Félix MENNETRIER1885 - 1935
- Status : Prêtre
- Identifier : 3009
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Cambodia
- Mission area :
- 1909 - 1915
- 1916 - 1935
Biography
[3009] Félix, Isidore MENNETRIER naquit le 28 décembre 1885 au Puits-des-Mèzes, diocèse de Langres, département de la Haute-Marne. Enfant d'une famille nombreuse, son oncle, curé à Villars, prit Félix chez lui dans l'intention de préparer son entrée à la maitrise de Langres. Une de ses tantes était religieuse.
De 1897 jusqu'en 1901, Félix fit ses études secondaires à la maitrise de Langres, y prit la soutane et y fut tonsuré. Il se dirigea ensuite vers le grand séminaire diocésain, où il resta quatre ans et y reçut les ordres mineurs, le 8 avril 1905.
Le 11 septembre 1906, il entra au séminaire des Missions Etrangères. Sous-diacre le 4 mars 1908, il fut envoyé à Rome comme compagnon du Procureur Général; il y reçut le diaconat le 4 avril 1908. De son séjour romain, il garda le goût des belles cérémonies et acquit une connaissance approfondie de la liturgie. Ordonné prêtre le 27 septembre 1908, il fut destiné au vicariat apostolique du Cambodge (Pnompenh) qu'il partit rejoindre le 2 décembre 1908.
Arrivé dans sa mission, Mgr. Bouchut l'envoya à Banam, auprès de M.Pianet, pour se mettre à l'étude de la langue viêtnamienne, et faire sa formation pastorale. M.Mennetrier fit de rapides progrès; sa prononciation était claire, ses tournures de phrases justes, aussi très vite, il devint le bras droit de M. Pianet qui, fort absorbé par l'administration de la paroisse de Banam et de l'école des catéchistes, lui confia la responsabilité des petites chrétientés et des sept écoles.du district.
Le 15 janvier 1915, M. Pianet mourut à Banam; quelques mois plus tard, M. Mennetrier qui n'avait jamais été soldat, fut mobilisé et affecté au 11ème régiment d'infanterie coloniale à Saïgon. En raison de sa bonne connaissance de la langue viêtnamienne, on le nomma interprète au Conseil de Guerre. Il baptisa quelques condamnés, fit rendre justice à certains autres faussement accusés, et aida le clergé de la cathédrale de Saïgon. Il fut démobilisé en juin 1916.
De retour dans sa mission, il fut chargé de la chrétienté de Pralai-Méas et des chrétiens du Grand Lac. M.Arvieu avait fondé ce poste missionnaire en 1906 afin d'assurer les secours spirituels aux nombreux pêcheurs catholiques qui se rendaient au Tonlé-Sap durant la saison des basses eaux. Avec sa barque, M Mennetrier sillonnait le lac à la recherche des familles chrétiennes, et, esprit méthodique et précis, il envoyait un court rapport à tous les missionnaires dont ses chrétiens dépendaient. C'était un ministère fort pénible.
En 1922, Mgr. Bouchut le rappela à Phnompenh comme professeur de philosophie au grand séminaire. Il y travailla pendant cinq ans. Le 21 juillet 1927, il fut intronisé comme curé à Méat-Krasa, à quelques kms de Phnompenh. Il y resta deux ans pendant lesquels il dota la paroisse d'une vaste église. Succédant à M. Poisnel, il fut installé le 9 février 1930, à Xom-Biên, ancienne chrétienté formée principalement par les viêtnamiens pêcheurs au Grand Lac. Il reprit contact avec eux, car il en avait connu un certain nombre à Pralai-Méas.
Vers avril 1931, M.Thieux, procureur de la mission, rentra en France pour soigner ses rhumatismes. M. Mennetrier fut appelé à le remplacer dans cette charge. Mais, après son opération de l'appendicite, en septembre 1931, sa santé commença à décliner; quelques mois plus tard, il fut atteint de tuberculose pulmonaire, et condamné au repos complet.
Déchargé de la Procure où M.Béquet lui succéda, M. Mennetrier se rendit à la clinique Angier à Saïgon, puis il fixa sa résidence en Basse-Cochinchine, non loin de Nanggu, où M.Collot, son compatriote, était chef de district. Le mal progressant et sa vue baissant, M. Mennetrier se retira à l'infirmerie de Cualogien où il passa environ une année, puis il revint à Phnompenh. C'est là qu'il s'éteignit le lundi de Pâques 22 avril 1935, un peu après une heure du matin.
Le surlendemain, Mgr. Herrgott célébra la messe d'enterrement dans l'église de Russey-Keo et M. Collot fit la conduite du corps au cimetière du grand séminaire, où M. Mennetrier avait demandé à reposer.
Obituary
M. MENNETRIER
MISSIONNAIRE DU CAMBODGE.
M. MENNETRIER (Félix-Isidore), né le 28 décembre 1885 au Puits-des-Mèzes (Langres, Haute-Marne ). Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 11 septembre 1906. Prêtre le 27 septembre 1908. Parti pour le Cambodge le 9 décembre 1908. Mort à Phnom-Penh le 22 avril 1935.
M. Félix Mennetrier naquit le 28 décembre 1885 au Puits-des-Mèzes, diocèse de Langres, d’une famille très chrétienne qui comptait déjà cinq enfants : six autres berceaux devaient encore faire l’ornement de cette famille vraiment patriarcale.
De bonne heure, son oncle, curé à Villars, remarqua la piété du petit Félix et le prit chez lui dans l’intention de préparer son entrée à la maîtrise de Langres. La tâche d’ange gardien n’était pas une sinécure, car malgré toutes les recommandations, Félix estimait tout naturel de mesurer la hauteur des fenêtres et des arbres ainsi que la pente des toits pour se livrer à des exercices de voltige ; il a répété souvent que l’oncle lui disait : « Surtout, si tu te tues, que ce soit « tout à fait ». Mais si Félix était espiègle, il était aussi très pieux. Sa tante religieuse, sachant qu’il voulait être prêtre, lui recommanda de dire tous les jours trois « Ave » et un « Souvenez-vous » au pied de l’autel de la Sainte Vierge : il n’y manqua jamais.
Il entra à la maîtrise en 1897 et y continua ses études jusqu’en 1901, y prit la soutane et reçut la tonsure. A cette époque, il manifesta le désir de se consacrer aux Missions, mais son oncle lui conseilla d’abord d’entrer au grand séminaire. Docile à cet avis, il garda pendant quatre années le secret de ses aspirations et alors seulement obtint la permission d’entrer au Séminaire des Missions-Étrangères. Plus tard il fut envoyé à Rome comme compagnon du Procureur Général. De son séjour dans la ville éternelle, il devait garder le goût des belles cérémonies et une connaissance approfondie de la liturgie. Il ne se confinait pas dans la théorie, mais il était d’une minutie remarquable dans les plus légers détails ; il aurait voulu que chacun fût bien persuadé que la liturgie n’avait de règles si précises que pour couper court à toute négligence et à toute fantaisie.
Ordonné prêtre le 27 septembre 1908, il fut désigné pour la Mission du Cambodge où il arriva à la fin de la même année. Mgr Bouchut l’envoya à Banam auprès de M. Pianet pour se mettre à l’étude de la langue annamite et s’initier aux us et coutumes du pays. Cette langue difficile n’eut bientôt plus de secrets pour lui : prononciation claire, tournure de la phrase, particularités que peu parviennent à débrouiller, tout cela ne fut pour lui qu’un jeu. Aussi, en peu de temps, il devint le bras droit de M. Pianet. Celui-ci, à cause de son grand âge et de ses infirmités, se confina bientôt dans le soin de la populeuse paroisse de Banam et de l’école des catéchistes. L’administration des petites chrétientés fut le lot de M. Mennetrier. A cette époque, il n’y avait pas de routes mais de simples pistes souvent ravinées par l’inondation : cependant la fameuse bicyclette « passe-partout » ne le laissait jamais en panne. La visite des chrétiens, la prédication et l’enseignement catéchistique surtout où notre confrère devait se distinguer par la sûreté de la doctrine et la clarté de l’élocution, furent ses occupations journalières ; malgré la fatigue, il était toujours joyeux, et c’était avec plaisir que les confrères de passage à Banam, après avoir goûté les aperçus de haute spiritualité de M. Pianet, venaient chez leur collaborateur pour apprécier sa vie débordante d’entrain et de gaieté.
En 1915 survint la mort de M. Pianet et quelques mois plus tard M. Mennetrier fut mobilisé et affecté à Saïgon ; n’ayant pas fait de service actif en France, il fut un peu pris au dépourvu en arrivant au 11e rég. d’Infanterie coloniale. Mais sa renommée l’avait précédé et sa profonde connaissance de la langue annamite y fut si bien appréciée, qu’on le nomma interprète au Conseil de Guerre. En somme, il était soldat sans l’être, et grâce à une grande facilité d’assimilation, il fut en peu de temps au courant de son service, ce qui lui permit de venir en aide au clergé de la Cathédrale. Lors des exécutions de février 1916, il put procurer le baptême à quelques condamnés et faire rendre justice à certains, victimes de fausses accusations.
Démobilisé en juin 1916, notre confrère fut chargé de la chrétienté de Pralai-Méas et des chrétiens du Grand Lac. Il faut avoir vécu la vie intense du missionnaire des Lacs pour se rendre compte de toute l’abnégation que réclame ce ministère. Là, en effet, pas de chrétienté organisée, mais seulement des groupes qui depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de juin se déplacent pour se livrer à la pêche, quittant leur point d’attache avant le jour pour ne rentrer que dans la soirée. Le missionnaire est obligé d’attendre le retour de ses pêcheurs pour entendre leur confession ; puis le lendemain, il célèbre la messe de très bonne heure et déjà chacun s’empresse de recommencer la besogne quotidienne. Les chrétiens sont heureux de rencontrer leur pasteur ; ils installent un autel provisoire dans les grands séchoirs et se préparent à recevoir les sacrements. On se rend compte cependant que malgré tout le zèle déployé par le Missionnaire, ces gens rencontrent beaucoup de difficultés pour se conformer à la pratique religieuse. Vers le mois de juin, le Lac devient désert ; à la montée des eaux, chacun plie bagages et rentre dans sa chrétienté : c’est le temps de l’instruction intensive des enfants et des catéchumènes.
M. Mennetrier, qui par tempérament s’adaptait facilement à toutes les situations, se lança à corps perdu dans un ministère pénible ; pendant de longs mois sa barque sillonnait le Lac dont il connaissait tous les recoins et tous les groupements. Son esprit méthodique et précis le mettait à même de n’ignorer aucune famille, et quand ses pêcheurs retournaient dans leurs villages, il envoyait un rapport à tous les missionnaires dont ses chrétiens dépendaient. Mieux qu’à Banam peut-être, notre confrère donna là toute sa mesure ; son profond esprit de foi, sa piété ardente étaient continuellement en éveil au milieu de ces populations déshéritées ; il les aimait de tout son cœur de missionnaire et malgré les fatigues et les dangers de la navigation, il était toujours prêt à répondre à leur appel. Il a avoué bien souvent que si ses supérieurs avaient suivi ses désirs, il aurait volontiers passé toute sa vie dans ce poste. Mais on eut besoin d’un professeur et Mgr Bouchut le nomma au grand séminaire à Phnom-Penh, où il devait enseigner avec succès la philosophie pendant cinq années ; puis, il rentra dans le ministère paroissial et fut chargé de la chrétienté de Meât Krasa à quelques kilomètres de Phnom-Penh. Il ne devait y rester que deux ans pendant lesquels il dota la paroisse d’une vaste église. C’est alors qu’il fut nommé à Xom Bien, où il reprenait contact avec les pêcheurs du Grand Lac. Il ne devait pas y rester longtemps et fut bientôt chargé de la Procure. Comme toujours il s’y fit aimer et estimer des confrères par son apostolat et son empressement à rendre à chacun tous les services en son pouvoir.
D’une robuste constitution, il n’avait jamais été sujet aux petites alertes qui n’épargnent pas parfois les missionnaires les plus vigoureux. En 1931, une crise d’appendicite marqua le déclin de cette brillante santé : quelques mois plus tard, il fallut bien se rendre à l’évidence, notre confrère était atteint de tuberculose pulmonaire. Déchargé de la Procure, il fixa sa résidence en Cochinchine non loin de son compatriote, M. Collot. Mais le mal faisait des progrès et la vue baissait chaque jour ; aussi fut-il obligé d’aller à Culaogien où il devait rester près d’une année. Malgré les soins dévoués des Sœurs, l’état du malade ne s’améliora pas ; escomptant que le climat du Cambodge lui serait plus favorable, il revint à Phnom-Penh. Il espérait toujours guérir, et faisait des projets pour l’avenir. Offrant lui-même ses prières et ses souffrances pour ses confrères et leurs œuvres, il demandait des prières pour obtenir sa guérison afin de pouvoir travailler encore. Il était d’une fidélité exemplaire à tous ses exercices de piété, surtout au Chemin de la Croix et au chapelet, et se résignait en tout à la volonté de Dieu. Il trouvait ses délices dans la lecture de la vie et des œuvres de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et du Saint Curé d’Ars, aimant à citer leurs exemples et leurs paroles. Aux confrères, qui lui souhaitaient une meilleure santé, il répondait : « Souhaitez-moi plutôt une bonne mort ! » Il était heureux de mourir dans sa Mission. Plusieurs fois on insista pour son retour en France, mais il préféra rester au milieu de ceux pour qui il avait tout quitté. Pourtant le souvenir de sa famille, de son oncle, de ses frères et de ses sœurs était si vivant chez lui ! Il leur écrivait régulièrement bien qu’il fût très fatigué, car il regardait ce témoignage d’affection comme un devoir auquel il n’aurait pas voulu se soustraire.
Au commencement d’avril, il sentit ses forces décliner rapidement ; son état laissant prévoir une fin prochaine, il reçut l’Extrême-Onction en présence de Mgr Herrgott et des confrères de Phnom-Penh le 8 avril. Les jours suivants une amélioration se produisit, mais elle ne dura pas. M. Mennetrier faisait ses recommandations pour ses obsèques et chargeait des amis d’envoyer ses derniers adieux à sa famille et à tous ceux qui lui étaient chers. La visite d’une famille de Saïgon qui avait pour lui une grande affection lui fut particulièrement sensible et ses adieux ont été émouvants.
Le dimanche de Pâques, à la première heure, il demanda à recevoir le Saint-Viatique. Dans la soirée, son Vicaire Apostolique vint lui donner sa dernière bénédiction ; les confrères lui firent une visite, et pour chacun, malgré ses souffrances, il eut encore un mot aimable. Vers minuit l’oppression augmenta ; on commença les prières des agonisants et après une dernière absolution, notre bon confrère rendait doucement son âme à Dieu. Le lundi, le corps fut transporté à l’église de Russey-Keo et jusqu’au lendemain les chrétiens vinrent très nombreux prier auprès du défunt. Mgr Herrgott célébra la messe d’enterrement et M. Collot fit la conduite au cimetière au milieu d’une affluence pieuse et recueillie. M. Mennetrier avait demandé à reposer au cimetière du grand séminaire, car « là, disait-il, je suis sûr qu’on ne « m’oubliera pas et que chaque jour les séminaristes viendront prier sur ma tombe. »
Qu’il repose dans la paix du Seigneur ! Il fut doux et humble de cœur : jamais il ne fit sciemment de peine à personne et ne comprenait pas que des sentiments d’aigreur puissent entrer dans le cœur d’un prêtre ! Il fut obéissant et alla toujours sans récriminations là où ses Supérieurs l’envoyèrent, n’ambitionnant jamais rien autre chose que d’accomplir fidèlement tous ses devoirs de missionnaire. Le souvenir et les exemples de notre bon et cher Confrère resteront longtemps dans la mémoire des missionnaires de Phnom-Penh.
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References
[3009] MENNETRIER Félix (1855-1935)
Références biographiques
AME 1909 p. 53. 1913 p. 260. 1935 p. 137. CR 1908 p. 287. 1910 p. 202. 1912 p. 225. 1915 p. 232. 1917 p. 110. 1918 p. 88. 89. 1919 p. 88. 1920 p. 60. 1921 p. 99. 1932 p. 222. 1935 p. 162. 242. 326. BME 1924 p. 55. 570. 1925 p. 570. 1927 p. 573. 1928 photo p. 384. 1930 p. 248. 1931 p. 384. 844. 1932 p. 555. 1935 p. 445. EC1 N° 313.
Mémorial MENNETRIER Félix, Isidore page 2