Alexandre LAMBERT1895 - 1979
- Status : Prêtre
- Identifier : 3260
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1924 - 1953 (Vinh)
Biography
[3260] LAMBERT Alexandre, Marcel, René, est né le 14 septembre 1895 à Cholet, dans le diocèse d'Angers (Maine et Loire). Après ses études primaires à Cholet, il entra, en 1909, au Petit Séminaire diocésain de Beaupréau. Mobilisé en 1914, il entra en 1919, la guerre terminée, au Grand Séminaire d'Angers, puis, deux ans plus tard, au Séminaire des Missions Etrangères le 15 septembre 1921. Ordonné prêtre le 25 mai 1924 , il partit le 22 septembre suivant pour la Mission de Vinh.
Il y commença l'étude de la langue viêtnamienne au Petit Séminaire de Xa-Doai et la poursuivit dans les districts de Dong-Thap puis de Bot Dà tout en s'initiant au ministère. En 1931, il fut chargé du district de Bao-Nham et, l'année suivante, de celui de Thuân-Nghia, puis de celui de Huong-Phuong où il travailla de 1932 à 1937. Après douze années passées en Mission, il prit alors un congé en France où il fut retenu un an comme professeur au Petit Séminaire des Missions Etrangères à Beaupréau.
De retour dans sa Mission en 1938, il fut de nouveau chargé du district de Bao-Nham et, en 1940, nommé Supérieur du Petit Séminaire à Xa-Doai. Lors de l'insurrection viêtminh, en août 1945, il fut destitué" par les révolutionnaires et emmené à Vinh où, avec tous les missionnaires de la Mission, il resta interné au presbytère jusqu'en juin 1953. Il rentra alors en France où, après quelques mois de repos, il fut adjoint au responsable du centre d'information missionnaire ouvert par la Société à Lille. Il s'acquitta avec dévouement de cette modeste tâche de 1954 à 1964.
Il se retira alors à Lauris où, pendant quinze ans, il prêta au responsable de la maison un concours discret et efficace. Hospitalisé en Avignon en août 1979, il s'y éteignit le 31 août, âgé de 84 ans, et fut inhumé dans le caveau des Missions Etrangères au cimetière de Lauris.
Obituary
Le Père Alexandre LAMBERT
Missionnaire de Vinh (Viêt-Nam)
1895 - 1979
Alexandre, Marcel, René LAMBERT
Né le 14 septembre 1895 à Cholet — Maine-et-Loire (diocèse d’Angers)
Etudes secondaires au petit séminaire diocésain de Beaupréau
Mobilisé de 1914 à 1918
Grand séminaire d’Angers 1919-1921
Entré aux Missions Etrangères le 15 septembre 1921
Prêtre le 25 mai 1924
Parti le 22 septembre 1924 pour la Mission de Vinh
En mission de septembre 1924 à 1953
En France de septembre 1953 à 1979
Décédé à Avignon le 31 août 1979
Inhumé à Lauris
Enfance et jeunesse
Alexandre LAMBERT naquit à Cholet (M. et L.) le 14 septembre 1895. Après ses études primaires à Cholet, il entra en 1909 au petit séminaire de Beaupréau pour ses études secondaires qu’il poursuivit jusqu’en 1914. Il avait alors dix-neuf ans. C’est pourquoi il fut mobilisé et fit toute la guerre. La guerre terminée, il entra au grand séminaire d’Angers pour deux ans. Mais depuis longtemps il pensait consacrer sa vie aux Missions. Lors d’un voyage à Paris en février 1921, il prit contact avec le séminaire des Missions Etrangères et après avoir obtenu la permission de Mgr Rumeau, évêque d’Angers, il fit sa demande d’entrée le 10 août 1921. Sa demande fut agréée et son admission prononcée le 16 août. Ce fut pour lui une grande joie malgré le lourd sacrifice qu’il demandait ainsi à ses parents car il était fils unique. Comme il avait déjà fait deux ans de grand séminaire à Angers, il entra directement au séminaire de Paris pour y poursuivre ses études. Ordonné prêtre le 25 mai 1924, il reçut sa destination pour la mission de Vinh au Viêt-Nam, cette mission que l’on appelait alors « le Tonkin Méridional ».
En mission
C’est le 22 septembre que s’embarqua le jeune Père Lambert pour rejoindre son champ d’apostolat. Cette mission, aujourd’hui diocèse de Vinh, avait été détachée en mars 1846 du Tonkin Occidental dont le centre était Hanoï et érigée en Vicariat apostolique. Le premier évêque, vicaire apostolique, en fut Monseigneur Gauthier. Au moment de l’arrivée du P. Lambert, c’était une mission florissante, fécondée par le sang de nombreux martyrs. A cette époque elle comptait plus de 135.000 chrétiens sur une population de deux millions d’habitants. Sous la direction du Vicaire apostolique, Monseigneur Eloy, trente missionnaires des Missions Etrangères et cent cinquante cinq prêtres viêtnamiens exerçaient leur ministère, aidés par deux cents catéchistes, soit au service des paroisses, soit à l’instruction des catéchumènes, soit à la formation des futurs prêtres dans deux séminaires, petit et grand, comptant environ deux cents élèves.
Le centre de la mission se trouvait à Xa-Doai, une petite localité située à environ quinze kilomètres au nord-ouest de Vinh, capitale de la province. Ce centre comprenait l’évêché, la procure, la cathédrale et les deux séminaires. C’est au petit séminaire que le Père Lambert commença l’étude de la langue viêtnamienne. Cette étude se faisait alors de façon assez empirique et rudimentaire. Dès que le nouveau missionnaire pouvait « se débrouiller », il était envoyé chez un « ancien » auprès duquel il continuait sa formation « sur le tas ». C’est chez le Père Massardier, dans le district de Dông-Thap, que le Père Lambert fit ses premières armes. C’était un gros district de 10.000 chrétiens, chrétiens pour la plupart de souche, des « vieux chrétiens » comme on disait, mais auxquels venaient s’ajouter chaque année de nouveaux convertis dus à la grâce de Dieu, bien sûr, mais aussi au zèle remarqué et remarquable du P. Massardier. Dès l’année suivante, en 1927, le Père Lambert fut envoyé dans un autre district, celui de Bôt-Da, qui celui-là, était au contraire formé en majorité de néophytes et de catéchumènes, de « nouveaux chrétiens », comme on disait. C’est non loin du centre de ce district que se trouve le village natal de HO-CHI-MINH. Il est d’ailleurs remarquable que beaucoup de grands hommes du Viêt-Nam sont originaires de cette province de Vinh.
Ainsi initié tant à la pastorale paroissiale qu’à l’évangélisation des non-chrétiens, le Père Lambert était prêt à assumer personnellement la responsabilité d’un district. Ce fut d’abord le district de Bao-Nham qui lui fut confié en 1931, puis l’année suivante celui de Thuân-Nghia. Dans son compte rendu de 1932, le Vicaire apostolique, Mgr Eloy, signalait que le Père Lambert avait baptisé deux cents catéchumènes bien instruits et qu’il en préparait plus de cent autres au baptême. Mais ce fut son successeur qui mena à bien l’instruction et le baptême de ces catéchumènes, car dès 1932, le Père Lambert fut appelé à prendre la direction du district de Huong-Phuong, situé tout au sud de la Mission dans la province de Quang-Binh. Ce district était le plus important de la mission. Jusqu’à cette époque, il était administré par le P. Radelet. Mais ce dernier venait de recevoir la charge de créer et de diriger un pré-séminaire et une école de catéchistes. C’est donc le Père Lambert qui prit la direction de ce district. Il y travailla pendant cinq ans.
En 1937 le Père Lambert fut autorisé à prendre un congé en France. Il passa ce congé à Cholet auprès de sa mère tout heureuse de revoir le fils unique qu’elle avait généreusement laissé partir pour les Missions lointaines. La durée normale du congé était de six mois. Mais au moment où le Père Lambert s’apprêtait à rejoindre sa mission on eut besoin d’un professeur pour le petit séminaire Théophane Vénard ouvert à Beaupréau quelques années auparavant. On demanda donc au Père Lambert de prolonger d’un an son séjour en France pour travailler à la formation des futurs missionnaires.
De retour à Vinh à la fin de 1938, le Père Lambert dut « boucher un trou » en reprenant la direction du district du Bao-Nham qui se trouvait sans titulaire depuis plus d’un an. Cette sorte « d’intérim » se prolongea jusqu’en 1940. A cette date, le Père Le Gourriérec donna sa démission en raison de son âge et c’est le Père Lambert qui fut appelé à lui succéder comme supérieur du petit séminaire. C’est là qu’il fut un jour victime d’un geste de folie d’un serviteur qui, d’un coup de pistolet tiré au travers d’une cloison, lui brisa une cheville. De cette blessure le Père garda toute sa vie une infirmité.
Lors de l’insurrection communiste qui suivit l’occupation japonaise en 1945, le Père Lambert fut « destitué » par les révolutionnaires et emmené à Vinh comme tous les autres missionnaires de la Mission. Bientôt les missionnaires de Thanh-Hoa et une partie de ceux de Hué les rejoignirent. C’est ainsi, au nombre de trente-cinq, qu’ils se trouvèrent en résidence forcée et surveillée dans le presbytère de Vinh.
Après sept ans de captivité ils furent enfin libérés, au mois de mai 1953, et c’est amaigris, pâles et vieillis qu’ils arrivèrent à Paris le 10 juillet 1953.
Ce que fut leur longue captivité, l’un d’eux l’a résumé dans ces lignes publiées dans le Bulletin de Hongkong (1953, p. 657) : Nous avions la clôture tout comme les religieux : soixante-treize pas depuis la cure jusqu’à l’église et un peu plus dans l’autre sens ; pas de barbelés ni même de gardes, sauf les trois premiers mois. La vie commune, déjà onéreuse vu l’exiguïté des lieux, fut assez souplement conçue pour laisser à chacun son règlement de vie particulier. La frugalité des repas n’avait rien à envier aux trappistes : le bol de riz accompagné de haricots verts étant le menu le plus fréquent. Puis chacun s’occupait de son mieux : études de théologie, de spiritualité ou de langues selon les goûts ou les livres rencontrés. L’un mettait son point d’honneur à fournir à la communauté l’heure astronomique calculée patiemment sur un annuaire du Bureau des longitudes datant de 1900, l’autre plantait des patates ou du tabac. Le talent de l’un pour arracher les dents sans douleur ou celui d’un autre comme infirmier ayant mystérieusement filtré à travers la clôture, une clientèle extérieure d’abord furtive puis abondante allant jusqu’à inclure les membres de la famille des policiers, rétablit une sorte d’apostolat à la manière des Frères de St-Jean-de-Dieu. L’église de Vinh, seule debout au milieu des ruines, était restée pour les chrétiens des environs un lieu de culte accessible ; la prédication n’était pas de mise, mais la magnificence des offices liturgiques établit une ambiance de ferveur, facilitée d’ailleurs par l’incertitude du lendemain. Pourtant tout cela restait comme insensible et caché dans la grisaille des journées trop longues, entrecoupées d’innombrables chapelets, et de la souffrance due au manque d’activité apostolique directe. Il a fallu le recul du temps et les constatations du retour pour toucher du doigt que Dieu peut transformer les sacrifices apparemment inutiles en source de grâces et de conversion... »
Après quelques mois d’un repos bien nécessaire, le Père Lambert fut nommé vice-supérieur de la résidence de Lille qui fut pendant quelques années un centre d’information et d’animation missionnaire. Il s’acquitta avec dévouement et discrétion de cette modeste tâche pendant près de dix ans.
En 1964, il se retira à la maison des Missions Etrangères de Lauris. Sans être officiellement vice-supérieur, il en remplissait effectivement les fonctions. Et c’est ainsi qu’il sut prêter au responsable de la maison une aide discrète mais précieuse. Il resta en assez bonne santé jusqu’à la fin de juillet 1979. Vers le 30 juillet, il se rendit compte d’une grosseur au cou, un genre de goitre. Des examens pratiqués à Marseille ne décelèrent rien de suspect. Cependant comme il avait du mal à avaler et à parler, le docteur le fit admettre à l’hôpital d’Avignon le 10 août. Son état n’inspirait tout d’abord aucune inquiétude. Mais à la suite d’examens plus approfondis on découvrit, près de la thyroïde, une énorme tumeur cancéreuse. Son état alla en empirant tout doucement. Il ne souffrait pas particulièrement mais était fort gêné pour respirer. Lucide jusqu’au dernier jour, il se rendait bien compte qu’il allait mourir. C’est le 24 août qu’il reçut en pleine connaissance et avec beaucoup de foi le sacrement des malades. Parfaitement résigné, il priait et souriait quand on venait le voir. Le 30 août, il récita le Magnificat avec l’aumônier... puis tout doucement il sombra dans le coma pour s’éteindre le 31 août à 19 heures.
Comme on le voit par cette brève relation, le Père Lambert remplit aussi bien en mission au Viêt-Nam qu’en France des tâches variées qui lui furent souvent confiées en raison des besoins immédiats : il les accepta toujours en toute simplicité, sans se demander si elles répondaient à ses goûts, ses préférences ou son « projet » comme l’on dit aujourd’hui. Son « projet », lorsqu’il était entré aux Missions Etrangères, était de servir et il se montra toujours disponible pour les tâches qui lui furent demandées. A cette disponibilité, il ajoutait des qualités qu’il tenait sans doute de ses racines angevines : bon vivant aimant bien plaisanter, affable, toujours souriant, il était le confrère qu’on avait plaisir à visiter ou à recevoir, à consulter aussi dans des difficultés, sûr de trouver auprès de lui compréhension, sympathie et avis judicieux. Toute sa vie le Père Lambert a été un homme de prière, d’une grande fidélité et grande régularité, tout spécialement pendant ses années de retraite à Lauris. Malgré les handicaps de l’âge, il ne se plaignait jamais. Loin de se replier sur lui-même, il s’intéressait à la vie paroissiale de Lauris et pensait aussi à venir en aide à de plus malheureux, notamment par des dons au Secours catholique.
En résumé, une belle vie : vie bien remplie au service du Seigneur.
Il repose maintenant auprès des autres confrères dans le cimetière de Lauris. Que du haut du ciel, il continue à veiller sur cette mission de Vinh qui traverse la tourmente communiste.
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References
[3260] LAMBERT Alexandre (1895-1979)
Références bibliographiques
AME 1924 p. 236. CR 1924 p. 137. 1932 p. 181. 182. 1937 p. 125. 1948 p. 79. 1969 p. 175. 1974-76 p. 263. BME 1924 p. 612. 808. 1927 p. 570. 1928 p. 176. 1931 p. 678. 1932 p. 702. 1933 p. 872. 1934 p. 649. 1937 p. 359. 539. 1938 p. 125. 695. 1939 p. 134. 1940 p. 621. 1941 p. 564. 1948 p. 127. 1952 p. 647. 1953 p. 625. 655. 724. 1954 p. 275. 1957 p. 1106. 1959 p. 369. ECM 1947 p. 190. MDA 1953 p. 127. EC1 N° 165. 358. 390. 462. 541. 543. 551. 598. 628. 656. NS. 133/C.