Émile COUSIN1877 - 1936
- Status : Prêtre
- Identifier : 2584
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1901 - 1936
Biography
[2584] COUSIN Émile est né le 29 mars 1877 à Méteren (Nord). Il entre au Séminaire des Missions Étrangères en 1896. Il est ordonné prêtre le 23 juin 1901 et part le 31 juillet suivant pour la mission du Kouytchéou. Il étudie le chinois à Tou-chan, puis il administre le district de Tou-yun et peu après le poste de Tché-chou. Fin 1906, il est envoyé à Lofou, en 1908 à Suyang et en 1909 à Tsen-Y. En 1913, il est nommé vicaire à la cathédrale de Kweiyang, en 1928 il est chargé du probatorium et en 1935 du poste de Gan-chouen, où il meurt le 14 août 1936.
Obituary
M. COUSIN
MISSIONNAIRE DE KWEIYANG
M. COUSIN (Emile-Joseph), né le 29 mars 1877, à Méteren (Cambrai, Nord). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères, le 16 septembre 1896. Prêtre le 24 juin 1901. Parti pour le Kouy-tcheou, le 31 juillet 1901. Mort à Gan-Chouen dans sa Mission, le 14 août 1936.
M. Emile Cousin vint au monde dans une nombreuse famille de cultivateurs le 29 mars 1877 à Méteren, diocèse actuel de Lille. Ce bourg de Méteren, situé entre le Mont Kemmel et le Mont des Cats, fut terriblement éprouvé par la guerre : les tirs d’artillerie n’y laissèrent pas pierre sur pierre et à la fin de la tourmente il était impossible d’y retrouver l’emplacement de l’église.
Comme il arrive d’ordinaire dans les familles d’agriculteurs, le jeune Emile fut, après son passage à l’école primaire, employé à la garde des troupeaux. Un jeune abbé, originaire de la pa¬roisse, M. Bretagne le rencontra un jour tout attentif à ses fonc¬tions ; frappé de son air sérieux et méditatif, il lui demanda s’il ne désirait pas poursuivre ses études. Le petit berger lui répondit qu’il le voudrait bien, mais qu’à cause de la pauvreté de ses pa¬rents il n’osait pas leur en parler. M. Bretagne se chargea de faire les démarches nécessaires ; et à la rentrée des classes notre petit pâtre laissait sa houlette et entrait au collège ecclésiastique de Bailleul.
Il y fit de bonnes études, et en 1896, sa rhétorique achevée, il donnait suite à ses premières aspirations et entrait au Séminaire des Missions-Etrangères. Il s’y montra aspirant pieux et travail¬leur, cachant sous des dehors modestes et réservés une parfaite maîtrise de soi et un bel esprit de décision.
Ordonné prêtre le 23 juin 1901, il partit à la fin de juillet avec trois de ses confrères pour la Mission du Kouy-tcheou, et parvint à Kouy-yang à la mi-décembre de la même année. Sans tarder il se mit à l’étude de la langue avec ardeur ; si bien que l’année sui¬vante, lors d’une visite à Mgr Guichard et à quelques confrères, il ne parlait guère que chinois. Au mois de mai 1902, à la fin de la retraite des confrères, il partit pour Touchan prendre, sous la direction de M. Bacqué, un premier contact avec les usages chi¬nois et la pratique du ministère ; et à la fin de l’année il recevait la charge du district de Tou-iun, à 2 jours de là. Il commençait à s’y organiser lorsque, quelques mois après, tout à fait au sud-ouest de la Mission, en pays dioi, le poste de Tchê-chou vint à être vacant. Le curé voisin, M. Williatte, voyant en M. Cousin un compatriote qui lui ferait honneur, le demanda et l’obtint de Mgr Guichard. Voilà donc notre confrère, en route vers de nou¬veaux pays, devant une autre langue, d’autres usages à apprendre. M. Williatte, déjà maître dans la partie, se fit son mentor et réus¬sit si bien que dès l’année suivante, quand les deux voisins de¬vaient agir de concert, c’était toujours la volonté souple et flexi¬ble du mentor qui se collait comme un lierre à la décision ferme de son élève.
Dans ce poste de Tchê-chou, M. Cousin se dépensa sans comp¬ter. Il rebâtit la résidence détruite par l’incendie dans une persé¬cution locale ; puis il parcourut en tout sens, parfois sous un soleil de feu, son district tout en montagnes, ramenant les éga¬rés, réchauffant les tièdes, instruisant les catéchumènes, volonté toujours tendue, zèle toujours ardent et jamais en veilleuse. Il paraît bien que ses ouailles, à l’allure un peu nonchalante, ont trouvé qu’il les poussait un peu trop vivement sur le chemin du salut et le lui ont fait sentir une fois ou l’autre. Il subit les atteintes de la fièvre et de la dysenterie, et une fois, sinon deux, ce ne fut qu’à grand’peine que les soins de M. Williatte et de son vicaire M. Hia le ramenèrent des portes de la mort.
A la fin de 1906, il était curé de Lofou, poste qui venait d’être détaché du district de Tong-tcheou. Il ne fit qu’y passer, mais eut le temps d’y construire une résidence, qu’il dressa sur un monti¬cule. En mai 1908 nous le retrouvons en plein pays chinois, à Suyang, au milieu de 1.200 chrétiens. Le climat y est sain, mais la fièvre avait suivi notre voyageur et n’allait pas le lâcher de si tôt. Là encore il reçut les derniers sacrements et vit la mort de près ; son infirmier chinois en vint à douter s’il respirait encore et eut recours à l’expérience du miroir. La glace un peu trop rap¬prochée dut toucher le nez du malade, et celui-ci réveillé et élec¬trisé par le contact, se dressa comme un ressort sur son séant, en pleine possession de l’usage de la parole… le miroir disparut et la porte de la chambre se trouva bien étroite pour livrer passage aux fuyards. Il resta à Su-yang, juste le temps de faire connaissance avec ses chrétiens, et de transférer en ville un orphelinat de filles qui se trouvait à quelques kilomètres en campagne ; à côté du missionnaire l’établissement trouverait le bienfait de ses caté¬chismes et de l’assistance quotidienne à la Messe.
L’année suivante, en septembre 1909, M. Cousin passait au poste voisin de Tsen-y, un des plus importants sinon le plus important de la Mission. Ici rien à bâtir, ses prédécesseurs y avaient pourvu, pas de campagnes à parcourir, c’était le travail de ses vicaires. A lui incombait le soin de diriger les uns, contrôler les autres, administrer les biens de la Mission, bref un rôle de chef. A côté de tout cela son ingéniosité trouva encore à s’exer¬cer : il y avait, dispersés un peu partout, nombre de petits capi¬taux, administrés par les chrétiens pour un but local restreint, et cette dispersion même les rendait à peu près stériles. Par bien des démarches M. Cousin obtint que le tout fût concentré entre les mains du curé ; assez vite il arrondit le tout, capital et inté¬rêts, et le consacra à la formation des jeunes chrétiens du dis-trict dans les écoles du centre. Ainsi ce que les paroissiens avaient lâché d’une main, ils le retrouvaient de l’autre et avec avantage.
Ce goût d’organiser devint peu à peu pour lui une passion. Sans doute il appréciait et prônait bien haut le travail en profon¬deur : instruire les fidèles, administrer les sacrements, mais sans y songer et comme malgré lui son attention déviait et glissait souvent vers les à-côtés du ministère : constructions, soins du matériel, etc.
Il était à Tsen-y depuis quatre ans lorsque, à la fin de 1913, Mgr Séguin le nomma vicaire de la cathédrale à Kweiyang, avec le désir et l’espoir de le voir fonder une congrégation de Religieuses chinoises enseignantes. Un autre aurait peut-être reculé devant l’entreprise ; lui n’éprouva pas, que je sache, la moindre hésitation. Il arriva, interrogea, étudia ses possibilités, et au bout d’un an, au retour de son voyage de mobilisation, se mit à l’œuvre. Il avait sous la main le vieil orphelinat des filles ; il fit un triage : il laissa de côté tout ce qui ne lui plaisait pas, tira à lui ce qui offrait de la bonne volonté, de la souplesse, un soupçon de vocation, et quelque temps après, un matin de la fête du Sacré-Cœur, le Vicaire Apostolique eut la joie d’imposer le voile à la première promotion des Sœurs du Sacré-Cœur.
L’œuvre une fois née, il lui fallut un berceau et pour la qua¬trième ou cinquième fois M. Cousin se fit bâtisseur, fit sortir de terre : chapelle, maison du noviciat, salle du chapitre, etc, et à chaque nouveau stade de croissance, il reprenait la truelle, rajus¬tait, élargissait, rempla-çait. C’est ainsi qu’en moins de deux mois la première chapelle fit place à une autre plus grande. A mi-route de la ville de Kouy-yang et le sanctuaire de Notre-Dame de Liesse, s’allonge un éperon de montagne, dégagé, aéré, exposé au midi. Projetant d’y installer une petite maison de campagne et à côté le cimetière de ses saintes filles, il en fit patiemment le siège et il l’eut. Au spirituel, il instruisait, encourageait, corrigeait les âmes, chantait des grand’messes, contrôlait le chant. Belle chose que l’assurance, quand elle remplace ce qui manque et supplée même à la justesse de la voix !
A côté de ce travail principal auquel il mit tout son cœur, il y eut encore des à-côtés qui pour lui ne manquèrent pas d’inté¬rêt. La Société de secours aux affamés l’avait nommé son tréso¬rier : cela le mit en vedette, lui imposa des relations avec les nota¬bles de la ville et lui fournit l’occasion de rendre quelques signa¬lés services. Si tels et tels grands personnages de Kouy-yang voient encore le jour, ils savent que c’est à M. Cousin qu’ils le doivent. Pour les faire sortir de ville et les tirer de la gueule du loup, il en déguisa un en religieuse, l’emmena au milieu de sa communauté en pèlerinage à Notre-Dame de Liesse, et là le fugitif trouva toutes facilités pour s’esquiver. A un autre, réfugié chez lui, et qui n’avait rien d’un sportif, il fit faire, à l’étage de sa chambre, 15 jours d’exercice à la corde, et quand il l’eut quelque peu assou¬pli, le fit glisser de nuit le long des remparts. Il fallut avoir l’œil ouvert, car les ennemis, autorités du jour, semblaient flairer quelque chose : les patrouilles croisaient dans ces parages, et pour ne pas se faire marcher sur les talons en allant aux remparts, ils eurent juste le temps de se glisser derrière une porte, eux et leur corde.
Il consacra à son œuvre une quinzaine d’années, et malgré quelques déboires, ce furent bien les plus intéressantes de sa vie de missionnaire. Mais l’œuvre une fois bien établie, il offrit sa démission et prit six mois de congé en France ; il s’y prodigua en voyages, sermons et conférences, et revint par le Canada avec un groupe de Sœurs de Notre-Dame des Anges.
Au printemps de 1931, il accepta la charge de Supérieur de l’Ecole probatoire. Il touchait aux 55 ans, mais se sentait assez d’entrain pour assumer les fonctions qu’il avait à remplir. Mal¬heureusement ce regain de jeunesse, poussé sur le tard, se fana vite, et au bout de quatre ans notre confrère laissa paraître des signes de fatigue. Au mois de juin 1935, le poste de Gan-chouen étant devenu vacant, il y fut nommé ; donc des plans à dresser, des travaux à diriger, quelque chose à organiser. Et nous espé¬rions bien qu’il allait y écouler d’agréables et longs jours : de bonne taille, encore vigoureux, il était plein d’allant. Quelques infirmités, l’immobilisaient bien quelquefois, mais d’ordinaire pas longtemps. Le malheur voulut qu’il eût à arracher aux mains des soldats le mobilier de son dispensaire, et par suite d’un effort trop brusque, la hernie dont il était affligé s’étrangla. Dès lors, il parut perdu ; il s’éteignit la veille de l’Assomption. après dix jours de vives souffrances courageusement supportées.
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