Jean MURGUE1908 - 1989
- Status : Prêtre
- Identifier : 3551
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1936 - 1989 (Fukuoka)
Biography
[3551] MURGUE Jean, Julien, Marius, naquit le 14 août 1908 à Saint-Étienne, au diocèse de Lyon (Loire). Issu d'une famille ouvrière, il devint ouvrier lui-même en entrant à l'âge de treize ans à la Compagnie des Chemins de Fer P.L.M. Il avait dix neuf ans quand un prêtre l'entendant en confession l'invita à songer au sacerdoce. À vingt ans, Jean entra au Séminaire des vocations tardives de Chessy. C'est au cours de sa seconde année qu'il décida de consacrer sa vie aux missions. En 1930, il devint étudiant en philosophie au Grand Séminaire de Lyon, à Francheville. Puis en 1932, il demanda son admission aux Missions Étrangères et il y entra le 7 septembre 1932. Il fut ordonné sous-diacre le 22 décembre 1934, diacre le 29 mai 1935 et prêtre le 21 décembre suivant. Destiné à la mission de Fukuoka, il partit le 14 avril 1936 et arrivé à Fukuoka le 28 mai.
Le Père Murgue commença l'étude de la langue à l'évêché même. En 1937, il fut envoyé à Imamura, puis, l'année suivante, il fut nommé responsable de la paroisse de Kurumé. Malgré les difficultés propres à cette période, il ouvrit une école de couture pour les jeunes filles et fonda le poste de Yunagawa. Assigné à résidence comme la plupart des confrères , il dut attendre la fin de la guerre pour revenir à Kurumé. Il le trouva complètement détruit par les bombardements et les incendies. Il fit alors un séjour en France et, à son retour, il fut nommé curé de Kokura. Kokura était en plein coeur d'un important centre industriel. Le Père Murgue comprit que, dans un tel milieu, l'instrument providentiel de l'apostolat était la JOC. C'est ainsi qu'après un difficile départ, la JOC fut officiellement fondée le 29 mars 1949. Le 28 mars 1950 il fut nommé supérieur local, mais sollicité par l'inter nonce, Mgr. de Furstemberg, de se consacrer uniquement à la diffusion et à l'animation de la JOC dans le pays, il donna sa démission de supérieur et vint s'installer à Tokyo. Mais pour transférer le secrétariat général de la JOC et JOCF il lui fallait trouver une maison où puissent se loger les permanents et l'aumônier. Une bienfaitrice lui ayant offert un terrain non loin de la gare de Shinjuku, il y construisit le centre jociste et s'y installa en mars 1952. Le Père Murgue conserva sa charge d'aumônier général de la JOC et JOCF jusqu'en 1962.
Entre temps, avec l'aide d'anciens jocistes, il créa un Centre d'Études Sociales", en vue de faire connaître la doctrine sociale de l'Église. Soutenu par une revue qu'il avait fondée, organisant chaque année un séminaire national sur un thème, souvent choisi en fonction de l'actualité, le "Centre d'Études Sociales" présenta le message de l'Évangile. Par ailleurs, il écrivit de nombreux articles et fit nombre de conférences. Remaniant ces conférences, il les édita sous forme de brochures "Pour une libération de la guerre" (1969); "D'où vient la crise actuelle" (1970); "Les débuts d'une ère nouvelle" (1971); "La Messe" (1978); "La voix qui crie dans le désert" (1982); "Lectures spirituelles pour les chrétiens d'aujourd'hui" (1986). Le Père Murgue voulut lutter contre les injustices dont son victimes les pauvres... Il fut à l'origine de nombreuses vocations de laïcs chrétiens. Dans les dernières années de sa vie, il eut à porter sa part de la Croix du Christ : diverses maladies l'obligèrent à faire plusieurs séjours à l'hôpital. En 1988, il donna sa démission d'aumônier du "Centre d'Études Sociales" et le 26 mars 1989, en la fête de la Résurrection, il rendit au Seigneur son âme de prophète.
Obituary
Le Père Jean MURGUE
Missionnaire de Fukuoka
1908 - 1989
MURGUE Jean
Né le 14 août 1908 à Saint-Étienne, Loire, diocèse de Lyon
Entré aux Missions Étrangères le 23 avril 1932
Prêtre le 21 décembre 1935. Destiné à la mission de Fukuoka
Parti le 24 avril 1936
Décédé à Tôkyô le jour de Pâques, 26 mars 1989
Enfance et jeunesse
Jean Murgue naquit le 14 août 1908 à Saint-Étienne, dans la Loire, Issu d’une famille ouvrière, il devint ouvrier lui-même, en entrant dès l’âge de seize ans à la Compagnie des chemins de fer du PLM comme ajusteur-mécanicien. Pendant trois ans il travailla à l’entretien des locomotives, tout en suivant des cours en vue d’obtenir les qualifications nécessaires pour conduire un jour les trains de voyageurs. Plus tard il put ainsi faire appel à sa propre expérience pour venir en aide aux, jeunes travailleurs confiés à son ministère. Il utilisait volontiers une image empruntée à ses années d’apprentissage pour parler de son désir de former des chrétiens tout donnés à Jésus-Christ : « Il s’agit d’en faire des hommes rivés, soudés au Christ dans toute leur vie quotidienne... Soudés au Christ, c’est un mot qui, pour moi, a une résonance profonde, qui provient de la réalité matérielle. Lorsque je travaillais à la réparation des locomotives, il fallait parfois soudent ensemble des morceaux de pièces. C’est un travail qui ne pouvait être fait sans utiliser le feu. Il en est de même pour souder les hommes au Christ Jésus. Il faut absolument utiliser le feu, le feu de l’évangile que le Seigneur est venu apporter sur la terre... »
Le P. Murgue a raconté comment, de façon tout à fait inattendue, alors qu’il avait dix-neuf ans, un prêtre qui l’entendait en confession l’invita à songer au sacerdoce : « Devenir prêtre ! C’est une chose à laquelle je n’avais jamais pensé jusqu’alors. Si j’avais été un homme normal, j’aurais probablement répondu : accordez-moi un peu de temps pour réfléchir. Mais sans savoir pourquoi, poussé par une force inconnue, je répondis oui sans hésiter. » Le P. Murgue aimait à dire que toute sa vie missionnaire était contenue dans ce oui initial irréfléchi. Oui inspiré par l’Esprit Saint sans doute, mais aussi révélateur d’un tempérament entier, peu enclin aux tergiversations et aux demi-mesures. Signe d’un caractère bien trempé et d’une générosité spontanée qui devaient se manifester tout au long de sa vie.
Il entra d’abord, à vingt ans, au petit séminaire pour vocations tardives de Chessy, dans l’intention de devenir prêtre du diocèse de Lyon Puis, de la même façon, avec la même rapidité que lors du premier appel et, selon lui, de manière tout aussi imprévue, il obéit sur-le-champ à une voix intérieure entendue « un matin, au lever du séminaire » que l’invitait à devenir missionnaire. Sans attendre il décida alors de consacrer sa vie au service des missions. C’était au cours de sa seconde année d’études à Chessy.
Après deux années de philosophie au grand séminaire de Lyon, à Francheville, il demanda son admission aux Missions Étrangères, qui lui fut accordée le 23 avril 1932, et entra au séminaire de la rue du Bac en septembre de la même année. C’est là qu’il étudia la théologie avant de recevoir l’ordination sacerdotale, le 21 décembre 1935, en même temps que sa destination pour la mission de Fukuoka au Japon.
Les premières années de vie missionnaire
Débarqué à Kobé le 24 mai 1936, le P. Murgue arriva quatre jours plus tard à Fukuoka. Il se consacra d’abord pendant un an à l’étude du japonais, en résidant à l’évêché, non sans avoir reçu au bout de six mois le titre de vicaire de la cathédrale, ce qui lui permit de faire ses premières armes sous la direction du P. Bois qui en était le curé.
En juin 1937, il fut envoyé à Imamura, en compagnie du P. Aubry, un sulpicien canadien chargé du soin de la paroisse de la ville en l’absence du curé en titre, le P. Maxime Bonnet. Là le P. Murgue apprit d’abord à connaître le milieu des « vieux chrétiens », descendants des familles dans lesquelles la foi s’est transmise, en dépit du manque de prêtres, pendant la longue période des persécutions. Là il commença aussi à s’imprégner peu à peu de la sagesse japonaise, à laquelle le Bonnet, personnage haut en couleurs, entendait l’initier. Sagesse parfois déconcertante pour le jeune vicaire. Bien des années plus tard, le P. Murgue riait encore en parlant de la surprise éprouvée par lui, un jour, alors qu’ayant cru bien faire en munissant de grillages les fenêtres du presbytère pour empêcher les moustiques d’entrer, il s’était entendu reprocher sa sottise par son curé pourquoi diable mettre des grillages qui empêchent les moustiques de sortir !
En octobre 1938, le P. Murgue fut nommé curé de Kurumé. Il devait y rester jusqu’en 1948. C’est l’époque du militarisme triomphant, puis de la guerre. Les missionnaires étrangers sont étroitement surveillés, soupçonnés d’être des agents à la solde de leur pays d’origine. Leurs sermons sont contrôlés, les déplacements interdits. En dépit de ces difficultés, le P. Murgue se dévoue corps et âme pour approfondir la formation chrétienne de ses paroissiens. Il parvient à ouvrir une école de couture pour les jeunes filles. Il fonde même un nouveau poste à Yunagawa, y louant une maison pour reprendre une tentative d’évangélisation qui avait autrefois échoué. Sous son impulsion la communauté connaît un nouveau dynamisme.
Pendant les derniers mois qui précèdent la capitulation du Japon en 1945, tous les étrangers sont astreints à résidence dans un camp surveillé, au pied du mont Aso. Le P. Murgue, qui y resta deux mois, en parlera ensuite comme d’un véritable camp de concentration. Dès l’annonce de l’armistice, le 15 août 1945, il quitta le camp sans attendre l’autorisation de la police et prit le train, sans billet, pour aller à Fukuoka rencontrer son évêque, Mgr Fukahori, qui fut tout surpris de le voir arriver si tôt. Il regagna ensuite Kurumé, où il trouva l’église et le centre paroissial transformés en amas de ruines par les bombardements.
Épuisé par des années de privations, et très amaigri, le P. Murgue ne resta que quelques jours à Kurumé et prit ses dispositions pour partir en congé se refaire la santé. Il se rendit à Nagasaki, deux ou trois semaines seulement après la destruction de la ville par la bombe atomique, où il fut admis sur un navire hôpital de la marine américaine qui le conduisit à Manille, via Okinawa. Accueilli à Manille par les Sœurs de Saint-Paul de Chartres, il attendit là un bateau qui le rapprocha de la France. C’est finalement après un crochet par Seattle puis New Yod qu’il arriva au Havre, bouclant ainsi le tour du monde qu’il avait commencé dix ans plus tôt. Le 6 janvier 1946, il pouvait prendre part à la fête de l’Épiphanie au séminaire de la rue du Bac.
Après une année de repos bien mérité en France, le P. Murgue se démena pour trouver le moyen de regagner sa mission. Au contraire de certains qui semblaient sceptiques sur la possibilité pour les étrangers de travailler dans le Japon de l’immédiat après-guerre, il n’avait jamais envisagé de le quitter. Il fit un court séjour à Brighton, en Angleterre puis se rendit à Marseille où il réussit à s’embarquer sur un bateau pour Saïgon. Là il en trouva un autre pour Shanghaï, d’où un avion le transporta à la base militaire de Tachikawa, proche de Tôkyô.
Après avoir rencontré à Yokosuka Mgr Breton, l’ancien évêque de Fukuoka, qui dirigeait là les Sœurs de la Visitation, Institut fondé par lui, il prit la route de Fukuoka, où il salua son évêque, Mgr Fukahori avant de regagner Kurumé. Il retrouvait sa paroisse dans une situation totalement nouvelle. Le Japon était occupé par l’armée américaine, et la liberté de religion était enfin pleinement effective. Les évêques japonais avaient expressément demandé aux missionnaires étrangers de participer à l’effort d’évangélisation pendant cette période de reconstruction du Japon. Le P. Murgue ne devait rester que deux ans à Kurumé après la guerre. Ce furent deux années d’activité intense, au cours desquelles il eut la joie de conduire au baptême de nombreux catéchumènes qui, dans le désarroi suivant la défaite, cherchaient dans l’évangile des raisons de vivre. Parmi les non-chrétiens qui s’adressaient à lui pour être catéchisés et baptisés, se présenta un jour un lycéen de 17 ans, Hiroshi Oka. Ayant un ami protestant qui fait du prosélytisme à l’école, le jeune homme cherche des arguments pour le contredire et vient se renseigner auprès du prêtre catholique, sans pour autant songer à devenir chrétien lui-même. Le P. Murgue est si convaincant que le garçon ne tarde pas à demander le baptême. Douze ans plus tard, il sera ordonné prêtre dans le diocèse d’Urawa, où il travaille aujourd’hui encore au service des enfants et des jeunes en difficulté.
Kokura et la fondation de la JOC
En juillet 1948, le P. Murgue était nommé curé de la paroisse de Kokura, à l’autre bout du diocèse, au Nord Kyûshû, district dont l’évêque avait confié la responsabilité aux MEP l’année précédente. La paroisse est au cœur d’un grand centre industriel où sont implantées les aciéries de Yahata. Il est possible que le P. Murgue ait été choisi pour ce poste à cause de son passé d’ancien ajusteur du dépôt des chemins de fer de Saint-Étienne. Il est certain que la Providence utilisa cette rencontre pour permettre la fondation de l’Action catholique ouvrière, alors inexistante au Japon.
Arrivé à Kokura, le P. Murgue fut tout de suite très occupé. L’église et les bâtiments attenants avaient été détruits pendant la guerre. Il fallut reconstruire provisoirement avec de vieilles planches. Une école de couture surgit, dont il devint le directeur. Et surtout il fallait veiller à l’accueil et à l’instruction des catéchumènes, à cette époque assez nombreux. Heureusement le P. Murgue avait pu amener avec lui de Kurumé un précieux catéchiste, M. Yoshimura, homme très dévoué et remarquablement doué, qui rendit de grands services à la paroisse, déchargeant le curé d’une partie de la catéchèse, et lui permettant ainsi de se consacrer à la jeunesse.
À Kurumé, le P. Murgue avait obtenu un certain succès en s’occupant des étudiants. Il en avait groupé une soixantaine, en majorité des étudiants en médecine, non chrétiens pour la plupart. Il avait donné chaque semaine des conférences dans plusieurs écoles de la ville. Il espérait pouvoir faire de même à Kokura. Il avait également le projet de lancer la Légion de Marie, dont il avait entendu parler durant son séjour en France lorsqu’il avait cherché à se documenter sur les mouvements d’Action catholique.
Mais l’étude de son nouveau milieu l’amena vite à changer ses plans. Dans cette ville ouvrière les communistes étaient nombreux, forts et bien organisés. Ils obtenaient des résultats très appréciables, grâce à la diffusion de leur journal Akahata (Le drapeau rouge) et à leur activité dans les syndicats. La situation des travailleurs était d’ailleurs extrêmement précaire. Le P. Murgue comprit vite qu’on ne pouvait laisser le champ libre à la propagande communiste chez les ouvriers chrétiens. Pour ces derniers, sans doute sur les conseils du P. Benoit, alors supérieur des missionnaires du district, il songea à la JOC.
Et très vite il s’attela personnellement à la formation de jeunes militants chrétiens, à qui il tenta d’inculquer le sens de leurs responsabilités missionnaires vis-à-vis de leurs camarades dans leur milieu de travail. Ce n’est qu’après plusieurs échecs, les deux premiers jeunes gens sur lesquels il comptait ayant quitté l’Église, qu’il parvint à constituer une petite équipe de convaincus décidés à donner leur vie pour l’évangile. Le P. Murgue a souvent raconté combien il eut à souffrir à cette époque de l’incompréhension et de l’indifférence de certains chrétiens de vieille souche, et même de certains prêtres critiquant son initiative. Face aux difficultés de toutes sortes qui ne manquèrent pas, il donna alors la mesure de sa force de volonté exceptionnelle et manifesta cette assurance que donne la conviction de faire l’œuvre de Dieu. Il croyait dur comme fer à l’assistance du Saint-Esprit et cherchait à persuader les Jocistes de faire de même, les invitant à progresser dans la vie spirituelle non seulement par la pratique de la révision de vie, selon la méthode du voir-juger-agir, mais aussi par la communion fréquente, les visites au Saint Sacrement et la méditation.
À force de persévérance, il réussit à mettre sur pied une équipe de six militants et, le 29 mars 1949, à l’occasion de la Confirmation donnée par l’évêque dans la paroisse de Kokura, et, en présence de ce dernier, une cérémonie publique consacra la fondation officielle de la JOC au Japon. JOC japonaise solide et prometteuse qui devait se répandre rapidement dans tout le pays, et compterait déjà deux années plus tard 900 militants. JOC qui devait donner à l’Église et à la Société des hommes et des femmes de grande valeur, dont plusieurs accéderaient plus tard à des postes de responsabilité grâce à la formation acquise dans ses rangs.
Le P. Murgue ne resta que quatre années à Kokura, de 1948 à 1952. Période d’activité intense qui marqua, en quelque sorte, un tournant dans sa vie missionnaire. Alors qu’il était tout entier donné à l’éducation de ses Jocistes, il fut appelé à Tôkyô par l’Internonce apostolique, Mgr de Furstenberg, qui l’invita à se consacrer désormais à la diffusion et à l’animation du mouvement dans l’ensemble du pays. Devenu entre temps supérieur des missionnaires du district, – ce qui lui valut de prendre part à l’Assemblée générale des Missions Étrangères en France en 1950 –, le P. Murgue renonça alors à sa charge et vint se fixer à Tôkyô, d’où il lui serait plus facile de voyager dans tout le Japon.
1952-1960. Au centre national de la JOC et de la JOCF
Très vite la JOC avait essaimé dans les principales villes du Honshû et jusqu’au Hokkaidô. Dès 1950, encore à Kokura, le P. Murgue avait jeté les bases d’une organisation nationale, avec présidents et secrétaires, pour les deux branches, masculine et féminine. Il avait fondé un journal mensuel, tirant à plusieurs milliers d’exemplaires, le Shinsekai (Le monde nouveau), destiné au tout venant des lecteurs, et un périodique pour la formation des militants, le Tôshi (Le militant). Il s’était mis en relation avec le Secrétariat international de Bruxelles et, avec le premier président de la JOC japonaise. M. Inohara, il avait pris part dans cette même ville au Congrès ouvert pour le vingt-cinquième anniversaire de la fondation de la JOC belge.
Pour transférer à Tôkyô le secrétariat national il fallait trouver dans la capitale une maison où puissent loger l’aumônier et les permanents laïcs. Le P. Murgue obtint d’une bienfaitrice la donation d’un terrain à Shinjuku, en plein cœur de la ville, et trouva les fonds nécessaires à la construction du local dont il avait besoin. Il s’y installa en mars 1952 avec M. Inohara et avec Mlle Sagara. première présidente de la JOC féminine.
Grâce à la collaboration d’un certain nombre de prêtres, tant japonais qu’étrangers, le mouvement continua à se développer. Pendant huit années, le P. Murgue sillonna le pays d’Est en Ouest, dispensant la bonne parole et surtout communiquant l’enthousiasme qui l’animait. Sous son impulsion et celle des dirigeants laïcs qui voyageaient de leur côté, dans presque tous les diocèses des équipes de qualité contribuèrent à la formation de jeunes chrétiens désireux de partager leur foi avec leurs camarades. À l’école de la JOC ces jeunes gens apprenaient à lire l’évangile et à en vivre. De grands rassemblements annuels, regroupant plusieurs centaines de participants, leur donnaient l’occasion de se retrouver et de confronter leurs expériences. Le P. Murgue ne manquait jamais de les haranguer, avec une flamme et une éloquence qui ne pouvaient laisser l’auditoire indifférent. En 1959, le dixième anniversaire de la JOC japonaise fut célébré avec solennité dans les locaux de l’Université Nanzan, à Nagoya, par un millier de jeunes travailleurs venus de tout le pays.
Le P. Murgue ne ménageait pas sa peine. Il en était d’ailleurs sans doute incapable, convaincu qu’il était d’avoir une mission à accomplir au service des travailleurs. Il ne trouvait pas de mots assez durs pour stigmatiser les injustices d’une société ayant pour seul moteur la recherche du profit au mépris de leur dignité. Il aima le rôle de prophète qu’il fut amené à jouer. Il aima passionnément la JOC et les Jocistes. Et, plus tard, parvenu à la fin de sa vie, il soulignait que lui-même avait beaucoup appris à leur contact : « La JOC m’a obligé à regarder la société dans laquelle nous sommes immergés avec des yeux nouveaux, société que nous croyons connaître et que nous connaissons en réalité si peu et si mal... La JOC m’a appris à juger la société selon les grandes Vérités de l’évangile. Par la JOC le Christ m’a donné la grâce de présenter la Vérité évangélique dans toute sa force, Vérité que les chrétiens, jeunes ouvriers ou professeurs d’université, ont également le droit d’entendre, et qu’ils désirent entendre, même lorsqu’elle est dure à écouter. Par la JOC j’ai appris à présenter la Parole de Dieu comme une parole qui doit nécessairement s’incarner jusqu’au plus profond de la vie concrète des hommes. J’ai dû faire des efforts pour descendre du sommet des nuages, afin de rejoindre les âmes au ras du sol. »
Ces efforts faits par le P. Murgue ne restèrent pas infructueux. L’Église du Japon lui doit la formation d’une pléiade d’hommes et de femmes de valeur, devenus des chrétiens convaincus grâce à l’éducation reçue de lui.
S’il put compter sur la sympathie de nombreux prêtres et s’appuyer sur leur intérêt pour la JOC, le P. Murgue rencontra aussi des adversaires, effrayés par ce qu’ils considéraient comme des exigences révolutionnaires. Il eut surtout à souffrir, et s’en plaignit souvent, de l’indifférence de beaucoup de curés, qui semblaient assez ignorants des conditions de vie des jeunes travailleurs, et ne comprenaient point la nécessité d’un mouvement qui leur soit propre. D’autres étaient peu désireux de voir introduire dans leur paroisse un mouvement dont le contrôle leur échappait. On reprochait à ce mouvement ses orientations et de prétendues audaces d’autant plus volontiers qu’on le connaissait mal.
Il eut à compter aussi avec les divergences de vues qui se firent jour chez les aumôniers, quelques-uns voulant restreindre l’accès de la JOC aux seuls ouvriers travaillant en usine, d’autres trouvant insuffisant l’effort fait pour accueillir des non-chrétiens dans les sections. Des discussions sur ces sujets l’irritaient. Très exigeant pour lui-même, le P. Murgue l’était aussi pour les autres, comprenant mal que tous ne puissent pas marcher du même pas que lui.
Après dix années consacrées à l’animation du mouvement, il sentit que le moment était venu de laisser à un plus jeune la responsabilité de l’aumônerie nationale et il se retira, avec abnégation mais non sans souffrance, en 1960.
Le Centre d’Études Sociales
Le P. Murgue n’était pas homme à rester inactif. Il avait bien plutôt la réputation, méritée, d’être un travailleur infatigable. Sitôt déchargé de sa fonction d’aumônier national, il se lança dans une nouvelle entreprise. Avec l’aide de quelques-uns de ses anciens Jocistes, devenus adultes, il créa de toutes pièces un Centre d’Études Sociales. Il allait consacrer les trente dernières années de sa vie, et jusqu’à son dernier souffle, à l’animation de ce Centre. Il se réserva l’usage d’une partie du terrain et du bâtiment de la JOC et commença sans attendre la publication d’une revue dont il allait régulièrement écrire l’éditorial jusqu’à la fin, en signant, pour bien manifester ses intentions, la Voix qui crie dans le désert.
Le P. Murgue s’est expliqué à plusieurs reprises sur les raisons qui le poussèrent dans ce qui était une nouvelle aventure et sur les objectifs qu’il se proposait. Au temps où il était aumônier de la JOC, certains Jocistes qui avaient des responsabilités syndicales lui avaient demandé avec insistance de leur donner les moyens d’acquérir une formation dans le domaine social. Lui-même se désolait en constatant que, sans parler de la doctrine sociale de l’Église proprement dite, les principes élémentaires de la justice sociale étaient ignorés. À l’occasion de certains conflits du travail, il était arrivé que des chrétiens s’opposent les uns aux autres ou se laissent impressionner par l’idéologie marxiste de leur syndicat.
Par ailleurs, il était convaincu que beaucoup de non-chrétiens étaient disposés à admettre, attendaient même, la lumière de l’évangile et l’enseignement de l’Église pour éclairer leur action. Il voulait répondre à un double besoin : former des chrétiens militants et découvrir à tous les hommes de bonne volonté le sens chrétien de l’homme, pour qu’ils puissent travailler ensemble à la construction d’un monde selon le plan de Dieu. Il était convaincu de la nécessité de l’étude, aussi bien le Centre était baptisé Centre d’études, mais de l’étude en vue de l’action, comme il le répétait à toute occasion.
Les débuts furent très modestes, le premier numéro de la revue étant composé par deux auteurs seulement, le P. Murgue lui-même et un laïc, qui signèrent les articles chacun de trois noms différents, « pour faire plus sérieux », disait-il avec humour. Mais rapidement le P. Murgue sut persuader des personnalités capables de collaborer à l’entreprise : vingt-cinq laïcs acceptèrent de former un comité, qui prit en mains la direction du Centre, dont il entendait n’être lui-même que l’aumônier. Il insista, en effet, dès l’origine pour que les laïcs prennent toutes les responsabilités : à eux, disait-il, manifestant la confiance qu’il avait en eux, à eux d’élaborer la pensée chrétienne dans le domaine social, en accord avec l’enseignement de l’Église mais en tenant compte des particularités de la société japonaise.
Le tirage de la revue, qui n’était que de 250 exemplaires à l’origine, dépassa rapidement le millier et arriva même jusqu’à près de deux mille après un certain temps. Etant donné l’austérité des sujets traités et la relative technicité des articles, c’était sans nul doute une belle performance. Alors que la littérature chrétienne de l’époque au Japon était à peu près muette sur ces questions, la revue consacrait des dossiers aux rapports humains dans l’entreprise, au mouvement ouvrier au Japon, aux progrès de l’économie et à la condition du prolétariat, à la surpopulation, à l’avenir du syndicalisme démocratique au Japon, etc. Le P. Murgue fut certainement un précurseur en essayant de rendre accessibles au public ordinaire ces grands débats, mais plus encore en voulant sensibiliser les chrétiens à leurs responsabilités dans leur milieu de vie quotidien.
En même temps qu’il lançait la revue, le P. Murgue veilla à la création de groupes d’études régionaux, constitués, disait-il, de façon quasi spontanée sous l’impulsion de l’un ou l’autre des membres du comité qui dirigeait le Centre de Tôkyô. Il est certain que l’influence de l’aumônier fut pour beaucoup dans ces initiatives. Plusieurs de ces dirigeants vouaient une admiration sans bornes au P. Murgue. Ils lui devaient, disaient-ils, d’avoir compris la grandeur de la vocation chrétienne, et c’est de lui qu’ils avaient appris ce qu’est le zèle missionnaire.
Les groupes régionaux organisaient des cercles d’études et de courtes sessions, sur tous les sujets abordés dans la revue, sur les encycliques et l’histoire de la doctrine sociale de l’Église. Souvent le P. Murgue était invité par eux à donner des conférences, qu’il mettait à profit pour propager les idées qui lui étaient chères : la foi doit informer toute l’existence du chrétien, et une vie de piété qui permettrait aux baptisés d’échapper à leurs responsabilités ne serait qu’un leurre.
Enfin très vite, le Centre organisa chaque année, pendant plus de quinze ans, un séminaire national sur un thème choisi plus ou moins en fonction de l’actualité. Environ deux cents participants s’y retrouvaient pour entendre des personnalités qualifiées traiter le sujet retenu, et le P. Murgue lui-même donner une causerie spirituelle à laquelle il attachait une grande importance. En parlant à cet auditoire, disait-il, il avait vraiment l’impression d’être pleinement missionnaire. Le travail du Centre, disait-il encore, est très important pour la mission, parce qu’il doit permettre d’acheminer vers l’Église les non-chrétiens en les attirant par les principes de sa doctrine sociale.
Pendant près de vingt ans, avec une régularité exemplaire, et en dépit d’ennuis de santé répétés vers la fin, le P. Murgue s’imposa un travail acharné pour assurer la direction spirituelle du Centre. Il se faisait une très haute idée de la mission qui lui était impartie et des exigences qu’elle impliquait. Lui qui n’était pas un intellectuel de métier il s’astreignit à des lectures difficiles pour mieux connaître les rouages de la société japonaise, pour acquérir des notions d’économie, et surtout pour être capable de parler de la doctrine sociale de l’Église. De même il assura avec régularité la rédaction d’un article pour chaque livraison de la revue, qui parut très vite au rythme de dix numéros par an. Il rédigea le texte d’innombrables conférences. Il prêcha de même plusieurs retraites chaque année. Aidé de sa fidèle secrétaire, il remania certaines de ses compositions pour en faire des livres : D’où vient la crise actuelle ? (1970, en collaboration), Pour une libération de la guerre (1969), Le début d’une ère nouvelle (1971), La messe (1978), La voix qui crie dans le désert (1982), Lectures spirituelles aux chrétiens d’aujourd’hui (1986), sans parler de ses ouvrages antérieurs pour faire connaître au Japon l’Action catholique et la JOC. Si l’on songe que tout ce travail a été fait dans une langue qui n’était pas la sienne, – bien qu’ayant acquis avec le temps une certaine aisance en japonais, il écrivit toujours laborieusement et devait mémoriser ses conférences –, on ne peut qu’admirer l’énergie et le courage dont il a fait preuve pour accomplir son ministère.
« Je suis un homme terrible », disait-il parfois en plaisantant. Il est certain qu’il était d’abord terrible pour lui-même avant de l’être pour les autres. Ayant horreur de la paresse, il se cramponna à la tâche jusqu’à l’extrême limite de ses forces. Il était aussi, bien que plein d’indulgence pour les hommes, terrible quand il parlait des tares de la société japonaise. La Voix qui crie dans le désert, c’était souvent le rugissement de la colère face aux injustices dont sont victimes tous les petits et les faibles, tous les laissés-pour-compte de la croissance économique. Certains le trouvaient parfois trop pessimiste, et souriaient en entendant ses diatribes enflammées contre les politiciens et les élites responsables, selon lui, de la situation. Mais sa conviction forçait le respect, et elle impressionnait ceux et celles, très nombreux, qu’il a aidés à prendre l’évangile au sérieux. Personnalité hors du commun, il a été aussi un éducateur hors pair, parce que chacun savait qu’il mettait sa vie en conformité avec ses discours.
Comme au temps de la JOC, pendant les dernières années de sa vie aussi, le P. Murgue eut à se plaindre de la relative indifférence d’une partie du clergé et des catholiques japonais. Persuadé qu’il était de la nécessité de présenter le message de l’évangile pour le salut et l’épanouissement de « tout » l’homme, il se désolait en croyant constater que trop souvent certains se contentaient, selon lui, d’un vague spirituel désincarné, sans incidence sur la vie sociale en tout cas, ce qui était à ses yeux un péché majeur. Il pensait que beaucoup de prêtres et de responsables de la catéchèse faisaient fausse route en ignorant ce qui, pour lui, était une dimension essentielle de la foi. Il est difficile de savoir jusqu’à quel point ces critiques étaient justifiées. Le P. Murgue eut du moins la consolation, à la fin de sa vie, de voir que ses intuitions fondamentales étaient reconnues de la manière la plus officielle lors de la Convention nationale de l’Église du Japon qui tint ses assises à Kyôto en 1987.
Il a surtout eu la satisfaction de voir s’épanouir les vocations de laïcs chrétiens dont on a parlé plus haut, qui lui ont manifesté confiance et amitié, et qui lui ont rendu hommage après sa mort : « L’Église du Japon a enfin pris conscience des exigences de la mission : il ne doit pas y avoir de hiatus entre la vie de foi et la vie en société. C’est précisément ce sur quoi le P. Murgue n’a eu de cesse d’insister pendant quarante ans. » « Le P. Murgue est celui qui m’a débarrassé d’un vieux vêtement pour me revêtir de l’homme nouveau et me convertir. » « Il nous a laissé l’héritage d’un prophète qui n’avait pas peur de regarder en face ce qui n’est pas beau à voir dans la société, mais pour réformer cette société. Ce qui a entretenu son esprit missionnaire, c’était son amour pour les Japonais. »
Les dernières années
Dans les dix dernières années qu’il passa sur terre, le P. Murgue eut à porter sa part de la Croix du Christ. Diverses maladies l’obligèrent à faire plusieurs séjours à l’hôpital, à y subir opérations et rééducations. En 1980, après une guérison quasi miraculeuse d’un cancer de la vessie, il partit pour Lourdes en pèlerinage de reconnaissance, accompagné de plusieurs membres du Centre à qui il eut la joie de montrer son pays natal et de présenter parents et amis.
En 1986, ses amis préparèrent une fête pour célébrer ses cinquante ans de présence au Japon, mais il se cassa malencontreusement le col du fémur quelques jours auparavant et ne put y assister. Les invités trinquèrent en son absence à son prompt rétablissement.
En août 1988, il prit part pour la dernière fois au séminaire annuel réuni à Yokohama. Remplacé comme aumônier du Centre par le P. Laurendeau, il gardait le titre de conseiller et tenait beaucoup à participer à toutes les rencontres. Le 22 janvier 1989, après une chute dans sa chambre ; il dut être hospitalisé d’urgence pour fracture d’une vertèbre lombaire et hypertension artérielle. Il ne devait plus quitter l’hôpital, s’affaiblissant progressivement jusqu’à sa mort qui eut lieu le soir du dimanche de Pâques, le 26 mars. Quelques semaines après la messe de funérailles célébrée dans la chapelle des MEP de Tôkyô, avec les confrères de la Société, les aumôniers de la JOC et les dirigeants du Centre d’Études Sociales, l’Église du Japon tout entière devait lui rendre un hommage solennel, le 21 avril, en l’église Saint-Ignace, en présence de Mgr Shirayanagi, archevêque de Tôkyô, de l’Internonce, et de nombreux évêques.
Jean-Paul BAYZELON
~~~~~~~
References
[3551] MURGUE Jean (1908-1989)
AME 1936 p. 95. photo p. 140. 1937 p. 110 (art.). 111. 116. 117. CR 1936 p. 233. 1937 p. 20. 1938 p. 11. 1940 p. 3. 1948 p. 8. 9. 1949 p. 13-19. 1950 p. 6. 10-13. 1951 p. 3. 9-17. 1952 p. 16. 1953 p. 10. 11. 1954 p. 11. 1956 p. 10. 1958 p. 18. 22. 1960 p. 26. 1961 p. 26. 29. 74. 1962 p. 32. 44. 1963 p. 44. 52. 1964 p. 16-18. 22. 1965 p. 25. 29. 1966 p. 22. 24. 1967 p. 19. 20. 1968 p. 116. 126. 1969 p. 13. 1974-76 p. 16. 21. 22. 36. AG80/81 p. 13. 27. 63. AG80/82 p. 23. 85/27. EDA n°48/12. BME 1930 p. 512. 1936 p. 266. 314. 463. 647. 884. 1937 p. 784. 1938 p. 317. 388. 674. 675. 825. 1939 p. 476. 484. 486. 553. photo p. 77. 1940 p. 38. 259. 333. 401. 1941 p. 248. 1948 p. 160. 161. 1949 p. 290. 291. photo p. 504. 1950 p. 48. 49. 256. 344. 494. 577. photo p. 583. 1951 p. 40. 175. 176. 234. 297. 355. 415. 631. 632. 690. 751. 1952 p. 177. 326. 623. 749. 1953 p. 31. 186. 268-275. 284. 983. photo p. 270. 1954 p. 31. 32. 33. 99. 223. 254. 341. 874. 1000. 1003-1004. 1111. photo p. 143. 1955 p. 238. 446. 891. 1072. 1956 p. 61. 151. 347. 545. 550. 644. 1065. 1957 p. 293. 979. 1958 p. 90. 354. 356. 560. 887. 967. 1959 p. 62. 160. 425. 845. 856. 961. 1960 p. 213. 1961 p. 165. 219. 741. EPI 1962 p. 396. 1963 p. 417. 575. 576. 735 (biblio). 1964 p. 261. 489 (art.). 707. 1965 p. 243. B. Echo n°3 ,12/67 p. 80. Hir. n° 182. 232. Enc. PdM. 6P3. 8P4. 15P4. R.MEP 1961 n°114 p. 47. 49. n°115 p. 37. n°119 p. 24 (art.). 1963 n°127 p. 46. 1964 n° 133 p. 5. 6. n°135 p. 39 (formation sociale). 60. 1966 n°143 p. 59. n° 147 p. 54. PDM n°18, 11/58 p. IV. EC1 N° 198. 330. 335. 443. 449. 451. 480. 481. 483. 485. 625. 630. 639. 644. 678. 689. 692. NS. 3P65. 80. 4P103. 22P246. 25P337. 27P51. 55. 33P209. 55P247. 59P9. 66P240. 69P331. 75/C2. 76P212. 77/C2 p. 227. 78P277. 108/C2. 110/C2. 113P345. 115P52. 132P242. 145/C2. 146/C2. 175/C2. 176/C2. 180/7. 188/263ss. 239/C2.