Henri COSTE1876 - 1922
- Status : Prêtre
- Identifier : 2446
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1899 - 1914
- 1919 - 1922
Biography
[2446] COSTE Henri, Jean, naquit le 28 août 1876 à Balaguier-sur-Rance, diocèse de Rodez (Aveyron). Entré aux Missions Étrangères le 11 septembre 1894, il fut ordonné prêtre le 25 juin 1899. Il partit pour la mission du Kouangsi, le 2 août 1899.
Il étudia la langue chinoise à Nanning. Il occupa ensuite plusieurs postes : à Chang-se pendant 3 ans, à Tai-pin pendant 9 ans, et à Pese jusqu'en 1914. La guerre éclata et il fut mobilisé en France jusqu'en 1919, comme brancardier et interprète, et il revint en Chine, dans sa mission de Canton. On le trouve à Santcheung en 1922. Il revint en France cette même année pour se soigner et décéda à Montbeton, le 14 août 1922.
Nous n'avons pas de notice nécrologique de lui, mais nous avons une sorte d'autobiographie, écrite de sa main défaillante pendant les derniers jours de sa cruelle maladie. Cette page a paru dans la Semaine Religieuse de Rodez.
Il nous parle des grands risques qu'il courut au cours de son apostolat en Chine.
En novembre 1899, alors qu'en remontant le grand rapide de Kou-yen, notre barque vint butter contre un rocher, nous fûmes bien près de sombrer. Et plus tard encore, en plein rapide de Yat-se-tan, lorsque dans la nuit des plus sombres, les amarres rompus par une tempête épouvantable, notre frêle esquif s'en allait à la dérive au milieu des récifs d'un fleuve démesurément gonflé par l'orage, nous l'avons échappé belle. Et dans mes courses apostoliques à travers les sentiers à peu près inexistants du Kouangsi, toujours infestés de pirates, plusieurs fois, j'ai senti la poudre et vu briller le canon de leurs fusils dans les hautes herbes.
Pendant la grande guerre, au Four de Paris, au ravin des Meurissons, ou sur la route de la Chalade, alors que les balles ennemies venaient en claquant s'enfoncer tout près de moi dans le tronc des chênes, ou miaulaient à mes oreilles et allaient se perdre dans la profondeur de la forêt, que de fois n'ai-je pas eu lieu de me dire : la mort n'est pas loin.
Sur le paquebot "l'Australien", qui m'emmenait en Égypte, après la sortie de Malte, une torpille ennemie passa à quelques mètres de notre bateau; je me trouvais à l'arrière, dans la cale aux bagages, le plus exposé par conséquent à ne pas remonter vivant.
À Port-Saïd, je résistais à la grippe espagnole, au choléra, à mille maladies toujours à l'état endémique et j'ai pu rentrer en France en bonne santé. Alors, je décidais de rentrer dans ma mission de Chine.
Après avoir échappé à tant de dangers, je suis, depuis deux ans, aux prises avec une maladie cruelle, à la fois douloureuse et humiliante. Mes infirmités, mes souffrances, mon martyre de tous les jours me préparent à la mort... J'unis mes douleurs à celles de Notre Seigneur sur la croix, afin qu'elles deviennent méritoires. Quand la mort viendra, je ne veux que mon coeur chancelle, que ma main tremble, Non. C'est avec un sourire que je désire l'accueillir, pour rencontrer mon Juge et mon Sauveur."
Obituary
M. COSTE
MISSIONNAIRE DU KOUANG-SI
M. COSTE ( Henri, Jean ), né à Balaguier-sur-Rance ( Rodez, Aveyron ), le 28 août 1876. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères, le 11 septembre 1894. Prêtre, le 25 février 1899. Parti pour le Kouang-si, le 2 août 1899. Mort au sanatorium de Montbeton, le 14 août 1922.
Nous n’avons pas reçu de notice nécrologique sur M. Henri Coste, missionnaire du Kouang-si. Dans cette Mission, actuellement si troublée et si digne de pitié, les missionnaires sont sur la brèche et tout leur temps est consacré à soulager les misères des vivants et à les défendre des angoisses de l’heure présente. Mais à défaut de souvenirs recueillis par une plume amie, nous avons, sous forme de méditation, une sorte d’autobiographie, écrite de la main défaillante de notre confrère, pendant les derniers jours de sa cruelle maladie. Cette page a paru dans la Semaine Religieuse de Rodez ; ce serait la déparer que d’y ajouter quelque chose :
« O mort, toi qui inspires une si grande terreur aux pauvres humains, qui donc es-tu ? As-tu une forme sensible ? Peut-on te voir, te toucher ? … Non, tu n’as pas de corps. Si les hommes te représentent sous l’aspect d’un squelette hideux, c’est pour signifier le triste travail que tu accomplis sur les corps qui te sont livrés, ou encore, pour montrer l’idée de répulsion que tu leur inspires. On met dans ta main décharnée une faux : c’est pour rappeler que dans ta journée, tu tranches autant de fils d’existences que le cultivateur dans la prairie peut avec sa faux trancher d’herbes ou de fleurs.
Mon existence n’a pas été bien longue, et cependant, ô Mort, que de fois je t’ai sentie à côté de moi, prêt à faucher ma vie, si Dieu te l’avait permis.
Au jour de ma naissance, 28 août 1876, alors que mes yeux s’ouvraient pour la première fois à la lumière du jour, et n’entrevoyaient que caresses, sourires et joies, j’aurais dû te deviner là, à côté des blanches ailes de mon Ange gardien.
Mais c’est surtout durant mon apostolat en Chine que j’ai failli bien des fois te rencontrer. En novembre 1899, alors que remontant le grand rapide de Kou-yen, notre barque vint buter contre un rocher, nous fûmes bien près de sombrer. Et plus tard, au confluent des rivières de That-Khe et de Na-Cham, au Tonkin ; puis encore, en pleine rapide de Ya-tse-tan, lorsque dans la nuit des plus sombres, les amarres rompues par une tempête épouvantable, mon frêle esquif s’en allait à la dérive, au milieu des récifs d’un fleuve démesurément gonflé par l’orage ; oui, en ces circonstances, j’ai senti que tu te tenais là, tout près de moi.
Et dans mes courses apostoliques, à travers les sentiers à peu près inexistants du Kouang-si, toujours infestés de pirates, plusieurs fois, j’ai senti la poudre et vu briller le canon de leurs fusils dans les hautes herbes ; alors, dis-moi, ô mort, n’étais-tu pas aussi là ? Dans ces moments critiques, je faisais un grand signe de croix, je m’abandonnais en une ardente prière à la Sainte Volonté de Dieu, et comme les pirates, tu me laissais indemne. Mon heure n’était pas encore venue.
Et pendant la grande guerre, au Four de Paris, au ravin des Meurissons ou sur la route de la Chalade, alors que les balles ennemies venaient en claquant s’enfoncer tout près de moi dans le tronc des chênes, ou miaulaient à mes oreilles et allaient se perdre dans la profondeur de la forêt, que de fois n’ai-je pas eu lieu de me dire : la mort n’est pas loin.
Sur le paquebot « l’Australien » qui m’emmenait en Egypte, j’étais désigné pour recevoir le premier ta visite, ô Mort, lorsque deux heures après la sortie de Malte, une torpille ennemie passa à quelques mètres de notre bateau ; je me trouvais à l’arrière, dans la cale aux bagages, le plus exposé par conséquent à ne pas remonter vivant.
A Port-Saïd, je résistai à la grippe espagnole, au choléra, aux mille maladies toujours à l’état endémique, dans le sable africain. Après l’armistice, je revins en France en florissante santé, me croyant immunisé en quelque sorte contre tes poisons, ô Mort, et je me hâtai de regagner la Chine pour y reprendre ma carrière apostolique.
Et c’est là que tu m’attendais ! Après avoir échappé à tant de dangers, voici que je sens sur moi ton étreinte qui se resserre un peu chaque jour. Depuis deux ans, je suis aux prises avec une maladie cruelle, à la fois douloureuse et humiliante. Cette fois tu ne me lâcheras plus ! Eh bien ! Accomplis ton œuvre, au jour, au moment que la Providence t’aura marqué. Tu ne peux rien sur mon âme ; c’est mon corps que tu veux : prends-le ; acharne-toi sur lui, c’est sa destinée, car il a été formé dans la boue. Seulement, ô Mort, garde-moi jalousement un peu de poussière, car lorsque sonnera la trompette du grand jugement, je te la redemanderai. Ce jour-là, les enfants d’Adam prendront sur toi leur revanche : leurs corps ressusciteront pour l’éternité, tandis que toi, tu n’auras plus de raison d’être, et c’est toi qui mourras alors !
Mais en te parlant ainsi, ô Mort, suis-je bien dans le ton qui convient ? … d’un ton nerveux, dépité, je te fais presque des menaces, je te traite en ennemie ! – Excuse-moi, ma Sœur la Mort, si le regret de quitter la vie a mis sur mes lèvres des paroles trop amères. Non, tu n’es pas une ennemie pour moi, mais plutôt une amie, une libératrice.
Mes infirmités, mes souffrances, mon martyre de tous les jours me préparent à ta visite. – Je demande à Dieu de les accepter en réparation de mes fautes. Voilà pourquoi, tous les jours, j’unis mes douleurs à celles de Notre-Seigneur sur la croix afin qu’elles deviennent méritoires. Et il me semble que Notre-Seigneur ne saurait rester insensible à ma voix, Lui qui avait pitié de toute souffrance, Lui qui s’arrêtait devant tout malheureux implorant son secours, devant les lépreux, les aveugles, les paralytiques … Aussi, j’espère que tout ce que je souffre en ce moment me sera compté et servira à apaiser la juste colère de Dieu.
O Mort, j’attendrai patiemment ta visite. Quand viendras-tu ? A l’improviste, comme un voleur ; Notre-Seigneur nous en a prévenus. Peu importe, je me tiendrai prêt ; et lorsque tu viendras je ne veux pas qu’à ta vue mon cœur chancelle, qu’à ton contact ma main tremble. Non ; c’est avec un sourire ami que je veux t’accueillir, et c’est avec confiance que je te suivrai devant le Juge qui a d’abord été Sauveur … »
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References
[2446] COSTE Henri (1876-1922)
Références bibliographiques
AME 1899 p. 232. 1922 p 199. CR 1899 p. 295. 303. 1900 p. 136. 1901 p. 137. 1902 p. 149. 150. 1903 p. 134. 135. 1904 p. 148. 149. 1905 p. 125. 1906 p. 130. 135. 1907 p. 161. 1908 p. 132. 1911 p. 122. 1913 p. 172. 1921 p. 61. 1922 p. 72. 256. BME 1922 p. 93. 483 (art). 643. EC1 N° 20.