Adolphe ROULLAND1870 - 1934
- Status : Prêtre
- Identifier : 2226
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1896 - 1909 (Chongqing [Chungking])
Biography
[2226] ROULLAND Adolphe, Jean, Louis, Eugène, est né le 13 octobre 1870 à Cahagnolles, dans le diocèse de Bayeux (Calvados). Il commence ses études secondaires au Petit Séminaire de Villiers-le-Sec. Il est admis au Séminaire de Sommervieu en octobre 1890 pour deux années de philosophie. Il entre tonsuré au Séminaire des Missions Étrangères le 12 septembre 1892. Ordonné prêtre le 28 juin 1896, il part le 29 juillet suivant pour la mission du Setchoan oriental.
Le Père Roulland avait obtenu de la Prieure du Carmel de Lisieux qu'une religieuse fût associée à son ministère : ce fut Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Mais il ne se prévaudra jamais de cette amitié spirituelle, comme il ne parlera jamais des grâces et faveurs particulières obtenues par l'intercession de celle qui l'appelait son frère".
Dès son arrivée en mission, il tombe malade à Kouifou et n'arrivera à l'évêché de Chungking que deux mois plus tard. Il commence son apprentissage apostolique à Ho-pao-tchang, et vers la fin de l'année 1897, il est nommé vicaire à Yeou-yang. En 1898 il est à la tête du district de Leang-chan, puis au Petit Séminaire de Tien-che pour un intérim (1899) et enfin au Grand Séminaire de Cha-pui-pa (1899-1902). En 1902, il est nommé curé de Ma-pao-tchang. Il y reste sept ans et reconstruit sa résidence, ravive la confiance des chrétiens apeurés par la persécution. Pour les instituteurs et institutrices des écoles de garçons et de filles qu'il construit dans le 15 à 20 stations de son district, il fonde deux écoles secondaires au chef-lieu du district.
Il est rappelé à Paris en 1909 : il sera procureur du Séminaire de 1909 à 1913. Mobilisé au début de la guerre, affecté à un hôpital en Normandie, puis réformé, il revient au Séminaire de la rue du Bac pour prendre les fonctions d'économe et de procureur (1914-1919). En 1921, il va se dévouer comme directeur du Noviciat des Frères, à Dormans (Marne) tout en étant chapelain de la chapelle de la Reconnaissance. La maladie le terrasse au début de mai 1934 et le 12 juin, il rend son âme à Dieu.
Obituary
M. ROULLAND
DIRECTEUR DU NOVICIAT DES FRÈRES COADJUTEURS A DORMANS
M. ROULLAND (Adolphe, Jean, Louis, Eugène) né le 13 octobre 1870 à Cahagnolles (Bayeux, Calvados). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 12 septembre 1892. Prêtre le 28 juin 1896. Parti pour le Sutchuen Oriental le 29 juillet 1896. Directeur au Séminaire des Missions-Étrangères en 1909. Mort à Dormans (Marne) le 12 juin 1934.
Le 14 juin, 50e anniversaire de la Confirmation de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus était inhumé à Dormans celui qui lui avait été uni par des liens surnaturels, M. Roulland, décédé le 12 juin dans sa 64e année.
Notre confrère était né le 13 octobre 1870, aux environs de Bayeux, à Cahagnolles où son père exerçait le métier de forgeron. Fils unique, il fut bien gâté dans son enfance, mais avec la grâce de Dieu, il sut de bonne heure discipliner fortement sa volonté. Sa mère était profondément chrétienne et lorsque son fils partit pour les Missions, elle ne s’en plaignit jamais parce que, disait-elle, elle voulait conformer sa volonté à celle de son enfant et surtout à celle de Dieu.
Après avoir reçu les premières leçons de latin d’un Religieux Prémontré, il entra au petit séminaire de Villiers-le-Sec au printemps de 1885. Bon élève et bon travailleur il se classa vite dans les rangs du 1er tiers de sa classe et tout, faisait croire qu’il ferait mieux encore, quand durant sa 3e, il tomba malade d’une maladie nerveuse (on crut reconnaître les symptômes de la danse de Saint-Guy). I1 se rétablit, mais forcément il dut modérer son application à l’étude et tout en conservant un bon rang n’obtint pas les succès qu’il aurait pu espérer.
Ses études classiques terminées, il dut avoir un moment d’hésitation sur la voie qu’il allait suivre. Du moins on est porté à le conclure du passage suivant extrait de la correspondance de Sainte Thérèse avec lui :
« Permettez-moi de vous confier un secret qui vient de m’être révélé par la feuille où sont « écrites les dates mémorables de votre vie. Le 8 septembre 1890, votre vocation de « missionnaire était sauvée par Marie, la Reine des Apôtres et des Martyrs : en ce même jour « une petite Carmélite devenait l’épouse du Roi des Cieux. Disant au monde un éternel adieu, « son unique but était de sauver les âmes, surtout les âmes d’apôtres. A Jésus son Epoux « divin, elle demande particulièrement une âme apostolique ; ne pouvant être prêtre, elle « voulait qu’à sa place un prêtre reçût les grâces du Seigneur, qu’il eût les mêmes « aspirations, les mêmes désirs qu’elle. Mon Frère, vous connaissez l’indigne carmélite qui fit « cette prière. Ne pensez-vous pas comme moi que notre union confirmée le jour de votre « ordination sacerdotale, commença le 8 septembre ? »
M. Roulland fut admis au Séminaire à Sommervieu en octobre 1890 pour y faire ses deux années de philosophie. C’est là que se mûrit et se décida sa vocation ; un moment il songea à se faire jésuite, pourvu, disait-il à son ami M. l’Abbé Marie, actuellement Directeur au grand Séminaire de Bayeux, qui nous a fourni ce détail, pourvu que je sois assuré d’aller en Mission. En 1892, il fit un court voyage à Paris à l’insu de ses parents, fit connaissance plus complète avec le Séminaire des Missions-Étrangères : sa détermination était prise et quelques mois plus tard, le 12 septembre 1892, il entrait à la rue du Bac. Son séjour y fut de quatre années, coupé par l’année du service militaire.
C’est quelque temps avant son ordination sacerdotale que l’aspirant missionnaire, soucieux d’assurer à son futur apostolat une fécondité doublée, fit demander par le R. P. Norbert des Prémontrés de Mondaye à la Rév. Mère Marie de Gonzague, alors Prieure du Carmel de Lisieux, d’associer une de ses religieuses à son prochain ministère. La Mère Prieure n’hésita pas à répondre favorablement ; sa pensée s’arrêta immédiatement sur celle qu’elle présentera en ces termes à M. Roulland : « C’est la meilleure entre mes bonnes ». C’était Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
Ordonné prêtre le 28 juin 1896, notre confrère eut l’occasion, en allant faire ses adieux à sa famille en Normandie, de passer par Lisieux le 3 juillet. Il célébra la messe au Carmel et eut la joie de s’entretenir au parloir avec Sœur Thérèse : brève et unique entrevue sur terre de deux âmes réunies dans le même idéal d’amour de Dieu et des âmes. De retour à Paris le 23 juillet, M. Roulland écrivait à la sainte Carmélite une lettre que nous voulons citer en entier, car, outre les détails qu’elle nous fournit sur les adieux à sa famille, elle nous montre les dispositions intimes et les sentiments apostoliques du jeune missionnaire à la veille de s’embarquer pour le Sutchuen Oriental.
« Ma Sœur — Par les grâces que le bon Dieu nous a faites à ma famille et à moi pendant « mon séjour en Normandie, vous avez prévu que la séparation, naturellement pénible, a pu « cependant s’effectuer aussi bien que possible. Je devais partir le vendredi à quatre heures du « soir. Au repas nous avons été gais et même jusqu’à trois heures ; mais après, la tristesse a « commencé à paraître ; de temps en temps j’avais les larmes aux yeux. A quatre heures j’ai « fait signe à un ami ; il est allé atteler le cheval et, dix minutes après, la voiture arrivait « devant la salle où nous étions réunis. Tous ont compris ; mes paquets ont été portés et je me « suis levé ; mon père, ma mère, deux tantes, une cousine et une amie se sont mis à genoux, « j’ai donné à tous ma bénédiction et je suis sorti en fermant la porte derrière moi, et en route. « Ma mère est sortie ; une personne qui était dans la voiture m’a dit : « Dites un dernier adieu « à votre mère » et je ne l’ai pas fait. Je voulais, autant que possible, ne pas regarder en « arrière. Saint François-Xavier était parti sans dire adieu à sa mère.
« En arrivant à Paris, j’ai appris que mon départ, d’abord fixé au 26 août, aurait lieu le 29 « juillet. Je pars avec l’intention de n’avoir pas plus de volonté entre les mains de mon évêque « que n’en aurait un cadavre. Je pars heureux, parce que je sais que notre apostolat, c’est-à-« dire le vôtre et le mien, sera béni du bon Dieu : sur la montagne du Carmel une âme priera « pour le succès des armes de celui qui combattra dans la plaine.
« Ma Sœur, je n’oublierai jamais votre dernière parole : « A Dieu, mon Frère ». — Union « de prières, de sacrifices pour Dieu et les âmes ; au revoir près de Jésus Eucharistie et plus « tard au revoir au Ciel . »
A peine arrivé sur le territoire de sa Mission, M. Roulland fit connaissance avec la maladie. Terrassé par une violente attaque de fièvre, il dut s’arrêter à Koui-fou, laissant ses confrères continuer sans lui la montée du Fleuve-Bleu. Pendant dix jours il fut en proie au délire ; un premier médecin l’abandonna, un autre, à force de quinine, arriva à le sauver : « C’est grâce aux prières des personnes qui me portent intérêt, et surtout aux vôtres, écrit-il à Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, que je n’ai pas chanté mon « Nunc dimittis » en entrant dans ma Mission. Puis, le bon Dieu n’a-t-il pas voulu me montrer que sans la croix et la souffrance, je ne ferai rien pour sa gloire et le salut des âmes ».
Deux mois plus tard il arrivait enfin à Chungking auprès de son Vicaire Apostolique, Mgr Chouvellon ; lequel, après une quinzaine de jours de repos bien mérité l’envoya commencer son apprentissage apostolique dans le district de Ho-pao-tchang, dirigé par M. Fleury. A la fin de cette même année 1897, il était donné comme Vicaire à M. Casimir Cacauld à Yeou-Yang. Il faut croire que sa formation fut rapide, car en 1898 nous le trouvons à la tête du district de Leang-chan.
Il n’y demeura pas très longtemps ; Mgr Chouvellon l’appela au petit séminaire de Tien-tche pour un intérim, puis le nomma professeur au grand séminaire de Cha-pin-pa. Le poste comme l’œuvre lui plaisaient, autant qu’ils convenaient à ses aptitudes. Changé du cours de théologie, il s’acquitta de ses fonctions avec une sollicitude non commune, préparant ses leçons fort soigneusement et se mettant bien volontiers au service de ceux de ses élèves qui désiraient des explications supplémentaires. Il se montra aussi très scrupuleux observateur de la règle, de toute la règle, donnant en cela un exemple qui ne fut pas sans fruit. La maladie du Supérieur l’obligea à le remplacer d’abord à titre provisoire, puis d’une façon définitive. Il sentit tout le poids de sa nouvelle responsabilité, ce qui ne l’empêcha pas de l’accepter avec vaillance : M. Roulland ne savait pas dire non à ses Supérieurs. Il n’en fut pas moins heureux lorsqu’en 1902 il se vit nommer curé de Ma-pao-tchang, où il devait rester jusqu’à son rappel à Paris, en 1909.
Ce district avait beaucoup souffert lors de la persécution suscitée par le Yu-man-tze en 1898 et le prédécesseur de M. Roulland, M. Fleury, dont la santé avait été fortement ébranlée par six mois de captivité chez le fameux pirate, n’avait pu qu’ébaucher le travail de rétablissement. Il appartenait à son successeur de le mener à bonne fin. M. Roulland reconstruit la résidence, aménagea tant bien que mal des écoles de garçons et de filles, s’emploie à raviver la confiance chez ses chrétiens apeurés. L’horizon, en effet, est toujours sombre, les exploits des Boxers ont créé une atmosphère d’agitation au Sutchuen, les missionnaires sont obligés de rester sur le qui-vive. D’accord avec le mandarin local, qui veut la paix et entretient les relations les meilleures avec notre confrère, celui-ci fait de la résidence une place d’armes ses chrétiens forment une milice pour tenir tête, le cas échéant, à leurs ennemis : n’y a-t-il pas dans les environs un vieux château-fort occupé par une bande de rebelles ? Il faut se préparer à une attaque toujours possible... et surtout implorer le secours du bon Dieu. Aussi, pendant que les hommes s’exercent au maniement du fusil, les femmes prient. Et un beau jour on apprend que le magasin à poudre des Boxers a sauté, plusieurs bandits ont perdu la vie dans l’explosion, les autres se dispersent, le danger a enfin disparu.
Au point de vue spirituel, la grande œuvre de M. Roulland à Ma-pao-tchang a été l’œuvre des écoles. Il en établit dans les 15 à 20 stations de son district et comme il fallait trouver de bons maîtres et de bonnes maîtresses, il n’hésita pas à fonder au chef-lieu deux écoles secondaires pour former les instituteurs et institutrices dont il avait besoin. Ces écoles ont été depuis beaucoup améliorées, mais il est juste de noter que la première initiative remonte à M. Roulland.
Comme nous l’avons déjà dit, M. Roulland fut rappelé en 1909 comme Directeur du Séminaire de Paris. Dès son arrivée il prit les fonctions de Procureur du Séminaire, qu’il garda jusqu’en 1913, puis fut nommé Econome. Au début de la guerre de 1914 il était mobilisé et était affecté à un hôpital de Normandie. C’est là qu’il lui arriva une petite aventure amusante. Il venait d’être incorporé, mais n’avait pas encore reçu les habits militaires. Rencontrant sur la route ce curé, qui n’avait pas l’allure des prêtres de la région, était orné d’une barbe quelque peu négligée, portait des pantalons et des chaussettes, un habitant du pays fut pris de suspicion et voilà la maréchaussée alertée et les gendarmes à la recherche du soi-disant espion. Heureusement qu’en suivant sa piste, ils finirent par rencontrer un ami de notre confrère, qui les renseigna sur la véritable identité du suspect et calma leurs inquiétudes.
M. Roulland ne fut mobilisé que quelques semaines. Le mauvais état de ses jambes le fit réformer ; il revint donc à la rue du Bac où il reprit ses fonctions d’économe auxquelles il dut encore ajouter celles de Procureur. Ce temps de la guerre a été pour lui une période très dure, très fatigante et il en sortit avec une santé très ébranlée.
En 1921, il demanda une année de repos complet, qu’il alla passer à Rome ; puis, à son retour, il s’offrit pour diriger le Noviciat des Frères, qu’on avait décidé d’ouvrir à Dormans. Il devait se dévouer à cette œuvre pendant les treize dernières années de sa vie, y mettant tout son cœur et son énergie, en même temps qu’il remplissait les fonctions de chapelain de la Chapelle de la Reconnaissance..
En juillet 1897, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus écrivant pour la dernière fois à son Frère d’âme, lui disait : « Ah ! mon Frère, je le sens, je vous serai bien plus utile au Ciel que sur la « terre, et c’est avec bonheur que je viens vous annoncer ma prochaine entrée dans cette « bienheureuse Cité, sûre que vous partagerez ma joie et remercierez le Seigneur de me « donner les moyens de vous aider plus efficacement dans vos œuvres apostoliques. »
La petite Sainte de Lisieux a certainement tenu sa promesse et son « frère missionnaire » a indubitablement ressenti les effets de sa protection. On serait content de connaître quelques preuves, de savoir comment et en quelles occasions plus spéciales M. Roulland en bénéficia. Mais notre confrère a été toujours d’une discrétion absolue à ce sujet. Il aimait sa protectrice céleste, il était heureux de favoriser son culte toutes les fois qu’il en avait l’occasion ; aussi, dans toute la région les curés aimaient à le choisir comme panégyriste de la. Sainte à toutes les intronisations de sa statue et bien volontiers il répondait à ces invitations. Cependant toujours modeste, il se tenait dans l’ombre, ne se prévalant jamais des titres d’amitié qui l’avaient uni dès le début de sa carrière apostolique avec la glorieuse Carmélite, encore moins parlant des grâces et faveurs particulières qu’il avait obtenues par son intercession.
C’est au début de mai 1934 que la maladie vint définitivement le terrasser. Le 6 mai il reçut les derniers sacrements. Pendant un mois le mal se prolongea avec des alternatives de souffrances plus ou moins pénibles. Petit à petit le malade mourait à tout ce qui l’entourait : toutefois, si l’on évoquait devant lui le souvenir de sa Sœur du Ciel, un éclair de vie revenait, c’était un rayon de lumière et de joie dans cette nuit progressive. Le 12 juin son âme délivrée de sa prison terrestre quittait l’exil ; comme sa Sainte Petite Sœur, ne pouvait-il pas dire : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie. »
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References
[2226] ROULLAND Adolphe (1870-1934)
Références biographiques
AME 1896 p. 579. 1899 p. 85. 148. 1902 p. 278. 1903 p. 49. 1910 p. 265. 320. 322. 1919-20 p. 96. 1924 p. 110. 155. 1926-27 p. 484. 1929 p. 222. 270. 1930 p. 261. 1931 p. 89. 174. 1934 p. 186. 188. CR 1896 p. 331. 1901 p. 96. 314. 1903 p. 89. 1905 p. 65. 1906 p. 82. 1909 p. 253. 1910 p. 294. 1913 p. 306. 1914 p. VI. 134. 1915 p. 157. 1919 p. 119. 1934 p. 230. 234. 291-296 (notice nécro). BME 1922 p. 15. 622. 1923 p. 84. 1924 p. 406. 746. 1925 p. 121. 444. 1934 p. 512. 593. 1939 p. 229. EC1 N° 1. 3. 4. 6. 17. 20. 21. 34. 36. 37. 47. 49. 50. 59. 67. 69. 70. 74. 83. 85. 89. 98. 139. 151. 180. 185. 186. 207. 212. 213. 222. 238. 290. 292. 334. 743. EC2 N° 68P296. 70P22. 23. 173P509. 174P537. 176P601.