Marcel DUBOIS1879 - 1939
- Status : Prêtre
- Identifier : 2670
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1903 - 1939 (Yibin [Suifu])
Biography
[2670] DUBOIS Jean, Marcel, est né le 1er mars 1879 à Blaignac, diocèse de Bordeaux (Gironde). Il fit ses études à l'École Apostolique de Bordeaux. Il entra aux Missions Étrangères le 11 septembre 1897, et fut ordonné prêtre le 28 septembre 1902. Il partit pour le Setchuen méridional le 12 novembre 1902.
Arrivé à Suifu le 28 février 1903, il fut envoyé à Semong, pour apprendre le chinois et se former à la pratique du ministère. En décembre 1903, il fut nommé à Hong-la, où il ne resta qu'une année. En 1903, il partit pour le lointain Kientchang. Il visita successivement les districts de Loukou et de Tetchang, où il donna une preuve de son grand dévouement pour ses chrétiens. En 1908, Mgr. Chatagnon le rappela à Suifu où il demeura plusieurs années, puis en 1912, il fut nommé à Jen-tchéou, un des plus vastes districts de la mission. Il resta là jusqu'à sa mort en 1939.
À cette époque, la région était envahie et pillée par des bandes de brigands, "Les brigands, écrivait-il, occupent tous les villages et saccagent tout, mais je les calme avec mon phonographe. En pleine rue, je leur donne des séances, et tous se bousculent pour entendre la musique et les boniments de la machine extraordinaire; ils n'ont jamais vu pareille merveille." C'est ainsi que M. Dubois devint populaire dans la région.
Dès la première année, il eut le bonheur de baptiser 15 adultes. Tous les ans, il baptisera ainsi deux cents, même trois cents païens. Là où n'existaient que deux résidences, à Jentchéou et à Yunhien, il y a maintenant 6 districts, où travaillent aujourd'hui 7 prêtres chinois. Pendant 27 années consécutives, le missionnaire, pour ainsi dire perdu dans la brousse, a consacré sa vie à fonder et à développer des stations de nouveaux chrétiens en ville et surtout à la campagne. Il a connu non seulement les fatigues dans de longues courses à travers son immense district, mais aussi les persécutions. Ainsi à Tchou-ien-piou, gros village de la sous-préfecture de Tsin-ien, les protestants, jaloux de ses succès, lui tendirent des embûches abominables. Invité à venir à leur chapelle, le Père s'y rendit sans aucune défiance. Mais à peine avait-il franchi le seuil qu'une troupe d'adeptes se jeta sur lui et l'accabla de coups... M. Dubois, blessé et ayant eu ses lunettes brisées, se trouvait dans l'obscurité et il eut grand peine à retrouver la sortie. Il alla se plaindre au pasteur, mais celui-ci, indifférent aux souffrances du Père, alla jusqu'à l'accuser faussement d'être venu avec ses chrétiens pour saccager sa chapelle. Le Consul de France intervint, mais le Père ne put recevoir aucun dédommagement.
Il eut mille peines à s'établir à Tsin-ien, car les notables de cette ville lui faisaient une opposition acharnée. Le 27 décembre 1924, il écrivit : "Un petit rayon de soleil vient de briller dans le ciel gris de Tsin-ien. L'Enfant Jésus commence à avoir pitié de cette ville : une famille s'est convertie, le chef en convertira d'autres. Grâce à lui, la population entière est venue assister au feu d'artifice à l'occasion de la fête de Noël. Le mandarin présidait entouré de tous les notables. L'achat des maisons, tant désiré, va enfin se conclure à l'amiable; voilà dix ans que j'attendais cet heureux événement. Que de tribulations ! Mais voilà déjà 360 baptêmes pour cette année. Encore un petit effort et on arrivera à 400." Le Père dut alors établir des écoles dans les villages et marchés où se trouvaient ces nouveaux chrétiens. L'entretien de ces écoles lui coûtait cher, et il compta beaucoup sur la Providence pour trouver les fonds nécessaires.
M. Dubois fut toujours d'une santé délicate, qui l'obligeait à un régime très sobre. Il a pu cependant accomplir sa lourde tâche et supporter les fatigues d'un long et laborieux apostolat, presque sans aucune défaillance. Toutefois, à partir de 1927, il fut atteint d'une maladie d'estomac qui le fit beaucoup souffrir jusqu'à la mort. Il dut aller à Tchentu pour l'ablation d'une tumeur très douloureuse. Cette opération ne lui supprima pas les douleurs d'estomac, mais lui redonna un peu de santé. Au mois de mai, Mgr. Renault le prit avec lui pour la visite pastorale. À Loui-kiang, M. Pangaud, missionnaire de ce district, étant atteint de la fièvre typhoïde, M. Dubois resta au chevet du malade et pendant plusieurs semaines le soigna avec le plus grand dévouement. Puis, après la guérison de M. Pangaud, M. Dubois l'accompagna jusqu'à Tze-liu-taing.
Pour retourner à Suifu, M. Dubois se sentit fatigué. Il se mit quand même en route, le voyage fut très pénible, en raison des pluies torrentielles. Arrivé à bout de forces, ce fut au tour du Père Pangaud de soigner son confrère. L'état de M. Dubois devint si alarmant qu'on fit venir le médecin de la mission, mais malgré les piqûres à l'éther, le mal s'aggrava. Alors, M. Dubois n'eut que le temps de se confesser, de recevoir le sacrement des malades, et il expira le 3 juillet 1939 à l'évêché de Suifu. Mgr. Renault présida les obsèques et M. Dubois fut enterré dans le cimetière de San-kouan-léou. Pendant 36 années, il travailla avec zèle pour l'Église qui est en Chine.
Obituary
M. DUBOIS
MISSIONNAIRE DE SUIFU
M. DUBOIS (Jean-MarceI) né le 1er mars 1879 à Blaignac, diocèse de Bordeaux (Gironde). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 11 sep¬tembre 1897. Prêtre le 28 septembre 1902. Parti pour le Setchoan méridional le 12 novembre 1902. Mort à Suifu le 3 juillet 1939.
M. Dubois naquit à Blaignac, au diocèse de Bordeaux, le 1er mars 1879, d’une famille profondément chrétienne. Il eut une en¬fance pieuse et orientée vers le bon Dieu et la Sainte Vierge. L’ap¬pel de Dieu à la vie apostolique se fit entendre de bonne heure à son cœur. Après d’excellentes études à l’école apostolique de Bor¬deaux, Marcel Dubois, voulant consacrer sa vie aux missions, choisit la Société des Missions-Étrangères de Paris.
Tous ceux qui l’ont connu à Bièvres et à Paris ont conservé de lui un souvenir sympathique. Toujours il y fut un modèle de piété, de régularité et le plus aimable des aspirants. Sa verve poé¬tique était souvent mise à contribution dans les séances. Petit de taille, mais doué d’un organe vibrant et sonore, il savait commu¬niquer à tous son jeune enthou-siasme. A la caserne, comme au séminaire, notre poète se fit remarquer. Le jour de la fête du régi¬ment, on lui demanda d’en chanter les gloires. Il 1e fit à l’admiration de tous ses camarades ; quinze jours de permission et les ga¬lons de 1re classe furent sa récompense. Apprenant le succès de Marcel Dubois, un autre aspirant soldat voulut l’imiter et obtint aussi les mêmes faveurs. Il sollicita de son confrère une poésie en l’honneur de son propre régiment. Par retour du courrier, il la re¬çut et la débita avec flamme ; malheureusement il fut bien em¬barrassé quand un lieutenant, poète lui aussi, lui fit remarquer que l’un de ses vers était boiteux ; sans s’en apercevoir, il l’avait estropié en recopiant la pièce.
Quant à Marcel Dubois sa verve était intarissable ; aussi n’est-il personne parmi ses confrères de la Mission, qui n’ait eu sa fête ou un anniversaire célébré par celui que nous aimions jadis à ap¬peler « la Muse ». Aussi fécond en prose qu’en vers, il était doué d’une imagination prodigieuse, avec une tendance très prononcée à l’humour ; il a écrit de très nombreux articles dans diverses revues.
Ordonné prêtre le 28 septembre 1902, M. Dubois fut destiné au Setchoan méridional ; il arriva à Suifu, avec deux autres con¬frères, le 28 février 1903, et fut envoyé à Semong auprès de M. Delolme pour apprendre la langue et se former à la pratique du ministère. En décembre 1903, il fut nommé à Hong-là, où il ne resta qu’une année. En 1905, il partit pour le lointain Kientch’ang, où il rejoignit son compatriote et ami, M. Castanet, qui devait être massacré en 1911, visita successivement les districts de Loukou et de Tetchang, où il donna déjà une preuve de son énergie et de son dévouement pour les chrétiens. Un catéchumène avait été condamné à mort et on craignait qu’il ne fut exécuté tout de suite, malgré l’appel porté en haut lieu contre la sen¬tence. M. Dubois, voulant à tout prix sauver le malheureux, passa plusieurs nuits au prétoire du mandarin et réussit à empêcher l’exécution. Tel il fut en cette occasion, tel il sera toute sa vie, toujours prêt à se sacrifier pour ses ouailles. Durant sa longue vie apostolique, il est heureux qu’aucun pillage de ses chrétiens n’ait eu lieu en sa présence, il se serait fait hacher pour les protéger et les sauver.
En 1908, Mgr Chatagnon le rappela à Suifu où il demeure pen¬dant plusieurs années, et en 1912, il est nommé à Jen chéou, l’un des plus vastes districts de la Mission. C’est là qu’il commence à montrer son savoir faire et à donner la mesure de son zèle pour la conversion des païens. A cette époque, la région était envahie et pillée par des bandes de brigands ; l’intrépide missionnaire, sans aucun souci du danger, se met à la parcourir, encourageant, secourant partout ses chrétiens, ouvrant des écoles pour les ca¬téchumènes : — « Les brigands, « écrivait-il, occupent tous les villages et saccagent tout, mais je les calme avec mon « phonographe ; en pleine rue je leur donne des séances, et tous se pressent et se bousculent « pour entendre la musique et les boniments de la machine extraordinaire ; ils n’ont jamais vu « pa¬reille merveille » ; et c’est ainsi que M. Dubois devint populaire dans la région.
Dès la première année, il eut la joie d’y conférer le baptême à 185 adultes, beau chiffre d’une série ininterrompue jusqu’à sa mort. Tous les ans, il pourra offrir au Vicaire apostolique une belle gerbe de baptêmes, rarement moins de deux cents, souvent plus de trois cents. Là où n’existaient que deux résidences, celle de Jen chéou et celle de Yunhien, prospèrent maintenant six districts. Au prix de quel labeur, de quels sacrifices, M. Dubois a ouvert le sillon, où travaillent actuellement sept prêtres chinois, Dieu seul le sait. Pendant 27 années consécutives, notre pionnier de 1’Évangile, perdu pour ainsi dire dans la brousse, a consacré sa vie à fonder, à organiser, à développer des stations de nouveaux chré¬tiens en ville et dans les villages, surtout à la campagne.
Il ne faut donc pas s’étonner que Mgr de Guébriant, dans son livre intitulé : « Une visite « aux évêques et prêtres de la Société des Missions-Étrangères de Paris », ait écrit une belle page, tout à l’honneur de M. Dubois. « Pendant quelques années, écrit-il, de 1902 à 1905, « j’avais essayé d’établir un centre d’évangélisa¬tion à Ouang ta tsaoui même. Que Dieu est « bon de ménager de telles consolations à ses missionnaires. »
Il ne faut pas s’imaginer que M. Dubois n’avait qu’à se présenter pour voir les païens embrasser la religion. C’est une œuvre difficile que de s’établir en plein pays païen où on n’est guère connu que par les calomnies répandues contre les chrétiens. Il y a toujours de l’opposition et le diable ne manque jamais d’y créer toutes sortes d’obstacles. Personne peut-être n’a eu autant d’é¬preuves, de déboires que notre vaillant confrère, personne n’a plus souffert que lui. Il a connu non seulement les fatigues de l’apostolat dans de longues courses à travers un immense district, les périls courus sur terre et sur les fleuves, mais aussi les persécutions, les coups et les fouets, comme saint Paul. Plus d’une fois il a vu le danger de bien près.
Ainsi à Tchou ien p’ou, gros village de la sous-préfecture de Tsin-ien, les protestants, jaloux de ses succès, lui tendirent des embûches abominables. Sous le prétexte de trancher un litige, ils l’invitèrent le soir à venir à leur chapelle ; le missionnaire s’y ren¬dit sans aucune défiance ; mais à peine en avait-il franchi le seuil, qu’une troupe d’adeptes se jette sur lui, l’accable de coups, tandis que d’autres brisent tout ce qui s’y trouve, lanternes, meu-bles, etc. M. Dubois blessé et ayant eu ses lunettes brisées, se trouvait dans l’obscurité la plus complète, et il eut grand peine à retrouver la sortie. Victime d’un si odieux attentat, il crut bon d’al¬ler lui-même en exposer les circonstances au pasteur. Celui-ci trompé par les siens, soutint mordicus que notre confrère était allé, avec ses chrétiens, saccager sa chapelle. Il osa même lui dire ironiquement : « qu’ayant été frappé sur la joue droite, il devait aussi présenter la joue gauche ». Malgré l’intervention du consul français, M. Dubois ne put obtenir un semblant de réparation.
Il faudrait écrire de longues pages pour narrer les persé¬cutions, les ennuis que M. Dubois eut à subir de la part des autorités locales et de la soldatesque en temps de guerre civile.¬Pas une année, pas un mois qui ne lui ait apporté de graves soucis. Il eut mille peines à s’établir en ville de Tsin-ien ; les notables, durant de longues années, lui firent une opposition achar-née ; cependant à force de patience, de diplomatie et comptant sur l’aide de Dieu, il finit par triompher. Voici ce qu’il écrivait le 27 décembre 1924 : « Un petit rayon de soleil vient de « briller dans le ciel gris de Tsin-ien ; l’Enfant-Jésus commence à avoir pitié de cette ville ; « une famille s’est convertie ; le chef en convertira d’autres, je l’espère. Grâce à lui la « population entière est venue assister au feu d’artifice à l’occasion de la fête de Noël ; le « mandarin présidait entouré de tous les notables. L’achat des maisons tant désiré va enfin se « conclure à l’amiable ; voilà dix ans que j’attendais cet heureux événement. Que de « tribulations ! Voilà déjà 368 baptêmes pour cette année. Encore un petit effort et on arrivera « à 400 » . Il voulait qu’il y eût des chrétiens dans les villages ou marchés, et quand il obtenait des conversions en quelque endroit, il y établissait tout de suite des écoles, mais pour les entretenir il lui fallait beaucoup d’argent. Que de cruels soucis n’eut-il pas pour équilibrer son budget ! Il lui arrivait souvent de demander au Vicaire apostolique de gros subsides, qui lui furent accordés aussi largement que posible ; pas toujours cependant autant qu’il aurait voulu. C’était alors pour lui une grande souffrance de ne pouvoir réaliser tous ses plans d’évangélisation, il l’acceptait toutefois de bon cœur, ne se permettant jamais ni plainte ni récrimination ; homme de foi et d’obéissance, il s’en remettait à la Providence. Un jour qu’il avait reçu de France une somme importante, il en donna aussitôt une partie à l’un de ses confrères qui, surpris, ne put s’empêcher de lui dire : « Gardez tout votre argent pour vos « écoles ; vous en avez beaucoup plus besoin que moi ». — « Non, reprit M. Dubois, en « agissant ainsi, je suis sûr que le bon Dieu et la Sainte Vierge béniront davantage mes « nouveaux chrétiens ».
Le zélé pasteur était plein de bonté pour ses brebis ; il ne leur faisait pas de grands sermons ni de longues exhortations au confessionnal, mais il avait toujours le mot qui allait droit au cœur. Il les aimait passionnément et avait le don de leur inspirer confiance ; voilà bien le secret de ce réputé convertisseur, de sa grande renommée auprès des chrétiens et même des païens. Charitable et généreux jusqu’à l’excès, il avait toujours sa bourse largement ouverte à tous ceux qui étaient dans le besoin. Connaissant son bon cœur, certaines personnes, beaucoup même, en abu¬saient. Que de fois le procureur l’a vu arriver à l’êvêché n’ayant plus un centime en poche. Il donnait tout ce qu’il avait. Grâce aux ressources que M. Dubois sut trouver en France et ailleurs, il sauva de la mort un grand nombre de familles pendant la famine de 1916. Ce fut pour lui l’occasion d’une pêche quasi mira¬culeuse : près de 500 baptêmes.
Il était indulgent jusqu’à la dernière limite pour les exa¬mens des catéchumènes. A ceux qui lui en faisaient la remarque, il répondait volontiers : — « Oui, c’est vrai, mais si Dieu m’en « fait le reproche, je lui dirai qu’il l’a été bien davantage pour nous tous. Au reste je ne suis « pas sûr, dans ma jeunesse, d’avoir su mon catéchisme aussi bien que beaucoup de mes « enfants ».
Missionnaire rempli de l’esprit apostolique, M. Dubois fai¬sait bien toutes choses ; chaque jour, levé de bonne heure, il s’enfermait dans sa chambre, afin de vaquer librement à ses exercices de piété auxquels il fut toujours scrupuleusement fidèle. On ne pouvait aller à lui qu’après la messe ; mais alors, sa chambre ne désemplissait plus du matin au soir; d’abord ses catéchistes, ses maîtres d’école venaient le consulter pour affai¬res ; puis, sauf le temps réservé à la prière, les chrétiens l’accaparaient la journée entière, lui demandant des services, des remèdes, lui contant leurs peines. Il les recevait tous avec patience et bonté, les écoutait sans lassitude, se faisant vraiment tout à tous pour les gagner à Jésus. Le soir, accablé de fatigue, il pro¬longeait souvent ses veilles, faisait des lectures, mettait sa correspondance à jour, car il ne cessait d’écrire en France pour solliciter des offrandes en faveur de ses écoles.
M. Dubois a passé 37 ans en mission. Il ne voulut jamais entendre parler de congé en France et n’a jamais quitté la Mission, sauf en 1906 pour un voyage a Hongkong, où il fut envoyé d’office pour accompagner un confrère et où, disait-il plaisamment, il était allé prendre un bain de civilisation. En 1914, la mobilisation l’obligea de se rendre encore à Han k’éou. Réforme, il regagna en toute hâte, son district. Néanmoins, M. Dubois fut toujours d’une santé délicate qui l’obligeait à suivre un régime très sobre ; il a pu cependant accomplir sa lourde tâche et sup¬porter les fatigues d’un long et laborieux apostolat, presque sans aucune défaillance. Toutefois, à partir de 1927, il fut atteint d’une maladie d’estomac, qui le fit beaucoup souffrir jusqu’à la mort. Au moment des crises, la violence du mal l’obligeait à un repos complet pendant un ou deux jours ; il se soumettait alors à une diète absolue et le mal disparaissait. A force de le voir ainsi, après chaque accès, reprendre sa bonne humeur et sa vie ordinaire, l’on finit par ne plus croire à aucun danger. L’année 1934 fut pour sa santé, une année de grande épreuve. A Tseliutsing, il eut une crise extrêmement violente, qui le conduisit aux portes du tombeau ; plusieurs semaines durant, il lui fut impossible de prendre aucune nourriture. Le médecin protestant qui le soignait le croyait atteint d’un cancer à l’estomac. Il reçut alors les derniers sacre¬ments ; mais il triompha encore du mal et dès qu’il se crut suffi¬samment guéri, il reprit le chemin de son district, où ses chrétiens l’attendaient avec la plus grande impatience. Deux mois après, il dut encore, malgré lui, se rendre à Tchentou pour l’abla¬tion d’une tumeur très douloureuse. M. Dubois semblait alors avoir retrouvé sa vigueur première. Néanmoins peu de temps après les crises d’estomac reparaissaient toujours, malgré, le régime sévère auquel il s’astreignait, des pommes de terre cuites à l’eau étaient sa nourriture favorite ; mais jamais il ne s’avoua vaincu, il de¬vait mourir sur la brèche.
Cette année, au mois de mai, Mgr Renault le prit avec lui pour la visite pastorale. A Loui kiang, M. Pangaud, missionnaire de ce district, étant atteint de la fièvre typhoïde, M. Dubois le remplaça pour accompagner Son Excellence aux stations de la campagne. Puis, il dut rester au chevet du malade, que, pendant plusieurs semaines il soigna avec le plus entier dévouement. En¬fin, M. Pangaud guéri, il fut décidé qu’il irait achever sa conva¬lescence à notre maison de campagne de Ts’i sin chan, et M. Du¬bois l’y accompagnerait ; tous deux arrivèrent à Tzeliutsing le 26 juin. M. Dubois était tout joyeux d’avoir rendu à la santé un missionnaire ardent et zélé comme lui-même ; plus que jamais en¬thousiaste, il était émerveillé, disait-il, d’avoir visité avec Monsei¬gneur plusieurs chrétientés très ferventes comme il n’en avait jamais vu et surtout d’avoir pu constater un grand nombre de néophytes et de catéchumènes dans la ville de Loui kiang, et se proposait d’écrire plusieurs articles dans le bulletin de la Société.
La veille du départ de Tzeliutsing, M. Dubois se sentit fatigué ; mais n’étant plus qu’à deux jours de Suifu, il voulut cependant se mettre en route. Le voyage fut très pénible, le deuxième jour surtout, à cause des pluies torrentielles qui tombèrent toute la journée. C’est M. Pangaud qui, à son tour, dut soigner son cher infirmier. Arrivé à Suifu, le 2 juillet, le pauvre M. Dubois était à bout de forces. Il dut s’aliter pour ne plus se relever. Monseigneur et les confrères le croyaient souffrant de l’estomac comme à l’or¬dinaire, mais plus violemment que d’habitude ; tous étaient per¬suadés que deux ou trois jours de repos suffiraient à le remettre sur pied. Le lendemain matin, le mal empirant, le médecin chi¬nois de la Mission fut appelé. En réalité, M. Dubois souffrait-il de douleurs cancéreuses à l’estomac ou bien était-il atteint du choléra dont il aurait pu contracter le germe à son passage à Tzeliutsing, où le fléau faisait beaucoup de victimes, le médecin n’osa se prononcer. Ce fut vers midi seulement qu’il le déclara en danger et demanda son transport immédiat à l’hôpital. L’état du malade devint aussitôt si alarmant, qu’il fallut y renoncer. On se contenta de piqûres à l’éther qui ne produisirent aucun effet. Notre cher confrère fut averti de la gravité de sa maladie et il se confessa aussitôt. Vers 4 heures, faisant de grands efforts pour vomir, soudain il s’affaissa. Le temps de lui donner une dernière absolution et de lui faire les onctions des saintes huiles, un petit soupir et puis plus rien, il était mort.
Les funérailles furent présidées le surlendemain à la cathé¬drale, par Mgr Renault, et la dépouille mortelle de notre regretté confrère fut conduite à sa dernière demeure à San kouan léou, au nouveau cimetière des missionnaires et des prêtres de la Mis¬sion.
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References
[2670] DUBOIS Marcel (1879-1939)
Références biographiques
AME 1903 p. 58. 316 (art). 1908 p. 59 (art). 1939 p. 38. 39. 50 (art). 1910, articles : p. 47. 202. 225. 1911, articles : p.53. 161. 1913 p. 49 (art). 1917 p. 49. 1919-20 p. 359 (art). 1922 p. 86. 1934 p. 25 (art). 1935 p. 146 (art). 153. 220 (art). 1936 p. 80 (art). 1937 p. 22 (art). 222 (art). 224. 226. 255 (art). 1938 p. 178 (art). 1939 p.178 (art). 1939 p. 12 (art). 16. 17. 24 (art). 128 (art).174 (art). 223 (art). 236. 249. 262. 1940 p. 49. CR 1902 p. 302. 1912 p. 107. 503. 1914 p. 50. 51. 1917 p. 48. 1918 p. 31. 34. 1919 p. 40. 1922 p. 47. 1923 p. 61. 1924 p. 45. 1925 p. 52. 1926 p. 53. 1928 p. 54. 1929 p. 72. 1930 p. 82. 84. 1931 p. 79sq. 1932 p. 86. 87. 1933 p. 69. 1934 p. 53. 54. 1935 p. 52. 53. 1936 p. 56. 355. 1937 p. 60. 1938 p. 59. 1939 p. 53. 54. 56. 220. 262. BME 1924 p. 785. 789. 1926 p. 565. 1927 p. 753. 1928 p. 560. 1929 p. 173. 490. 553. 1931 p. 60. 517. 742. 743. 1932 p. 454. 535. 1933 p. 532. 1934 p. 412. 490. 635. 782. 783. 859. 862. 1935 p. 47. 343. 423. 1936 p. 104. 355. 486. 442. 495. 888. 1937 p. 118. 425. 572. 640. 837. photo p. 428. 1938 p. 444. 513. photo p.497. 859. 1939 p. 21. 559. 642sq. 1940 p. 118. 156. 1956 p. 476. EC1 N° 406.