Joseph PERCEVAUX1874 - 1902
- Status : Prêtre
- Identifier : 2348
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1898 - 1900 (Qui Nhon)
Biography
[2348]. PERCEVAUX, Joseph-Marie, né le 20 avril 1874 à Pipriac (Ille-et-Vilaine), entra laïque au Séminaire des M.-E. le 30 juillet 1892, fut ordonné prêtre le 5 mars 1898, et partit le 4 mai suivant pour la Cochinchine orientale. Il étudia la langue près de Lang-song, et fut ensuite placé à Phuong-phi. Chargé de Ky-buong, dans la province du Binh-dinh, il y tomba malade, et après un séjour à Hong-kong, en 1900, il regagna la France. Il mourut au sanatorium Saint-Raphaël à Montbeton (Tarn-et-Garonne), le 22 octobre 1902.
Obituary
M. PERCEVAUX
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE ORIENTALE
Né le 20 avril 1874
Parti le 4 mai 1898
Mort le 22 octobre 1902
M. Joseph Percevaux naquit à Pipriac ( Rennes, Ille-et-Vilaine ) le 20 avril 1874.
« Je ne crois pas me tromper, écrit un missionnaire de la Cochinchine orientale, en disant que M. Percevaux était une de ces âmes d’élite, dont la destinée ici-bas est de gravir les pentes escarpées du Calvaire, afin de s’identifier par la souffrance à Jésus-Christ, leur divin modèle. Comme Samuel, il sut répondre à l’appel pressant du bon Maître qui le voulait dans la société des Missions-Étrangères ; il n’attendit même pas, pour quitter sa famille, qu’il eût terminé son petit séminaire, car il brûlait du désir de suivre sa vocation.
Admis au nombre des aspirants, il fit son entrée à la rue du Bac, le 30 juillet 1892. M. Armbruster qui remplissait alors la charge de supérieur du séminaire de Bièvres, lui fit faire, avec trois ou quatre autres aspirants qui se trouvaient dans les mêmes conditions, plusieurs mois de rhétorique pour compléter ses humanités.
Par son caractère original et enjoué, M. Percevaux s’attira l’affection de ses confrères. Quand on vevait à lui, il avait l’habitude d’accueillir son monde d’un ton bourru, capable de déconcerter ceux qui ne l’avaient jamais approché ; mais les habitués ne s’y trompaient pas, car ils savaient que sous les dehors sévères de ce fils de l’Armorique se cachait un cœur d’or.
Il passa près de trois ans à Belair, travaillant avec ardeur à l’étude de la rhétorique, de la philosophie et de la théologie. Grâce à son énergie persévérante, il put arriver à vaincre les difficultés toutes particulières que lui offraient ces différentes branches de la science. Messieurs les directeurs ayant remarqué son goût, je dirai même sa passion pour la belle exécution du plain-chant grégorien, lui confièrent le troisième, puis le deuxième cours de chant ; charge dont il s’acquitta à l’entière satisfaction de tous. Quand il entra au séminaire de Paris, on le chargea à nouveau d’un cours de chant et on lui donna la place de maître de chœur dès qu’elle fut vacante. Par ailleurs, son application à l’étude, sa fidélité au règlement, sans affectation ni contrainte, ne contribuèrent pas peu à lui mériter la confiance de ses supérieurs.
Bien que n’ayant jamais été gravement malade au petit séminaire, M. Percevaux n’avait cependant pas une santé bien forte, c’est pourquoi il échappa au service militaire.
A force de précautions, il put être ordonné prêtre et reçut sa destination pour la Cochinchine orientale. Quelle ne dut pas être sa joie de penser qu’il allait bientôt enfin faire voile vers sa nouvelle patrie ! Parti de Paris le 4 mai 1898, il aborda au port de Qui-nhon dans les premiers jours du mois de juin. Quand ses pieds touchèrent pour la première fois le sol d’Annam, arrosé et fertilisé par le sang de tant de martyrs, il rendit grâces à Dieu de ce qu’il avait daigné le choisir pour marcher sur les traces de ses glorieux devanciers
Quelques jours passés à Lang-song lui firent connaître et apprécier Mgr Van Camelbeke, M. Fourmond, de vénérée et regrettée mémoire, ainsi que les confrères du séminaire de la mission. Heureux d’avoir sous les yeux ces exemples vivants du zèle apostolique, le nouvel arrivé ne négligeait aucune occasion d’interroger ses aînés et de s’instruire des us et coutumes annamites, si différents des nôtres. Il se plaisait dans son nouveau costume, bien plus léger et plus commode que la soutane ; il ne dédaignait pas non plus de monter le fier coursier que lui avait acheté le procureur, et il répétait avec M. Chicard : « Je veux être un saint, mais un saint à cheval. » Son franc rire, son air de bonhomie naturelle, le mettaient à l’aise avec les Annamites comme avec les Français. Aussi eut-il peu à lutter contre la timidité qui empêche certains confrères de s’habituer dans les commencements à leur nouveau genre de vie.
Mgr Van Camelbeke dut être charmé de voir le jeune missionnaire animé de si heureuses dispositions. Bientôt il l’envoya, avec un catéchiste, dans un poste voisin de Lang-song, afin de s’y exercer à l’étude de la langue. Grâce à une application soutenue, à sa volonté toute bretonne, grâce aussi, il faut bien le dire, à son oreille juste qui lui permettait de saisir les différentes tonalités qu’est susceptible de recevoir un même mot annamite, il fit de rapides progrès et put, après quatre ou cinq mois de travail opiniâtre, commencer à tenir une conversation. Le dimanche, après sa messe, il montait à cheval et franchissait les dix kilomètres qui le séparaient de Lang-song, où il était heureux de passer sa journée en compagnie des confrères du séminaire.
Au mois de septembre de la même année, il reçut l’ordre de quitter le voisinage de Qui-nhon pour s’établir à Phuong-phi, afin de s’y exercer dans la pratique du ministère apostolique sous la sage et prudente direction de M. Jean, puis de M. Dubulle.
Logé dans une maison annamite au toit de chaume et aux murs en simple torchis, il y vivait tranquille en se livrant à une étude plus approfondie de la langue. De temps à autre, pour rompre la monotonie de sa solitude, il aimait à jouer de la flûte, ou à chanter un morceau de plain-chant suivant toutes les règles de l’art. Son plaisir était aussi de s’entretenir avec les chrétiens de l’endroit qui étaient eux-mêmes si heureux de posséder un missionnaire à demeure. Il les interrogeait sur leur nom, leur famille, leur domicile, et il ne les renvoyait qu’après leur avoir dit quelques-unes de ces paroles de consolation, d’espérance, qui ont le don d’aller droit au cœur et de faire aimer celui qui les a prononcées. Les petits enfants surtout, qui ont toujours plus de temps à perdre et qui savent rôder autour de la demeure du missionnaire, étaient l’objet de sa paternelle sollicitude. Il les recevait à bras ouvets, appelait les plus timides, les faisait parler ; puis, il les bénissait à l’exemple de Notre-Seigneur, ou leur donnait une médaille.
A côté de sa maison, se trouvait la chapelle, pauvre masure qui rappelait l’étable de Bethléem dans toute sa pauvreté. Pour la rendre un peu plus digne du Dieu trois fois saint, qui daignait y descendre chaque matin, M. Percevaux l’avait ornée de son mieux avec des rideaux de différentes couleurs ; de plus, il avait fait refaire l’autel à ses frais, sur un modèle plus grand et plus convenable. De la sorte, à défaut de la richesse, la propreté et le bon goût régnaient dans la maison du Seigneur.
De temps à autre, le missionnaire se rendait en barque à Xon-nam pour demander conseil au curé du district ; ou encore, ce qui lui était plus commode, il montait à cheval et allait jusqu’à Dai-an rendre visite au curé de la paroisse et aux confrères du séminaire. Dans ces circonstances, il aimait à assister aux offices, à donner le salut du Saint-Sacrement ou à chanter un morceau de circonstance. Notre confrère se plaisait donc beaucoup à Phuong-phi et il n’aurait pour rien au monde demandé son changement, mais il était avant tout obéissant ; c’est pourquoi il n’hésita pas à dire adieu à ses premières ouailles, dès que la volonté de son supérieur lui eut assigné le poste de Ky-buong, au nord-ouest de la citadelle de Binh-dinh. Mais la maladie qui le minait et qu’il essayait encore de dissimuler ne lui permit pas de rester longtemps dans ce nouveau centre. Une toux presque continuelle le fatiguait beaucoup et il ne tarda pas à cracher le sang. Il dut donc se résigner à un repos complet et alla consulter le médecin de Qui-nhon, qui, devant la gravité de son état, déclara que seul le climat de France pourrait arrêter les progrès du mal. Quand Mgr Van Camelbeke lui fit connaître l’avis du médecin, M. Percevaux éprouva un véritable serrement de cœur ; mais, habitué à obéir et à se conformer aux desseins de la divine Providence, il accepta, sans se plaindre, le sacrifice qui lui était imposé. Toutefois, pour lui adoucir un peu sa peine, le vicaire apostolique voulut qu’il essayât d’abord d’un séjour à Hong-kong. Le changement de climat et le régime du sanatorium furent impuissants à enrayer la maladie. Au bout de deux ou trois mois, sur l’ordre du médecin de Béthanie, le cher malade s’embarqua directement pour la France.
Il y avait deux ans qu’il travaillait dans notre mission, quand il fut obligé de la quitter, laissant des regrets partout où il avait passé.
Hélas ! ni l’air du pays natal, ni les soins les plus intelligents ne devaient rendre le santé à notre cher confrère , qui s’est éteint au sanatorium de Montbeton le mercredi 22 octobre 1902, à une heure quarante du matin. M. Sibers, dans une lettre du 26 octobre, donnait à M. le supérieur du séminaire de Paris les détails suivants sur les derniers moments du regretté défunt :
« Le mardi soir, la Sœur infirmière me fit remarquer que le cher malade n’avait « presque rien pris de la journée . Il éprouvait une grande difficulté à avaler « quoique ce fût, et paraissait complètement à bout. Je l’exhortai donc à se préparer d’une « façon prochaine à recevoir la visite de la mort. Ce sera , lui dis-je, pour cette nuit « peut-être ou pour demain matin. Mais soyez sans crainte et confiez-vous en la miséricorde « du bon Dieu. Vous êtes prêt. – Oui », répondit-il par un signe « de tête, et il ajouta : « « Comme le bon Dieu voudra !… »
« Je lui fis alors renouveler succinctement sa dernière confession et , pendant qu’il « récitait avec ferveur l’acte de contrition, je lui donnai la sainte absolution que, dans le « courant de la nuit, je lui renouvelai trois fois sous condition .
« Je me mis alors à prier à côté de lui et , vers dix heures et demie, comme « il « avait encore sa pleine connaissance , je l’invitai à réciter avec moi cinq Pater, cinq « Ave et cinq Gloria Patri.
« L’agonie commença à onze heures . Elle fut lente , pénible , mais calme. Le « ralentissement de la respiration et l’affaiblissement du pouls se faisaient par degrés « insensibles . Je récitai toutes les prières des agonisants et celles de la « recommandation de l’âme ; après cela , nous récitâmes le rosaire à haute voix, le « veilleur et moi. De temps en temps je m’arrêtais pour suggérer au cher malade « quelques invocations pieuses , surtout celles du rituel : In manus tuas, Domine, « commendo spiritum meum. – Domine Jesu Christe, suscipe spiritum meum. – Sancta « Maria, ora pro me. – Maria, mater gratiœ , mater misericordiœ , tu me ab hoste « protege et hora mortis suscipe.
« A plusieurs reprises , il put suivre les actes de contrition, de foi, d’espérance « et de charité.
« A une heure du matin , j’allai réveiller M. Rêmes et l’avertir que la fin était proche. « Il vint auprès du cher mourant et nous priâmes ensemble.
« Une dernière fois je répétai à l’oreille du moribond les saints noms de Jésus, de « Marie et de Joseph ; comme je finissais , notre cher confrère rendit le dernier soupir. Il « était une heure quarante minutes.
« Pretiosa in conspectu Domini mors sanctorum ejus.
« Les funérailles ont eu lieu le jeudi 23 octobre à huit heures du matin. Une belle « couronne de prêtres , de religieuses et d’orphelines de Montbeton l’accompagna jusqu’à « sa dernière demeure, et il repose maintenant dans le cimetière du sanatorium en attendant « le jour bienheureux de la résurrection. »
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