Émile HENRY1879 - 1916
- Status : Prêtre
- Identifier : 2914
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1906 - 1914 (Chengdu)
Biography
[2914] HENRY Émile, Adrien, Henri, est né le 14 juillet 1879 à Rollainville, dans le diocèse de Saint-Dié (Vosges). Il entre laïque au Séminaire des Missions Étrangères le 8 septembre 1902. Ordonné prêtre le 22 septembre 1906, il part le 14 novembre suivant pour la mission du Setchoan occidental.
Il arrive à Chengtu en février 1907 et est envoyé étudier la langue chez un prêtre chinois. Il fait ses premières armes dans l'important district de Tienlintchang où il poursuit son initiation à la langue et aux us et coutumes.
De 1910 à 1914, il est à Tchoulintsin où il réussit à apaiser les colères et les disputes entre les chrétiens eux-mêmes et à rétablir la paix entre ceux-ci et les païens. En août 1914, il est mobilisé à Tientsin, passe la visite et est réformé. Il est hospitalisé un moment à Shanghai. À Hongkong, le docteur le déclare atteint du sprue et lui conseille le retour en France.
Il est de nouveau réformé à son retour au pays; ses forces le quittent peu à peu et le 8 juin 1916, il rend le dernier soupir à Épinal, entre les mains de sa mère, dans la 38è année de son âge et la 10è de son apostolat.
Obituary
[2914] HENRY Émile (1879-1916)
Notice nécrologique
M. HENRY Emile-Adrien, né à Rollainville (Saint-Dié, Vosges), le 14 septembre 1879. Entré laïque au séminaire des Missions-Etrangères le 8 septembre 1902. Prêtre le 22 septembre 1906. Parti pour le Setchoan occidental le 14 novembre 1906. Mort à Epinal le 8 juin 1916.
Je regrette de n’avoir aucun détail sur l’enfance de notre cher confrère. Je sais seulement qu’il avait actuellement encore sa mère et un frère, qu’il aimait de l’amour le plus tendre. J’ignore quelles circonstances, quelles grâces déterminèrent sa vocation apostolique qui, bien qu’un peu tardive, n’en était pas moins très solide.
M. Adrien-Emile Henry, ordonné prêtre au séminaire des Missions-Etrangères, le 22 septembre 1906, s’embarqua à Marseille le 14 novembre de la même année pour la mission du Setchoan occidental, où il arriva au mois de février de l’année suivante. Par son calme, son sérieux, il produisit dès en arrivant la meilleure des impressions, si bien que M. le Provicaire écrivait à un missionnaire : « M. Henry qui vient d’arriver est doué d’une riche nature ; il est à souhaiter qu’on nous en envoie beaucoup comme celui-là. » Après quelques jours passés à Tchentou, il fut envoyé chez un prêtre chinois pour y apprendre la langue. Il se mit à l’œuvre avec d’autant plus d’ardeur qu’il éprouvait certaines difficultés à bien saisir les tons. Au bout de quelques mois, il put se faire comprendre, et Mgr Dunand l’envoya faire ses premières armes dans l’important district de Tienlintchang, à 160 kilomètres au sud-est du centre de la mission. Tout en visitant ses chrétiens, il se perfectionna dans la connaissance de la langue, et s’initia aux us et coutumes du pays.
Deux ans après, l’ancien titulaire du poste, M. Roux, chargé de faire la carte de la mission, étant de retour, Mgr Dunand songea à M. Henry pour un poste difficile, dans les régions montagneuses du nord de la mission ; mais ayant appris que notre confrère, atteint de varices aux jambes et d’une petite toux sèche, ne pouvait affronter tant de fatigues, il l’envoya à Tchoulintsin, district assez étendu, mais peu montagneux.
Là, M. Henry mit tout en œuvre pour faire du bien aux âmes et travailler à la conversion des infidèles. Depuis longtemps, les habitants de cette région vivaient dans la discorde, la désunion, et se faisaient de continuels procès. Le missionnaire chercha la cause de tous ces désordres, apaisa les colères et les disputes, régla les questions en litige, et fit si bien que quelque temps après, la paix régnait entre chrétiens et païens. Ceux-ci venaient maintenant à lui soit pour le consulter, soit pour lui demander des remèdes ; M. Henry, qui était un peu médecin, soignait volontiers leurs corps, et profitait de cette occasion pour les entretenir de leur âme.
Pour les attirer encore plus nombreux, il acheta une lanterne magique et leur montra le catéchisme en images. Païens et chrétiens accouraient nombreux : « Ils voient les images, « aimait à dire notre confrère ; un mot d’explication suffit pour faire naître en eux de nobles « sentiments, sentiments de dévotion dans les chrétiens, sentiments religieux dans les païens, « encore plongés dans les ténèbres de l’erreur. » Il promenait ainsi son instrument à 50 kilomètres à la ronde.
Il se dépensait sans compter pour le salut de ses ouailles. Sa santé fut toujours délicate, il n’en avait cure. Il se rendait dans les plus petites chrétientés sous prétexte de voir, de s’informer, d’attirer à lui les chrétiens et les païens. Si la maison était petite, le même appartement lui servait de chapelle, de réfectoire et de chambre à coucher. Pour la nuit, une natte posée par terre en guise de lit ; comme nourriture, un bol de riz lui suffisait. Que le toit de la maison fût en paille ou en tuiles, peu lui importait. S’il se trouvait à l’abri de la pluie et du vent, c’était assez.
La guerre éclate le 1er août ; M. Henry reçoit peu après l’ordre de mobilisation. Il fait aussitôt ses préparatifs et arrive à Sulin : « Je suis content, dit-il, d’aller sur le champ de « bataille relever, soigner et consoler les blessés ; mais j’ai le cœur gros quand je pense à nos « chrétiens. Ce matin, longtemps avant le jour, ils étaient venus à l’oratoire assister à la messe « de mon départ ; ils pleuraient, les pauvres, et moi aussi. Il y a des circonstances vraiment « pénibles dans la vie. » Deux jours après, il s’embarquait pour Tchongking, et Hankeou. Faible de poitrine, sa petite toux sèche persistant toujours, il n’avait pas compté avec les fatigues du voyage, avec les grandes chaleurs qui devaient lui être funestes sur le fleuve Bleu. Arrivé à Tientsin, ses forces avaient déjà diminué ; il passa la visite et fut réformé. Après un séjour d’une dizaine de jours à Tientsin, il se rendit à Shanghai ; mais la maladie ne fit qu’empirer. Il dut descendre à Hongkong où le médecin le déclara atteint du sprou, et lui conseilla un voyage en France.
« Retourner en France, écrivait-il, est pour moi une cause de joie mêlée de tristesse. Oui, « en France, même malade, on m’acceptera peut-être à l’armée et là, auprès des blessés, je « ferai du bien. Il faut que je paye de ma personne ; mais je regrette mon Setchoan, mon « district, mes écoles, mes païens. »
Dans ses lettres de France, il se lamente de n’avoir pu se faire accepter à l’armée. « Encore « réformé, dit-il, le sprou est décidément une maladie terrible ; je suis maigre comme un clou « et dois rester presque tout le temps assis ou couché ; c’est à peine si je puis dire la sainte « messe. Toutefois, que la volonté de Dieu soit faite ! Je prie pour la France ; nous tenons le « bon bout, nous les aurons ! Je pense à la Chine ; que le prêtre chinois chargé de mon district « en prenne bien soin ; qu’il s’occupe tout particulièrement des écoles et des catéchumènes ; « quand je rentrerai, je pense pouvoir en baptiser une centaine. »
Dieu, dont les desseins sont impénétrables, en a disposé autrement ; le 8 juin 1916, M. Henry rendait le dernier soupir à Epinal, entre les mains de sa mère, dans la 38e année de son âge et la 10e de son apostolat.
References
[2914] HENRY Émile (1879-1916)
Références biographiques
AME 1907 p. 62.
CR 1906 p. 275. 1913 p. 391. 1916 p. 181.