Pierre CAVAILLIER1904 - 1973
- Status : Prêtre
- Identifier : 3336
Identity
Birth
Death
Biography
[3336] CAVAILLIER Pierre est né le 20 août 1904 à Compiègne (Oise). Il entre au Séminaire des Missions Etrangères le 6 septembre 1920. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1927 et part le 11 septembre suivant pour la mission du Laos. Après l’étude de la langue à Nong Tham, il est chargé, en 1928, du poste de Ban Uet. Expulsé en 1940, avec les autres missionnaires, il enseigne pendant trois ans au collège de la Providence à Hué. En 1946, il revient au Laos et travaille dans la région de Houei Mong, Khampheng et Savang. Après 1950, il est affecté au vicariat apostolique de Thakhek et s'occupe plus spécialement de la minorité des Khas Ta Oi, et construit pour les lépreux de cette ethnie un village-hôpital à Nam Sai, au sud de Pakse. Atteint d'un cancer, il est rapatrié en France en 1973. Il meurt peu après son arrivée, le 19 juin 1973, à l'hôpital Pasteur de Paris. Il est inhumé dans le caveau de sa famille au cimetière de Gouvieux (Oise).
Obituary
[3336] CAVAILLIER Pierre (1904-1973)
Notice nécrologique
• Né le 20/ 8/1904
• Prêtre le 29/ 6/1927
• Parti pour le Laos le 11/ 9/1927
• Ministère au Laos 1927–1973
• Décédé à Paris le 19/ 6/1973
Le Père Pierre CAVAILLIER naquit à Compiègne le 20 Août 1904. Après ses études primaires à Compiègne et ses études secondaires à Paris, il entra aux Missions Etrangères le 6 Septembre 1920. Il fut ordonné prêtre le 29 Juin 1927 et destiné le jour même à la Mission du laos, où il arriva vers la fin de cette même an¬née.
Nous reprenons l’homélie qui fut prononcée lors de ses obsèques, en la raccourcissant légèrement. Elle donne un excellent aperçu des circonstances qui ont entouré la vie du Père Cavaillier en mission et de son travail missionnaire. « En 1927, la Mission du Laos était dirigée par Mgr Gouin qui était au Laos depuis 25 ans. C’était un immense territoire qui comprenait tout le Royaume du Laos proprement dit où l’on compte actuellement 4 diocèses et la partie orientale de la Thailande qui a formé depuis 2 autres diocèses. C’était vraiment la mission de brousse avec peu de chrétiens et peu de moyens.
A son arrivée en Mission, le jeune P.Cavaillier fut donné comme vicaire au P. Burguière, chargé du district de Nong Tham, dans la région d’Ubon (Thailande). C’est le Père Burguière qui enseigna au jeune missionnaire les rudiments de la langue. Et dès Avril 1928, le P.Cavaillier put voler de ses propres ailes et se fixer à Ban Uet où il se mit courageusement à l’œuvre. Les comptes rendus de l’époque signalent qu’il eut en 1929 35 baptêmes d’adultes et autant en 1930. Il écrit à cette époque : “J’aurais pu arriver à de meilleurs résultats si j’ avais eu plus de temps à consacrer à chacune de mes nombreuses stations et si la préparation des matériaux pour deux nouvelles églises m’avait donné moins de tracas.” Cela n’empêche que des 1931, il a à sa charge plus de 1.000 chrétiens dispersés en 6 chrétientés, très éloignées (jusqu’à 150 kms) les unes des autres. Mais le Père n’avait pas seulement souci du bien-être spirituel des chrétiens. Il sentait que l’homme est un tout et il savait qu’un minimum de bien-être matériel est nécessaire pour pratiquer la vertu. C’est pour cela qu’il s’intéressait aux cultures pratiquées par ses chrétiens et comme la région n’était pas fertile, il s’occupait de faire venir de Bangkok dos engrais.
De 1931 à 1939, le nombre des baptêmes progresse régulièrement dans la mission du Laos ; peu à peu aussi le nombre des ouvriers apostoliques augmente avec l’arrivée en 1934 des Sœurs de la Charité de Ste Jeanne Antide, en 1935 des Pères Oblats qui prennent en charge la partie Nord du Laos, en 1936 l’ordination de 3 prêtres du pays.
En 1939 éclate la guerre. Pour des raisons d’ordre politique auxquelles les missionnaires n’auraient pas dû être mêlés, le P.Cavaillier et tous ceux qui se trouvaient en Thailande furent expulsés. Le P.Cavaillier partit pour le Viet Nam en 1941 et fut pendant 3 ans professeur à la Providence de Hué, où il était chargé en particulier des séminaristes laotiens qui y faisaient leurs études.
Pendant ce temps, la Mission continuait normalement au Laos proprement dit, à l’Est du Mékhong. Mgr Gouin démissionna et sacra son successeur Mgr Thomine en Novembre 1944. hais le 9 Mars 1945 est une grande date pour toute l’histoire de l’Indochine. C’est ce jour-là que les Japonais mirent la main sur le paye et décidèrent d’exterminer ou tout au moins d’interner tous les Français qui y résidaient. C’est ainsi que les 2 évêques, le P. Tibaut et des fonctionnaires français furent fusillés douze jours plus tard dans la forêt. C’est le P. Cavaillier, aidé d’un officier français qui avait échappé au massacre, qui, au péril de leur vie, découvrirent les corps et leur donnèrent une sépulture provisoire.
En 1950, la Mission du Laos était divisée de part et d’autre du Mékhong. C’est ainsi que le P.Cavaillier passa au Vicariat Apostolique de Thakhek, dans le Laos proprement dit. Cette même année 1950 ses 2 postes de Houei Mong et Savang furent pillés par les forces dissidentes du Laos. Malgré l’insécurité, il put visiter ses chrétiens en allant à pied et en se cachant. En 1951, nous trouvons le P.Cavaillier à Khamphëng au milieu des Khas, une peuplade dont il lui faut apprendre la langue. En 1953, la guérilla s’intensifie : l’évêque, Mgr Arnaud et trois missionnaires sont pris par le Vietminh ainsi que la Supérieure des Sœurs de la Charité. Tout à travers la foret, par marches et contre-marches, ils furent emmenés jusqu’au Nord Vietnam. Au cours de cette “promenade” de près de 1.300 kms, le P. Malo succomba d’épuisement. Pendant ce temps le P. Cavaillier, malgré de nombreuses difficultés, continue à s’occuper des Khas. Il se rond compte qu’il y a parmi eux des lépreux. Il organise donc un village-hôpital qui lui donne beaucoup de soucis financiers car il faut nourrir et soigner ces malheureux dont le nombre s’élèvera bientôt à 200. Il suivit des cours de médecine pour mieux s’occuper de ces pauvres gens. Il leur applique les nouvelles méthodes et les nouveaux traitements. Ainsi un certain nombre d’entre eux sont “balchis”(guéris) et c’est pour eux que le Père créa un nouveau centre.
C’est là qu’il exerça son ministère jusqu’au bout. Mais il était à bout de force. Sans qu’il s’en doutât, il était atteint d’un cancer du poumon. Arrivé en France, le 12 juin, il fut hospitalisé presque immédiatement, mais le mal était sans rémission. Le 19 Juin, il rendait son âme à Dieu après 46 années passées au Laos, dans les conditions que nous venons de rappeler brièvement.
Les épreuves ne manquèrent pas au P.Cavaillier. Mais au milieu de tous à ces dangers, il garda constamment son dynamisme et sa confiance en Dieu. Jusqu’aux toutes dernières semaines de sa vie, sa tête fut pleine de projeta de toutes sortes, en faveur de ses lépreux et autres malheureux. Nul doute que ce fut une belle vie : belle parce qu’entièrement donnée aux plus pauvres parmi les pauvres, dans des conditions physiques, matérielles souvent très éprouvantes. Il nous laisse un exemple de charité, de dynamisme et d’optimisme surnaturel dont nous avons toujours besoin.