Pierre DESTAILLATS1890 - 1944
- Status : Prêtre
- Identifier : 3139
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1913 - 1919
- 1926 - 1944
Biography
[3139] DESTAILLATS Pierre, Jean, Léon, est né le 13 février 1890 à Banos, diocèse d'Aire (Landes). Il fit ses études primaires à Banos, poursuivit ses études au Petit Séminaire diocésain et entra au Grand Séminaire d'Aire. Après ses études de philosophie, il entra aux Missions Étrangères, le 18 septembre 1909. Il fut ordonné prêtre le 29 septembre 1912. Affecté à la mission du Yunnan, il partit pour la Chine le 27 novembre 1912.
Il arriva à Kunming le 5 janvier 1913. Son évêque le retint à l'évêché quelques mois, pour l'initier à la langue chinoise. Puis, en octobre 1913, il fut envoyé à Longki, un district très éloigné de Kunming -il fallait 20 jours de voyage à cheval pour y parvenir. Là, il continua l'étude de la langue et en février 1914, il devint titulaire du poste.
Il administra ce district de 600 chrétiens jusqu'en 1919. La visite des chrétiens fut très difficile, parce qu'il fallait aller à pied au milieu des montagnes. Il tenait beaucoup au catéchisme des enfants, mais comment les réunir ? Il exigea qu'ils vinssent tous, garçons et filles, aux écoles de sa résidence. C'était la guerre en Europe, et malgré le manque de subsides, il réussit à nourrir tous ses écoliers, au prix de privations et d'économies. Il prit un soin tout particulier de quelques jeunes filles, qui désiraient garder la virginité et se consacrer au service de la mission dans l'Institut des Vierges chinoises.
Il s'intéressa beaucoup aux prières et aux chants à l'église, et à la liturgie en général. Il composa lui-même quelques mélodies fort bien adaptées aux prières. Il aimait rendre les cérémonies très belles, très vivantes et très priantes.
En 1919, le Père dut quitter son cher Longki, pour venir à Kunming prendre part à la retraite des confrères, prêchée par Mgr. de Guébriant, vicaire apostolique de Canton. C'était la saison des pluies et le voyage fut si pénible, que le Père fut atteint d'une pleurésie. Il se fit soigner à l'hôpital français, puis revint s'établir à l'évêché. Mgr. de Gorostarzu, son évêque, qui vouait une grande dévotion à Ste Thérèse de Lisieux, lui confia la santé de son missionnaire. Le matin du 16 août, le médecin constata une évolution positive de la maladie vers la guérison. Le Père quitta Kunming pour Hanoi, où il subit une opération. Puis, il se mit en route pour la France, en compagnie de Mgr. de Guébriant et de Mgr. Gorostarzu, qui allaient à Paris pour la rédaction du nouveau règlement de la Société. Le Père alla se reposer à Montbeton pendant l'hiver, puis il s'établit chez son frère, curé d'une paroisse du diocèse d'Aire; il fut heureux d'y trouver sa maman.
En mai 1926, il retourna à Kunming, et s'installa à l'évêché pour s'occuper des Soeurs de St Paul de Chartres. Il fut nommé, en avril 1930, professeur du Petit Séminaire. Il enseigna jusqu'en 1938, car il dut aller faire un autre séjour en France pour sa santé. Il revint après deux mois, et fut nommé supérieur du Petit Séminaire, charge qu'il exerça jusqu'à sa mort.
Pendant la guerre qui sévissait en Europe, entre 1939 et 1945, les bâtiments du Petit Séminaire furent réquisitionnés pour devenir un hôpital militaire. Toutefois, on lui laissa assez d'espace pour pouvoir continuer ses classes.
En décembre 1943, il dut faire un séjour à l'hôpital français de Kunming, suivi de deux mois de convalescence. C'est au Grand Séminaire de Pelongtan qu'il vint mourir, après avoir reçu l'Extrême Onction et le Saint Viatique, le 12 novembre 1944. La messe des obsèques fut dite par M. Griffon, assisté de M. Bordenave et de M. Ho; Mgr. Derouineau donna l'absoute. Étaient présents : plus de trente prêtres, tous les confrères de la ville et les prêtres chinois venus pour la retraite, les prêtres de St Sulpice avec leurs élèves, plusieurs Pères américains réfugiés à Kunming et le colonel aumônier chef de l'armée américaine. Le Père Destaillats n'avait que 54 ans. Il fut un excellent missionnaire, qui travailla beaucoup pour la formation du clergé chinois.
Obituary
M. DESTAILLATS
MISSIONNAIRE DE KUNMING
M. DESTAILLATS (Pierre-Jean-Léon) né le 13 février 1890 à Banos, diocèse d’Aire (Landes). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 18 septembre 1909. Prêtre le 29 septembre 1912. Parti pour le Yunnan le 27 novembre 1912. Mort à Pélongtan le 12 novembre 1944.
Pierre-Jean-Léon Destaillats naquit à Banos (Landes) le 13 février 1890. Ceux qui l’ont connu se rappellent combien il aimait à parler de la piété de ses parents et en particulier de sa mère à qui, disait-il, il devait sa vocation et une certaine délicatesse de conscience. Il n’avait qu’un frère aîné, de quelques années plus âgé que lui ; c’est lui, qui ordonné prêtre et devenu professeur dans un collège, donna par correspondance à M. Destaillats les premières leçons de la langue latine. Il entra ensuite au petit séminaire diocésain, et fit deux années de philosophie au grand séminaire d’Aire. Il avait gardé un très bon souvenir de ses professeurs et particuliè-rement de M. Lahitton qui écrivit un livra sur la vocation, livre qui fit à l’époque sensation, et il fallait voir avec quelle chaleur le futur missionnaire défendait les idées de son ancien maître. La philosophie terminée, il demanda son admission au Séminaire des Missions-Étrangères où il arrivait le 18 septembre 1909. Ordonné prêtre le 29 septembre 1912, il partait pour le Yunnan le 27 novembre et parvenait à Kunming le 5 janvier 1913.
Mgr de Gorostarzu, son compatriote, le retint quelques mois à l’évêché et l’initia, lui-même à la langue chinoise. Après la saison des pluies, en octobre 1913, il fut envoyé à Longki, auprès d’un missionnaire plus ancien. C’était un voyage à cheval de plus de vingt jours, car cette chrétienté qui fut le berceau de la Mission, et qui maintenant appartient à la Mission chinoise de Chaotung, est située tout au nord de la province, et à deux journées seulement de Suifu. Là, il continua l’étude de la langue, et en février 1914, il devenait titulaire du poste. Pendant cinq ans et demi, jusqu’en mai 1919, il ne quitta point son district sinon pour de temps en temps faire visite à un voisin, et se rendre parfois à Suifu où il aimait à assister à la retraite des confrères de cette Mission. La chrétienté comptait alors de 500 à 600 baptisés. Chaque famille habite sur le terrain qu’elle cultive, les unes dans de profondes vallées, les autres à flanc de la montagne sur des pentes abruptes, qu’un climat très humide rend dangereusement glissantes ; seuls d’étroits sentiers conduisent d’un ménage à l’autre. La visite des chrétiens et des malades y est très pénible et ne peut guère être faite qu’à pied, d’où grande difficulté de réunir les enfants en âge d’étudier. M. Destaillats tenait beaucoup à l’instruction catéchistique des enfants ; il exigea que tous, garçons et filles, fréquentent assidûment les deux écoles établies, l’une, celle des filles, à proximité de sa maison, l’autre, celle des garçons, dans sa résidence même. C’était la guerre en Europe, et les subsides de la Mission étaient maigres ; à force de privations, en faisant des dettes quelquefois, M. Destaillats arrivait à nourrir tous ses écoliers, car très peu de parents étaient à même de contribuer à leur entretien. Il prit un soin tout particulier de quelques jeunes filles qui désiraient garder la virginité et se consacrer au service de la Mission dans l’Institut des Vierges chinoises, et aujourd’hui encore quelques-unes d’entre elles rendent de grands services dans plusieurs districts de la province.
Autre chose à laquelle. M. Destaillats s’intéressa plus spécialement, c’est la récitation des prières et les chants à l’église. Il n’hésita pas à faire imprimer les prières du matin et du soir avec toute une série de signes indiquant les arrêts plus ou moins longs qu’il exigeait dans la récitation, et composa lui-même quelques mélodies fort bien adaptées aux prières, que les chrétiens aiment à chanter à la messe ou à l’occasion des funérailles. A Longki, on se souvient encore des dimanches. Les prières et les chants prenaient du temps, les sermons étaient longs, mais le curé se dépensait tellement pour que tout soit parfait, que personne ne lui en tenait rigueur.
En 1919, au mois de mai, Mgr de Guébriant, alors Vicaire apostolique de Canton, devait venir à Kunming prêcher la retraite des confrères. Mgr de Gorostarzu demanda à M. Destaillats de quitter son cher Longki pour deux ou trois mois. Il se mit en route, mais il ne devait plus y revenir. C’était la saison des pluies : le voyage fut pénible et le missionnaire arrivait à Kunming fatigué et atteint d’une pleurésie. Il passa quelque temps à l’hôpital français, puis il demanda à revenir à l’évêché ; c’était, pensait-on, pour y mourir. Mgr de Gorostarzu avait une grande confiance dans l’intercession de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Le malade lui fut spécialement recommandé, et tout le monde, particulièrement les Sœurs de Saint-Paul de Chartres qui le soignaient, demandait la guérison à la petite sainte de Lisieux. La maladie cependant ne cédait point, et le médecin déclarait qu’une issue fatale était à craindre d’un moment à l’autre. Sur l’ordre de Monseigneur, M. Michel, supérieur du petit séminaire, faisait nettoyer le cimetière des missionnaires en vue d’un enterrement prochain. Il semble bien que sainte Thérèse en avait décidé autrement, et que c’est à elle que l’on doive attribuer le changement complet dans l’évolution de la maladie, car au matin du 16 août, le médecin déclara qu’elle commençait à évoluer favorablement. La convalescence fut longue ; en décembre M. Destaillats partait pour Hanoi. Là, il subit une opération. Pour mieux nettoyer la plaie ouverte sur le côté, on enleva deux côtes. Le malade put se mettre en route pour la France en compagnie de Mgr de Guébriant et de Mgr de Gorostarzu, qui se rendaient à Rome pour la rédaction du nouveau règlement de la Société. En France, la plaie du côté se fermait peu à peu et notre confrère était en plein voie de guérison ; il passa l’hiver au sanatorium de Montbeton, et l’été chez son frère, curé au diocèse d’Aire. Là il retrouvait sa chère maman, heureuse de vivre au milieu de ses deux fils prêtres.
En 1926, M. Destaillats avait repris assez de forces pour demander à regagner sa Mission, et au mois de mai il était de retour à Kunming. Installé à l’évêché, il s’occupa des Sœurs de Saint-Paul et de leurs orphelines ; et à partir de 1928, il faisait à l’école de catéchistes que venait d’ouvrir M. Savin, les cours de religion. En avril 1930, Mgr de Gorostarzu, avant d’aller prendre part à l’Assemblée générale qui devait se tenir à Paris, le nommait professeur au petit séminaire. Il y enseigna le chant, le français, les mathématiques et se dévoua à la direction spirituelle des élèves. Il obtint d’eux des résultats remarquables pour la prononciation du français et du latin et la bonne exécution du chant grégorien. En 1938, il fit un second séjour en France, mais de quelques mois seulement et, à son retour, M. Hamon ayant été rappelé à Paris, il le remplaça comme supérieur du petit séminaire : charge qu’il occupa jusqu’à sa mort.
C’était la guerre : les ressources manquaient. M. Destaillats, bien à contre-cœur, dut faire des économies. Le personnel enseignant faisait défaut aussi ; en 1940, Mgr Larregain demanda à Mgr Margenties des P.P. du Sacré-Cœur de Bétharram, de céder temporairement à la Mission de Kunming, le P. Toucoulet, que son état de santé obligeait à séjourner près du médecin. M. Destaillats fut d’autant plus heureux de l’accueillir parmi ses professeurs, qu’il était un compatriote. Autre épreuve en 1941, les bâtiments du petit séminaire étaient réquisitionnés pour devenir un hôpital militaire. Non sans peine et beaucoup de démarches, M. Destaillats put garder une partie de son établissement : les dépendances, le ¬réfectoire et la chapelle ainsi que le bâtiment occupé par les¬ Vierges chinoises chargées de la cuisine et de la lingerie. On cons¬truisit une paillote qui devait servir de dortoir pour les élèves : les professeurs s’installèrent dans le couvent des Vierges, alors que celles-ci allaient loger près des boys de la maison, et les classes ¬purent continuer. La Mission ne put recouvrer tout l’établissement qu’en juin 1946. Le supérieur s’efforça de garder de bonnes relations avec les militaires installés chez lui, sévère et poli avec eux, il s’attira même leur sympathie, et à la demande du médecin chef, il se dévoua à faire pour eux des cours de français, malgré le surcroît de fatigue que cela lui occasionnait.
En décembre 1943, il dut faire un séjour à l’hôpital français de Kunming, suivi de deux mois de convalescence au grand séminaire, qui lui permirent de reprendre ses occupations. Mais en novembre¬1944 de nouveau sa santé déclinait ; il ne se nourrissait plus, et s’il continuait à remplir sa charge de supérieur et de professeur, c’était grâce à l’énergie, qui lui avait toujours fait accomplir plus que son devoir. Le vendredi 10 novembre, il avait célébré la messe, et dans la soirée fait sa dernière classe, qu’il prolongea plus que d’habitude. Le samedi et le dimanche, il ne put monter à l’autel. Le soir, en pleine connaissance, il reçut le saint-viatique et l’extrême-onction des mains du P. Toucoulet ainsi que l’indulgence plénière en présence de tous les prêtres et des élèves du petit séminaire. Après la cérémonie, il ne put que leur dire d’une voix déjà très faible : « Aimez bien le Bon Dieu. » Peu de temps après, il entrait en agonie, et pendant que ses confrères récitaient les prières des agonisants, il rendit le dernier soupir. Le surlendemain, 14 novembre, eut lieu l’enterrement. Assistaient aux obsèques : Mgr Derouineau et plus de trente prêtres ; tous les confrères de la ville, les prêtres chinois venus pour la retraite, les Prêtres de Saint-Sulpice avec leurs élèves, plusieurs Pères américains réfugiés à Kunming et le colonel aumônier chef de l’Armée américaine. La messe fut chantée par M. Griffon, assisté par M. Bordenave S.S. et M. Ho. Son Exc. Mgr Derouineau donna l’absoute ; M. Michel bénit la tombe et récita les dernières prières au cimetière. Les élèves du grand séminaire s’étaient chargés des cérémonies, tandis que ceux du petit séminaire assuraient les chants.
Le cher défunt repose maintenant au cimetière de Pelongtan à côté de M. Savin.
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References
[3139] DESTAILLATS Pierre (1890-1944)
Références biographiques
AME 1913 p. 52. 53. 1919-20 p. 423. CR 1912 p. 314. 1916 p. 84. 1918 p. 44. 1928 p. 69. 1929 p. 90. 1934 p. 72. 1938 p. 80. 1939 p. 75. 1947 p. 262. 359. 1948 p. 47. BME 1922 p. 93. 1925 p. 249. 1926 p. 312. 415. 1928 p. 492. 1929 photo p. 496. 1930 p. 438. 1931 p. 64. 1933 p. 56. 1934 photo p. 357. 1935 p. 349. 736. 800. 1936 p. 447. 1937 p. 721. 796. 1938 p. 45. 113. 181. 688. 1939 p. 271. 425. 496. 1941 p. 545. 617. 757. 733. 1948 p. 346. 351. ECM mai 1942 p. 59. juin 44 p. 55. fév. 45 p. 97. EC1 N° 16. 37. 78. 106. 372. 384. 438.