Louis DURAND1871 - 1905
- Status : Prêtre
- Identifier : 2461
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1899 - 1905 (Hanoi)
Biography
[2461]. DURAND, Louis-Victorin, né à Montlaur, paroisse de Briols (Aveyron), le 11 (é) ou le 13 novembre (m) 1871, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 17 octobre 1895, fut ordonné prêtre le 25 juin 1899, et le 2 août suivant, partit pour le Tonkin occidental. Il accompagna le vicaire apostolique, Mgr Gendreau, au Lac-tho. En 1901, on lui confia le district de Cong-thuang ; au cours de ses travaux apostoliques qui furent actifs, il contracta une forte fièvre qui nécessita son transfert à l'hôpital de Hanoï. Il y succomba le 18 mai 1905. Il était le neveu de Mgr Ramond, actuellement vicaire apostolique du Haut-Tonkin.
Obituary
M. DURAND
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
Né le 13 novembre 1871
Parti le 2 août 1899
Mort le 18 mai 1905
M. Clément-Victorin Durand naquit à Briols (Rodez, Aveyron) le 13 novembre 1871. Entré laïque au séminaire de Paris, le 17 octobre 1895, il fut ordonné prêtre le 25 juin 1899 et partit pour le Tonkin le 2 août suivant. Un de ses confrères du Tonkin nous a envoyé la courte notice que nous reproduisons :
« Le 6 mai, je recevais à Ké-nhau la visite du cher M. Durand, et je lui trouvais la figure plus pâle, l’air plus fatigué qu’à l’ordinaire. J’avais déjà remarqué, surtout depuis la tournée du dernier jubilé, que sa santé ne paraissait pas si robuste qu’auparavant. En qualité de vieil ami, je lui conseillai d’aller se reposer quelques jours à Hanoï. Il me répondit : « J’ai encore « deux petites chrétientés à visiter ; une fois cette besogne terminée, je monterai à la ville. » Et il repartit pour Cong-thuong, sa résidence, en ajoutant : « Je vous attends dans dix jours, adieu ! »
« Or, une semaine plus tard, le samedi 13, il m’expédiait le billet suivant : « J’ai une forte « fièvre depuis lundi ; envoyez-moi quelques remèdes, et venez me voir bien vite. » Tout d’abord, je crus à une ruse amicale, pour me faire avancer la visite convenue. Cependant, inquiet malgré moi, je me mis en route le lendemain matin, dimanche du Patronage de saint Joseph. J’arrivai chez M. Durand vers midi. Il était alité, mais il tint à se lever pour me recevoir. Il me raconta que ces quelques jours de fièvre, d’isolement, lui avaient paru un siècle, et que ses forces étaient à bout. « J’ai voulu, dit-il, partir en « sampan » (barque) pour « Ké-so, mais je n’ai pas osé, dans la crainte de mourir seul en chemin. » Son état était vraiment grave ; le thermomètre accusait 40º de fièvre.
« Peu d’instants après, d’autres confrères, M. Calaque, son ancien chef de district, et M. Bigot, son ancien vicaire, prévenus comme moi par un courrier spécial, arrivaient à leur tour, et le transport du cher malade à Hanoï fut décidé pour le lendemain.
« Dans la soirée, il m’appela et me dit : « Je suis plus épuisé qu’on ne pense ; je désire « donc régler mes affaires de conscience tout de suite. » Et il fit une confession générale avec une foi, une humilité, qui me touchèrent jusqu’au fond du cœur. Ensuite il ajouta : « Je serais « bien heureux de communier demain matin. » Malheureusement, les vomissements ne permirent pas de lui apporter le bon Dieu.
« Avant de partir, malgré son extrême faiblesse, il voulut se faire conduire à l’église, où il s’agenouilla au pied de la statue de Notre-Dame de Lourdes. C’était son adieu à sa Mère bien-aimée, en attendant qu’Elle l’attirât près d’Elle, plus tôt, hélas ! que nous ne le supposions
« Dès son arrivée à Hanoï, le médecin de la mission insista pour son transport d’urgence à l’hôpital militaire ; car, là seulement, il trouverait les soins incessants qu’exigeait cette fièvre opiniâtre, dont il fallait le débarrasser à tout prix. Les soins lui furent prodigués, et la maladie semblait ramenée à son cours régulier. Le jeudi, 18 mai, M. Fillastre, aumônier de l’hôpital, alla le voir après sa messe, et décida avec lui qu’à 8 heures il reviendrait lui administrer l’extrême-onction, par mesure de précaution. A 8 heures, quand l’infirmier pénétra dans la chambre, notre cher confrère était mort. Il avait rendu sa belle âme à Dieu sans agonie, sans bruit, n’ayant pour témoin que son ange gardien.
« En apprenant cette douloureuse nouvelle, Mgr Gendreau et tous les confrères, je puis l’affirmer, furent frappés d’une profonde tristesse. Les regrets furent unanimes. Le coup me fut particulièrement terrible, et je pleurai amèrement la perte de celui qui était pour moi un ami précieux et un modèle.
« Le bon Dieu avait accordé de riches dons au cher M. Durand, et, en effet, nous retrouvions chez lui les qualités et les vertus dont son oncle vénéré, Mgr Hamond, actuellement vicaire apostolique du Haut-Tonkin, a laissé l’aimable souvenir, dans cette mission du Tonkin occidental, théâtre de ses premiers labeurs et de ses premiers succès.
« Très régulier dans ses exercices spirituels, notre confrère savait sacrifier ses goûts, ses attraits, aux exigences de la vie commune et aux devoirs de l’amitié. Sa piété était aimable, souriante, prévenante envers tous. Que dire de sa charité ? C’était un cœur d’or, aucune peine ne lui coûtait pour faire plaisir, et, d’autre part, il ne s’occupait du prochain que pour lui rendre service. Jamais je ne l’ai entendu critiquer ni juger personne. Il était tout entier aux devoirs de son ministère ; ses chrétiens, son district, voilà le centre de ses pensées et de sa vie. Tout le reste semblait lui être indifférent. Quel dévouement pour son troupeau ! Il visitait souvent les nombreuses chrétientés dont il avait la charge ; il s’inquiétait surtout des nouveaux convertis, encore faibles, chancelants, qui ont continuellement besoin de soutien, d’encouragement, de réconfort ; il passait des journées entières à cheval, afin de se rendre compte de leurs besoins, de leurs difficultés, et d’y porter remède.
« Sa robuste santé lui faisait mépriser la fatigue, et négliger les précautions conseillées par les vieux missionnaires. « Un enfant du Rouergue, répétait-il, ça ne craint rien, il y a de la vie « là-dedans ! » Aussi fut-il heureux que Monseigneur le choisît pour compagnon dans sa tournée du Lac-tho, en décembre dernier. C’est un pays insalubre, mais pittoresque et florissant. Il fit ce voyage avec joie, et travailla là comme dans son district, restant au confessionnal jusqu’à 10 et 11 heures du soir.
« Ce cher ami était aussi humble que zélé. Entre nous, au cours de nos réunions familiales, sans malice, bien sûr, nous nous permettions de le taquiner sur son fort accent du pays natal. Il acceptait tout, le sourire sur les lèvres. Pas de fiel ni d’amertume dans cette belle âme.
« Devenu chef de district en 1901, c’est-à-dire après deux ans de mission, il n’accepta cette charge qu’en tremblant ; car, par tempérament, il se défiait beaucoup de lui-même. Mais il obéit, et son obéissance fut bénie de Dieu. Pour être à la hauteur de sa tâche, il se mit courageusement à l’œuvre, questionnant, interrogeant beaucoup, allant lentement, prudem-ment dans l’examen et le règlement des affaires, prenant souvent conseil et acceptant toutes les remarques avec reconnaissance.
« J’admirais encore chez lui son calme imperturbable au milieu des difficultés, son jugement pratique dans les litiges à dirimer ; puis, une douceur avec les Annamites, qui ne se démentait jamais. Or, pour qui connaît le terrain mouvant sur lequel le missionnaire travaille au Ton-kin, le tempérament naturel de nos Annamites, où l’on découvre les défauts plus facilement que les qualités, il est facile de deviner combien il faut lutter pour arriver à se maîtriser et à posséder son âme in omni patientiâ, comme dit l’Apôtre. L’existence du missionnaire au milieu de ces misères est parfois bien pénible moralement. M. Durand, lui aussi, sentait et souffrait, mais toujours sans se plaindre ; bien plus, il s’exerçait à voir les choses en beau, à relever les qualités et à pallier les défauts. « Bah ! disait-il souvent, il faut « prendre les gens comme ils sont ; faisons notre devoir, le reste regarde le bon Dieu. » Nature vraiment heureuse, fortement trempée ! J’enviais, dans l’intime de mon être, toutes ces vertus qui aident le missionnaire à poursuivre sa route, à continuer son œuvre, l’œuvre de Jésus-Christ et des apôtres, malgré les bourrasques et les tempêtes.
« Je suis toujours revenu de Cong-thuong, c’est-à-dire de chez l’ami que je pleure maintenant, édifié, fortifié et déterminé à combattre le bon combat, comme le vaillant missionnaire que je venais de quitter : Exempla trahunt.
« En terminant ces pauvres lignes, qu’il me soit permis d’exprimer le souhait, qu’un de nos anciens formulait dans la même circonstance, au sujet d’un saint missionnaire mort au champ d’honneur en 1897. « Que le divin Maître d’abord, et le Séminaire de Paris, ensuite, nous « envoient beaucoup de missionnaires de la trempe et de la vertu de M. Louis Durand ! — « Amen. »
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References
[2461] DURAND Louis (1871-1905)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1904, p. 156. - Rev. rel. Rodez, 1905, Sa mort, p. 13.
Notice nécrologique. - C.-R., 1905, p. 356.