Jean BASTIDE1881 - 1939

[2815] BASTIDE Jean, Antoine, Marie naît le 8 mars 1881 à Cunlhat dans le Puy de Dôme. Après ses études au petit séminaire de Courpière et sa philosophie au grand séminaire de Clermont, il entre tonsuré aux Missions étrangères le 30 septembre 1902. Ordonné prêtre le 24 septembre 1904, il part le 9 novembre suivant pour la Mission de Pondichéry.

Dévoué à sa mission pendant vingt ans

Il reste quelques années à Pondichéry pour apprendre le tamoul et s'initier à l'apostolat. En 1909, il est nommé curé d'un district (1) du Nord Arcot (2), celui de Vandiwash. C'est un vaste district composé de nouveaux Chrétiens, convertis au temps de la grande famine. Un rapport datant de 1912 y signale deux groupes distincts de Chrétiens : douze cents récemment convertis et huit cent cinquante plus anciens. Les nouveaux, quant à eux, vivent dans trente-six villages où ils sont en proie à une grande pauvreté matérielle et spirituelle.

Le P. Bastide construit une école à Vandiwash et projette d'en ouvrir une autre pour les gens de caste (les Choutres). En 1914, il demande aux "Missions Catholiques" de lui envoyer les cinq cents Roupies qui lui manquent pour terminer la nouvelle église de Vandiwash.

Atteint de la lèpre et contraint de se retirer dans une léproserie

Il travaille ainsi dans ce district pendant une vingtaine d'années. Il y a de nombreux lépreux parmi tous ses paroissiens et il est malheureusement atteint de la lèpre, ce qui l’oblige à quitter l'Inde pour aller à la léproserie Saint-Jean de Mandalay en Birmanie. Au début de son séjour, il a la consolation de pouvoir mettre son zèle, son expérience et sa connaissance du tamoul au service des Indiens de Birmanie. Il devient leur prédicateur ordinaire. C'est ainsi qu'on le voit prêcher et confesser pour le jubilé de 1926 à l'église Saint-Antoine de Rangoon et au Couvent des Sœurs indigènes de Kyeiiklat. Sa compétence et son dévouement lui permettent de faire beaucoup de bien.

Horrifié par son mal, il s’y résigne peu à peu, remerciant ses soignants avec gratitude

Mais bientôt le mal s'aggrave et le P. Bastide est obligé de rester inactif à la léproserie. Missionnaire actif aux Indes pendant vingt ans, il doit souffrir de la lèpre pendant vingt ans également. La lèpre est pour lui la cause de souffrances morales bien autrement pénibles que les souffrances physiques. La résignation lui coûte beaucoup au début. "Mon Dieu, éloignez de moi ce calice. N'importe quelle autre croix, mais pas celle-là," répétait-il dans une véritable agonie. C’est surtout la nouvelle de la mort de sa mère qui l'aide à se résigner, sachant d'ailleurs que les siens sont informés de son mal par un ami intime, le P. Roche.

Vers la fin de sa vie, il ne sait comment témoigner sa reconnaissance à quiconque le soigne ou le visite. Il se tourne alors vers son grand crucifix, car il ne fait vraiment qu'un avec le Divin Crucifié. La scène dans laquelle il échange avec le P. Roche une dernière bénédiction et une dernière accolade est à coup sûr l'une des plus pathétiques qui aient pu marquer l'histoire de la Société des Missions étrangères. Le P. Bastide s'éteint le 5 avril 1939 dans sa cinquante-neuvième de sa vie et la trente-cinquième de son ordination sacerdotale, un mercredi saint.

1 – District diocésain.
2 – Le Nord Arcot est e circonscription administrative située au nord de l’archidiocèse.