Georges MONNIER1874 - 1910
- Status : Prêtre
- Identifier : 2340
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1897 - 1910 (Vinh)
Biography
[2340]. MONNIER, Georges-François-Alphonse, vit le jour à Samoëns (Haute-Savoie) le 14 février 1874. Ses études achevées au collège d'Evian, il entra laïque au Séminaire des M.-E., le 16 septembre 1892. Prêtre le 26 septembre 1897, il partit le 17 novembre suivant pour le Tonkin méridional, et, au début de 1898, commença à apprendre la langue à Dong-ngan. En juin, il alla continuer sa formation apostolique au Bo-chinh, dans la chrétienté de Tuong-son ; peu après, il éleva à Dien-truong une église en l'honneur de l'Immaculée-Conception.
En 1900, il reçut la direction du poste de Kyanh ; ensuite il fut professeur au grand séminaire. De 1904 à 1910, il administra la paroisse de Vinh. Il était en outre procureur de la mission, et chargé des rapports avec les autorités françaises et annamites. Il mourut à Vinh, province du Nghe-an, le 2 mai 1910.
Obituary
M. ALPHONSE MONNIER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MÉRIDIONAL
Né le 14 février 1874
Parti le 17 novembre 1897
Mort le 2 mai 1910
Georges-François-Alphonse Monnier naquit, le 14 février 1874, à Samoëns (Haute-Savoie). Sa famille occupait une honorable situa¬tion dans ce bourg des Alpes. Son père, notaire, d’une foi solide, avait acquis dans le pays un grand ascendant par ses qualités personnelles, son dévouement, sa charité. Sa mère, veuve de bonne heure, sut donner à ses enfants, deux fils et une fille, une telle formation chrétienne que ses deux fils embrassèrent l’état ecclésiastique. L’un resta dans le diocèse d’Annecy ; l’autre, le plus jeune, devait être missionnaire.
En 1885, Alphonse entra au collège d’Évian où il fut très aimé de ses maîtres et de ses condisciples. Pieux, travailleur, il fut enfant de chœur, thuriféraire, sacristain, fonctions que l’on réservait aux élèves les plus sérieux. Il s’était senti appeler à l’apostolat et, ses études secondaires terminées, il entra aux Missions-Étrangères, le 16 septembre 1892. Il s’y fit remarquer par sa charité et on lui confia la charge d’aumônier des pauvres. En 1895, il fut obligé de quitter le Séminaire pour aller faire un an de service militaire à Annecy.
Là il retrouva, parmi les séminaristes, beaucoup d’anciens condis¬ciples d’Évian ; il pouvait aller, aux heures de liberté, se retremper parmi eux et n’eut à souffrir que physiquement de cette épreuve. Un jour, après une marche forcée, il dut s’aliter. Des rhumatismes le retinrent assez longtemps à l’hôpital et chez lui, ensuite, pour une période de convalescence. Tous les soins n’aboutissant à rien, il alla à Lourdes demander sa guérison et l’obtint. Rentré à Paris, il reçut la prêtrise, le 26 septembre 1897, et s’embarqua pour le Tonkin Méridional le 17 novembre.
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Ses adieux à sa famille avaient été déchirants ; la traversée fut pénible, et cependant il arriva gaiement à Xa-Doai, le 4 janvier 1898. Il venait prendre sa part de labeur quotidien auprès de ses aînés qui l’attendaient et l’accueillirent à bras ouverts. Il ne pouvait mieux tomber : la retraite annuelle allait se terminer et, à peine débarqué, il eut le plaisir de lier connaissance avec tous les missionnaires réunis autour de leur évêque.
Après quelques jours de repos, il fut envoyé étudier la langue à Dong Ngan, petit village situé près de la mer. Comme tous les nouveaux arrivés, il fut très ému lorsqu’il entendit, pour la première fois, les chrétiens réciter leurs prières dans une mélopée chantante et douce, et, pour mieux aider ces âmes et d’autres encore à faire leur salut, il se mit à travailler courageusement. Il apprit très vite l’annamite, mais son acclimatation fut plus lente. D’un tempérament délicat, il eut assez de peine à s’habituer au ciel brûlant du Tonkin.
Quelques mois plus tard, en juin, M. Monnier fut envoyé au Binh-¬Chinh où il travailla sous la direction de M. Roux. Ce district comptait alors plus de vingt mille chrétiens. Pour se rendre dans ce nouveau poste, le Missionnaire prit la voie de mer. En général, à cette époque, les tempêtes ne sont pas à craindre et cependant la traversée fut très mauvaise. Il mit huit jours à faire un trajet où, en temps ordi¬naire, deux jours suffisent. Au milieu des éléments déchaînés, un instant il se crut perdu et il fit le vœu de construire une église en l’honneur de l’Immaculée-Conception, si la sainte Vierge le conduisait sain et sauf au terme de son voyage. Son vœu fut exaucé et il arriva enfin à Huong-Phuong.
M. Monnier fut chargé de la chrétienté de Tuong-Son. Il trouvait là un noyau de vieux chrétiens assez peu fervents ; mais son zèle eut vite fait de les ramener à la pratique de leurs devoirs et, bientôt, à son troupeau s’ajoutèrent de nombreux néophytes. A la fin de sa première année, il put enregistrer 33 baptêmes d’adultes, 44 bap¬têmes d’enfants de païens et de nombreuses confessions. Malgré sa faible santé, il aimait beaucoup visiter son district, s’entretenir avec les Annamites. Il ne rêvait que conquêtes spirituelles et peut-être se dépensait-il un peu trop. Un jour, il fut pris de dysenterie, et un de ses confrères, M. Delalex, dut aller le chercher en barque et le ramener à Huong-Phuong, où il lui fallut un mois de traitement pour se rétablir. Il est regrettable que de plus grandes forces physiques n’aient pas été mises au service d’une aussi bonne volonté.
Depuis quelque temps déjà, M. Monnier songeait à la construction de l’église qu’il avait promise à la sainte Vierge. Comme il n’avait pas les ressources nécessaires, il écrivit en France, quêta, un peu de tous côtés, et parvint à élever un magnifique sanctuaire en l’honneur de l’Immaculée-Conception. Il le fit construire à Dien-Truong et cet édifice est encore aujourd’hui l’un des plus beaux de la Mission.
Après les fêtes de Pâques 1900, M. Monnier quitta son district, pour remonter vers le Nord et occuper le poste de Ky-Anh. Le pays était très beau ; les chrétiens, excellents ; mais l’installation, plutôt primitive. Le Missionnaire était enchanté de sa nouvelle position ; cependant, au bout de très peu de temps, il tomba malade et on le ramena à grand peine à Vinh. Il ne lui restait plus qu’un souffle de vue. Les bons soins qu’on lui donna lui rendirent un peu de forces, mais il dut aller se rétablir à Hong-Kong.
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Rentré au Tonkin, M. Monnier fut placé à Xa-Doai ; Mgr Pineau lui confia le soin d’achever l’instruction théologique de deux sémi¬naristes indigènes que la maladie avait retardés. L’année suivante, il fut professeur au Grand Séminaire. Monseigneur le nomma ensuite au poste de Vinh.
Jusqu’alors, malgré une santé toujours chancelante, M. Monnier s’était dépensé sans compter pour l’œuvre d’évangélisation. Caractère gai, nature enthousiaste, le cœur débordant de charité, il gagnait vite l’affection des Annamites. Aussi laissa-t-il des regrets sincères partout où il passa. Mais c’est surtout au cours des six années passées à Vinh qu’il montra, dans tout leur éclat, ses précieuses qualités.
M. Monnier arriva à Vinh en février 1904. Procureur de la mission, chargé d’affaires auprès des autorités françaises et annamites, il devait encore s’occuper de la paroisse Européenne. Aux colonies, plus encore qu’en France, règne l’indifférence en matière de religion. Briser cette indifférence, ramener ses compatriotes dans le droit chemin, tels furent désormais les efforts du zélé Missionnaire. Visites, exhortations, diffusion de bons livres, rien ne fut négligé. Son arme préférée était encore la prière. Il priait beaucoup lui-même, mais il sut intéresser à son œuvre beaucoup de communautés religieuses de France. Il employait aussi un moyen qu’une âme pieuse lui avait conseillé : il offrait et consacrait fréquemment ses ouailles au Sacré-Cœur de Jésus. Aussi, quelle ne fut pas sa joie quand il lui fut enfin donné de les voir plus nombreuses aux offices du dimanche.
Administrateur émérite, M. Monnier sut donner à l’église de Vinh un cachet particulier par des embellissements successifs. Une voix manquait pour appeler les chrétiens à la prière. En décembre 1905, il avait ouvert une souscription. Les Annamites et la colonie française témoignèrent, par de généreux dons, leur sympathie pour leur pasteur et pour son œuvre. Des protestants même souscrivirent. Une magnifique cloche arriva bientôt et lança ses notes harmonieuses à tous les échos.
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Cependant la santé précaire de M. Monnier déclinait de plus en plus. Fièvres, fatigue générale, hémorragies se succédaient tour à tour et, dans son zèle, l’ardent Missionnaire tenait à faire face à toutes ses occupations. Au commencement de l’année 1910, sa faiblesse s’accentua. Jusque vers la mi-avril, il put dire sa messe tous les jours ; mais à partir de cette époque, il ne put que rarement sortir. Le dimanche, 1er mai, se sentant un peu plus fort, il célébra le saint Sacrifice, mais ce fut sa dernière messe. La journée se passa très bien. Le malade ayant retrouvé un peu d’appétit, on parlait déjà de gué¬rison, quand, le lendemain, les vomissements reparurent. A cette époque, régnait dans presque tout le Tonkin une violente épidémie de choléra. Le docteur, appelé, reconnut tous les symptômes du terrible mal. On fit des injections au sérum : ce fut inutile. M. Monnier allait s’affaiblissant de plus en plus.
Un confrère, M. Blanc, se trouvait auprès du malade. Il lui fit connaître que son état était grave. M. Monnier reçut la nouvelle sans trop d’étonnement ; il se sentait lui-même en danger. Lorsqu’il apprit toute la vérité, il dit au missionnaire qui était à son chevet : « Cela me coûte beaucoup de mourir, mais je me soumets à la volonté de Dieu. Exhortez-moi à bien faire mon sacrifice ! » Il demanda ensuite à se confesser et reçut les sacrements, en pleine connaissance. Dans la soirée, doucement, sans aucune crise, il rendit son âme à Dieu.
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Par mesure d’hygiène, la sépulture eut lieu dès le lendemain matin, 3 mai. M. Bayle, qui avait voyagé toute la nuit pour assister aux funérailles, chanta la messe devant toute la population de Vinh, attristée et recueillie. M. le Résident de France à Vinh adressa, après la cérémonie, la lettre suivante au Provicaire de la Mission :
« La population européenne de Vinh a appris la mort de M. Monnier avec une émotion douloureuse. Tous ceux qui la composent aimaient ce saint prêtre, admirant sa charité et son dévouement inlassables. C’est pourquoi ils ont tenu à se joindre à moi pour accompagner son cercueil au cimetière. Les mandarins provinciaux, qui tenaient son caractère en haute estime, assistaient aussi à ses obsèques.
« Le Résident supérieur en Annam, que j’ai avisé de suite, me charge de vous exprimer, ainsi qu’à tous les missionnaires français du Vicariat apostolique, ses condoléances attristées au sujet de la mort de l’excellent Français qu’était M. Monnier. Les représentants de l’administration du Protectorat, en effet, ne peuvent oublier que, en toutes circonstances, il prêtait à la Résidence un concours actif et désintéressé, et que dans son rôle parfois délicat auprès des autorités locales, il faisait preuve du plus grand tact et du meilleur esprit. »
Consummatus in brevi explevit tempora multa .
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References
[2340] MONNIER Georges (1874-1910)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1900, p. 251 ; 1908, p. 160. - M. C., xxxvii, 1905, p. 448 ; xxxviii, 1906, pp. 161, 422.
Notice nécrologique. - C.-R., 1910, p. 361.