Élie MAILLOT1904 - 1986
- Status : Prêtre
- Identifier : 3387
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Biography
[3387] MAILLOT Élie est né le 7 juin 1904 au Barboux (Doubs).
Il fait ses études primaires à Barboux et au Russeye et ses études secondaires à Maîche, puis il est admis à Bièvres le 15 septembre 1922. Ordonné prêtre le 29 juin 1929, il part le 8 septembre suivant pour la mission du Kouangsi (Chine)
Sa vie missionnaire se divise en trois périodes : Kouangsi (1929-1949), Vietnam (1949-1967), île Maurice (1970-1977), avant la retraite forcée pour cause de maladie.
Kouangsi (1929-1949)
La région de Nanning, à l'ouest de Canton, est infestée de brigands, mais profitant d'un moment d'accalmie, le P. Maillot parvient à Long Tchéou, où se trouve le P. Barrière. Le calme ne durera pas longtemps : à la mi-février 1930, les communistes pillent et incendient la mission. Les Pères s'enfuient et parviennent à atteindre la mission de Lang Son, où ils sont accueillis par les Pères Dominicains. Au bout de huit jours, le P. Maillot se rend à Hanoi. Mais il essaie de rentrer au Kouangsi, et en septembre 1931 il est envoyé à Tai Pin Fou pour relever les ruines. Il installe d'abord une résidence provisoire, puis reconstruit le poste et l'église. En 1933, le P. Billaud, arrivé de Paris à Nanning en 1932, est destiné à la région sud où travaille le P. Maillot. Tous deux feront équipe pendant plusieurs années. Tout en travaillant à Tai Pin Fou, le Père Maillot fonde la chrétienté de Palem, à quelques heures de marche de là, et construit une résidence et un dispensaire, où il peut soigner son premier lépreux.
Depuis 1937, la guerre sévit entre la Chine et le Japon qui veut dominer tout le Sud-Est asiatique. Survient alors l'occupation japonaise. Ces incidents n'empêchent pas le P. Maillot de faire des plans pour la fondation d'une léproserie à Ting Leung, car il espère réunir et soigner les nombreux lépreux dispersés dans la région. Il lui faut d'abord l’autorisation d’acheter un terrain, qu’il obtiendra grâce à l'intervention d'un personnage important, Ma Sian Pe, ancien diacre jésuite réduit à l'état laïc. Il construit alors la cité de Ting Leung, « Cité à la brise légère ». Pour le soin des malades et la catéchisation des infirmes qui le désirent, il fait appel à une petite une congrégation diocésaine de religieuses chinoises, les vierges de la Sainte Famille.
Au mois d'août 1940, la léproserie de Ting Leung est complètement pillée par les troupes japonaises. Par peur des Japonais, les malades et le personnel se dispersent, puis le ‘beau temps’ revient. Les malades récupèrent les bâtiments qui n'ont pratiquement pas été endommagés, et la vie continue pour le P. Maillot, toujours en quête de subsides pour sa léproserie. Décoré de la Légion d'honneur en 1948, ne voudra jamais la porter.
En 1949, les troupes de Mao Tse Tung envahissent peu à peu le pays. L'armée nationale chinoise commandée par Chang Kai Chek cède partout du terrain et finit par se replier avec le gouvernement à Taiwan.
Vietnam (1949-1967)
Le P. Maillot est à ce moment-là au Tonkin et il se trouve bloqué sans pouvoir rentrer au Kouangsi. Connaissant particulièrement le directeur des Charbonnages du Tonkin, il propose ses services pour s'occuper des nombreux Chinois venus travailler dans cette entreprise. Il sert alors d'interprète. Peu à peu des religieuses chinoises et des chrétiens peuvent s'échapper du régime communiste et rejoindre le Père Maillot. Il s'établit dans le centre de Montferrand, situé entre Campha Mines et Campha Fort.
Pendant ce temps, les événements suivent leur cours. Les accords de Genève coupent le Vietnam en deux parties : le Nord jusqu'au 18ème parallèle, abandonné aux communistes, et le Sud dirigé par un gouvernement d'union nationale. D'autre part, d'après les accords de Genève, les troupes françaises peuvent stationner à Haiphong et dans toute la région des Mines jusqu'en mai 1955. Sans plus tarder, le Père Maillot se met à évacuer tout son personnel, ainsi que tout le matériel dont il dispose. Une fois arrivé dans le Sud, il s'établit dans la plantation Michelin de Quanag Loi, où il restera jusqu'en août 1967. Il peut ainsi travailler au milieu des Chinois, donner plusieurs baptêmes d'adultes et avoir cent vingt-deux chrétiens dans cette plantation. Mais peu à peu, ces Chinois quittent la plantation pour devenir commerçants et s'adonner en ville à une profession plus en rapport avec leur tempérament. De plus, l'insécurité augmentant dans le pays, le Père Maillot doit quitter la plantation et la région en août 1967.
Île Maurice (1970-1977)
Il rejoint alors Hong Kong, où il devient vicaire du P. Madéore à la paroisse de Kennedy Town, puis il se repose quelque temps à la maison de Béthanie, avant de quitter l’Asie pour la France. Il retrouve ainsi son pays natal, après un séjour de trente-neuf ans en mission. Mais il rêve de continuer sa vie missionnaire, et il demande à partir pour Madagascar. Il est affecté au centre chinois du Père Cotto à Tamatave, en décembre 1969. Il n'y reste pas longtemps et part en septembre 1970 pour l'île Maurice.
Arrivé à l'île Maurice, il est nommé vicaire à la cathédrale de Port-Louis. Là, en plus du service paroissial, il commence à visiter les familles chinoises de la paroisse. Chaque jour, il assure à la cathédrale le service des confessions, et il est très apprécié des fidèles, des religieuses et des prêtres.
France (1977-1986)
En juin 1977, il est frappé d'une congestion cérébrale bénigne, qui entraîne cependant un léger trouble des facultés intellectuelles.
Il revient en France et le 12 août 1979, il célèbre à Malbuisson son jubilé d'or sacerdotal et demande l'autorisation de se retirer à Montbeton.
Il a alors soixante-quinze ans. Peu à peu, son état de santé se dégrade; les jambes ne le portent plus, et il devient de plus en plus dépendant.
Il rend son âme à Dieu le 27 février 1986. Le 1er mars, après la messe célébrée dans la chapelle de Montbeton, deux de ses neveux l'emmènent au Barboux, sa paroisse natale, où les obsèques sont célébrées le 2 mars après-midi, avec la participation d'une vingtaine de prêtres dont plusieurs pères MEP. Son corps est déposé dans le caveau de sa famille.
Dans sa mission du Kwangsi, toujours plus ou moins en ‘ébullition’, il trouva un ministère qui correspondait à son tempérament, à son goût du risque, à son esprit d'organisation et à son zèle. Il put faire valoir toutes ces qualités pendant vingt ans au Kwangsi, puis à Nanning et à l'Île Maurice jusqu'à sa retraite.
Obituary
Le Père Élie Jean MAILLOT
Missionnaire à NANNING, au VIETNAM et à l’ÎLE MAURICE
1904 - 1986
MAILLOT Élie Jean
Né le 7 juin 1904 au Barboux, diocèse de Besançon, Doubs
Entré aux Missions Étrangères le 15 septembre 1922
Prêtre le 29 juin 1929 - Destination pour Nanning (Kwangsi)
Parti le 8 septembre 1929
En mission : Au Kwangsi :1929-1949
Au Vietnam : 1949-1965
Île Maurice : 1970-1977
En France : Rentré malade le 15 juillet 1977
Se retire dans sa famille
Se retire à Montbeton en novembre 1979
Décédé à Montbeton le 27 février 1986
Inhumé au Barboux le 2 mars 1986
Voir cartes nos 1, 2 et 7
Enfance et jeunesse
Élie, couramment appelé Jean Maillot naquit au Barboux, diocèse de Besançon, le 7 juin 1904. Sa famille compta quatre enfants : son frère Louis qui fut sénateur puis député, son frère René, mort en déportation pour avoir hébergé des réfractaires au STO dans sa ferme de La Roche, à Rigney, et une sœur qui épousa Monsieur Renaud ; c’est la mère de Paul Renaud, missionnaire au Japon.
Après ses études primaires au Barboux puis au Russey, il entra à l’École Montalembert, autrement dit le petit séminaire de Maîche, pour ses études secondaires qu’il termina en 1922. Rentré dans sa famille pour les vacances, il fit sans tarder sa demande d’entrée aux Missions Étrangères, dans une lettre datée du 2 juillet 1922. Suivant l’usage, une demande de renseignements fut adressée au supérieur du petit séminaire. Et voici sa réponse en date du 8 juillet 1922. « Jean Maillot est un fort et vigoureux jeune homme qui vient d’achever sa dix-huitième année. Il sort d’une famille de riches cultivateurs très chrétiens. Ses parents lui laissent toute liberté de suivre sa vocation. Jean a suffisamment d’intelligence ; il est sincèrement pieux, mais il est aussi un peu volontaire et aura besoin d’énergie et de grâces pour s’assouplir. Il préfère le travail du corps à celui de l’esprit. Vous pouvez, je crois, l’admettre sans crainte. » De fait Jean Maillot fut admis le 12 juillet 1922 et entra à Bièvres le 15 septembre 1922. Il accomplit son service militaire, du mois de mai 1925 au mois de novembre 1926. Une rumeur qui a traversé les années nous rapporte qu’à la suite de certaines manifestations à la caserne, Jean Maillot fit un certain temps de prison : ce qui lui valut de faire un certain temps de « rabiot » et de rester à la caserne un peu plus longtemps que les « enfants sages » de son contingent. La même rumeur rapporte aussi que, revenu à la Rue du Bac, il faisait partie d’un groupe de « Camelots du roi ». Nous n’avons aucun détail sur ses activités politiques qui remontent aux années 1926 et suivantes. Quoi qu’il en soit au juste, ce ne fut pas grave, puisque Jean Maillot fut appelé normalement aux Ordres et ordonné prêtre le 29juin 1929. Suivant la tradition d’alors, il reçut sa destination le soir même pour la Mission de Nanning, au Kwangsi dans la Chine du Sud, à proximité du Tonkin. Il partit le 8 septembre 1929. Alors commence sa vie missionnaire ardente et mouvementée que nous allons essayer de retracer avec le plus d’exactitude possible.
Cette vie missionnaire peut se diviser sommairement en trois périodes : au Kwangsi (1929-1949) ; au Vietnam, Nord et Sud (1949-1967) ; puis un intermède de quelques mois à Hongkong et retour en France pour la première fois depuis 39 ans ; enfin l’Île Maurice (1970-1977). Puis ce fut la retraite forcée pour cause de maladie, d’abord dans sa famille puis à Montbeton, où il décéda le 27 février 1986.
Au Kwangsi (1929-1949)
D’entrée de jeu, disons que la province du Kwangsi dont la capitale est Nanning est une province où fourmillaient de multiples bandes de pirates. Située à l’ouest de Canton, c’était un peu le bagne pour toute la Chine, depuis des décennies. De plus, au moment de l’arrivée du P. Maillot, un fort groupe de pirates s’est installé près de la frontière de la Chine et du Tonkin, près du poste de Dông Dang pratiquement sur la frontière et tout à fait à proximité de la « porte de Chine ». Au bout d’un certain temps qu’il n’est pas possible de déterminer au juste, et avec l’aide des Pères Dominicains, le P. Maillot prend le train avec tous ses bagages et réussit à gagner le poste de Long Tchéou où se trouve le P. Barrière. À ce moment, la région était relativement calme : ce qui permit au P. Maillot d’arriver à Long Tchéou sans trop de difficultés. Mais le calme ne devait pas durer. À la mi-février 1930, il y eut une attaque des communistes. Tout fut pillé, la mission fut incendiée. Le P. Barrière, le P. Maillot, avec un petit groupe de religieuses chinoises et six orphelines, réussirent à s’enfuir et cela sous la protection d’un chef de brigands! Mais en cours de route, le chef des brigands en question s’éprit d’une des orphelines et il ne voulait pas la lâcher. On négocia une rançon et le P. Maillot fut autorisé à se rendre à Hanoï pour emprunter l’argent nécessaire à la rançon. Une fois la rançon payée, leur voyage continua cahin-caha jusqu’à la mission de Lang Son où ils furent accueillis par les Pères Dominicains avec beaucoup de charité. Au bout de huit jours, tous partirent pour Hanoï. Le P. Barrière entra à la clinique Saint-Paul. Les religieuses et les orphelines furent hébergées à l’asile tenu par les Sœurs de Saint-Paul de Chartres. C’est à la même époque que fut arrêté le P. Crocq en charge du poste de Tai Pin Fou ; là aussi tout fut pillé et saccagé. Le P. Crocq fut retenu par les communistes pendant quelques jours, puis conduit à la frontière du Tonkin. Arrivé à Lang Son, il fut hospitalisé. C’est encore à cette époque que se situe l’histoire d’une statue de Notre-Dame de Lourdes qui se trouvait dans l’église du P. Crocq à Tai Pin Fou. C’était une statue en plâtre tout à fait ordinaire, donc tout ce qu’il y avait de plus fragile. Comme elle était placée assez haut sur son piédestal, tout d’abord les communistes ne l’avaient pas vue. Ils la firent brutalement tomber de son piédestal avec un bambou. Normalement elle aurait dû se briser en mille morceaux. Or elle resta intacte. Alors on la frappa avec des haches et des sabres, sans pouvoir l’entamer. Alors les communistes l’emportèrent au poste et essayèrent encore de la briser, mais toujours sans succès. Sans doute pris de peur, ils la confièrent à un chrétien ; celui-ci décédé, elle passa dans les mains d’un païen qui l’emporta dans la montagne. Entre-temps, le P. Maillot avait été chargé du poste de Tai Pin Fou pour en relever les ruines. Il com¬mença par aménager une résidence provisoire avec une pièce pour célébrer la messe et réunir les chrétiens. Un beau dimanche, alors qu’il célébrait la messe, quelqu’un déposa une lettre à sa porte. Le Père prit connaissance de la lettre. C’était une invitation, envoyée par les autori¬tés de la ville, pour venir prendre cette statue à tel endroit. Le P. Maillot envoya deux hommes avec une couverture ; il leur remit sa carte et peu de temps après il vit revenir les deux hommes portant sur leurs épaules la fameuse statue enveloppée dans la couverture! Elle était parfaitement intacte, sauf une petite égratignure au bas de sa «robe», mais cette égratignure — au témoignage du P. Crocq — s’était produite au cours du voyage en venant en France. Tous les mauvais traitements que lui avaient fait subir les communistes ne l’avaient pas endommagée. Fait extraordinaire, bien sûr, qui ne fit qu’augmenter la confiance du P. Maillot en la Sainte Vierge : il aura d’ailleurs bien besoin de sa protection tout au long de sa vie ! Après l’avoir nettoyée, le P. Maillot l’installa dans sa chapelle provisoire.
Mais revenons un peu en arrière pour reprendre le fil de notre récit. Nous avons laissé le P. Maillot à Hanoï. Au début de cette année 1930, nous le trouvons de nouveau à Lang Son. Il essaie de rentrer au Kwangsi et de rejoindre le P. Cayssac à Namoung. Il réussira en juin-juillet 1930. Il n’a pas encore pu aller à Nanning pour voir son évêque. Il fait un essai en avril 1931, mais sans succès ; il est obligé de rebrousser chemin : c’était le 23 avril 1931.
C’est au mois de septembre 1931, qu’il fut envoyé à Tai Pin Fou, ancien district du P. Crocq, pour relever les ruines. Il se mit au travail avec l’ardeur qui le caractérisait. Comme nous venons de le dire, il installa d’abord une résidence provisoire, puis peu à peu reconstruisit le poste et l’église.
Au mois de novembre 1931, il se rend à Nanning pour soigner une fièvre tenace. Est-ce la première fois qu’il va à Nanning et rencontre son évêque ? Il est difficile de le dire, car les divers documents ne sont pas suffisamment précis. Une fois remis sur pied, il regagne son poste de Tai Pin Fou et continue son travail de constructions et son ministère. Autant qu’on peut en juger, il semble qu’un certain calme règne dans la province.
En 1933, il apprend une bonne nouvelle. Le P. Billaud, arrivé à Nanning à la fin 1932, est destiné à la région sud où travaille le P. Maillot. Ce dernier vient donc à Nanning pour recevoir le jeune arrivant et l’emmener avec lui dans la région Sud : Tai Pin Fou et Namoung. Ils vont désormais faire équipe pendant plusieurs années. Au mois de juin 1933, le P. Maillot se paie un petit voyage de quatre jours à Nanning.
En 1934, comme nous venons de le dire, le pays est relativement calme. Avec le P. Billaud, ils s’en vont à Nanning pour participer à la retraite annuelle prêchée par Mgr Hedde, Préfet apostolique de Lang Son. Au retour — événement sensationnel pour le pays du Kwangsi, tous les deux, Mgr Hedde et lui, reviennent en avion jusqu’à Long Tchéou : une heure de vol, alors qu’autrefois il fallait quinze ou vingt jours de barque pour faire le même trajet. On n’arrête pas le progrès, même au Kwangsi ! Le P. Costenoble qui fait partie du voyage en reste tout éberlué.
Tout en travaillant à Tai Pin Fou, le P. Maillot ne s’enferme pas dans ce poste ; il fonde la chrétienté de Palem, à quelques heures de marche, avec une résidence et un dispensaire qui est très fréquenté. C’est là qu’avec des médicaments locaux trouvés au Tonkin il soigne son premier lépreux et réussit à améliorer son état.
Depuis 1937, la guerre sévissait entre la Chine et le Japon. Le Japon avait des visées expansionnistes et voulait dominer tout le Sud-Est asiatique pour en faire ce qu’il appelait la « Grande sphère de prospérité asiatique ». Cette guerre se traduisait par l’occupation militaire et par les bombardements. C’est ainsi que le 8 janvier 1938 la ville de Nanning fut sévèrement bombardée par les Japonais. Le P. André Martin fut tué et le P. Joseph Cuenot grièvement blessé. Évacué sur Hanoï, il fut très bien soigné à l’hôpital Lanessan. Le P. Maillot se prêta charitablement à une transfusion de sang qui revigora le blessé.
Fondation de la léproserie de Ting Leung
Depuis longtemps le P. Maillot avait en vue la fondation de cette léproserie pour réunir et soigner les nombreux lépreux qui traînaient un peu partout dans la région, mais la chose n’était pas facile, car il y avait obstruction de la part des autorités locales. Chaque année le P. Maillot présentait une demande et un dossier aux autorités provinciales, et chaque année aussi tout était bloqué par les autorités locales, tant on avait peur de la lèpre ! « Comment ! Réunir les lépreux dans un endroit ! Jamais de la vie! » Donc la question n’avançait pas. Le P. Maillot avait jeté son dévolu sur un terrain tout à fait apte pour l’établissement de cette léproserie. Après d’innombrables tractations « à la chinoise », il put enfin obte¬nir ce terrain. Cette autorisation fut obtenue grâce à l’intervention d’un personnage important, Ma Siang Pe, un ancien diacre jésuite réduit à l’état laïc. Il avait collaboré avec Sun Yat Sen pour la fondation de la République de Chine; il avait eu aussi un certain rôle dans la fondation de l’Université de l’Aurore à Shanghai. Ma Siang Pc et surtout sa nièce Thérèse intervinrent auprès du Sous-Préfet de Keo-Lin qui accorda le terrain et arrangea aussi une affaire survenue au P. Billaud.
D’après les Annales des Missions Étrangères du mois d’avril 1939, « le P. Maillot prépare la fondation d’une léproserie. Il a obtenu du Gou¬vernement un terrain propice. Les lépreux ne manquent pas dans son district ; il voudrait les réunir, les abriter, les soigner ». Le P. Maillot se met donc à l’œuvre et les Annales de septembre-octobre 1939 rapportent que « le P. Maillot, à la tête d’une cinquantaine d’ouvriers, travaille avec acharnement à la construction de sa léproserie. Les travaux de défrichement sont en cours et la construction des bâtisses commencée.» Au début, le P. Maillot fit appel à des ouvriers, mais dans la suite les lépreux eux-mêmes construisirent les bâtiments. Peu à peu aussi il réunit tout un cheptel constitué de buffles, de bœufs employés à cultiver les terrains dépendant de la léproserie, et aussi de chevaux, soit pour voyager, soit pour le transport du riz.
Peu à peu, le P. Maillot avait construit une vraie « cité » la « Cité à la brise légère » : telle est la traduction des deux mots chinois Ting Leung. Un des gros soucis du P. Maillot était d’avoir de quoi nourrir ses pensionnaires dont le nombre augmentait, car les lépreux s’étaient bien rendu compte qu’ils étaient bien soignés. Le P. Maillot profitait du moment où le prix du riz était le plus bas pour faire sa provision. Il en faisait aussi venir du Tonkin par barques. Au Tonkin aussi, il se procurait, grâce à ses connaissances et ses bienfaiteurs, des pièces en argent et des taels d’or qui évidemment avaient beaucoup plus de valeur que la monnaie-papier. Il quémendait des secours tant du côté chinois qu’auprès des autorités françaises en Indochine ; il avait tout un réseau de bienfaiteurs : ce qui lui occasionnait de nombreux voyages qui d’ailleurs ne lui déplaisaient pas, et pendant ses fréquentes absences c’est le P. Billaud qui supervisait tout.
Pour le soin des malades et pour catéchiser les infirmes qui le désiraient, le P. Maillot avait une petite communauté de religieuses chinoises, « les Vierges de la Sainte Famille », une congrégation diocésaine, dont la Sœur Vong qui se trouverait encore présentement à la léproserie. Plus tard vinrent aussi au service des malades quelques Sœurs canadiennes de Notre-Dame des Anges. Elles furent expulsées par les communistes en 1949. Dans cette léproserie, on ne prononçait jamais les mots de lèpre ni de lépreux. Tous les pensionnaires étaient des « malades ».
La léproserie n’était pas une prison. Il y avait cependant un minimum de règlement. Si l’un des malades avait le « mal du pays » et voulait quitter, il lui fallait un billet signé du directeur, le P. Maillot, moyennant quoi il pouvait être réadmis. Sinon il ne pouvait revenir à la léproserie. L’un d’entre eux, justement parti sans cette autorisation, traînait sa misère dans les environs avec quelques compagnons d’infortune. Comme il fallait bien vivre, ils essayèrent de voler. Mais la garde veillait. Un soir entendant du bruit dans les herbes, le P. Maillot tira et l’un de ces voleurs, ancien pensionnaire, fut grièvement blessé. Le Père envoya alors une religieuse qui le baptisa après l’avoir sérieusement sermonné. Il avait une connaissance suffisante de la religion, car il avait assisté aux cours de religion donnés par les religieuses. Peu après son baptême, il mourut : ce qui faisait dire au P. Maillot qu’il avait baptisé quelqu’un après l’avoir tué ! Pour le P. Maillot et le P. Billaud, la nuit fut agitée. Au petit matin, le P. Maillot, accompagné d’un chrétien en assez bons termes avec les autorités de la sous-préfecture, s’en alla « confesser » ce meurtre. La réponse qu’il reçut du Sous-Préfet fut celle-ci : « Des gens comme ça, tu peux en tuer autant que tu voudras, je ne me dérangerai pas pour aller voir ». L’affaire était donc close. Comme nous l’avons dit plus haut, le Japon était en guerre avec la Chine dont le gouvernement central était à Chung King. Les troupes chinoises étaient ravitaillées en matériel de guerre, au moins en partie, par le port de Haiphong, au Ton-kin : armes et munitions transitaient par ce port et étaient acheminées vers la Chine par Lang Son et donc par Kwangsi. À plusieurs reprises, le gouvernement japonais avait fait des remontrances à la France. Les troupes japonaises finirent par envahir le Kwangsi afin de couper la route du ravitaillement. Mais les Chinois qui ne manquent pas d’esprit inventif firent transiter leur matériel par Hanoï, Lao Kay et le Yunnan : ce qui ne faisait pas l’affaire des Japonais. Un ultimatum fut adressé à la France, et les troupes japonaises entrèrent au Tonkin. En fait, du côté français, on n’avait rien de valable pour résister aux Japonais. Un accord fut signé aux termes duquel le port de Haiphong était bloqué et les troupes japonaises pouvaient stationner et circuler sur tout le territoire de la Fédération Indochinoise. Mais les autorités françaises restaient en place et gouvernaient le pays. Cet état de chose continua, avec des hauts et des bas, jusqu’au 9 mars 1945, date à laquelle les Japonais mirent la main sur tout le pays et éliminèrent le Autorités françaises ainsi que l’armée. Ils proclamèrent l’indépendance du pays ; en fait c’étaient les Japonais qui gouvernaient. Il en fut ainsi jusqu’au 15 août 1945, date à laquelle les Japonais s’avouèrent vaincus sur tous les fronts. Mais le Vietnam tomba de Charybde en Scylla, car le pouvoir fut pris par les communistes vietnamiens à la tête desquels se trouvait Hô Chi Minh. Ce n’est pas le lieu de faire toute l’histoire de cette période qui a eu cependant des incidences avec la vie du P. Maillot, ainsi que nous le verrons.
Nous sommes en 1939-40. Au mois d’août 1940, la léproserie de Ting Leung fut complètement pillée par les troupes japonaises. Le P. Maillot réussit à gagner Hanoï et avoir une entrevue avec le Gouverneur général Decoux et avec le général japonais, et à obtenir de ce général une sorte de sauf-conduit qui mettait la léproserie à l’abri des exactions de l’armée japonaise, au moins en théorie.
Il put donc rentrer au Kwangsi, avec l’espoir de pouvoir travailler en paix, ce qui n’empêcha pas de nombreux incidents avec les troupes japonaises. On ne peut les rapporter tous. De plus le P. Maillot était spécialement tenu à l’œil, car en plus de ses soucis pour sa léproserie, il avait aussi des activités, disons parallèles, que les Japonais ne pouvaient pas ignorer, car leur service de renseignements était bien fait.
Voici donc quelques faits qui auraient pu devenir tragiques.
Les Japonais avaient établi de petits postes un peu partout à travers la campagne, et ils patrouillaient par petits groupes. Les voilà arrivés à la léproserie, chez le P. Billaud. Le chef du groupe découvre une bouteille de champagne que le P. Billaud avait ramenée d’un voyage à Moncay. Il trouva ce vin particulièrement à son goût. Heureusement qu’il ne découvrit pas les bouteilles de vin de messe cachées sous le lit. Puis il monte à l’étage où il remarque des boîtes qu’il prend pour des boîtes de petits pois en conserve. Il en prend quelques-unes et descend tout triomphant. On lui fait comprendre que ce sont des boîtes d’huile médicinale, un remède pour soigner les malades. Il lâche les boîtes, se frotte les mains, comme s’il avait déjà contracté la lèpre, siffle ses hommes et tout le détachement déguerpit sans plus insister.
Le P. Maillot avait appris quelques mots de japonais (trois ou quatre). Le P. Billaud rentrait de tournée ; quand il apprend que le P. Maillot est arrêté, ligoté, interrogé. Puis on le relâche. C’est alors qu’il sort le troisième mot japonais qu’il connaissait : arigato (merci). Après quoi, par interprète, à grands coups de caractères chinois, le P. Maillot raconte aux Japonais des histoires invraisemblables. Pendant ses études de médecine à Paris, il avait lié amitié avec de futurs médecins japonais, mais depuis lors, il avait beaucoup perdu de ce noble et difficile langage.
Une autre fois, les choses se corsèrent encore. La léproserie avait quelques fusils : un fusil de chasse, une vieille pétoire et aussi quelques armes de guerre, vestiges du temps de la grande piraterie. Bien renseignés, les Japonais demandèrent de les leur livrer. Le P. Maillot, de bonne foi, en avait déclaré disons neuf. En fait, à la fouille, on en trouva dix. Pour ce mensonge, le P. Maillot, fut frappé par des spécialistes qui savaient où cela faisait mal. Il rejoignit le P. Billaud dans la salle à manger. On ne savait pas du tout comment les choses allaient tourner. Tous les deux se donnèrent mutuellement l’absolution avec un grand signe de croix. Devant ces signes de croix — les plus beaux de toute leur vie — le sous-officier japonais fut tellement éberlué qu’il quitta les lieux sans demander son reste, emportant les armes, mais en oubliant la fameuse vieille pétoire. Après leur départ, avant de briser ce vieux fusil, on tira les deux cartouches qui restaient. De ce fait, le bruit courut dans le voisinage que les deux Pères avaient été tués par les Japonais. Heureusement, il n’en était rien. À cause de toutes ces visites des Japonais, les malades et le personnel s’étaient dispersés. Le P. Maillot jugea prudent, lui aussi, de s’éloigner pour un temps. Cependant il revint pour voir ce qui se passait. Un matin même, il dût abréger une messe pour courir se cacher dans un ravin, en habits sacerdotaux, pendant qu’une des religieuses — car elles étaient restées sur place — emportait le ciboire et recevait une balle dans le gras du biceps.
Puis le « beau temps » revint. Les malades récupérèrent les bâtiments qui n’avaient pratiquement pas été endommagés, et la vie continua avec ses soucis pour le P. Maillot, toujours en quête de subsides pour sa léproserie.
Il faut signaler ici que le P. Maillot reçut la Légion d’Honneur, en 1948, pour ses services rendus ; en fait, il ne voulut jamais la porter.
Et nous arrivons à la fin 1949. Comme nous l’avons dit ci-dessus, les Japonais avaient « baissé pavillon » le 15 août 1945. On aurait pu espérer qu’une ère de paix et de développement allait s’ouvrir pour la Chine. Hélas, il en fut tout autrement. Après le « péril » japonais, ce fut — et c est encore — le « péril » communiste. Les troupes de Mao Tse long envahirent peu à peu le pays, en commençant par la Mandchourie. L’armée nationale, commandée par Chang Kai Shek céda partout du terrain et finit par se replier avec le gouvernement à Tai Wan : telle est encore la situation actuellement, en 1986.
En fin 1949, le P. Maillot était au Tonkin, toujours en quête de ressources pour sa léproserie, quand il apprit que les communistes avaient « libéré » le Kwangsi et occupé la léproserie de Ting Leung, expulsant les religieuses canadiennes de Notre-Dame des Anges. Ce n’était pas pour lui le moment de rentrer en Chine, car les communistes étaient sûrement au courant de ses activités officielles et non officielles. Certainement il serait arrêté sans délai et il ne pouvait que redouter la suite. Il se trouva donc bloqué au Tonkin, et de fait il ne rentra pas au Kwangsi. Qu’allait-il faire ? Les relations ne lui manquaient pas. Il connaissait particulièrement le directeur des Charbonnages du Tonkin. Il apprit aussi à ce moment-là que les mines avaient engagé un bon nombre d’ouvriers chinois plus ou moins déserteurs de l’armée nationale et que, de ce fait, on avait besoin d’un interprète. Il proposa ses services, car il parlait fort bien le chinois et même l’écrivait. Ses services furent agréés et donc aussi rétribués. Peu à peu ses activités s’étendirent et il fut chargé de tout le service social des Charbonnages de Hongay à Campha-Port. Dans toute la mesure du possible, il restait en relation avec la léproserie et les chrétiens des environs. Peu à peu aussi des religieuses chinoises et des chré¬tiens purent s’échapper du régime communiste et rejoindre le P. Maillot. Il s’établit dans un centre nommé Montferrand, situé entre Campha-mines et Campha-Port. Il réussit dans les meilleurs délais à installer tout son monde dans des maisons préfabriquées, avec l’aide de la Direction des Mines, avec une chapelle et une école. Il circulait beaucoup de Campha-Port à Hongay, sur une longueur de 40 à 50 kilomètres. Il était toujours plein d’ardeur et aussi plein d’idées. Il avait formé le projet d’établir une léproserie dans une des îles de la Baie d’Along (Ha Long). Il avait prospecté une de ces îles si nombreuses dans cette baie. Le Supérieur régional du Nord-Vietnam, mis au courant, ne s’opposa pas formellement à ce projet, tout en recommandant beaucoup de prudence au P. Maillot. Tout allait bien à Montferrand : les gens avaient du travail et le P. Maillot des activités qui lui plaisaient.
Mais pendant ce temps les événements continuaient leur cours, et on en arriva aux Accords de Genève qui coupaient le Vietnam en deux parties : le Nord, jusqu’au 17e parallèle (nord de Hué), abandonné aux communistes, et le Sud dirigé par un gouvernement d’union nationale et défendu par l’armée nationale. Ce régime allait durer pendant 21 ans, mais on sait ce qu’il en est advenu. Étant donné cette situation, en 1954, qu’allait faire le P. Maillot avec tout son monde ? Il fit d’abord un voyage dans le Sud pour se renseigner sur les possibilités de caser tout son personnel. D’autre part, d’après les Accords de Genève, les troupes françaises pouvaient stationner à Haiphong et dans toute la région des Mines jusqu’au 1er mai 1955. Le P. Maillot avait donc le temps d’aviser. Sans plus tarder, il prit cependant les mesures nécessaires pour évacuer tout sur le Sud : matériel et personnel. Grâce à la firme Denis Frères dont il connaissait le directeur, le P. Maillot put effectuer cette évacuation dans les meilleures conditions possibles. Le voilà donc arrivé dans le Sud. Comme prévu, il s’établit dans la plantation de Quang Loi, plantation Michelin. Il allait rester là jusqu’au mois d’août 1967. Son ministère s’exerçait particulièrement auprès des Chinois. Mais il avait d’autres cordes à son arc. Il avait aussi appris correctement le vietnamien, et même un des dialectes montagnards de la région de Buprang (les Trois Frontières) où il travaillait aussi en collaboration avec le P. Moriceau. Le compte rendu de 1957 précise que le centre chinois de la plantation compte 312 chrétiens et que le P. Maillot a fait plusieurs baptêmes d’adultes. Pendant les années qui suivent, il continue son ministère. En 1963, il demande à être déchargé de Buprang qui est bien éloigné de son centre, à la plantation, et les voyages ne sont pas sans danger. Quant à la colonie chinoise de la plantation, le P. Maillot se rend compte qu’elle s’effrite peu à peu. Les Chinois sont venus travailler sur la plantation, faute de mieux, mais le travail ne leur plaît pas. D’autre part, dans l’âme d’un Chinois sommeille toujours l’âme d’un commerçant. Aussi, dès qu’ils ont réalisé un petit pécule, ils la quittent pour venir en ville et se livrer au commerce avec plus ou moins de succès. Ajoutons aussi qu’avec les années l’insécurité grandit dans le secteur des plantations. Raison de plus pour que les Chinois se dispersent. Toutes ces raisons amenèrent le P. Maillot à quitter Quang Loi et le diocèse de Saïgon. C’était en août 1967.
Hongkong (Août 1967-Avril 1968)
Arrivé à Hongkong, il fut pendant un certain temps vicaire du P. Madéore, à la paroisse de Kennedy Town : deux fortes personnalités ensemble, et comme ils ne voyaient pas les choses « par le même bout de la lunette », le P. Maillot se retira à Béthanie pendant quelque temps, puis partit pour la France qu’il avait quittée depuis bientôt 39 ans.
Congé en France
Après 39 ans de séjour et d’activités en mission, le P. Maillot prit un congé.
Mais il n’était pas question pour le P. Maillot de rester en France. Arrivé au mois de mai 1968, il fut affecté, dès le mois de décembre de la même année, à Madagascar, au Centre catholique chinois, pour travailler avec le P. Cotto. Il poursuivit son congé, et partit pour Madagascar le 11 décembre 1969. La cohabitation avec le P. Cotto s’avéra difficile. C’est pourquoi le P. Maillot demanda à quitter Madagascar, pour aller à l’Île Maurice, au mois de septembre 1970. Il y trouverait des Chinois et pourrait aussi se livrer à d’autres ministères. Il fut donc affecté à l’Île Maurice.
Arrivé à l’Île Maurice, il est placé comme vicaire à la cathédrale de Port Louis. Au centre de la ville, autour de la cathédrale, habitent de nombreux Chinois qui sont en majorité catholiques. L’équipe sacerdotale de la cathédrale reflète la diversité raciale de l’Île Maurice : le curé est Chinois, émigré de Chine continentale ; deux vicaires sont des Mauriciens, leurs familles étant établies dans l’Île depuis un siècle ou deux, mais l’un est d’origine indienne, l’autre d’origine française. La langue officielle à Maurice est l’anglais, mais il n’est parlé en famille que par 1% de la population. La langue de communication courante entre les diverses ethnies est le créole. Dans les églises, pour la liturgie la prédication et la catéchèse, on emploie presque partout le français.
Le P. Maillot, en plus du service paroissial, s’attache à visiter les familles chinoises de la paroisse, surtout les personnes âgées ou malades. Il assure chaque jour à la cathédrale une permanence pour ceux qui désirent recevoir le sacrement de Réconciliation. On peut affirmer que, dans ce ministère, il fut très apprécié des fidèles, des religieuses et des prêtres. Il l’assura avec une fidélité exemplaire.
Il s’intéressa beaucoup à la fondation du Carme! de l’Île Maurice, fondation réalisée par le Carme! de Montréal. Les premières carmélites étaient arrivées en 1972. Le P. Maillot leur apporta toujours, dans la plus grande discrétion, toute l’aide morale et matérielle qu’il pouvait fournir.
Après un congé, en 1974, il repartit pour Maurice au mois d’octobre. Il souhaitait vivement fêter son jubilé sacerdotal à Maurice, en 1979. Malheureusement, il fut frappé, en juin-juillet 1977, d’une congestion cérébrale bénigne mais qui entraîna cependant un léger trouble des facultés intellectuelles. Il était sur le point de prendre son congé régulier. De fait, il rentra en France, le 15 juillet 1977, avec l’espoir de pouvoir retourner à Maurice. Il se reposa dans sa famille à Malbuisson. Cet espoir fut vivement déçu. Dans une lettre datée du 21 novembre 1977 et adressée au P. Roncin, Supérieur général, il lui fait savoir qu’il a reçu simultanément une lettre de Mgr Margéot et de Mgr Lesouëf qui lui enlèvent, à sa grande surprise, tout espoir de retourner à l’Île Maurice. « Je leur ai répondu à tous les deux que je faisais avec foi le sacrifice qu’ils me demandaient. » Dans cette même lettre, il demande l’autorisation de chercher un petit ministère soit dans le diocèse de Besançon, soit ailleurs. Il vient faire à Paris un petit tour en juillet 1979. Le 12 août, il célèbre à Malbuisson son jubilé d’or sacerdotal. Dans une autre lettre, il dit : « J’espère tenir le coup pour assurer les remplacements de confrères jusqu’à la Toussaint.» Cependant il demande l’autorisation d’entrer à Montbeton, au mois de novembre.
De fait, c’est en novembre 1979 que le P. Maillot se retira à Montbeton. Il avait 75 ans. Pendant un demi-siècle, il avait exercé un ministère des plus actifs, comme le montre le résumé de sa vie en Chine, au Vietnam, à l’Île Maurice. Homme d’action, plein d’initiatives, il accepta simplement cette retraite, avec l’inactivité et la dépendance qu’elle comporte, et fit l’édification de son entourage par sa régularité à la vie de communauté et sa piété exemplaire, parlant peu en raison d’une perte progressive de la mémoire dont il avait conscience et dont il souffrait, mais se montrant toujours affable avec tous et très soigneux dans sa tenue.
Au début de 1986, son état de santé, demeuré jusque-là satisfaisant, se dégrada peu à peu ; les jambes ne le portaient plus. Il tombait fréquemment, et il devint de plus en plus dépendant. C’est au matin du 27 février 1986. qu’il remit son âme à Dieu. La veille, il avait encore pu assister à la messe avec beaucoup de piété sur le fauteuil roulant sans lequel il ne pouvait plus se déplacer.
Sa nombreuse famille ne pouvant faire le long voyage de Franche-Comté à Montbeton, surtout en cette mauvaise saison, exprima le désir que son corps fut ramené dans son village natal. Le 1er mars, après la messe célébrée dans notre chapelle, deux de ses neveux l’emmenèrent au Barboux, sa paroisse natale, où les obsèques furent célébrées le dimanche 2 mars après-midi avec la participation d’une vingtaine de prêtres dont plusieurs Pères des Missio
References
[3387] MAILLOT Élie (1904-1986)
Références bio-bibliographiques
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