jour, un inspecteur récriminait contre les règlements qui accordaient cinquante roupies au missionnaire pour son école alors que ce secours devrait plutôt revenir au maître d’école lui-même qui faisait tout le travail. « Mais, répond le Maître, vous n’avez donc pas vu les yeux du Père Couillaud ! Pour faire venir tous les jours les enfants à l’école, ces yeux-là valent plus de cinquante roupies. »
Avec sa physionomie peu rassurante pour qui ne le connaissait pas, le Père avait la voix forte et brève, le geste sec et tranchant. Et pourtant quels efforts ne fit-il pas, surtout ces dernières années, pour se corriger de cette brusquerie native ! Un jour il arrivait chez un confrère, lui aussi ne passant pas pour un modèle de patience, mais avec lequel il était entendu que mutuellement on se rappellerait à la douceur, en cas de manquement. A peine était-il descendu de char et monté au presbytère que les enfants sortant de l’école entourent le char à l’envi, mais naturellement sans se soucier d’apporter les bagages du Père. Tout à coup la voix de M. Couillaud crie du haut du presbytère : « Mais apportez-moi donc mes affaires ! » L’effet fut immédiat ; la gent écolière disparut en un clin d’œil. Et comme le curé de l’endroit disait aimablement : « Ah ! Ah ! P. Couillaud, et la douceur, qu’en faisons-nous ? » – « Mais … je ne me suis pas fâché, je n’ai pas crié… » Le malheureux ! il ne se rendait pas compte et très réellement il faisait des efforts très méritoires. Sous ces apparences rudes se cachait un cœur d’or et ses chrétiens n’avaient pas eu de peine à le découvrir. S’il était craint, il était aussi beaucoup aimé.
C’est en pleine activité et la fête remplie de projets pour l’avenir, que M. Couillaud ressentit les premières atteintes de la maladie qui devait l’emporter. Dans les premiers mois de 1923, une sorte de ganglion se forma au cou ; cela ne le faisait pas souffrir, mais était gênant. Notre confrère pensa en avoir raison avec de la teinture d’iode ; les jours passèrent et si le mal ne semblait pas augmenter beaucoup, il ne s’améliorait pas. Malgré l’avis de plusieurs, il négligea de consulter un médecin. Cependant, est-ce pressentiment ou simple précaution ? dès le mois d’août il avait revu son testament et mis toutes ses affaires en règle. Venu à Mandalay en novembre pour la retraite annuelle, il vit enfin un médecin qui lui ordonna le repos et des soins immédiats. Le mal empira en décembre et trois ou quatre fois il eut de violentes crises de nerfs, avec perte de connaissance plus ou moins prolongée. Le médecin l’envoya consulter le docteur de Maymyo, mieux pourvu des instruments réclamés par la science actuelle. Hélas ! le diagnostic ne fut pas long à trouver : il n’y avait aucun espoir de guérison, et la mort devait arriver à brève échéance.
Quand notre confrère connut la terrible vérité, « il ne s’en fit pas pour autant » comme il l’écrivait à un ami. De suite il retourna à Mandalay et s’installa à la Léproserie pour, là, dans le calme et la prière se préparer à paraître devant le Bon Dieu. C’est là que, pendant quatre longs mois, on peut le dire, il a fait son purgatoire. Au commencement les souffrances n’étaient point encore trop vives ; mais bientôt ce fut un vrai martyre : les crises se succédaient jusqu’à quinze et vingt fois par jour. Pendant les deux derniers mois, en dehors des Sœurs qui le soignaient et étaient souvent à ses côtés, deux hommes durent le veiller nuit et jour. Ainsi qu’il le disait à quelques visiteurs, sa « pauvre tête était sur l’enclume et le Bon Dieu la martelait » ; mais il avait soin d’ajouter : « Que Sa Sainte Volonté soit faite … Tant qu’Il voudra »
Cette douceur extérieure qu’il n’avait pu acquérir complètement en plein exercice de son ministère, il la pratiqua admirablement durant ses derniers jours ; c’est le témoignage des Sœurs qui l’ont soigné : « sa patience, disent-elles, fut admirable ».
Enfin, après deux ou trois jours de plus grand abattement et de perte de connaissance assez fréquente, notre confrère s’éteignit doucement, assis sur une chaise, le 5 mai, à huit heures du soir, après avoir reçu en pleine connaissance les derniers sacrements. Aujourd’hui il repose au petit cimetière de la Léproserie à côté de trois de ses confrères et amis.
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References
[2132] COUILLAUD Joseph (1869-1924)
Références biographiques.
An.ME. 95P243 /17-18P95.96 /24P159+ C.R.94P305 /95P287.290.402 /96P277 /97P238/00P202 /01P212.213 /03P244.245/06P216 /07P253/08P228/ 10P247 /19P102.190 /20P68.121 /22P136/23P145.148 /24P114.116.196 /30P277 B.ME.23P521 /24P261.464+ /476/25P57
Ec.RBac.62+