Louis LÉCHAUDÉ1873 - 1921
- Status : Prêtre
- Identifier : 2311
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1897 - 1905 (Hanoi)
- 1908 - 1921 (Hanoi)
Biography
[2311] Louis, Joseph, Alexis LECHAUDE naquit le 23 novembre 1873, au Puy, paroisse St. Laurent, diocèse du Puy-en-Velay, département de la Haute-Loire, mais il fut incardiné au diocèse de Nancy. Son père, lorrain d'origine, officier supérieur avait fait les campagnes de Crimée, et la guerre de 1870. Sa mère, originaire de l'Ile-de -France était proche parente du général Vanson et de l'abbé Vanson, supérieur du petit séminaire de la Malgrange,(Nancy), où Louis-Joseph fit de brillantes études couronnées du diplôme de bachelier. Il avait une soeur jumelle qui revêtit l'habit des soeurs de Saint Dominique et pour laquelle il garda toujours une grande affection. Peu après la naissance de ses jumeaux, M.le Commandant Léchaudé prit sa retraite et se fixa à Nancy.
Louis-Joseph fut tonsuré le 2 juillet 1893; Le 2 octobre 1894, il entra au séminaire des Missions Etrangères. Minoré le 21 septembre 1895, sous-diacre le 27 septembre 1896, diacre le 13 mars 1897, il fut ordonné prêtre le 27 juin 1897, reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 4 août 1897.
Arrivé dans sa mission, il employa les deux premières années à l'étude de la langue viêtnamienne qu'il posséda supérieurement. En 1899, il fut nommé professeur au Collège Petit-Séminaire de Hoàng-Nguyên, où il se montra un maitre brillant, précis et clair dans son enseignement.
Au mois de février 1902, son Evêque l'envoya travailler dans le district de Nam-Xang, sous la direction de M. Pralong qui se noya accidentellement dans les premiers jours du mois d'août de la même année. En Juillet 1902, Mgr. Gendreau le rappela à Hanoï, pour en faire son secrétaire particulier. A l'occasion des grandes fêtes, M.Léchaudé prêchait à la cathédrale et, deux fois par an, suivait son Evêque, dans la visite pastorale des chrétientés et des districts. Pendant l'une de ces tournées, il apprit le décès de sa soeur jumelle; sa santé en fut ébranlée; quelques mois plus tard, son état s'étant aggravé, il partit pour la France.
Arrivé à Nancy en 1905,il suivit des traitements divers, fit plusieurs séjours à Montbeton, mais aucun mieux notable ne se produisit. En 1908, il reprit le chemin de sa mission. Sa maladie l'empêchant de mener toute vie active, il fut chargé, avec l'aide de trois secrétaires viêtnamiens, de terminer le procès des martyrs des Missions Françaises du Tonkin. Ce document fut envoyé à Rome,dans le courant de 1912.
Le 18 octobre 1912, à Keso, Mgr. Gendreau célébra ses noces d'argent épiscopales. En cinq cents vers d'une belle envolée, M. Léchaudé raconta sa ision au paradis" de cette fête jubilaire. Il rédigea aussi, pour le Bulletin paroissial de Hanoï, l'histoire religieuse du Tonkin.
En 1914, rappelé à Hanoï,après le décès de M. Calaque, M.Léchaudé reçut la charge de chef de maison, pour l'accueil des nombreux hôtes de passage à la Mission. Un an après, il y ajouta celle de procureur du Vicariat. Econome des biens de la Mission, il distribua, en aide aux missionnaires de la brousse, sa fortune personnelle assez importante. Il fut un boute-en-train remarquable, surtout à l'occasion de la fête de Mgr. et à la fin de la retraite annuelle. Sa verve caustique et fine aimait fustiger dans la gaieté, et la bonne humeur, les petits travers de chacun.
Au mois de Juin 1920, fatigué, il demanda à prendre du repos. Il se retira à Ke-So, et fut chargé d'un autre procès des martyrs. Mais vers la fin de cette même année, un anthrax se forma entre ses épaules. Le 20 Janvier 1921, il fut conduit à la Mission à Hanoï. où M.Lecornu, provicaire, lui donna les derniers sacrements. Le docteur appelé reconnut que M.Léchaudé était diabétique avancé, et le fit hospitaliser. Dès le 24 janvier, notre malade entra dans le coma, Le 27 janvier 1921, à huit heures du soir, il rendit le dernier soupir, assisté de M.Petit, aumônier de l'hôpital et des dames de la Croix Rouge.
Le lendemain sa dépouille mortelle fut transportée à la Mission; Le 29 janvier 1921,au matin, M.Dépaulis présida les obsèques et Mgr. Bigolet donna l'absoute. Puis, il fut inhumé à côté de M. Le Page, au cimetière de la Mission.
Obituary
M. LÉCHAUDÉ
MISSIONNAIRE DU TONKIN OCCIDENTAL
M. LÉCHAUDÉ (Louis), né au Puy (Haute-Loire), le 23 novembre 1873. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 15 septembre 1894. Prêtre le 27 juin 1897. Parti pour le Tonkin Occidental le 4 août 1897. Mort à Hanoï le 27 janvier 1921.
M. Louis Léchaudé naquit au Puy, près du sanctuaire de Notre-Dame de France, le 23 novembre 1873. Son père, lorrain d’origine, alors officier supérieur, avait fait les campagnes de Crimée et pris part à la guerre de 1870. Sa mère originaire de l’Ile-de-France était proche parente du général Vanson que le jeune Louis fut heureux et fier de rencontrer pendant des grandes manœuvres auxquelles il prenait part comme soldat de la « division de fer » ; elle était aussi parente de l’abbé Vanson, supérieur de la Malgrange, où notre futur missionnaire fit de brillantes études que le diplôme de bachelier vint couronner.
Louis fut accompagné, en venant au monde, d’une petite sœur jumelle, à laquelle le rattachera toujours une très vive et très tendre affection.
Peu de temps après leur naissance, M. le Commandant Léchaudé prit sa retraite et vint se fixer à Nancy. M. Léchaudé aimait à rappeler ses souvenirs d’enfance, l’autel dressé dans un coin de la maison paternelle, les simulacres de messe, de sermon naïvement improvisés et où la petite sœur jouait toujours la rôle d’enfant de chœur... Jeux enfantins, sans doute, mais qui révèlent la piété des jeunes âmes et leurs attraits pour le sacerdoce et la vie religieuse.
En effet, en septembre 1894, M. Léchaudé arrivait au Séminaire des Missions-Etrangères, et un peu plus tard, sa sœur jumelle revêtait l’habit des sœurs de Saint-Dominique.
Il fut ordonné prêtre le 27 juin 1897, reçut sa destination pour la Mission du Tonkin Occidental et arriva à Hanoï dans le courant du mois de septembre 1897.
Les deux premières années de son séjour en Mission furent bien employées à l’étude de la langue annamite qu’il parvint à posséder supérieurement ; en 1899, il fut nommé professeur au collège de Hoang Nguyen. Doué d’une belle intelligence, le brillant élève de la Malgrange et de Paris fut un professeur émérite et ses collègues, comme les élèves qui l’ont connu, sont unanimes à louer la précision et la clarté de son enseignement.
Au mois de février 1902, M. Léchaudé allait travailler dans le district de Namxang avec M. Pralong, qu’il considérait comme un des meilleurs ouvriers apostoliques, comme un saint, et qui devait mourir d’une fin si tragique, accidentellement noyé, dans les premiers jours du mois d’août de la même année.
Au mois de juillet, Mgr Gendreau, qui avait pu remarquer et apprécier sa haute intelligence le rappela à Hanoï, près de lui, comme secrétaire particulier. A l’occasion d’une grande fête, il montait en chaire, à la cathédrale, et prêchait des sermons très goûtés de tous les Français ; puis, deux fois par an, il suivait son évêque en tournée apostolique. C’est pendant une de ces tournées qu’il apprit la mort de sa sœur jumelle. Monseigneur connaissant la forte affection qui les unissait, usa de grands ménagements pour lui annoncer la triste nouvelle. Malgré toutes les précautions prises, M. Léchaudé fut tellement affecté que sa santé jusque là brillante commença à chanceler. Quelques mois plus tard, son état s’étant aggravé, il partait pour la France.
Arrivé à Nancy en 1905, il fut admirablement soigné par une de ses sœurs. Comme but de promenade pour se distraire, il allait passer de longues heures auprès d’une religieuse qui lui avait appris à lire et à écrire et qui habitait la banlieue. A plusieurs reprises il alla aux eaux en Alsace, où il suivit le traitement Kneipp, fit plusieurs séjours à notre sanatorium de Montbeton ; aucun mieux ne se produisit. Résigné mais toujours vaillant, en 1908 M. Léchaudé reprit le chemin de sa Mission.
Il ne fallait plus songer, au moins pour le moment, à la vie active. Sa maladie nerveuse ne lui permettait pas de célébrer la messe à un maître autel ; le vide qui le séparait de la table de communion l’effrayait. Les voyages par ailleurs lui étaient impossibles ; il ne pouvait pas marcher seul sur une digue élevée ou sur un petit sentier ; descendre dans une barque était déjà bien compliqué ; quant à monter à cheval ou à bicyclette il n’eut même pas l’envie d’essayer. M. Léchaudé fut donc chargé de terminer le procès des martyrs des Missions françaises du Tonkin. Trois secrétaires annamites travaillaient sous sa sage direction, et le procès fut mis à jour et envoyé à Rome dans le courant de l’année 1912.
Le 18 octobre de la même année, les missions du Tonkin célébraient à Keso les noces d’argent épiscopales de Mgr Gendreau. En cinq cents vers d’une belle envolée, M. Léchaudé raconta sa « vision » au début de la messe célébrée pontificalement par notre vénéré jubilaire :
« C’est à ce moment-là que j’aperçus soudain
Un grand ange tout blanc qui me prit par la main.
Et sans heurt, sans effort, m’arracha de ma place
Puis, souriant, léger, m’entraîna dans l’espace.
Vous jugez, Monseigneur, si je fus interdit
Mais pour me rassurer, l’ange aussitôt me dit :
Ne crains rien, mon enfant, la Sainte Vierge ordonne
De te faire assister à la fête qu’on donne
Aujourd’hui dans le ciel. L’ange parlait encor
Que déjà nous avions franchi la porte d’or
Qui conduit au séjour du bonheur sans mélange.
J’étais en paradis ! »
C’était là qu’il assista aux fêtes que célébraient au ciel, la Sainte Vierge, nos Bienheureux Martyrs, nos devanciers dans l’apostolat où tous faisaient l’éloge de notre jubilaire en termes très flatteurs. Nous nous réjouissions tous de cette grâce spéciale que le bon Dieu lui avait accordée, quand, à la fin, il nous avoua ingénument :
« Quant à ma vision, hélas ! je n’ose guère
Affirmer que, tout seul, échappé de la terre
Au ciel je suis monté pour jouir des splendeurs
Qui méritaient vraiment de plus saints spectateurs.
Mon rôle, Monseigneur, est beaucoup plus modeste ;
Non, je ne l’ai pas vu ce spectacle céleste
Ni des yeux de mon corps, ni des yeux de l’esprit,
Je l’ai vu dans mon cœur et je vous l’ai décrit. »
Durant une grande demi-heure, il nous tint sous le charme, et si les applaudissements nourris allaient surtout au vénéré jubilaire, le chantre qui avait été si bien inspiré avait aussi sa part.
A ses moments libres, M. Léchaudé rédigeait pour le Bulletin paroissial de Hanoï, en de charmants petits chapitres, l’histoire religieuse du Tonkin, commencée par M. Fillastre, qui, nommé supérieur de Béthanie, n’avait pas pu continuer son travail. Le successeur ne le céda en rien à son devancier et ce fut dans un style clair, élégant précis, qu’il écrivit les belles pages de notre histoire.
En 1914, à la mort de M. Calaque, M. Léchaudé fut rappelé à Hanoï et chargé de le remplacer, comme chef de maison. Un an après, M. Charles, notre procureur, rentrait en Savoie, où il espérait pouvoir réparer ses forces épuisées. Deux bons ouvriers disparaissaient ; vint la guerre ; les plus jeunes missionnaires partaient pour France ; les autres mobilisés à Hanoï, ne pouvaient plus rendre aucun service à la Mission. Mgr Gendreau pria donc M. Léchaudé d’accepter avec la charge de chef de maison, celle de procureur. Pendant que nos jeunes confrères faisaient vaillamment leur devoir pour défendre la Patrie, les anciens, les malades, qui restaient en Mission devaient s’essayer à les remplacer. Malgré son état de santé toujours précaire, M. Léchaudé ne crut pas pouvoir refuser. Il se mit au travail immédiate-ment ; chef de maison, il eut beaucoup de soucis pour recevoir convenablement les nombreux hôtes que la mobilisation envoyait à Hanoï ; procureur, il s’efforça de faire quelques économies un peu trop peut-être au dire de certains ; mais les temps étaient si durs, l’avenir si noir, que lui appelait cela de la prévoyance.
D’ailleurs, le procureur, si économe des biens de la Mission était prodigue des siens. Sa fortune personnelle, assez importante était distribuée en bonnes œuvres.
Il achetait beaucoup, à Hanoï et en France. Les objets lui appartenaient tant qu’ils restaient emballés, dans la caisse. Ils étaient à peine exposés dans sa chambre qu’il demandait à ses visiteurs, si tel objet lui ferait plaisir, s’il lui serait de quelque utilité et l’objet trouvait toujours acquéreur... Mais c’étaient les missionnaires de la brousse qui avaient ses préféren-ces. A eux, allaient les grosses sommes. De belles statues, commandées en France, dons de M. Léchaudé, ornent maintenant le maître-autel de nombreuses églises de la Mission. Des églises,
des presbytères ont été aménagés, agrandis avec son argent.
Pendant plus de vingt ans, M. Léchaudé est resté le boute-en-train de nos réunions. C’est plus particulièrement à l’occasion de la fêle de Monseigneur ou après notre retraite annuelle qu’il donnait libre cours à sa verve caustique et que par ses chansonnettes innocentes, il déridait les fronts les plus moroses. Qui ne se souvient des lectures fictives qu’il faisait, un journal ou une feuille de papier blanc à la main ! Sans préparation, sans hésitation, il abordait n’importe quel sujet, parlait de n’importe qui, et pendant un quart d’heure nous tenait sous le charme de sa parole et de son imagination. La verve était telle, l’esprit si fin, qu’on en pardonnait la hardiesse ; les petits travers de certains d’entre nous y étaient fustigés de main de maître et le plus heureux, celui qui en riait tout le premier c’était souvent la victime elle-même.
Au mois de juin 1920, M. Léchaudé était à bout de forces ; le travail pénible de la procure et une nouvelle maladie, contractée depuis longtemps déjà, mais qu’il ne connut qu’à la veille de sa mort, l’avaient complètement miné. Il demanda à prendre du repos. Mgr Gendreau le lui accorda. Il se retira de nouveau à Keso et fut chargé d’un autre procès des Martyrs. Il venait de commencer ce travail, quand vers la fin de l’année, une plaie dont il ignorait la cause se forma entre les épaules. Malgré les soins avisés et délicats des sœurs de l’hôpital, la plaie loin de guérir s’élargissait tous les jours. C’était un anthrax.
Quand, au mois de janvier, nous vînmes à Késo pour notre retraite annuelle, M. Léchaudé n’avait plus ses belles couleurs, son embonpoint d’autrefois ; sa gaieté habituelle avait disparu. Son teint pâle, ses traits tirés, sa démarche de plus en plus pesante laissaient deviner que ses jours étaient comptés. D’ailleurs, la sœur infirmière venait de l’avertir qu’il lui fallait aller à Hanoï consulter un docteur.
M. Léchaudé se rendant compte de la gravité de son état, pria M. Cador, un de ses bons amis de Keso, de l’aider à mettre ordre à ses affaires et de le conduire à Hanoï. Le départ fut fixé au 20 janvier.
Les quelques préparatifs matériels du voyage ne lui firent pas oublier les préparatifs du grand voyage qu’il prévoyait prochain. Il fit une confession générale et manifesta le désir de recevoir l’extrême-onction à Késo, entouré des confrères. Mgr Bigollet lui ayant fait remarquer qu’il n’était pas en péril de mort pour le recevoir validement, M. Léchaudé se soumit à la volonté de son supérieur et attendit avec beaucoup de calme et de résignation l’heure du départ.
Dès son arrivée à Hanoï, il fut conduit à la Mission. Le docteur appelé reconnut qu’il était diabétique avancé, ce qui rendait son état grave, et prescrivit pour le lendemain son entrée à l’hôpital où une opération jugée nécessaire serait tentée si possible. M. Lecornu, provicaire lui proposa alors les derniers sacrements qu’il reçut avec beaucoup de foi et de piété. Dès ce moment, M. Léchaudé fut parfaitement résigné et soumis à la volonté de Dieu ; on ne l’entendit plus formuler aucune plainte, aucun regret ; il n’eut plus qu’un désir, celui d’aller rapidement au ciel.
Conduit à l’hôpital, le diabète fut reconnu si grave qu’il ne permettait pas de risquer une opération. Les facultés de l’esprit s’obscurcirent vite ; il perdit peu à peu l’usage de la parole. Dès le 24, il ne reconnaissait plus personne et entrait dans le coma. Le 27, à huit heures du soir, il rendait le dernier soupir assisté de M. Petit, aumônier de l’hôpital et des Dames de la Croix-Rouge.
Le lendemain, le corps du défunt fut ramené à la Mission où il fut exposé dans une chapelle ardente. Le 29 au matin, M. Dépaulis célébrait un service solennel pour le repos de son âme, Mgr Bigollet donnait l’absoute, et un cortège de nombreux français et annamites accompagnait la dépouille mortelle au cimetière de la Mission.
C’est là, près du vaillant M. Le Page, que son corps, trop longtemps impuissant à servir une si belle intelligence et un cœur si généreux, attend l’heureux jour de la glorieuse résurrection.
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References
[2311] LÉCHAUDÉ Louis (1873-1921)
Références bibliographiques
AME 1897 p. 772. 1903 p. 179 (art.). 1905 p. 54. 1912 p. 104. 1922 p. 80. CR 1897 p. 278. 1912 p. 180. 1920 p. 46. 1921 p. 68. 168.