Jean-Marie PILJEAN1889 - 1977
- Status : Prêtre
- Identifier : 3197
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Laos
- Mission area :
- 1920 - 1953
Biography
[3197] PILJEAN Jean-Marie, est né le 14 septembre 1889 à Glénac, dans le diocèse de Vannes (Morbihan). Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Ploermel et entre au Grand Séminaire de Vannes. Il entre au Séminaire des Missions Etrangères le 18 septembre1909. Il est ordonné prêtre le 28 mars 1914 et est destiné à la Mission du Laos. Mobilisé dès le début de la Grande Guerre, il est d'abord combattant puis brancardier et enfin aumônier au 70ème d'infanterie.
Le 15 juin 1920, il part enfin pour la Mission du Laos qui comprenait alors tout le Nord-Est siamois en plus du moyen et bas Laos. C'est à Tharae qu'il fait ses premières armes comme vicaire du Père Combourieu. En 1925, il est nommé à Champhen. En avril 1926, il est au Petit Séminaire de Bangkok où il est spécialement chargé des séminaristes laotiens : il devait y rester jusqu'en 1942. A cette date, c'est au Séminaire de Huê, situé à An Ninh, qu'il va s'occuper des séminaristes laotiens.
Lors du coup de force des Japonais d'août 1945, les Pères sont regroupés à Huê et, à la capitulation japonaise, c'est le viêt-minh qui s'installe. Après les accords de Fontainebleau en septembre 1946, les Pères peuvent regagner leurs postes, mais en décembre 1946, les communistes attaquent le Corps Expéditionnaire ; ce sera le début d'une guerre qui allait durer huit années. Mais les Pères de Huê sont alors conduits et regroupés à Vinh, à quelque 400 kms plus au Nord. Cette détention va durer six ans et demi et chacun sortira affaibli. Le Père Piljean rejoint la France le 10 juillet 1953. A 64 ans, on l'estime trop âgé pour retourner au Laos où la situation se détériore aussi. Il prend donc un poste d'aumônier à l'hôpital de Chauny, dans l'Aisne : il y restera jusqu'en juillet 1962. Il se retire ensuite à Voreppe, près de Grenoble, et accepte un poste d'aumônier de religieuses à Saint Martin-le-Vinoux. Au bout de deux ans, il se retire à Lauris. Les infirmités venant, le Père Piljean est transféré à Montbeton où il va devenir impotent et souffrir beaucoup des jambes. Hospitalisé à Montauban, il va y décéder d'une crise d'urémie le 7 mai 1977. Selon ses dernières volontés, son corps est ramené à Glénac où ses obsèques ont lieu le 10 mai 1977.
Obituary
Père Jean-Marie PILJEAN
Missionnaire au Laos
1889 - 1977
Né le 14 septembre 1889 à Glénac (Morbihan), diocèse de Vannes.
Entré aux Missions Etrangères le 18 septembre 1909.
Prêtre le 28 mars 1914.
Mobilisé 1914 - 1919.
En Mission au Laos 1920 - 1953.
Ministère an France de 1953 à 1962.
Décédé à Montauban le 7 mai 1977.
Enfance et jeunesse
Jean-Marie PILJEAN naquit à Glénac dans le Morbihan, au diocèse de Vannes, le 14 septembre 1889. Après ses études primaires dans sa paroisse, il se dirigea vers le petit séminaire de Ploërmel. Il avait en effet entendu l’appel du Seigneur qui l’invitait à suivre les traces de deux de ses oncles : l’abbé Jean-Marie Piljean qui fut « recteur » de St-Servan-sur-Oust et le Père Jean-Marie Chevalier, missionnaire en Chine. La paroisse de Glénac était d’ailleurs riche en vocations sacerdotales et religieuses à l’époque : trois de ses cousins, les abbés Boudard devinrent prêtres : Jean, missionnaire aux Iles Salomon où il repose, Joseph et Julien, prêtres au diocèse de Vannes. Deux de ses sœurs choisirent aussi la vie religieuse.
Ses études classiques terminées, J.-M. Piljean entra au grand séminaire de Vannes pour un ou deux ans. Puis il se dirigea vers les Missions Etrangères où il entra le 18 septembre 1909, pour y continuer sa préparation au sacerdoce.
Aux Missions Etrangères
Nous n’avons aucun détail particulier sur ses années de séminaire. C’est le 28 mars 1914 qu’il fut ordonné prêtre et destiné à la Mission du Laos. Son avenir missionnaire s’ouvrait devant lui et le Père Piljean s’apprêtait à partir pour le Laos au mois de septembre quand au mois d’août éclata la « grande guerre ». Mobilisé dès le début, il fit toute la guerre. Au témoignage de Joseph, son frère et son filleul, il fit cette guerre d’abord comme combattant, puis comme brancardier et enfin comme aumônier au 70e d’Infanterie.
En Mission
Une fois démobilisé, le P. Piljean s’apprêta à partir en mission ; c’est le 15 juin 1920 qu’il s’embarqua pour le Laos, cette immense mission détachée de la Mission de Bangkok et qui comprenait, en plus du Laos tout entier, un certain nombre de provinces en territoire thaïlandais, sur la rive droite du Mékong. C’est dans cette partie thaïlandaise que se trouvait Nong-Seng, centre de la Mission dite du « Laos » dirigée alors par Mgr Prodhomme qui devait d’ailleurs décéder très peu de temps après l’arrivée du P. Piljean.
Le jeune Père Piljean fut d’abord envoyé à Tharé pour s’initier à la langue et aux coutumes et exercer les fonctions de vicaire quand il fut suffisamment avancé dans la connaissance de la langue. C’était alors un des « patriarches » de la Mission du Laos qui était chargé du poste de Tharé, le P. Combourieu. Le P. Piljean ne pouvait être à meilleure école. Ce fut pour lui des années de plein ministère qu’il aurait volontiers continue. Mais les situations imposent souvent des changements. C’est ainsi qu’en novembre 1925, le P. Piljean dut quitter Tharé pour prendre en charge le poste de Champhan. Son ministère dans cette paroisse fut de courte durée car au mois d’avril 1926, nous retrouvons le P. Piljean au petit séminaire de Bangkok. Pourquoi cela ? Comme le but premier de la Société des Missions Etrangères est de former le clergé local dans chacun des pays où elle travaille, il faut donc choisir, instruire et éduquer des séminaristes. Etant donné que la Mission du Laos n’avait pas le personnel enseignant suffisant, les séminaristes du Laos allaient faire leurs études au petit séminaire de Bangkok. C’est la raison pour laquelle le P. Piljean fut détaché à Bangkok, à la fois comme professeur et comme responsable des séminaristes laotiens. Il devait y rester jusqu’en 1935.
Rentré à cette date dans la Mission du Laos, le P. Piljean fut nommé par Mgr Gouin, curé de Dong-Makba. Il demeura dans cette paroisse jusqu’en 1942. C’est alors qu’on lui demanda d’assumer la responsabilité des séminaristes laotiens envoyés cette fois au petit séminaire de Hué, situé à Anninh, dans la province de Quang-Tri (Viêt-Nam). Pourquoi le Vicaire apostolique du Laos voulait-il envoyer ses séminaristes à Hué et non plus à Bangkok ? Rappelons-nous qu’à cette époque le Laos était sous protectorat français et que l’enseignement du français était répandu dans ce pays. Tous les fonctionnaires parlaient français. Il était donc nécessaire que les futurs prêtres laotiens acquièrent une bonne connaissance de la langue et de la culture française : ce qu’ils n’auraient pas eu à Bangkok, mais qu’ils pouvaient trouver au petit séminaire de Hué....
Au mois de mars 1945 de graves événements se produisirent dans toute l’Indochine avec la mainmise des Japonais sur le pays. Le Laos fut lui aussi très éprouvé. Les deux évêques, Mgr Gouin et Mgr Thomine ainsi que le curé de la cathédrale, le P. Thibault furent emmenés en forêt et fusillés le 21 mars 1945. Un quatrième missionnaire, le P. Fraix, fut massacré quelques jours plus tard...
Le P. Piljean échappa à ces dangers, mais il devait lui aussi avoir son tour. A cette époque le P. Piljean était donc au Viêt-Nam. Que se passa-t-il ? Les missionnaires disséminés dans les provinces, à la campagne, furent ramenés à Hué et concentrés au collège de la Providence. Le P. Piljean était du nombre. Au mois d’août 1945, les Japonais demandèrent l’armistice. Mais les malheurs du pays ne prirent pas fin pour autant. A partir du 19 août et dans les jours suivants, très rapidement les « Vietminh » communistes mettaient la main sur l’ensemble du pays. Des conversations politiques s’engagèrent avec la France et aboutirent aux accords de Fontainebleau en septembre 1946. Les missionnaires de Hué obtinrent alors l’autorisation de rejoindre leurs postes. Le P. Piljean regagna donc le petit séminaire de Hué, à Anninh, à une centaine de kilomètres au nord. Tout alla passablement pendant quelques mois. Mais on avait compté sans la duplicité des Vietminh communistes. Ils attaquèrent traîtreusement le Corps expéditionnaire français à Hanoï au soir du 19 décembre 1946. Ce fut le début de cette malheureuse guerre d’Indochine qui se termina pour la France par le désastre de Diên Biên Phu et les accords de Genève.
Que devinrent les missionnaires de Hué pendant ces tragiques événements ? Tous ceux qui se trouvaient sur la rive gauche de la Rivière des Parfums qui traverse la ville de Hué furent arrêtés sous prétexte d’assurer leur sécurité et conduits à Vinh, à quelque 400 km plus au nord, où ils retrouvèrent leurs confrères de Vinh et de Thanh-Hoa également regroupés à la cure de Vinh. Par la force des choses le P. Piljean se trouva du nombre : 33 en tout, au début. Cette détention devait durer six ans et demi, pour les missionnaires de Vinh et de Hué. C’est au mois de mai 1953 qu’ils furent libérés. Au début de cette captivité, la Mission de Vinh put assurer un régime alimentaire suffisant ; mais à la longue les vivres vinrent à manquer. Sept confrères, âgés pour la plupart, moururent en détention, sans l’assistance d’un médecin et furent enterrés dans le jardin du presbytère de Vinh. Le P. Piljean survécut, mais comme les autres missionnaires, il en sortit très affaibli.
Après un bref séjour de repos à Saigon, il fut rapatrié et arriva en France le 10 juillet 1953. Rien de vital n’était atteint en lui. Aussi reprit-il assez vite ses forces. Cependant, vu son âge – il avait 64 ans – les Supérieurs estimèrent qu’il valait mieux qu’il ne retourne pas au Laos où la situation était d’ailleurs assez inquiétante. C’est pourquoi le P. Piljean prit un poste d’aumônier à l’hôpital de Chauny dans l’Aisne. Il travailla dans ce poste jusqu’au mois de juillet 1962. – L’heure de la retraite avait sonné pour lui. C’est pourquoi il se retira à la maison de Voreppe, aux environs de Grenoble. En 1963, une maison de religieuses de St-Martin-le-Vinoux, diocèse de Grenoble, fit appel à la Société pour avoir un aumônier à demeure. Le Supérieur de la Maison de Voreppe proposa ce petit poste au P. Piljean qui accepta. La charge n’était pas lourde. Cependant au bout de deux ans environ, il fut contraint de quitter, car il souffrait d’un tremblement qui l’empêchait de donner la communion. Il rejoignit donc la communauté qui, entre temps, avait quitté Voreppe pour aller s’installer à Lauris, dans une maison nouvellement restaurée et aménagée. Avec les années vinrent aussi les infirmités. C’est pourquoi, au mois d’août 1969, le P. Piljean fut transféré à la maison de Montbeton qui est mieux équipée pour les grands infirmes. Il devint de plus en plus impotent et souffrait beaucoup des jambes. Les derniers mois il ne pouvait plus se déplacer que sur une voiturette. Il avait renoncé à célébrer la messe mais chaque matin on le conduisait à la chapelle. Il assistait à la messe célébrée par le P. Supérieur et communiait. – Pour essayer de soulager ses souffrances, spécialement les plaies qu’il avait aux jambes, il fut hospitalisé à Montauban. Une crise d’urémie se déclara et le P. Piljean, déjà bien affaibli, succomba le 7 mai 1977. – Selon ses dernières volontés, son corps fut transporté à Glénac, sa paroisse natale où ses obsèques eurent lieu le 10 mai.
La cérémonie fut présidée par l’abbé Noël, originaire de Glénac, curé de paroisse dans le diocèse de Vannes. Dans son homélie, il résuma toute la vie du P. Piljean puis il ajouta : « Jusqu’au bout ce sera un homme clairvoyant et lucide, cherchant à comprendre ce monde qui évolue si vite, où les idées éclatent avant qu’elles ne mûrissent. Abonné fidèle à la revue « Les Etudes » il gardait continuellement contact avec les réalités contemporaines et les questions qui rejaillissent sur l’Eglise ». Cette brève appréciation est tout à fait juste et rejoint celle d’un confrère qui l’a bien connu au Laos. « Une fois par mois ou tous les deux mois, écrit-il, j’allais passer un jour ou deux en sa compagnie car il était mon plus proche voisin à Dong-Makba. Au début je crus avoir affaire à un brave paysan breton sans grande envergure. Tout dans son allure semblait justifier cette impression : son regard par dessus ses lunettes, son air lourd, son calme olympien.... Mais je dus vite modifier ma manière de voir, car derrière cet extérieur se cachait (c’est bien le mot) une intelligence supérieure, riche de connaissances nombreuses et approfondies. Jamais je ne le vis faire étalage de sa science. Ce n’est qu’au cours de la conversation que l’on pouvait se rendre compte peu à peu de l’étendue de son savoir. C’est vraiment le cas de redire le proverbe : « Il ne faut pas juger les gens sur la mine ». Sous son air « bonhomme », le P. Piljean était un intellectuel qui se tenait au courant du mouvement des idées à travers le monde : ce qui est particulièrement remarquable pour quelqu’un résidant dans un coin perdu de la campagne laotienne. Mais il avait aussi les défauts de l’intellectuel que les contingences de la vie matérielle n’intéressent guère. Ce n’était pas mépris de sa part, mais incapacité d’une organisation matérielle quelconque. Il l’avouait d’ailleurs lui-même ingénument.
Il enseignait soigneusement ses chrétiens : ce qui ne veut pas dire qu’ils l’écoutaient toujours, loin de là. A ce propos, notons une anecdote : un vieux prêtre thai de ce temps-là, le P. Lazaro, avait la réputation de pouvoir tenir ses paroissiens en haleine, une heure durant, par son sermon du dimanche. Un confrère malicieux mit un jour le Père Piljean au défi d’en faire autant. Il releva le défi et devant témoins, il fit un sermon, un vrai, parfaitement ordonné, sans verbiage, qui dura, montre en main, une heure et cinq minutes. Il gagna ainsi son pari. Son triomphe fut d’ailleurs modeste. Et ce confrère termine en disant : « Quand je repense au P. Piljean, je ne le revois pas autrement que souriant dans sa barbe, l’œil vif et quelque peu malicieux, le visage ouvert.... en un mot, un confrère de très agréable compagnie ».
Telle fut la vie du P. Piljean : variée, mouvementée même, mais unifiée par un idéal sacerdotal toujours poursuivi. Il repose dans le cimetière paroissial de Glénac à côté de son oncle l’abbé Piljean et de ses deux cousins les abbés Joseph et Julien Boudard. Qu’en ce lieu de repos, dans la terre des ses ancêtres, il veille sur l’Eglise du Laos si cruellement persécutée !
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References
[3197] PILJEAN Jean-Marie (1889-1977)
Références biographiques
AME 1919-20 p. 480. 1938 p. 188. CR 1920 p. 70. 85. 1923 p. 155. 1925 p. 130. 1947 p. 282. 1967 p. 153. 1969 p. 175. BME 1926 p. 61. 258. 515. 517. 1929 p. 120. 251. 1931 p. 309. 310. photo p. 235. 1932 p. 301. 391. 1933 p. 84. 1934 p. 883. 1935 p. 749. 1938 p. 276. 296. 1939 photo p. 296. 1940 p. 313. 1948 p. 127. 361. 1949 p. 246. 1950 p. 207. 1952 p. 647. 1953 p. 625. 655. 724. 788. photo p. 693. 1958 p. 786. 788. ECM. 1946 p. 89. 1947 p. 94. Miss. d'Asie. 1953 photo p. 127. EC1 N°541. 543. EC2 N° 240. 255. 256. 462. 740. 108/C2. 109/C2.
Notice nécrologique
Mémorial 1977 pp. 35-39.