Paul MARTIN1904 - 1937
- Status : Prêtre
- Identifier : 3403
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Thailand
- Mission area :
- 1930 - 1937
Biography
[3403] MARTIN Paul est né le 25 juin 1904 à Avranches (Manche).
Admis aux MEP le 7 septembre 1923, il est ordonné prêtre le 21 décembre 1929 et part le 28 avril suivant pour le Siam (Thaïlande).
Il commence par étudier la langue à Khorat (juillet-décembre 1930) et à Pakkhlongtalat, où il est vicaire du P. Durand (1931). Il est ensuite chargé du poste de Lemkhôt, à quatre kilomètres de Pachim (1932-1933), et de celui de Khokwat (1937).
Son état de santé l’empêche de travailler autant qu’il le voudrait, et nécessite plusieurs visites à l’hôpital Saint-Louis de Bangkok. Son évêque ne lui permettra pas de se soigner comme son état le réclame, si bien que lorsqu' il peut revenir à l'hôpital en décembre 1937, le docteur se trouve devant un organisme complètement délabré ; ni l'estomac ni les reins ne fonctionnent.
Il décède le 26 décembre 1937 à Bangkok.
Obituary
M. MARTIN
MISSIONNAIRE DE BANGKOK
M. MARTIN (Paul-Marie-Joseph) né le 25 juin 1904 à Avranches, diocèse de Coutances (Manche). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 7 septembre 1923. Prêtre le 21 décembre 1929. Parti pour le Siam le 28 avril 1930. Mort à Bangkok le 26 décembre 1937.
Au lendemain de la belle fête de Noël, le dimanche 26 décembre 1937, s’est pieusement endormi dans le Seigneur Paul-Marie Joseph Martin, missionnaire au Siam depuis le 2 juin 1930. Ainsi donc s’est terminée cette carrière apostolique qui, pour être brève, n’en reste pas moins riche de mérites puisqu’elle a été consacrée jusqu’au dernier moment de l’évangélisation dans le champ du Seigneur en Extrême-Orient. Paul-Marie-Joseph. Martin est né à Avranches, au diocèse de Coutances, le 25 juin 1904.
Dès l’âge de six ans, il aspirait déjà à être missionnaire et toute sa vie il eut le désir de conquérir les âmes pour les donner au bon Dieu. Nous savons peu de choses de ses études et de sa famille, d’origine normande, qui tout entière assurément le pleure aujourd’hui. Nous n’ignorons pas toutefois que M. Martin laisse en France une mère chrétienne et très courageuse, plus affligée maintenant qu’hier quand elle le vit partir aux missions ; puis des tantes et un oncle qui prient pour le repos de son âme, ainsi que plusieurs de ses frères et sœurs dont la douleur ne s’éteindra que dans la résignation à la volonté divine.
Il fut ordonné prêtre au Séminaire des Missions-Etrangères le samedi 21 décembre 1929 par Mgr Deswazière. Il faisait partie du groupe des sept partants de Pâques de 1930 qui reçurent leurs destinations respectives du Supérieur général Mgr de Guébriant. Nous nous souvenons encore de cette mince silhouette, de cette figure aux teintes d’ivoire, de ces yeux quelque peu trop brillants de cette démarche légèrement nonchalante et doucement courbée, qui nous apparut au débarcadère de Bangkok par une chaude matinée de juin 1930. M. Martin reflétait déjà le signe caractéristique des tempéraments peu solides et qu’une acclimatation tropicale épuiserait en peu de temps. Pendant près d’un mois il se reposa de son long voyage à la procure de Bangkok et fit connaissance avec ses confrères, avec le climat et avec les us et coutumes des habitants. Puis nommé à Khorat et confié à M. Thomas pour son apprentissage apostolique, il se plaignit très vite, dans ses lettres à ses amis, de son estomac que la nourriture, surtout indigène, incommodait. C’est dommage qu’il n’eût alors trouvé, pour guider ses premiers pas dans le chemin de l’apostolat, le vétéran foncièrement expérimenté et, sinon fondateur, du moins organisateur de ce poste de Khorat : M. Rondel ! Les deux Normands, très proches voisins au beau pays de France, auraient eu plaisir à se raconter mutuellement leurs impressions anciennes et nouvelles du terroir et à mettre en commun leurs souvenirs de la petite patrie. M. Rondel, malheureusement, était mort depuis trois ans, après 47 ans d’apostolat en mission.
M. Martin ne passa que six mois à Khorat, et Mgr Perros, de retour en France où il était allé prendre part à l’Assemblée générale de la Société des Missions-Etrangères en 1930, le nomma vicaire de M. Durand alors à Pakkhlongthalat pour qu’il pût facilement se soigner. Le curé fit certainement tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer la santé de son frêle vicaire. Il le mit à un régime abondant, sain et varié, qui sembla faire revivre le jeune missionnaire. Tous deux, communicatifs et gais, passèrent alors des jours relativement heureux. M. Martin, qui avait débuté à Khorat dans l’étude du chinois, trouva aussi dans son curé un bon professeur pour l’aider à se perfectionner dans cette langue. Il avait l’oreille musicale et discernait vite la note exacte qu’il fallait donner aux mots. Après un séjour d’une année avec M. Durand, Monseigneur proposa à M. Martin le poste de Lemkhôt à quatre kilomètres de Pachim, résidence de M. Perroy. Ce n’était plus la vie douce et tranquille avec un confrère toujours présent, mais cependant la solitude était encore relative et par ailleurs le zèle du jeune vicaire pouvait prendre son essor plus librement.
Dans son nouveau poste, M. Martin aima ses ouailles et s’ingénia de mille manières à ramener au bercail les brebis égarées ; les enfants eurent ses préférences. Lemkhôt fut probablement pour lui l’oasis providentielle qui profita le plus et le mieux de ses méthodes d’apostolat ; mais il n’eut pas le temps d’y faire tout le bien qu’il eût désiré, puisqu’en août 1934, le Supérieur de la Mission l’appelait au poste de Khokvat. Deux Normands, MM. Rondel et Calenge avaient jadis occupé ce district d’accès difficile. Grâce à eux et à quelques prêtres indigènes qui leur succédèrent, la plaine, les rizières et même les approches de la grande forêt abritaient alors quelque cinq cents chrétiens, que M. Martin devait évangéliser à son tour. Le presbytère en bois qu’il trouva à Khokvat lui parut agréable et confortable. Par contre, l’église, également en bois et construite depuis une trentaine d’années, avait besoin, non pas d’être réparée mais remplacée ; et le plan d’un nouvel édifice venait d’être dessiné quand la mort vint surprendre notre confrère. Il eût voulu aussi bâtir une petite chapelle pour les chrétiens habitant à deux heures de marche de son poste principal ; la divine Providence ne lui donna pas le temps de mettre son projet à exécution.
Depuis quelque temps, la diminution de ses forces physiques visible aux yeux de ses confrères impuissants, l’obligeait à réprimer son zèle entreprenant ; la volonté certes ne lui manquait pas, mais le principe de résistance lui faisait défaut. Dans une de ses dernières lettres à sa mère en 1937, n’écrivait-il pas en effet : « Ne t’inquiète pas, ma chère maman, je prendrai les précautions humainement nécessaires et puis…à la grâce de Dieu ! On est missionnaire ou on ne l’est pas, je ne laisserai pas les âmes se perdre pour m’épargner… »Il avait donc conscience de son lamentable état de santé, puisqu’il ne fit probablement pas un seul voyage à Bangkok sans consulter un médecin ou la Supérieure de l’hôpital Saint-Louis. Il savait ses espoirs de longue vie au Siam condamnés et son bonheur de faire du bien autour de lui limité dans le temps. Dieu devait, en effet, se contenter de sept années de travail de son serviteur.
Quand il vint à Bangkok, le 28 septembre et le 16 novembre, plusieurs de ses confrères remarquèrent qu’il n’avait plus son activité ordinaire ; néanmoins en quittant Bangkok, le mardi 23 novembre après la retraite annuelle des missionnaires, emportant sur l’ordre du médecin une bonne provision de lait stérilisé, personne ne pensait à une fin si prochaine. Plusieurs fois sans doute, durant la retraite, avait-il réclamé au procureur de nombreux verres de lait, mais c’était, disait-il, parce que son estomac s’accommodait bien de ce liquide. Le pressentiment de son départ prochain pour le ciel lui fit mettre ses affaires en ordre : comptabilité du poste, carnet d’intentions de messes, compte personnel en procure, tout était en règle jusque dans les moindres détails. C’est ainsi que sur son lit d’agonie, il désignait encore pour les membres de sa famille les quelques menus objets qui devaient leur être expédiées après sa mort.
Que lui arriva-il durant son bref séjour à Khokvat du 23 novembre au 16 décembre, jour de son retour à la capitale et de son entrée immédiate à l’hôpital ? Nous l’ignorons. C’est par une faveur du ciel que M. Martin put quitter Khokvat et arriver à l’hôpital de la Mission le vendredi 17, après un repos d’une nuit à Pachim. Examiné immédiatement et sérieusement par le médecin qui d’ailleurs connaissait déjà fort bien son malade, le diagnostic ne parut pas rassurant. Le docteur de trouvait en effet devant un organisme délabré sans aucun ressort ; ni l’estomac, ni les reins ne fonctionnaient ; et les injections de sérum ainsi que les médicaments restèrent sans effet. La fatigue du voyage, quelque considérable qu’elle ait été, aurait dû normalement disparaître au bout de deux ou trois jours de soins attentifs ; il n’en fut rien. Le mieux espéré ne se produisit pas malgré les soins dévoués du médecin et les prières de tous les missionnaires pour obtenir la guérison. M. Martin reçut l’extrême-onction en pleine connaissance le 20 décembre. Le 21 étant la date de l’anniversaire de son ordination sacerdotale, notre cher confrère désirait fortement consommer son sacrifice ce jour-là, mais Dieu le laissa passer sur cette terre la belle fête de Noël et ne l’accueillit dans son paradis que le 26 décembre à 7 heures 30 du matin.
Le climat tropical du Siam ne permettant pas, même en décembre, de renvoyer à quelques jours les funérailles, elles eurent lieu dès le lendemain 27. Quelques confrères de l’extérieur purent se joindre à tout le clergé de Bangkok pour assister au service des obsèques célébrées à la cathédrale par S. E. Mgr Perros. La dépouille mortelle de ce jeune missionnaire repose maintenant dans la crypte de l’église de l’Assomption.
En 1930, M. Martin arrivait au Siam, plein de bonne volonté, désireux de sauver le plus d’âmes possible ; qu’il daigne continuer du haut du ciel à s’intéresser à sa Mission . L’Eglise du Siam a des besoins urgents ; nous comptons que le bon ouvrier d’hier intercédera pour nous auprès de Dieu et qu’il en obtiendra de nouveaux apôtres remplis de zèle, de dévouement et d’esprit de sacrifice, comme l’était notre très regretté confrère mort prématurément après 7 ans à peine de mission.
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References
[3403] MARTIN Paul (1904-1937)
Références biographiques
AME 1930 p. 93. photo p. 132. 1938 p. 95. CR 1930 p. 249. 1932 p. 392. 399. 1937 p. 177. 234. 305. 1938 p. 172. 290. BME 1923 p. 525. 1930 p. 253. 256. 501. 510. 747. 1932 p. 629. photo p. 512. 1934 p. 67. 213. 1936 p. 672. 1938 p. 196. EC RBac N° 193. 198. 371.
Notice nécrologique
CR 1938 pp. 290-293.