Paul LE GAL1910 - 1965
- Status : Prêtre
- Identifier : 3535
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Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1935 - 1953 (Vinh)
Biography
[3535] LE GAL Paul, Ignace, Marie, est né le 15 mai 1910 à Plaudren, dans le diocèse de Vannes (Morbihan). Après ses études primaires à Trédion où résidait sa famille, il fit ses études secondaires au Petit Séminaire de Ploermel de 1921 à 1927, puis il entra au Grand Séminaire de Vannes où il passa trois ans. Après une année de service militaire, il passa une année au service du diocèse comme surveillant au Collège Saint Louis de Lorient, puis au Petit Séminaire de Ploermel, avant d'entrer au Séminaire des Missions Etrangères le 15 septembre 1932. Ordonné prêtre le 7 juillet 1935, il partit le 15 septembre pour la Mission de Vinh.
Après une première initiation à la langue viêtnamienne à Xa-Doai puis à Cua-Lo il fut professeur au Petit Séminaire de Xa-Doai de 1936 à 1938, puis Supérieur du probatorium à Xuan-Phong de 1938 à 1945. Lors de l'insurrection viêtminh qui suivit l'occupation japonaise, il fut, avec tous ses confrères, placé en résidence surveillée au presbytère de Vinh où il resta sept ans, de 1946 à 1953. Pendant cette longue période de quasi-captivité, mettant à profit ses connaissances et son expérience d'infirmier, il passait une bonne partie de son temps à soigner les malades qui venaient de toute la région. Libéré le 11 juin 1953, et rentré en France, il fut nommé, en 1954, professeur de philosophie au Séminaire de Bièvres dont il fut aussi vice-supérieur de 1955 à 1961.
En 1961, il fut chargé, à Paris, de l'administration de la revue Epiphanie" qui devait remplacer le "Bulletin de Hong-Kong", et il y rédigea les chroniques des Missions et les notices nécrologiques des missionnaires décédés.
Frappé de congestion le 10 juillet 1965, il mourut le soir même à l'hôpital Pasteur. Ses obsèques furent célébrées dans la chapelle du Séminaire et il fut inhumé au cimetière Montparnasse.
Obituary
Paul LE CAL
1910 - 1965
missionnaire à Vinh
Paul LE GAL naquit à Plaudren, au diocèse de Vannes, le 10 mai 1910. Il resta fils unique. Ses parents, après sa naissance, vinrent s’établir à Trédion, où son père remplit les fonctions de régisseur des propriétés du châtelain de l’endroit. Après ses études primaires à Trédion, il entra au petit séminaire diocésain de Ploërmel, au mois d’octobre 1921. Son curé pensait le faire admettre en cinquième, mais sa préparation étant insuffisante. Paul fut contraint de descendre en sixième. Il fut un élève appliqué, sérieux, un peu tendu même, tant pour ses études que pour l’observation de la discipline du séminaire ; il est vrai que cette discipline était plutôt stricte ; le préfet ne transigeait pas, il se trouvait toujours partout, surtout là où les élèves auraient aimé qu’il ne fût pas, et le jeune Paul n’était pas un garçon à se donner des libertés... Il accomplit le cycle normal des études, jusqu’en première inclusivement, se maintenant dans une bonne moyenne, et la dépassant légèrement. En juillet 1927, il quitta le petit séminaire sans avoir réussi à la première partie du baccalauréat.
Quelques mois plus tôt, il s’était ouvert à ses parents de son désir d’être missionnaire et d’entrer au Séminaire des Missions Etrangères. Sans mettre une opposition de principe à sa vocation, son père lui dit : « Oui, mais je veux que tu aies ton baccalauréat auparavant ». Paul se présenta donc à la session de septembre 1927, fut reçu et, sur les instances de ses parents, entra au grand séminaire de Vannes. Les deux années de philosophie furent couronnées par l’obtention de la seconde partie. Il fit encore à Vannes la première année de théologie, accomplit son service militaire. Quand il fut libéré, les autorités diocésaines lui imposèrent un an au service du diocèse avant de lui permettre d’entrer aux Missions Etrangères. Il passa cette année 1931-1932 comme surveillant pendant six mois au collège Saint-Louis, à Lorient, et au petit séminaire de Ploërmel, pendant trois mois. C’est de là qu’il demandera son admission, au bout de cinq ans d’attente. En le présentant, le supérieur du grand séminaire notait en lui une vocation sérieuse et éprouvée, une sincère piété, une intelligence solide et un caractère réfléchi. Il avait 22 ans. A Paris, il reste lui-même, un aspirant modèle, plutôt strict. En 1935, il fut ordonné prêtre et reçut le jour même sa destination pour la Mission de Vinh, au /ietnam, où il arriva en octobre de la même année.
Mgr Eloy le garda quelques mois, au centre de la Mission, à Xa-Doai pour commencer l’étude de la langue et, en janvier 1936, l’envoya parfaire ses connaissances linguistiques, avec l’aide d’un catéchiste, dans un petit poste, au bord de la mer, à Cua-Lô En 1936, à la rentrée des élèves, il fut nommé au petit séminaire de Xa-Doai, comme professeur surtout de langue française qui, à cette époque, était devenue le véhicule de l’enseignement. Le P. Le Gal n’a pratiquement jamais exercé le ministère en paroisse ; il était d’ailleurs mieux fait pour être professeur et il l’a été toute sa vie.
En 1938, il devint supérieur du probatorium de Xuân-Phong, en remplacement du P. Martin, nommé au grand séminaire. Le probatorium. ouvert en 1932, avait eu comme premier supérieur le P. Radelet qui était entré au monastère cistercien de Notre-Dame d’Annam, à Phuoc-Son dans la mission de Hué. Le but de cette école était de recevoir les enfants susceptibles d’entrer au petit séminaire et de les former de façon qu’ils puissent, du moins pour la plupart, obtenir le certificat franco-annamite. Le Père leur enseignait le français et l’arithmétique et y réussissait très bien : chaque année, il avait un très grand nombre d’élèves reçus. Mais, soit timidité, soit manque de pratique, le P. Le Gal ne parlait guère en public en vietnamien, et il confia la lecture spirituelle à un de ses professeurs.
Ce ministère le retint jusqu’en 1945, sauf interruptions dues à la guerre. Il fut mobilisé à Vinh quelques mois en 1939-1941.
En 1945, au mois d’août, à la défaite japonaise, il fut amené au presbytère de Vinh, où déjà avaient été rassemblés les missionnaires de sa mission. Il y resta un an, préparant avec soin ses cours de théologie morale, car il devait prendre ce poste dès que les événements le permettraient. En octobre 1946, à la suite de l’armistice, il vint en effet au grand séminaire, à Xa-Doai ; les élèves n’étaient pas encore rentrés ; avant qu’ils fussent rappelés, la situation avait grandement évolué : les hostilités s’étaient ouvertes entre le Prési¬dent Ho chi Minh et les troupes françaises. En avril 1947, alors que la guerre durait déjà depuis plusieurs mois, le P. Le Gal fut de nouveau amené par les Vietminh au presbytère de Vinh et mis en résidence surveillée avec les missionnaires des diocèses de Vinh, de Hué et de Thanh-Hoa. Cet internement dura jusqu’au début de juin 1953. C’était un régime de semi-liberté, en ce sens que les Pères pouvaient assurer sur place à l’église paroissiale de Câu-Râm contiguë au presbytère, un certain ministère.
Ne sachant ce que l’avenir réservait, le P. Le Gal continua ses études théologiques, mais surtout il se dépensa à soigner les malades. La surveillance s’étant relâchée autour des « prisonniers » — au début les relations avec l’extérieur étaient impossibles — quelques chrétiens de Câu-Râm, timidement d’abord, demandèrent au P. Le Gal de soigner leurs plaies. Il y consentit. A partir de ce jour-là, leur nombre augmenta rapidement et ainsi, pendant des années, chaque matin de 8 heures à midi, le Père soigna ses malades avec un dévouement au-dessus de tout éloge. Où prenait-il les médicaments, alors que partout on en manquait ? Il avait demandé aux religieuses de Saint-Paul de Chartres, qui avaient un dispensaire à Xa-Doai, de lui faire parvenir quelques pommades et des bandes de pansements, mais son grand remède était le bleu de méthylène. Assis sur la marche de la porte extérieure du presbytère, entouré par dix ou quinze personnes attendant leur tour, le P. Le Gal, patiemment, minutieusement, nettoyait et lavait les plaies. Moins de patience, moins de dévouement et aussi de propreté n’aurait certes pas obtenu de tels résultats... Mais, c’est un fait, il guérissait presque tous ses malades. Parfois même des soldats vietminh venaient lui demander des soins.
Au début, l’un d’eux voulut savoir, d’ailleurs, semble-t-il, sans mauvaise intention, de quel droit il faisait ainsi office de médecin. Le Père tira alors de son portefeuille un certificat attestant ses connaissances médicales. Ce certificat, il l’avait reçu à Paris même, avant son départ en mission, après avoir suivi quelques cours de médecine pratique donnés aux partants. Ce papier coupa court à toute discussion et, étant donné surtout les résultats obtenus, le Père put continuer jusqu’à la fin, sans être inquiété, son œuvre charitable, car c’en était une.
Il est bon de signaler ici la discrétion et la prudence du P. Le Gal. Pendant qu’il opérait, les gens autour de lui parlaient et, naturellement, des événements militaires. Dans l’absence de nouvelles autres que celles des journaux vietminh, la tentation était fa¬cile de chercher à sonder l’opinion des braves gens qui venaient. Mais le Père se tenait sur ses gardes, il écoutait, ne posait jamais la moindre question. Si donc il y avait eu parmi eux quelqu’espion — et on pouvait le supposer — personne n’aurait pu l’accuser de quoi que ce fût, pas même de curiosité.
Libérés le 11 juin 953, les missionnaires internés à Vinh regagnèrent la France et le P. Le Gal, dont c’était le premier congé, prit alors en Bretagne, auprès de sa mère, — son père était décédé l’année précédente — un repos bien mérité.
En septembre 1954, Mgr Lemaire l’appela, comme professeur à Bièvres. Le supérieur du Séminaire, le P. Alazard, lui confia la première année de philosophie, à la fois préparation à la deuxième partie du baccalauréat universitaire et introduction à l’étude de la scolastique. Par goût et par formation, le P. Le Gal eût sans doute préféré enseigner celle-ci. Mais il fut un très bon professeur de « philo » universitaire, dans le style classique : la nécessité de suivre un programme strict, officiellement déterminé, ne lui laissait guère de facilité pour faire œuvre originale ; son tempérament ne le portait d’ailleurs pas dans ce sens. Avec l’application qui fut toujours la sienne, car il était ennemi de l’improvisation, il se mit à la préparation minutieuse de son cours ; il demandait aide et conseil, entre autres au P. Guennou, qui avait enseigné la même discipline au collège Godefroy de Bouillon à Clermont-Ferrand ; à la demande de Mgr Lemaire, le P. Le Gal suivit, à la quarantaine passée, pendant un an, un cours de philosophie à l’Institut Catholique, tout en gardant ses classes de Bièvres. Il donna un enseignement sérieux, documenté, méthodique, solide, plus que brillant. Il surveillait de près le travail de ses élèves, donnait de très fréquentes dissertations qu’il corrigeait méticuleusement, organisa des baccalauréats « blancs ». Le succès des élèves récompensait très souvent la compétence et les longs efforts du professeur et, certaine année, il eut la joie de voir reçus à l’examen officiel tous les élèves préparés par lui.
Educateur-né, le P. Le Gal fut aussi un directeur apprécié et averti ; les aspirants qu’il recevait en direction avec régularité, pouvaient le consulter très facilement sans craindre de le déranger. Mais, plus que ses conseils, son exemple enseigna aux aspirants l’assiduité dans la prière et dans le travail. Déjà marqué par le mal qui devait l’emporter brutalement, il eut à cœur de ne manquer ni un cours, ni une prière commune, quelle que fût sa fatigue. Le P. Le Gal fut l’homme de la fidélité et du devoir. « Ce qu’on demande à des intendants, c’est qu’ils soient trouvés fidèles ».
Il n’eut aucune peine à commenter cette parole de Saint Paul, quand il prononça l’allocution pour le départ du 26 septembre 1956. La cérémonie dût lui plaire dans son déroulement traditionnel. Avec émotion il évoqua la gravité de ce départ : « le moment est venu de desserrer les liens d’une chaude affection ». Surtout, il parle, en connaissance de cause, de cette fidélité authentique « humble et patiente, au-delà de la situation du moment » et qui est « réponse à un appel de Dieu », « par rapport auquel la liberté et l’être tout entier s’ordonnent et se définissent ». C’était là l’orientation profonde de sa vie.
La fidélité à la tradition et au devoir auraient pu le rendre tendu, strict ; un certain manque d’aisance naturelle aurait pu aussi gêner les relations avec les aspirants. En fait c’est une profonde amitié qu’il éprouvait à leur égard, il était soucieux de leur rendre service et de leur mettre la joie au cœur. Beaucoup ont fait leurs voyages de vacances dans sa « Dauphine » qu’il conduisait avec la même conscience qu’il mettait à corriger ses copies. Ces voyages devaient être fort agréables, car à chaque congé sa voiture partait pleine d’aspirants vers la Bretagne.
Le P. Le Gal fut choisi comme vice-supérieur de Bièvres en 1955, et le resta jusqu’en juillet 1961. A la rentrée de septembre 1960, les deux séminaires de Bièvres et de Paris fusionnèrent. La classe de philosophie universitaire fut supprimée et le P. Le Gal devint disponible pour une nouvelle fonction. Il fut nommé au Centre de Documentation, comme administrateur de la revue « Epiphanie » que venait de fonder le P. Marillier. En particulier, il fut chargé de publier les chroniques de mission et les notices biographiques des confrères décédés. C’est à ce travail qu’il consacra ses dernières années avec la même ponctualité, et prenant grand intérêt à la vie du Séminaire et de la Société.
La santé du P. Le Gal n’avait jamais été très robuste, les années d’internement à Vinh l’avaient éprouvée. A Bièvres, il ressentait déjà une grande fatigue et son application, méticuleuse jusqu’à la tension, ne lui permettait que de rares détentes.
A Paris, en 1962, il se mit à traîner la jambe, se plaignit d’une douleur continuelle au côté gauche ; sans être douillet, il redoutait un cancer ; plusieurs séjours en observation à Pasteur le rassurèrent sur ce point ; mais sa santé était fortement altérée et ses confrères le voyaient baisser sensiblement. Une cure à Vichy en 1964 n’apporta aucun soulagement, le médecin traitant ne le trouva pas en forme suffisante pour supporter le traitement complet.
En juillet 1965, il suivit la retraite commune à Bièvres, prit beaucoup de notes, selon son habitude, sortit un peu dans le parc, mais il se sentait très fatigué. Il rentra au séminaire de Paris le vendredi après le repas du soir. Le lendemain matin, il fut trouvé étendu dans le couloir du troisième, étendu sans connaissance devant sa porte. Des confrères le transportèrent dans sa chambre, sans qu’il reprît ses sens. La sœur infirmière et le docteur furent appelés, des soins lui furent donnés ; dans la matinée il eut quelques moments de conscience, pendant lesquels il s’inquiéta d’assurer son remplacement pour la messe qu’il s’était engagé à célébrer ce jour-là en banlieue. A 11 heures, l’ambulance vint pour le transporter à l’hôpital Pasteur. Au moment où on le mit sur la civière, il perdit totalement connaissance et son état ne fit que s’aggraver au cours de l’après-midi. Vers 10 heures du soir, ce samedi 10 juillet, il rendit son âme à Dieu. Il avait 55 ans.
La messe des funérailles fut célébrée le 13 juillet dans la chapelle du Séminaire et l’inhumation a eu lieu au cimetière Montparnasse.
Le P. Le Gal laisse à tous l’exemple d’un prêtre pieux, serviable et d’une très grande fidélité à son devoir. « Vous êtes les intendants des mystères de Dieu. Or, ce qu’on demande à des intendants, c’est de se montrer fidèles ».
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References
[3535] LE GAL Paul (1910-1965)
Références bibliographiques
AME 1935 p. 237 + photo. CR 1935 p. 241. 1954 p. 84. 1955 p. 75. 1960 p. 97. 1965 p. 150. 1968 p. 63. . BME 1932 p. 723. 1935 p. 623. 827. 1936 p. 695. 750. 1939 p. 59. 1940 p. 622. 1941 p. 763. 1948 p. 127. 1952 p. 647. 1953 p. 625. 655. 657. 724. 1954 p. 698. 1955 p. 1010. 1956 p. 1005. 1957 p. 982. 1960 p. 943. 1961 p. 874. EPI 1962 p. 1. 2. 1965 p. 841. 1968 p. n°1 (notice). EC1 N° 318. 321. 462. 541. 543. 556. 584. 605. 678. 684. 703. 704. 730. 739. 752. 756.