Régis MOULIN1908 - 1994

[3484] Régis, Marius, Henri Moulin a traversé le XXe siècle, infatigable, vingt ans comme missionnaire en R. P. de Chine et au Vietnam, puis chassé par les guerres, il mène une vie apostolique très active en Europe et même au de-là.

Il naît le 19 janvier 1908, à Saint André-en-Vivarais, diocèse de Viviers, département de l'Ardèche. Fils de Henri Xavier et de Sophie Bonnefoy, cultivateurs à la Chaumette", la famille compte huit enfants, dont trois filles. Régis fait ses études primaires à St. André-en-Vivarais, et ses études secondaires au collège d'Annonay de 1920 à 1926. Il se dirige alors vers le Grand séminaire diocésain de Viviers, où le 12 juillet 1930, il est fait acolyte.

Le 20 avril 1931, il présente à Mgr J-B Budes de Guébriant sa demande d'admission au séminaire des Missions étrangères. Mais le diocèse de Viviers étant vacant, son vicaire capitulaire, l'abbé Caussin, accepte le départ du P. Moulin "à condition que soit réservée à notre futur évêque toute décision définitive touchant sa sortie du diocèse de Viviers".

Admis le 5 mai 1931, Régis Moulin entre le 13 mai 1931 au Séminaire des Missions étrangères et part continuer à Bièvres ses études ecclésiastiques. Doyen de la communauté de Bièvres, le 18 avril 1932, il présente les vœux du séminaire au P. Léon Robert, "l'ombre du Supérieur". Le 11 juin 1932, Mgr Durieux, nouvel évêque de Viviers lui adresse les lettres excardinatrices et testimoniales. Sous-diacre le 29 juin 1932, diacre le 17 décembre 1932, ordonné prêtre par Mgr Colas, archevêque de Pondichéry, le dimanche 2 juillet 1933, le P. Moulin, au soir de ce même jour, reçoit sa destination pour le vicariat apostolique de Kunming (Yunnan), qu'il part rejoindre le 18 septembre suivant. Il embarque à Marseille le 22 septembre 1933 sur "l'Athos II".

Chine (1933-1952)

Le 28 octobre 1933, il arrive dans sa mission et commence l'étude de la langue chinoise. Le 6 janvier 1934, suite à un pari, il prononce en public sa première allocution chinoise devant les élèves catéchistes qui l'applaudissent très fort. Puis pour parfaire ses connaissances, Mgr de Jonghe d'Ardoye l'envoie chez un prêtre chinois à Ko-Koui, près d'Yiliang (Yleang), dans le Bas Yunnan, à 20 jours de Kunming, et, le ramène, en septembre 1934, au probatorium de Qingshancun (Tsin-Chan-Keou) où, tout en continuant ses études de langue, il aide le P. Duccoterd dans la gestion de cet établissement.

Vers mai 1935, nommé curé de Yizu (Weitse) dans la minorité "sagni", il reçoit, le 15 août 1935, son évêque venu bénir la nouvelle église construite par le P. Ant. Ly, et à laquelle il a apporté sa touche finale. Comme jadis le P. Paul Vial, il entre en contact avec la population autochtone de Mao-Choui-Tong et de Hé-Gni-Tsen. En 1936, il bâtit une résidence à Yizu (Vetsé) et y organise l'action catholique dont plusieurs de ses membres, après leurs cours de l'enseignement public, apprennent à leurs élèves catéchisme et prières. D'autres ramènent des familles qui ont apostasié. En raison de la guerre sino-japonaise, des fonctionnaires et des ingénieurs dont certains sont chrétiens, se replient et s'implantent dans la région. En mai 1937, à son district de Yizu (Vetse), il ajoute celui de Lumeiyi (Loumey) qu'il confie à son vicaire chinois, le P. Félix Tchong revenu de France depuis peu, après ses études chez les Sulpiciens. Curé et vicaire travaillent dans une entente parfaite.

En novembre 1938, le P. Moulin participe à la retraite organisée à Nazareth, Hong-Kong. A son retour, il retrouve son district. Il rêve de s'implanter dans la ville de Shiling (Lunan Yi)), où, en raison de la guerre, se sont repliés certains cours de l'Université de Kumming (Yunnanfu), et dans laquelle son vicaire donne chaque semaine des cours de français. A Yizu (Vetse), et à Lumeiyi (Loumey) il ouvre une école de doctrine. Dans ce dernier poste, il construit une église, inaugurée le 29 juin 1938.

En février 1940, il accompagne Mgr Larregain en visite pastorale dans son district de Vetse-Loumey. Vers la fin de l'année 1940, il part s'installer à Yiliang (Yleang), à quatre-vingt kms de Kunming. En janvier 1941, il accueille le Carmel de Kumming (Yunnanfu) bombardé par l'aviation japonaise les 30 septembre 1940 et 5 janvier 1941, et situé dans un quartier exposé. Puis il l’aide à s'établir, dès le 27 février 1941, dans les locaux du couvent des vierges chinoises à Vetse, à une cinquantaine de kms d' Yiliang (Yleang).

Puis, cédant au P. Auneveux son district de Vetse-Loumey, il prend, le 8 octobre 1941, la succession du P. Bougault décédé le 12 août 1941. Chef du district de Lotoké et des chrétientés de la région de Mengtse, au sud de la mission, il est chargé des minorités Méos et Nung. En 1943, il est nommé curé de la cathédrale de Kunming puis, il prend un congé en France où il arrive le 9 juin 1947.

Le 30 avril 1948, il regagne sa mission à bord de "l'André Lebon". Il reprend son poste à la cathédrale. Malgré les tendances marxistes de ce temps, le P. Moulin se lance avec l'aide des prêtres chinois, dans la composition et l'exécution de mélodies liturgiques nouvelles qu'il fait imprimer, en raison de leur succès. Malgré les désordres et les difficultés de toutes sortes, le nombre des catéchumènes augmente. En 1950, la vie se complique avec les autorisations à demander, les soupçons et les enquêtes sur les activités missionnaires et l'incertitude du lendemain.

Arrêté en août 1951, mis en résidence surveillée à l'évêché, puis expulsé, il arrive à Hong-Kong le 29 mars 1952, le 10 juin suivant il part pour la France où il arrive le 16 juin 1952.

Vietnam (1952-1955)

Le P. Moulin se met alors à la disposition de l'aumônerie de la marine française, et, le 22 décembre 1952, part par avion pour Haiphong. La marine influence son vocabulaire : "Bonne mer et vents favorables pour la traversée de l'année qui s'ouvre, à vous qui êtes au poste de pilotage du vaisseau MEP" écrivit il au Supérieur Général de la Société.

France (1955- 1960)

Rentré en France le 5 juin 1955 pour un congé, il aide son frère alors curé à Ste Eulalie en Ardèche, puis du 15 mai 1956 à septembre 1960, il est aumônier de l'école des enfants de troupe à Autun.

Laos (1960-1963)

Le 26 septembre 1960, il repart comme aumônier militaire au Laos, à la base de Seno et rentre en France le 3 mai 1963.

Allemagne (1963-1966)

De juin 1963 à 1966, il est aumônier militaire en Allemagne.

France (1966-1994)

En 1966, le P. Moulin est nommé curé à la Souche et vicaire économe de St. Louis, près Aubenas, en Ardèche où il rénove les deux lieux de culte. C'est là qu'il fête ses noces d'or sacerdotales en septembre 1983.

En juin 1987, des troubles circulatoires graves le conduisent, pour une dizaine de jours, à l'hôpital d'Aubenas. La pose d'un stimulateur cardiaque lui donne une nouvelle jeunesse, et le 29 mars 1989, l'évêque de Viviers le confirme dans sa charge pastorale. En mars 1991, il fait cependant le projet de se retirer à Lauris, sans l'exécuter. Ses pertes de mémoire lui rendant difficile le service pastoral, il en est déchargé le 6 octobre 1991, et il demande de vivre sur place son temps de retraite. Vers la fin de septembre 1993, sa communauté paroissiale ne voulant pas le perdre, mais le voyant fatigué et diminué obtient son entrée à l'hôpital hospice de Villeneuve-de-Berg. C'est là qu'il s'éteint le 9 avril 1994, sans souffrance et sans bruit.

Ses obsèques présidées par le vicaire général de Viviers, eurent lieu le lundi 11 avril 1994. Il repose maintenant, selon son désir et celui de ses paroissiens, au cimetière du village de La Souche, en Ardèche.