Yves COSSARD1905 - 1946
- Status : Prêtre
- Identifier : 3400
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1929 - 1932 (Tokyo)
- 1933 - 1946 (Tokyo)
Biography
[3400] COSSARD Yves est né le 16 mars 1905 à Brionne (Eure).
Fils d’un architecte, il est l'aîné d'une famille de quatre enfants. Après avoir commencé ses études primaires à l'école Saint-Joseph de Brionne, il poursuit ses études secondaires au collège Saint-François d’Évreux. En 1923, il entre au grand séminaire Saint-Sulpice d'Issy-les-Moulineaux, où il est ordonné sous-diacre le 2 juin 1928. Le 15 septembre suivant, il entre comme aspirant aux MEP. Il est ordonné diacre le 9 juin 1929 et prêtre le 29 juin. Destiné à la mission de Tokyo, il part le 15 septembre suivant.
Accueilli par Mgr Chambon, il est tout d'abord envoyé à Utsunomiya, où il s'initie à la langue japonaise et à la vie apostolique sous la direction du P. Cadilhac. À cette époque, le grand séminaire interrégional de Tokyo est sur le point d'ouvrir ses portes. Le supérieur, le P. Sauveur Candau, souhaite y voir dispenser une solide formation, non seulement théologique mais aussi spirituelle. Pour atteindre ce but, il décide de confier à un directeur unique la direction spirituelle des grands séminaristes. Le Père Cossard est pressenti. Peut-être effrayé par cette nouvelle responsabilité, il demande un temps de préparation, qu’il passera à ‘La Solitude’, maison de formation des futurs sulpiciens.
Il retourne donc en France et pendant une année, il se prépare à ce délicat ministère.
Revenu par le Transsibérien en 1933, il commence dès son arrivée à Tokyo son ministère de directeur spirituel. Quoique menant en apparence une vie effacée, il exerce une profonde influence sur les séminaristes.
Par ailleurs passionné de littérature japonaise, il se met à étudier l'antique poésie de Manyôshu, la traduit et la commente pour les Mélanges japonais, revue littéraire de l'université de Sophia. D'un tempérament poète, il saisit les nuances des sentiments exprimés dans ces courtes poésies que sont les « Haiku ». L'influence du Père Cossard se fait aussi sentir à l'extérieur du grand séminaire : en effet, il donne des conférences à l’association de dames catholiques « Élisabeth Lesueur ».
En mai 1940, avec quelques confrères, il est mobilisé et doit se rendre en Indochine. Voyage qui s'avère bien inutile, puisque, à peine arrivé à destination, il est rapidement démobilisé et renvoyé au Japon. Revenu au grand séminaire, il y passe les années de guerre : bombardements et incendies.
La paix revenue, le P. Cossard fait face à une nouvelle épreuve. Le grand séminaire passe entre les mains des pères jésuites, qui prévoient d’en faire une annexe de leur université. Mais il n’a pas le temps de s’inquiéter de son avenir : le 17 juillet 1946, alors qu’il est à Kamakura pour prêcher une retraite aux sœurs de la Visitation, dites du « Hô monkai », il se noie accidentellement.
Il est inhumé dans le petit cimetière des sœurs de la Visitation à Shichirigahama.
Obituary
Le Père Yves COSSARD
des Missions Etrangères de Paris
1905 - 1946
Evoquer dans ces colonnes la mémoire d’un missionnaire mort au Japon. il y a bientôt trente ans, pourrait faire penser à un retour vers le passé. Mais par un concours de circonstances assez exceptionnelles et dues pour la plus grande part à ce missionnaire, tout un
courant d’échanges, parti du diocèse d’Evreux, se développe progressivement entre la France et le Japon depuis quelque deux ou trois ans.
Sans doute est-ce la raison des lignes qui suivent, parce que cela correspond à l’esprit d’ouverture sur des perspectives universelles qui caractérise le Comité Catholique des Amitiés Françaises dans le Monde.
Nous y reviendrons tout à l’heure. Au préalable, un rapide aperçu faisant connaître le Père Cossard aidera à mieux comprendre à quel niveau supérieur se situait, déjà de son vivant, la valeur de son rayonnement. C’est ce qui explique que, après tant d’années d’un cheminement silencieux et par un mystérieux dessein de la Providence, notre missionnaire réapparaisse à présent en pleine lumière en révélant, à travers sa personne, les merveilles de Dieu.
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« Lui, l’Ami, doit grandir, et nous, disparaître. »
(Yves Cossard)
Fils aîné d’une famille de quatre enfants, Yves Cossard était né à Brionne, en Normandie, en 1905. Ses parents, profondément chrétiens, étaient tous deux originaires du département de l’Eure.
Sœur Marie-Geneviève Tessier, O.S.B.
Le Bec-Hellouin,
Noël 1974 — Epiphanie I 975.
Note. — Il existe sous dossier ronéotypé, un résumé des lettres et souvenirs recueillis sur le Père Cossard. Les personnes éventuellement intéressées par ces textes peuvent en adresser la demande au Monastère Sainte-Françoise-Romaine – Le Bec-Hellouin – 27800 BRIONNE
DONS et LEGS
Le Comité Catholique des Amitiés Françaises dans le Monde, association reconnue d’utilité publique, est habilité de ce fait à recevoir dons et legs, en exonération des droits de mutation, les dons pouvant entrer en déductibilité pour l’impôt sur le revenu.
Pour tous renseignements, écrire à M. le Président du Comité Catholique des Amitiés Françaises dans le Monde : 99, rue de Rennes – 75006 Paris.
Après les premières années de scolarité à la petite école Saint-Joseph de Brionne, Yves fit ses études secondaires au collège Saint-François, à Evreux, puis entra, en 1925, au Séminaire Saint-Sulpice, à Issy-les-Moulineaux. De là, il passa, en 1928, au Séminaire des Missions Etrangères de Paris, où il fut ordonné prêtre le 29 juin 1929.
Il faut ici rendre hommage à Mgr Chauvin, alors évêque d’Evreux, qui accorda sans hésitation et généreusement au jeune séminariste l’autorisation de partir pour un pays de mission, alors que son diocèse manquait de prêtres.
Le jeune prêtre vint chanter une première messe en sa ville natale, en juillet, avant de partir en septembre 1929 pour le .Japon, où il fut missionnaire jusqu’en 1946, année de sa mort accidentelle.
Nous empruntons aux divers témoignages recueillis depuis deux ans : anciens confrères des Missions Etrangères, carmélites de Tokyo, etc., les éléments, non pas d’une biographie, mais d’un court résumé de ce que fut la vie missionnaire du Père Cossard.
Arrivé au Japon en novembre 1929, il fut pour commencer affecté à Utsunomyia, auprès du Père Cadilhac. On remarquait d’abord sa stature : grand, la tête taillée à la hache, les cheveux en brosse, il avait une physionomie respirant la bonne santé. Bien qu’il ait toujours été assez réservé, son bon sourire manifestait un cœur plein de chaleur, et la bonté de son âme adoucissait, sans le voiler, l’éclat des veux qui pétillaient d’intelligence.
Il est facile d’imaginer sa première année de vie missionnaire auprès du Père Cadilhac. Celui-ci ôtait la plupart du temps en tournée, et le jeune Père disait la messe pour la fervente petite communauté de fidèles qui y assistait chaque jour. Après la messe, les gens devisaient autour du brasero en buvant une tasse de thé, et le Père Cossard a dû apprendre là ses premiers mots de japonais. Il bénéficiait de la vénération que la communauté portait au Père Cadilhac, et en premier lieu, de celle du catéchiste et de sa famille.
Dès août 1931, le Père Cossard était chargé du département de Irabagi, au nord-est de Tokyo, le long du Pacifique, et sa résidence, Mito, était à 25 km de la mer environ. Il y demeura jusqu’au printemps 1933.
A ce moment, il fut sollicité par le Père Candau, supérieur du Grand Séminaire de Tokyo, pour prendre la charge de directeur spirituel de tout le séminaire, dit régional, mais qui, en fait, était un séminaire national formant tout le futur clergé japonais du pays. Le Père Cossard, tout en parlant de choses japonaises, n’avait pas pu cacher la solidité de sa formation spirituelle. Il était si profondément prêtre que toutes ses paroles et ses attitudes frappaient par une sorte de plénitude qui décelait un homme accompli. Le Père Candau prit ses renseignements au Séminaire Saint-Sulpice, dont le Supérieur lui fit savoir : « nous avons rarement eu un séminariste aussi bien équilibré. » Et if vantait encore la sûreté de son jugement et la rectitude de sa pensée.
Le Père Cossard fut donc pressenti, mais un peu effrayé par cette responsabilité, il demanda un certain temps de préparation qu’il revint passer en Europe, d’abord à Issy-les-Moulineaux, à « La solitude », pour s’imprégner de l’esprit des fondateurs de Saint-Sulpice, puis à Rome — et ensuite en Amérique : Etats-Unis et Canada. Et au milieu de mars 1934, il était de retour à Tokyo et prenait ses fonctions au Séminaire.
Il y mena une vie en apparence effacée, mais son influence améliora très vite et sensiblement l’atmosphère de la maison. Ses conférences spirituelles, toujours profondes quoique adaptées à la mentalité concrète des Japonais, étaient très appréciées, sa direction spirituelle, encore plus. Il était toujours disponible pour les séminaristes, qui ne manquaient pas de le déranger. Et durant les temps libres, il les mettait volontiers à contribution pour l’aider dans l’étude de la littérature japonaise, en particulier la vieille poésie du « Manyoshu », remontant au VIIIe siècle, qu’il traduisait et commenta pour les « Monumenta Nipponica » de l’Université Sophia, à Tokyo. Il avait une affection spéciale pour Bashô, bonze nomade du XVIIIe siècle, profondément imbu de l’instabilité des choses de ce monde et rigoureux ascète. Il reste du Père Cossard un cahier où se trouve la traduction inachevée de l’odyssée de Bashô de Tokyo au nord du Japon, agrémentée de quelques réflexions savoureuses. Le Nô, théâtre japonais classique, l’enthousiasmait, et il a traduit une des plus belles pièces de ce théâtre intitulée : Sumida-gawa : « Une tombe au bord de la rivière Sumida ».
Tout le monde s’accordait à souligner la valeur de ses traductions, et un ancien directeur de la Maison franco-japonaise de Tokyo, qui l’a bien connu, a écrit de lui : « chacun pouvait se rendre compte de la qualité de ses traductions et surtout de tout ce qu’il y mettait de lui-même. Il était de ces rares savants qui ont compris que rien ne peut se faire de durable comme étude sur le Japon, qui ne mette en œuvre ce sentiment affectif, le Kanjo, qui joue ici en toute chose une telle place. »
Il lisait couramment les textes si difficiles — mais si beaux — de la littérature japonaise ancienne et classique, que les Japonais eux-mêmes ont souvent du mal à lire dans leur langue originale. Poésie, théâtre, observation, le Père Cossard se livrait à tout cela pour une pénétration plus profonde du caractère nippon et de l’âme japonaise, pour « servir » mieux. Et avec sa finesse, sa sensibilité intuitive et un don de psychologie peu ordinaire, il pénétrait dans son fond l’âme du Japon, cette seconde patrie que Dieu lui avait donnée et qu’il aimait ardemment.
En même temps que ses fonctions au Grand Séminaire, le Père Cossard s’occupait du Carmel de Tokyo, fondé en 1933 à la demande de Mgr Chambon, alors archevêque de Tokyo. Les carmélites, dont il fut le confesseur de 1935 au début de 1946, donnent de lui ce témoignage : « Tous ses dons naturels, doublés d’une vie spirituelle intense dont le Christ était le centre, faisaient du Père Cossard un directeur de conscience de tout premier ordre. Il conduisait les âmes tout droit à Dieu et faisait vivre en sa Présence. Très vite, la communauté lui donna toute sa confiance, et les sœurs retiraient un très grand profit de sa direction où s’alliaient la concision, la force et la bonté. Son jugement était si sûr, si surnaturel et posé, que les supérieures pouvaient sans crainte s’en remettre à lui et s’appuyer sur ses conseils. Après l’avoir vu célébrer le Saint Sacrifice de la Messe, ne fût-ce qu’une fois, on ne pouvait l’oublier. On le sentait profondément pris par le Mystère, pénétré par lui, plongé en lui. Le Père Cossard étai un contemplatif par expérience personnelle. »
Il était également aumônier des lépreux, auxquels il consacrait une bonne partie de son temps libre, ainsi qu’aux malades en sanatorium. En outre, il avait la responsabilité de la catéchèse donnée au séminaire, avec l’aide d’une quinzaine de séminaristes. Il donnait de plus, régulièrement des conférences aux dames catholiques de la haute société de Tokyo, groupées dans l’association Elisabeth Leseur. Le texte d’un bon nombre de ces conférences, faites en français, a été retrouvé récemment. Avec le recul des années, les conférences n’ont rien perdu de leur valeur doctrinale ni de leur intérêt, les sujets abordés étant traités avec profondeur et force de pensée.
Survint la guerre. A près un court temps de mobilisation, d’avril à juin 1940, durant lequel il fut envoyé en Indochine, le Père Cossard reprit l’ensemble de ses fonctions, jusqu’à l’entrée en guerre du Japon en décembre 1942. Il parvint à rester au Japon durant les hostilités. Mais les bombardements, qui allèrent en s’intensifiant, obligèrent à la dispersion des séminaristes, et le Père Cossard, demeuré à Tokyo, prêta son aide à un de ses confrères, le Père Flaujac, résidant à la « Maison de Béthanie ».
En août 1945, la guerre du Pacifique se terminait. Le désarroi des esprits après la défaite, au Japon, fut si grand que la confiance du Père Cossard fut soumise à une rude épreuve. Son cœur de missionnaire, épris de l’âme de ceux auxquels il avait voué sa vie, cherchait sympathiquement à la comprendre et à connaître le ressort de ces pauvres cœurs humains mis à nu par la tempête la plus dévastatrice de leur histoire. S’il avait vécu assez longtemps pour voir le relèvement du Japon, il a aurait été bien consolé.
A ce moment, la direction du séminaire posa un problème. La Société des Missions Etrangères de Paris ne pouvant plus en assurer la marche, l’épiscopat japonais adopta la formule d’un séminaire universitaire proposée par les Pères Jésuites, en associant le grand séminaire à leur Université de Sophia.
Ce fut une souffrance et une déception pour le Père Cossard, mais il n’eut pas le temps de penser à ce qu’il ferait après avoir quitté le grand séminaire. L’été de 1946 fut torride. Après les privations des années de guerre, il fut spécialement dur à supporter par des tempéraments affaiblis. Ce dut être très particulièrement le cas pour le Père Cossard, qui ne se ménageait pas et ne faisait rien pour se remonter. A la mi-juillet, il partit prêcher une retraite de quelques jours aux sœurs japonaises de la Visitation, à Kamakura, au bord de la mer, non loin de Yokohama. Arriva le 17 juillet. Après la conférence, vers 11 heures du matin, il dit à une sœur qu’il allait se baigner et rentrerait pour le déjeuner. Celle-ci lui répondit qu’à cet endroit, les courants étaient dangereux. Mais le Père la rassura et ajouta en souriant : « si je meurs, vous me donnerez bien un petit coin de terre ici, face à la mer, en ce lieu que j’aime tant. »
Au déjeuner, le Père n’était pas là. Dans l’après-midi. après bien des recherches, on retrouva le corps entraîné par le courant, étendu face au ciel, le visage blême et calme. Le Père Yves, dont l’organisme était épuisé, dut perdre connaissance tout de suite, le cœur n’ayant pas supporté le choc de l’eau froide. Sans doute avait-il espéré qu’un bain lui permettrait de dominer un moment d’extraordinaire fatigue. Dieu a gardé le secret de ses derniers moments. Le Père était prêt à répondre à son appel. Il repose dans le petit cimetière des sœurs, situé au bord de la colline, à cent mètres au-dessus de la mer, face au plus beau paysage du monde.
Ce fut une stupeur parmi ses confrères. Le Père Cossard, encore jeune, avec son intelligence et son très grand esprit surnaturel, et la confiance que lui témoignait le clergé japonais, aurait pu tenir dans la restauration de l’Eglise d’après guerre un rôle de premier plan. Le Seigneur ne l’a pas permis, mais sa courte vie laisse après elle une traînée de lumière. Quand les Pères des M.E.P. qui l’ont connu et ont vécu avec lui rencontrent un confrère japonais formé à son époque, il s’empresse de leur confier, avec un accent de vénération dans la voix : « j’ai connu le Père Cossard. » Il est inutile qu’il en dise davantage pour qu’on comprenne ce qu’il veut exprimer : « Ce que j’ai de meilleur en moi vient de lui. »
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« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il demeure seul : mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »
(Ev. Jean, XII, 24-25)
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References
[3400] COSSARD Yves (1905-1946)
Références biographiques
AME 1929 p. 174. 186. 187. CR 1929 p. 235. 1931 p. 7. 1932 p. 12. 1934 p. 4. 1936 p. 6. 1937 p. 7. 1947 p. 369. BME 1928 p. 448. 1929 p. 575. 616. 1930 photo p. 48. 1931 photo p. 868. 1933 p. 521. 527. 1934 p. 80. 330. 1939 p. 779. 844. 1940 p. 257. 328. 398. 420. 475. 477. 498. 541. 1952 p. 748. 1954 p. 996. EC1 N° 154. 179. 183. 269. 278. 283. 447. 450.