Antoine ROUSSEL1902 - 1990
- Status : Prêtre
- Identifier : 3324
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1926 - 1935 (Chongqing [Chungking])
- 1935 - 1949 (Chongqing [Chungking])
- 1949 - 1972 (Hong Kong)
Biography
[3324] ROUSSEL Antoine, Maurice, est né le 1er juillet 1902 à Theuville-aux-Maillots, au diocèse de Rouen (Seine-Maritime). Il fait ses études primaires au village et ses études secondaires au Petit Séminaire de Rouen de 1914 à 1921, après quoi il entre au Grand Séminaire de cette ville et y passe l'année 1921-1922 pour sa philosophie scolastique. Entré laïque au Séminaire des Missions Étrangères le 13 septembre 1922, il est ordonné prêtre le 29 mai 1926 et part le 20 septembre suivant pour la mission de Chungking au Setchuen.
Il apprend le chinois à 150 km de Chungking, mais il doit bien vite se réfugier à Shanghai (avril-août 1923) avant de revenir continuer ses études de langue. En 1928 il est nommé professeur de latin au Petit Séminaire et revient à Chungking lors de la création du vicariat apostolique de Wanshein en 1930. Après quelques mois en paroisse, il est rappelé au Petit Séminaire de Chungking comme professeur et économe : il en devient supérieur en 1934. En 1935, il est autorisé à rentrer en France pour un essai de vie contemplative à la Trappe de Soligny, dans l'Orne : cela dure trois mois et il rentre à Chungking, rejoint le Petit Séminaire et y reste six ans jusqu'en 1949.
Un nouvel essai de vie monastique au Perthus dans la Congrégation des Ermites de Marie ne dure pas plus de trois mois. Chungking étant occupé par les communistes, c'est à l'imprimerie de Nazareth, à Hongkong, qu'il est envoyé : il y reste jusqu'en 1953. Il est alors nommé économe de la maison de Béthanie où il travaille jusqu'en 1972, ajoutant bien des activités apostoliques à cette tâche. Retiré à Lauris en 1972, il aide le curé du lieu mais c'est en famille qu'il célébrera ses 50 et 60 ans de prêtrise. Le Père Roussel décède à Lauris le 4 mars 1990 à l'âge de 88 ans.
Obituary
Le Père Antoine ROUSSEL
1902 - 1990
Roussel Antoine, Maurice
Né le 1er juillet 1902 à Theuville-aux-Maillots, diocèse de Rouen (Seine-Maritime)
Entre au séminaire des Missions Étrangères le 13 septembre 1922
Ordonne prêtre le 29 mai 1926
Parti le 20 septembre 1926 pour le Vicariat apostolique de Chongking, province du Sichuan, en Chine
Décédé à Lauris le 4 mars 1990
Antoine Roussel naquit le 1er juillet 1902 à Theuville-aux-Maillots, près de Fécamp, en Normandie. Il était le dernier d’une famille de douze enfants. Ses parents très chrétiens exploitaient une ferme dans le pays de Caux. Il semble avoir été un enfant assez turbulent, car une bagarre à coups de casquettes avec un camarade d’école primaire lui laissa l’œil gauche à peu près aveugle.
Son père mourut le 6 mai 1914. Quelques semaines plus tard, la guerre éclatait, trois de ses frères furent mobilisés, et un quatrième le fut en 1917. Il ne resta plus pour faire marcher la ferme que la mère, un vieux domestique et cinq sœurs non mariées, qui durent travailler « comme de vrais charretiers ». Quant à Antoine, il était entré au petit séminaire de Rouen en octobre de cette année 1914. Sa santé n’était pas excellente, et il subit plusieurs opérations dans le courant de ses études. Il était « appliqué au travail et tout à fait docile », et il avait bon cœur. C’est pourquoi il invita un de ses camarades de la ville à passer ses vacances à la ferme familiale, où ce dernier fut très bien reçu par la mère et les sœurs, toutes très charitables. À la fin du petit séminaire, ce camarade déclara qu’il n’entrerait pas au grand séminaire. Lorsque Antoine rapporta cela à sa mère, celle-ci en fut effrayée, mais Antoine lui répondit : « Je vais entrer au grand séminaire de Rouen, mais pour un an seulement, car je veux être missionnaire ; mais mes supérieurs me demandent de faire au moins un an au grand séminaire de Rouen et de réfléchir pendant ce temps ». La mère rétorqua : « Au moins, je suis sûre que tu seras prêtre ».
Après une année d’étude de la philosophie scolastique au grand séminaire de Rouen, Antoine Roussel entra donc au séminaire des Missions Étrangères le 13 septembre 1922. Vu son état de santé, il fut dispensé du service militaire. En 1925 il reçut le sous-diaconat : sa mère eut donc la joie de le savoir engagé au service de Dieu, et elle mourut au mois de décembre de cette année. Le 29 mai 1925, il fut ordonné prêtre, et le soir du même jour, il reçut sa nomination pour le Vicariat aposto¬lique de Chongking, dans la province chinoise du Sichuan.
M. Roussel était donc envoyé en Chine, et la Chine, pour un jeune missionnaire de cette époque, cela signifiait l’aventure. Il ne sera pas déçu ! Il quitta Marseille le 24 septembre à bord du paquebot « Chambord », pour Shanghai. Après un séjour de trois semaines dans cette ville, un bateau remontant le cours du Fleuve Bleu le mena en quinze jours à Chongking, grand port de cette province du Sichuan, à l’ouest de la Chine. Son bateau fut attaqué par des brigands dans les gorges de Yichang, mais il arriva sain et sauf à bon port. Il fut reçu comme un cadeau du ciel par Mgr Jantzen, vicaire apostolique, et envoyé apprendre la langue chinoise chez un vieux missionnaire, M. Gibergues, à cent-cinquante kilomètres à l’intérieur des terres. C’était en janvier 1927.
Le 9 avril suivant, Mgr Jantzen envoya un courrier « express » à M. Gibergues pour lui donner l’ordre de faire venir immédiatement M. Roussel à Chongking, laissant le curé du lieu libre de rester sur place. Il venait en effet de se produire un commencement d’émeutes xénophobes en Chine, et le centre de ce mouvement était précisément Chongking, où le gouverneur chinois lui-même était pris à partie. Depuis la chute de la dynastie mandchoue en 1911, la Chine n’avait pu retrouver son équilibre, les guerres civiles étaient endémiques. Depuis quelque temps, elle s’était tournée vers la Russie soviétique et glissait peu à peu vers le communisme. On rendait les étrangers responsables de tous les malheurs du pays, d’où une xénophobie exacerbée. Devant cette situation, les gouvernements étrangers avaient pris des mesures pour protéger la sécurité de leurs ressortissants. Le gouvernement français avait donc prévenu les évêques français de faire évacuer une partie des missionnaires pour les grouper à Shanghai en attendant l’avenir.
Quant au gouverneur de Chongking, il affirmait aux étrangers qu’il maintiendrait l’ordre et prenait sur lui la sécurité de leur vie. De fait, à un meeting très violent sur la place, face au consulat français, le chef de bande donna l’ordre d’attaquer le consulat. À ce moment, des gens disséminés dans la foule, déguisés en coolies, sortirent leur revolver et tirèrent sur les émeutiers. Plus de deux cents furent tués ou vinrent s’écraser en sautant les remparts, c’étaient tous des jeunes. Immédiatement la police fit une descente dans toutes les écoles.
M. Roussel ainsi que plusieurs missionnaires âgés s’étaient donc embarqués pour rejoindre Shanghai où ils arrivèrent le 29 avril après un voyage mouvementé. Les bateaux, accompagnés de deux canonnières américaines, descendirent le Fleuve Bleu. En passant aux environs de Nanjing, les bateaux furent attaqués par des bandes de soldats, les canonnières se mirent en position et firent sauter les villages qui abritaient les assaillants M. Roussel trouva Shanghai sur pied de guerre, prête à toute éventualité, et il y resta jusqu’en août. L’alerte avait été chaude, mais vu la réaction énergique du gouvernement chinois, tout se calma et il put regagner son poste pour y continuer l’apprentissage du chinois.
M. Gibergues le plaça dans une famille chinoise en compagnie d’un séminariste qui était son professeur. Leurs chambres avaient pour voisinage l’étable à cochons et le buffle. Son premier étonnement, le soir après souper, en se promenant dehors, fut d’entendre, venant des quatre coins du vallon, les chrétiens réciter leurs prières en famille. Chaque matin, il célébrait la messe dans la pièce centrale de la maison et une vingtaine de personnes y assistaient. Il eut beaucoup de mal à s’habituer à la nourriture très épicée et aux bâtonnets, aussi chaque quinzaine, le curé lui envoyait-il du pain, un pain très complet, de couleur grise. Le 8 décembre, il commença à entendre des confessions, et dut avouer qu’il n’avait pas compris grand-chose. Le 11 décembre, il fit son premier ser¬mon. Aux personnes qui le félicitaient, il demanda de lui résumer ce qu’il avait dit, ce que ceux-là furent incapables de faire.
En 1928, Mgr Jantzen demanda au jeune missionnaire d’aller au petit séminaire tenir compagnie au supérieur, M. Aymard, en qualité de professeur de latin. La situation n’était pas des plus calmes, et l’année suivante, le séminaire fut entouré pendant huit jours d’une bande de brigands, mais ce ne fut qu’une fausse alerte.
En 1930, le Vicariat apostolique de Chongking céda une partie de son territoire pour former le nouveau vicariat apostolique de Wanshein. Comme le séminaire était situé dans ce nouveau vicariat, M. Roussel revint à Chongking, d’où il fut envoyé en paroisse pour quelques mois seulement, car en octobre il dut rejoindre le nouveau petit séminaire de Chongking, en tant que professeur et économe, et il en devint le supérieur en 1934. L’année suivante, il demanda et obtint la permission de rentrer en France pour faire un essai de vie contemplative à la Trappe de Soligny dans l’Orne. Cet essai ne dura que trois mois, et « un peu penaud », comme il l’avoua, il revint à Chongking et rejoignit le petit séminaire où pendant six années il vécut en compagnie de trois prêtres chinois dans une entente parfaite.
En 1949, le même « mal » le reprit, et il quitta de nouveau la Mission pour entrer au Perthus, près de Perpignan, dans la congrégation des Ermites de Marie. Cette vie dans le grand silence de la montagne l’attirait, mais au bout de trois mois, il demanda à rentrer en Chine. Il n’était plus possible de retourner à Chongking, occupé par les communistes, il fut donc envoyé à Hongkong, à l’imprimerie de Nazareth où il resta jusqu’en 1953. Agé de quarante-huit ans, le P. Roussel apprit à parler le dialecte cantonnais, ce qui lui permit de faire un peu de ministère et d’aller tous les jeudis en l’île de Lamma visiter les sœurs des Missions Étrangères qui élevaient quatre-vingts enfants.
À la fermeture de l’imprimerie en 1953, le P. Roussel fut nommé économe de la maison de repos de Béthanie. Là, jusqu’en 1972, il se dépensa sans compter au service de différentes œuvres charitables. Il seconda efficacement les PP. Chevalier et Madéore à la paroisse de Kennedy Town, continua ses visites aux sœurs des Missions Étrangères, s’occupa de la Légion de Marie, ainsi que des carmélites. Il était infatigable.
Retiré à la maison d’accueil de Lauris en 1972, il seconda le curé de Lauris dans les petits détails du service de la paroisse.
Il était très attaché à sa famille, aussi alla-t-il célébrer ses cinquante ans de sacerdoce en 1976, puis ses soixante ans de sacerdoce en 1986, dans sa paroisse natale. À cette dernière occasion, il eut le bonheur d’être fêté par soixante-treize nièces et neveux.
Le P. Antoine Roussel est décédé à Lauris le 4 mars 1990, âgé de quatre-vingt-huit ans. Sa piété et son zèle, toujours empreints de discrétion, restent exemplaires.
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References
[3324] ROUSSEL Antoine (1902-1990)
Références biographiques
AME 1926-27 p. 197. 1928 p. 13. CR 1926 p. 167. 1927 p. 45. 1928 p. 48. 1932 p. 79. 1937 p. 51. 1939 p. 52. 1961 p. 43. 1962 p. 108. 1965 p. 59. 1969 p. 176. BME 1926 p. 520. 1927 p. 113. 1928 p. 558. 1933 p. 50. 1936 p. 189. 278. 1940 p. 484. 1941 p. 39. 1948 p. 12. 13. 1952 p. 419. 1953 p. 694. 1954 p. 142. 1956 p. 809. 1957 p. 362. 574. 1959 p. 649. 651. 1960 p. 555. 1027. 1961 p. 400. EPI 1962 p. 691. Enc. PdM. N° 5 p. 3 - 14 p. 4. ECM 1942 p. 125. EC1 N° 111. 116. 312. 325. 468. 481. 525. 676. 686. 779. EC2 N° 2P34. 11P321. 48P5. 53/C2. 93P50. 129P148. 140/C2. 248/C2. HIR 188/4. 250/1. Arch. MEP : sa notice par lui-même. MEM 1990 p. 37-41.