Raymond FROIDEVAUX1908 - 2005
- Status : Prêtre
- Identifier : 3488
Identity
Birth
Death
Other informations
Biography
Raymond, Maurice, Marie Froidevaux est né le 14 février 1908 à Les Bresleux, commune de Noirmont, dans le canton de Berne (Suisse). Le certificat de naissance, appelé « acte d’origine » nomme ses parents Aurèle Émile Froidevaux et Marie Élise née Froidevaux (une autre famille de même nom). Cet acte donne l’assurance que « nous reconnaîtrons le prénomé en tout temps comme ressortissant de notre commune et que celle-ci le recevra en toute circonstance ». Selon la tradition familiale, Aurèle Froidevaux est horloger et bon musicien de surcroît ; malheureusement il meurt quand son unique fils n’a que 4 ans.
Raymond est baptisé le 20 février 1908 dans l’église des Bresleux. Après des études primaires dans son village, il continue ses études secondaires à l’Institut de Bethléem à Immensee où il reçoit le sacrement de confirmation le 13 avril 1922. En 1926, il fait une année de service militaire. Dans une longue lettre envoyée de l’hôpital de Saigneligier en date du 26 août 1927, Ray- mond raconte l’histoire de sa vocation : « Dès 12 ans, mon père étant mort d’une fin tragique qui me laissa de graves impressions, je pris la résolution de vouer ma vie aux Missions. Donc j’entrai au collège d’Immensee. Je viens de finir mes études, j’ai en mains le diplôme de la maturité fédérale ; je devais entrer au séminaire de Wolhusen mais ayant appris que Mr le Directeur voulait faire de moi un professeur de français pour le petit séminaire, moi voulant absolument aller aux missions, j’échappe simplement en changeant de maison : Je viens à vous car je suis suisse français. Je trouve votre vie de communauté très conforme à mes idées ; donc à quoi bon hésiter ; on ne vit qu’une fois et cette fois, il faut bien la vivre : quoi de mieux que la vie des missions où l’homme n’est plus que victime et non plus soi ». Le 29 août, le père Bondolfi directeur de l’Institut de Bethléem recommande cette demande d’admission aux Missions Étrangères de Paris : « Monsieur le Directeur, Raymond Froidevaux qui a fréquenté notre école pendant 7 années s’est toujours montré intelligent, pieux et appliqué. Nous croyons donc pouvoir le recommander pour être admis dans votre séminaire ». Raymond entre au séminaire de Bièvres le 4 octobre 1927. C’est un séminariste qui parcourt sans difficultés les années de formation à Bièvres et à Paris. Il reçoit le sous-diaconat le 29 juin 1932, le diaconat le 17 décembre. Mgr de Guébriant l’ordonne prêtre le 2 juillet 1933. Les 20 prêtres ordonnés ce jour-là reçoivent aussi leur destination. Raymond Froidevaux est le seul envoyé en Corée. Les partants s’embarquent pour l’Extrême-Orient le 22 septembre à Marseille.
CORÉE (1933- 1945)
Pendant 5 mois, Raymond étudie la langue coréenne avec 10 confrères irlandais, missionnaires de Saint Colomban. À Pâques 1934, ils deviennent vicaires de prêtres coréens mais Raymond est nommé vicaire du Père Marius Julien, curé de la cathédrale de Taikou ; après quelques mois, il reçoit sa destination pour la ville de Yengtchyen à 30 kms de Taikou ; là se développe un mouvement de conversions. Raymond met en route la construction d’une église que Mgr Demange bénira en octobre 1937. À son arrivée, il n’y avait trouvé qu’une maison achetée par le Père Deslandes en prévision de la division de sa paroisse. Il y réside pendant les constructions ; son héritage familial (8000 francs suisses de l’époque) lui vient en aide. Il pense qu’avec cette somme, il pourra construire plusieurs nouvelles églises.
Deux de ses anciens condisciples de Immensee, missionnaires à Tsit-sikar lui rendent visite. Le Père Léon Robert, nouveau supérieur général vient aussi le voir ; son frère aîné Achille Robert a été missionnaire à Taikou et repose au cimetière des prêtres. Dans le district de Eisen, Raymond est heureux de voir un mouvement de conversions. En 1938, il a la joie de baptiser 175 adultes et d’instruire de nombreux catéchumènes ; il attribue ce résultat aux prières des religieuses en France qu’il a intéressées à son apostolat.
En avril 1940 après 4 ans passés à Yengtchyen, Mgr Demange l’envoie à Ulsan dans le but d’acheter un terrain et d’y construire une église. Les occupants japonais s’opposent à ce qu’un missionnaire étranger achète du terrain. Le projet échoue et en octobre, Raymond est nommé professeur de théologie au grand séminaire de Taikou. En réalité, il y enseigne la philosophie et l’Écriture Sainte jusqu’en 1945. À Pâques, le séminaire est réquisitionné par l’armée japonaise ; les missionnaires français sont mis en résidence surveillée à la paroisse Saint Joseph près de l’évêché. Citoyen d’un pays neutre le Père Froidevaux garde une certaine liberté et est chargé de remplacer le Père Leleu à la paroisse de Pisandong où il reste jusqu’à la capitulation japonaise en août 1945 et la libération des confrères. En septembre il est rapatrié par la Croix Rouge jusqu’à Manille, puis par l’Amérique, il rentre en Suisse pour son premier congé.
FRANCE (1946-1948)
Mgr Charles Lemaire, Supérieur Général nomme Raymond professeur à Ménil-Flin, au petit séminaire des Missions Étrangères (1946-47) puis au séminaire de Bièvres où il enseigne la philosophie (1947-48). La guerre de Corée l’empêche de rentrer dans sa mission et Raymond opte pour le Japon où il est affecté au diocèse de Kobé.
JAPON (1949-1976)
Le bulletin de 1949 signale qu’à Kobé, «le Père Unterwald, sérieusement blessé à la figure et aux mains au cours du bombardement qui ruina de fond en comble son poste se trouve complètement guéri et s’ingénie à relever sa belle église du Sacré-Coeur et la procure. Il a dans le Père Froidevaux, un compagnon qui ne demande pas mieux que de lui faciliter la tâche». Raymond l’aide avec l’espoir de revenir dans le diocèse de Taikou mais en 1950 il remplace le Père Hervé, supérieur des missionnaires d’Osaka. Ce dernier rentre en France pour l’Assemblée Générale ; il n’avait pas revu son pays natal depuis 53 ans ! Dans la paroisse de Takatori, Raymond baptise 54 adultes en 1952. Il ouvre une école maternelle pour 250 enfants, fonde une conférence de St Vincent de Paul et une section de JOC, sans oublier le soin des Coréens immigrés. En 1958, il construit l’église de Suma. Le bulletin de 1955 donne des détails « la maison de Suma qui provisoirement servait de paroisse est devenu le couvent des sœurs des Missions Étrangères. Récemment quelqu’un dont la langue maternelle n’est pas le français parlait de la « réforme de l’église » du Père Froidevaux. Rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’une réforme dogmatique mais d’une transformation de la chapelle. Seuls le toit et les colonnes ont été conservés ; l’intérieur, y compris le chœur et les murs, fut complètement transformé ; une tour surmontée d’une grande croix indiquera plus facilement aux passants l’existence du poste. L’an dernier le Père avait construit un jardin d’enfants, cette année c’est l’église remise à neuf. Certains voient une relation de cause à effet entre des deux constructions. Un jardin d’enfants bien mené donne de la vie à la paroisse et la développe spirituellement : le côté matériel suit naturellement. Le Père Anatole Chaillou aide le curé de Takatori qui en est enchanté.
En juillet 1956 est célébré à Kobé le 25 ième anniversaire des sœurs des Missions Étrangères ; c’est Raymond qui chante la messe d’action de grâces. L’année suivante, il prend son second congé en Suisse et à son retour (février 1958) retrouve sa paroisse. C’est l’année de son jubilé d’argent sacerdotal : le 2 juillet, la fête a lieu à la procure en présence de Mgr Paul Tagu-chi évêque d’Osaka. En 1959, Raymond ajoute une nouvelle salle au jardin d’enfants, un véritable tour de force vu l’étroitesse du terrain, cela grâce à son vicaire coopérateur, le père Cornic et à ses économies. La paroisse de Takatori ne compte que 488 catholiques en 1963 ! En 1967, Raymond devient socius du Père Etienne Durécu à la paroisse de Nakayamate ; dans cette paroisse, ses connaissances linguistiques (japonais, coréen, français, anglais, allemand) facilitent les relations avec les étrangers. Cette paroisse bénéficie aussi du voisinage du Foyer marin du Père Robert Schmeer, situé en face de l’église. Dans cet endroit proche du centre de la ville, la paroisse du Sacré Coeur attire de nombreux catéchumènes japonais.
De 1968 à 1976, Raymond est aumônier du Carmel de la Charité ; il donne des conférences aux novices des sœurs de Chauffailles mais sa santé laisse à désirer et il revient en Suisse pour se soigner ; dans une lettre du 24 juillet 1976, il écrit «L’hôpital St Joseph à Saignelégier étant un peu comme ma maison, je pense que climat et soins me rétabliront d’ici deux ou trois mois. J’ai consulté un médecin qui me traite pour une bronchite mais sur- tout, disons le mot, une dépression nerveuse causée par des faits qui m’ont blessé assez profondément par leur accumulation. Je ne veux pas en répéter la litanie et j’espère qu’avec l’aide du docteur et un effort de volonté, dans la prière je retrouverai mon équilibre pour repartir dans deux mois. Personnellement, étant de l’école des vieux j’aimerais retourner si mon état psychique le permet et surtout si je trouve plus de compréhension sans arrière-pensée. Je ne demande qu’à faire la volonté de Dieu, annoncer l’Évangile en en vivant le plus possible ; finalement le monde entier est terre de mission». Dès le 27 juillet, le Père Léon Roncin, supérieur général le réconforte : « Je souhaite que vous puissiez vous reposer et vous remettre le plus vite possible. Pour cela il vous faut suivre le traitement et les consignes de votre médecin. Quant à l’avenir, il dépend évidemment de votre état de santé et je pense que votre médecin ne manquera pas de vous donner son avis à la fin du traitement. Vous aurez alors à prendre votre décision en accord avec le Père Bayzelon et le Père Berhault ».
FRANCE (1976-2005)
Malheureusement l’avis du docteur n’est pas favorable pour son retour. Raymond accepte d’être aumônier des religieuses de Saint Joseph à Cluny de 1976 à 1982 ; les Sœurs l’en remercient mais il doit laisser sa place à un prêtre du diocèse d’Autun ; d’octobre 1982 à avril 1984, il sera à la maison de Lauris mais cette situation ne le satisfait pas « On est bien à Lauris mais il m’arrive de me demander si c’est bien ma place, si je ne devrais pas retourner au Japon ou même en Corée ou encore chercher quelque ministère en Europe ». En octobre 1984 il est aumônier au foyer Sainte Ursanne dans le canton du Jura suisse. En 1988 il se retire à Montbeton et en 1990 fait un voyage en Corée pour le 50 ième anniversaire de l’église de Yong-Chon ; le 2 juillet 1993, Raymond célèbre ses 60 ans de sacerdoce avec ses confrères de la maison Saint Raphaël. Il s’éteint le 3 mai 2005 à l’hôpital de Montauban.
Le 6 mai, le Père Georges Mansuy, son ancien élève à Ménil-Flin préside les funérailles et dans son homélie souligne les leçons de la vie de notre confrère « Je crois pouvoir dire qu’il a été, comme Job entendu en première lecture, une personne éprouvée, une personne souffrante, du moins dans les années passées en Europe depuis son retour du Japon. Presque chaque fois que j’allais le visiter dans sa chambre, il me donnait l’impression d’être triste, déprimé. Sa dernière étape à Montbeton a duré seize ans traversées par des périodes dépressives mais 16 ans qui ont couronné sa longue vie missionnaire ; il n’a cherché que la volonté de Dieu et n’a finalement désiré être que là où le Seigneur le voulait. Cette évocation est un encouragement à poursuivre la tâche que Dieu nous confie que ce soit en Asie, dans un service de Société ou dans une maison de retraite où par l’offrande de nos dernières années sur terre, nous faisons fructifier les travaux de notre vie active passée. Raymond Froidevaux a connu l’épreuve psychologique surtout dans les années après son retour du Japon. Comme Job, dans l’épreuve il a gardé la foi « Je sais que mon libérateur est vivant et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts, avec mon corps, je me tiendrai debout et de mes yeux de chair, je verrai Dieu ».
Obituary
[3488] FROIDEVAUX Raymond (1908-2005)
Notice nécrologique
Raymond, Maurice, Marie Froidevaux est né le 14 février 1908 à Les Bresleux, commune de Noirmont, dans le canton de Berne (Suisse). Le certificat de naissance, appelé « acte d’origine » nomme ses parents Aurèle Émile Froidevaux et Marie Élise née Froidevaux (une autre famille de même nom). Cet acte donne l’assurance que « nous reconnaîtrons le prénomé en tout temps comme ressortissant de notre commune et que celle-ci le recevra en toute circonstance ». Selon la tradition familiale, Aurèle Froidevaux est horloger et bon musicien de surcroît ; malheureusement il meurt quand son unique fils n’a que 4 ans.
Raymond est baptisé le 20 février 1908 dans l’église des Bresleux. Après des études primaires dans son village, il continue ses études secondaires à l’Institut de Bethléem à Immensee où il reçoit le sacrement de confirmation le 13 avril 1922. En 1926, il fait une année de service militaire. Dans une longue lettre envoyée de l’hôpital de Saigneligier en date du 26 août 1927, Ray- mond raconte l’histoire de sa vocation : « Dès 12 ans, mon père étant mort d’une fin tragique qui me laissa de graves impressions, je pris la résolution de vouer ma vie aux Missions. Donc j’entrai au collège d’Immensee. Je viens de finir mes études, j’ai en mains le diplôme de la maturité fédérale ; je devais entrer au séminaire de Wolhusen mais ayant appris que Mr le Directeur voulait faire de moi un professeur de français pour le petit séminaire, moi voulant absolument aller aux missions, j’échappe simplement en changeant de maison : Je viens à vous car je suis suisse français. Je trouve votre vie de communauté très conforme à mes idées ; donc à quoi bon hésiter ; on ne vit qu’une fois et cette fois, il faut bien la vivre : quoi de mieux que la vie des missions où l’homme n’est plus que victime et non plus soi ». Le 29 août, le père Bondolfi directeur de l’Institut de Bethléem recommande cette demande d’admission aux Missions Étrangères de Paris : « Monsieur le Directeur, Raymond Froidevaux qui a fréquenté notre école pendant 7 années s’est toujours montré intelligent, pieux et appliqué. Nous croyons donc pouvoir le recommander pour être admis dans votre séminaire ». Raymond entre au séminaire de Bièvres le 4 octobre 1927. C’est un séminariste qui parcourt sans difficultés les années de formation à Bièvres et à Paris. Il reçoit le sous-diaconat le 29 juin 1932, le diaconat le 17 décembre. Mgr de Guébriant l’ordonne prêtre le 2 juillet 1933. Les 20 prêtres ordonnés ce jour-là reçoivent aussi leur destination. Raymond Froidevaux est le seul envoyé en Corée. Les partants s’embarquent pour l’Extrême-Orient le 22 septembre à Marseille.
CORÉE (1933- 1945)
Pendant 5 mois, Raymond étudie la langue coréenne avec 10 confrères irlandais, missionnaires de Saint Colomban. À Pâques 1934, ils deviennent vicaires de prêtres coréens mais Raymond est nommé vicaire du Père Marius Julien, curé de la cathédrale de Taikou ; après quelques mois, il reçoit sa destination pour la ville de Yengtchyen à 30 kms de Taikou ; là se développe un mouvement de conversions. Raymond met en route la construction d’une église que Mgr Demange bénira en octobre 1937. À son arrivée, il n’y avait trouvé qu’une maison achetée par le Père Deslandes en prévision de la division de sa paroisse. Il y réside pendant les constructions ; son héritage familial (8000 francs suisses de l’époque) lui vient en aide. Il pense qu’avec cette somme, il pourra construire plusieurs nouvelles églises.
Deux de ses anciens condisciples de Immensee, missionnaires à Tsit-sikar lui rendent visite. Le Père Léon Robert, nouveau supérieur général vient aussi le voir ; son frère aîné Achille Robert a été missionnaire à Taikou et repose au cimetière des prêtres. Dans le district de Eisen, Raymond est heureux de voir un mouvement de conversions. En 1938, il a la joie de baptiser 175 adultes et d’instruire de nombreux catéchumènes ; il attribue ce résultat aux prières des religieuses en France qu’il a intéressées à son apostolat.
En avril 1940 après 4 ans passés à Yengtchyen, Mgr Demange l’envoie à Ulsan dans le but d’acheter un terrain et d’y construire une église. Les occupants japonais s’opposent à ce qu’un missionnaire étranger achète du terrain. Le projet échoue et en octobre, Raymond est nommé professeur de théologie au grand séminaire de Taikou. En réalité, il y enseigne la philosophie et l’Écriture Sainte jusqu’en 1945. À Pâques, le séminaire est réquisitionné par l’armée japonaise ; les missionnaires français sont mis en résidence surveillée à la paroisse Saint Joseph près de l’évêché. Citoyen d’un pays neutre le Père Froidevaux garde une certaine liberté et est chargé de remplacer le Père Leleu à la paroisse de Pisandong où il reste jusqu’à la capitulation japonaise en août 1945 et la libération des confrères. En septembre il est rapatrié par la Croix Rouge jusqu’à Manille, puis par l’Amérique, il rentre en Suisse pour son premier congé.
FRANCE (1946-1948)
Mgr Charles Lemaire, Supérieur Général nomme Raymond professeur à Ménil-Flin, au petit séminaire des Missions Étrangères (1946-47) puis au séminaire de Bièvres où il enseigne la philosophie (1947-48). La guerre de Corée l’empêche de rentrer dans sa mission et Raymond opte pour le Japon où il est affecté au diocèse de Kobé.
JAPON (1949-1976)
Le bulletin de 1949 signale qu’à Kobé, «le Père Unterwald, sérieusement blessé à la figure et aux mains au cours du bombardement qui ruina de fond en comble son poste se trouve complètement guéri et s’ingénie à relever sa belle église du Sacré-Coeur et la procure. Il a dans le Père Froidevaux, un compagnon qui ne demande pas mieux que de lui faciliter la tâche». Raymond l’aide avec l’espoir de revenir dans le diocèse de Taikou mais en 1950 il remplace le Père Hervé, supérieur des missionnaires d’Osaka. Ce dernier rentre en France pour l’Assemblée Générale ; il n’avait pas revu son pays natal depuis 53 ans ! Dans la paroisse de Takatori, Raymond baptise 54 adultes en 1952. Il ouvre une école maternelle pour 250 enfants, fonde une conférence de St Vincent de Paul et une section de JOC, sans oublier le soin des Coréens immigrés. En 1958, il construit l’église de Suma. Le bulletin de 1955 donne des détails « la maison de Suma qui provisoirement servait de paroisse est devenu le couvent des sœurs des Missions Étrangères. Récemment quelqu’un dont la langue maternelle n’est pas le français parlait de la « réforme de l’église » du Père Froidevaux. Rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’une réforme dogmatique mais d’une transformation de la chapelle. Seuls le toit et les colonnes ont été conservés ; l’intérieur, y compris le chœur et les murs, fut complètement transformé ; une tour surmontée d’une grande croix indiquera plus facilement aux passants l’existence du poste. L’an dernier le Père avait construit un jardin d’enfants, cette année c’est l’église remise à neuf. Certains voient une relation de cause à effet entre des deux constructions. Un jardin d’enfants bien mené donne de la vie à la paroisse et la développe spirituellement : le côté matériel suit naturellement. Le Père Anatole Chaillou aide le curé de Takatori qui en est enchanté.
En juillet 1956 est célébré à Kobé le 25 ième anniversaire des sœurs des Missions Étrangères ; c’est Raymond qui chante la messe d’action de grâces. L’année suivante, il prend son second congé en Suisse et à son retour (février 1958) retrouve sa paroisse. C’est l’année de son jubilé d’argent sacerdotal : le 2 juillet, la fête a lieu à la procure en présence de Mgr Paul Tagu-chi évêque d’Osaka. En 1959, Raymond ajoute une nouvelle salle au jardin d’enfants, un véritable tour de force vu l’étroitesse du terrain, cela grâce à son vicaire coopérateur, le père Cornic et à ses économies. La paroisse de Takatori ne compte que 488 catholiques en 1963 ! En 1967, Raymond devient socius du Père Etienne Durécu à la paroisse de Nakayamate ; dans cette paroisse, ses connaissances linguistiques (japonais, coréen, français, anglais, allemand) facilitent les relations avec les étrangers. Cette paroisse bénéficie aussi du voisinage du Foyer marin du Père Robert Schmeer, situé en face de l’église. Dans cet endroit proche du centre de la ville, la paroisse du Sacré Coeur attire de nombreux catéchumènes japonais.
De 1968 à 1976, Raymond est aumônier du Carmel de la Charité ; il donne des conférences aux novices des sœurs de Chauffailles mais sa santé laisse à désirer et il revient en Suisse pour se soigner ; dans une lettre du 24 juillet 1976, il écrit «L’hôpital St Joseph à Saignelégier étant un peu comme ma maison, je pense que climat et soins me rétabliront d’ici deux ou trois mois. J’ai consulté un médecin qui me traite pour une bronchite mais sur- tout, disons le mot, une dépression nerveuse causée par des faits qui m’ont blessé assez profondément par leur accumulation. Je ne veux pas en répéter la litanie et j’espère qu’avec l’aide du docteur et un effort de volonté, dans la prière je retrouverai mon équilibre pour repartir dans deux mois. Personnellement, étant de l’école des vieux j’aimerais retourner si mon état psychique le permet et surtout si je trouve plus de compréhension sans arrière-pensée. Je ne demande qu’à faire la volonté de Dieu, annoncer l’Évangile en en vivant le plus possible ; finalement le monde entier est terre de mission». Dès le 27 juillet, le Père Léon Roncin, supérieur général le réconforte : « Je souhaite que vous puissiez vous reposer et vous remettre le plus vite possible. Pour cela il vous faut suivre le traitement et les consignes de votre médecin. Quant à l’avenir, il dépend évidemment de votre état de santé et je pense que votre médecin ne manquera pas de vous donner son avis à la fin du traitement. Vous aurez alors à prendre votre décision en accord avec le Père Bayzelon et le Père Berhault ».
FRANCE (1976-2005)
Malheureusement l’avis du docteur n’est pas favorable pour son retour. Raymond accepte d’être aumônier des religieuses de Saint Joseph à Cluny de 1976 à 1982 ; les Sœurs l’en remercient mais il doit laisser sa place à un prêtre du diocèse d’Autun ; d’octobre 1982 à avril 1984, il sera à la maison de Lauris mais cette situation ne le satisfait pas « On est bien à Lauris mais il m’arrive de me demander si c’est bien ma place, si je ne devrais pas retourner au Japon ou même en Corée ou encore chercher quelque ministère en Europe ». En octobre 1984 il est aumônier au foyer Sainte Ursanne dans le canton du Jura suisse. En 1988 il se retire à Montbeton et en 1990 fait un voyage en Corée pour le 50 ième anniversaire de l’église de Yong-Chon ; le 2 juillet 1993, Raymond célèbre ses 60 ans de sacerdoce avec ses confrères de la maison Saint Raphaël. Il s’éteint le 3 mai 2005 à l’hôpital de Montauban.
Le 6 mai, le Père Georges Mansuy, son ancien élève à Ménil-Flin préside les funérailles et dans son homélie souligne les leçons de la vie de notre confrère « Je crois pouvoir dire qu’il a été, comme Job entendu en première lecture, une personne éprouvée, une personne souffrante, du moins dans les années passées en Europe depuis son retour du Japon. Presque chaque fois que j’allais le visiter dans sa chambre, il me donnait l’impression d’être triste, déprimé. Sa dernière étape à Montbeton a duré seize ans traversées par des périodes dépressives mais 16 ans qui ont couronné sa longue vie missionnaire ; il n’a cherché que la volonté de Dieu et n’a finalement désiré être que là où le Seigneur le voulait. Cette évocation est un encouragement à poursuivre la tâche que Dieu nous confie que ce soit en Asie, dans un service de Société ou dans une maison de retraite où par l’offrande de nos dernières années sur terre, nous faisons fructifier les travaux de notre vie active passée. Raymond Froidevaux a connu l’épreuve psychologique surtout dans les années après son retour du Japon. Comme Job, dans l’épreuve il a gardé la foi « Je sais que mon libérateur est vivant et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts, avec mon corps, je me tiendrai debout et de mes yeux de chair, je verrai Dieu ».