Jean-Marie MOUYSSET1919 - 1999
- Status : Prêtre
- Identifier : 3737
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Cambodia
- Mission area :
- 1946 - 1970
Biography
[3737] MOUYSSET Jean-Marie est né le 31 janvier 1919 à Bram (Aude).
Il entre aux MEP en 1942. Ordonné prêtre le 17 février 1945, il est d’abord aumônier militaire dans le Corps expéditionnaire d'Extrême Orient.
Il rejoint sa mission au Cambodge en octobre 1946. À son arrivée, il étudie le vietnamien à Phnom Penh, puis il est envoyé successivement à Krauchmar (1947-1949), à Battambang (1949-1950), à Kampot (1950-1951), et à Can-tho (1951-1952). Il est ensuite professeur au séminaire-collège de Phnom Penh. De 1955 à 1967, il est supérieur de cet établissement, avant de devenir curé de Kampot et Kompong-Som.
En 1970, lorsque le Cambodge bascule dans la guerre civile, il rentre en France et travaille à la paroisse Saint-Sernin à Toulouse. De 1971 à 1975, il dirige le Secrétariat social de Saigon, fondé par F. Parrel, puis revient à Toulouse, où il est aumônier diocésain des asiatiques. Il est alors curé de la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney à Toulouse, de 1984 jusqu’à son décès le 8 avril 1999.
Obituary
[ 3737 ] MOUYSSET Jean-Marie, François
Missionnaire
Aumônier Militaire – Phnompenh – Saïgon
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Jean-Marie, François MOUYSSET, fils de Hippolyte, entrepreneur de maçonnerie, et de Estampe Françoise, naquit le 31 janvier 1919, à Bram, département de l'Aude, diocèse de Carcassonne. La famille comptait sept enfants : cinq garçons et deux filles. Il fit ses études primaires à Carmaux (Tarn), puis parcourut le cycle complet de l'enseignement secondaire, à l'Institution Saint Etienne de Valence d'Albi, d'octobre 1930 à juillet 1937. Le baccalauréat en ses deux parties couronna ses études secondaires. En octobre 1937, il se dirigea vers le grand séminaire d'Albi où, pendant deux ans, il se livra à l'étude de la philosophie. La guerre étant déclarée le 3 septembre 1939, il fut appelé sous les drapeaux, et ne fut démobilisé que le 20 septembre 1942.
Le 16 septembre 1942, depuis le Camp militaire du Puget-sur-Argens (Var), il adressa au Supérieur des Missions Etrangères, sur les conseils de M. Jean Depierre du service des vocations de la Société, une demande d'admission à la rue du Bac dans laquelle il écrivait notamment : .."Depuis quatre ans déjà, dès ma deuxième année de séminaire à Albi, et pendant mes trois ans de vie militaire, cette idée missionnaire n'a cessé de me poursuivre... Je suis démobilisé le 20 septembre (1942), et avec l'assentiment de mes supérieurs, je tâcherai de gagner la rue du Bac le plus tôt possible. Le jour où je franchirai la porte de ce séminaire fameux sera pour moi un des plus beaux de ma vie..."
Le 6 octobre 1942, M. Jean-Marie Mouysset entra au séminaire des Missions Etrangères où il y continua ses études écclésiastiques. Le 29 juin 1943, il reçut les deux derniers ordres mineurs. Sous-diacre le 4 juin 1944, il reçut le diaconat en février 1945, faisant remarquer dans sa demande d'ordination :.."Si je devance la date tout d'abord arrêtée, c'est en raison de l'incertitude des temps et de mon rappel brusque sous les drapeaux toujours possible.." Ordonné prêtre le 17 février 1945, et afin de faciliter son départ pour l'Asie, il fut mis à la disposition de l'aumônerie militaire, au service du Corps Expédionnaire d'Extrême Orient (C.E.E.O.).
Le 4 mars 1945, il s'embarqua pour l'Algérie, comme aumônier du C.E.E.O, à Pins Maritimes à Alger ; là, il fit la connaissance de M.Pierre Bec, un confrère Mep, missionnaire au Japon, et aumônier militaire qui fut tué près de Long-Xuyên (Viêtnam), le 18 octobre 1946. Le 13 mai 1945 fut le jour du départ vers l'Extrême-Orient, à bord d'un bâteau anglais, le "Stratheden"; arrivé à Colombo (Ceylan) le 27 mai 1945, il y fit, avec le Corps Expéditionnaire, pendant trois mois environ, un "stage de jungle" à Kurunagala, au centre de l'île de Ceylan. Le 28 août 1945, à Trincomalee, port de la côte est de Ceylan, il s'embarqua pour la Birmanie à bord du navire "Searcher". Arrivé à Rangoon, le 1er septembre 1945, il alla saluer Mgr. Frédéric Provost. Le 11 septembre 1945, il prit l'avion pour Saïgon via Bangkok, où il atterit le lendemain, en même temps que le Général anglais Gracey, un bataillon de Gurkhas de la 20ème division indienne et une compagnie française du 5ème régiment d'infanterie coloniale. Il fut ainsi le premier missionnaire de la Société à renouer avec l'Extrême-Orient. Il prit part à la libération de Saïgon, et aux opérations militaires contre les forces "viêtminh", à Mytho, Banméthuôt, Nhatrang, au Viêtnam, à Paksé, Savannakhet, Thakhek, Vientiane et Luang-Prabang, au Laos.
En 1954, M. Jean-Marie Mouysset alors professeur au Collège-petit séminaire à Phnompenh reçut son 2ème galon de lieutenant. Une lettre officielle rappelait les mérites de cet aumônier militaire qui, en 1945, soutint en son secteur le bon moral des premières troupes qui assurèrent la délivrance de l'Indochine. Un de ses tours de bonne humeur, à plat ventre entre deux tombes d'un fameux cimetière, au moment où la bataille faisait la "pause", consistait à placer le casque au bout d'un bâton et à le soulever au dessus du tertre. Immédiatement, le "taccata" d'une mitrailleuse adverse essayait de démolir l'audacieux, mais pas plus l'aumônier que la gaieté de l'escadron ne laissaient de "plumes au cafard".
Agrégé à la Société des Missions Etrangères, le 15 septembre 1946, M. Jean-Marie Mouysset reçut sa destination pour le vicariat apostolique de Phnompenh, où il arriva en octobre 1946 ; dans la capitale du Cambodge, il apprit les premiers éléments de la langue viêtnamienne, puis fut envoyé successivement à Krauchmar (1947-49), Battambang (1949-50), Kampot (1950-51), Cantho, au Sud Viêtnam ( 1951-52).
Le 13 mars 1952, appelé comme professeur au petit séminaire-collège St. Joseph, à Phnompenh dont M.René Hans était le nouveau supérieur, il enseigna le grec et le latin aux élèves de 3ème et 4ème , assura l'instruction religieuse dans les trois premières classes, et fut chargé de l'organisation des sports. En 1954, après le succés à l'examen officiel du brevet de sept de ses élèves de 3ème sur huit, il prit un congé régulier en France, et arriva à Marseille, le 14 juin 1954. Le 20 juillet 1954, après la défaite française de Diên-bien-Phu, furent signés les "accords de Genève" mettant fin à la "première guerre d'Indochine". Ce fut durant ce congé, qu'il fit, en scooter, le voyage de Toulouse à Rome. Le 18 février 1955, il s'embarqua de nouveau pour le Cambodge. Ayant mis son scooter dans les cales du bâteau, il fit sur son "deux roues" le trajet Saigon-Phnompenh.
M. René Hans partant en congé, M. Jean-Marie Mouysset assura par interim, dès le 3 avril 1955, la marche spirituelle et intellectuelle du séminaire. Le 20 septembre 1955, le Saint Père détacha du Vicariat Apostolique de Phnompenh les provinces du Sud Viêtnam qui lui étaient rattachées. Celles-ci constituèrent le nouveau vicariat apostolique de Cantho où l'on estimait à environ 70.000 le nombre des chrétiens. Cette nouvelle circonscription écclésiastique fut confié à Mgr.Paul Nguyên-van-Binh, sacré à Saïgon, le 30 novembre 1955. Le 11 juin 1955, décédait à Saïgon, Mgr. Jean-Baptiste Chabalier, vicaire apostolique de Phnompenh ; Mgr. Gustave Raballand, Supérieur Régional de la région missionnaire du Sud-Indochine, appelé à lui succéder, reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr. Charles Lemaire, dans la cathédrale de Phnompenh, le 1er mai 1956.
Cette division du vicariat de Phnompenh eût des répercussions sur le Collège-petit séminaire dont l'effectif passa de 180 élèves à une cinquantaine. Beaucoup d'entre eux regagnèrent leurs provinces d'origine au Sud Viêtnam. Ainsi se vidèrent les classes de 1ère et de 2nde . De ce fait, Mgr. Raballand approuva la formule préconisée par M. René Hans, consistant à admettre dans les diverses classes des élèves de l'extérieur qui, en nombre important, et depuis longtemps, demandaient à y faire leurs études, attirés par les succès du séminaire aux examens officiels. M. René Hans, nommé professeur à Ménil-Flin, il revint à M.Jean Marie Mouysset de mettre en application ce projet. Outre le programme "classique" suivi par les élèves du petit séminaire, il fallut mettre sur pied le programme dit "moderne" choisi par la majorité des élèves externes. Après bien des démarches, il trouva les moniteurs civils de langue cambodgienne et anglaise, tandis que les professeurs se partageaient le programme en assurant des heures supplémentaires. Quant à lui, tout en enseignant il fut titularisé dans la charge de supérieur du Collège-Séminaire, fonction qu'il garda jusqu'en 1967. Aidé par M.Albert Landreau, l'ancien de la maison, par M. Adolphe Turc, directeur des externes, épaulé par un corps professoral uni, il exerça sa charge avec succès et grand doigté.
En 1962, Mgr. Gustave Raballand donna sa démission de vicaire apostolique de Phnompenh ; le Saint siège lui donna comme successeur, le 12 novembre 1962, Mgr. Yves Ramousse, l'un des plus jeunes évêques du monde. Celui-ci, alors professeur au séminaire de Bièvres, reçut la consécration épiscopale, des mains de Mgr. Raballand, en la chapelle des Missions Etrangères, à Paris, le 24 février 1963, et prit possession canonique de son vicariat apostolique le 7 avril 1963.
Après un congé en France du 16 avril 1963 au 27 septembre 1963, M.Jean-Marie Mouysset reprit la direction du Collège-Séminaire à Phnompenh qui comptait, cette année là, 65 petits séminaristes dont 13 Cambodgiens et 52 viêtnamiens. Aux examens de cette fin d'année, 10 élèves sur 18 furent reçus au brevet d'études du premier cycle de l'enseignement secondaire français, et 11 sur 14 obtinrent la première partie du baccalauréat français. En 1965, l'effectif du Collège-séminaire était de 72 petits séminaristes et de 125 élèves externes. 17 élèves sur 24 furent reçus au brevet d'études du premier cycle, et 4 sur 4 au baccalauréat. Après cette moisson de lauriers, M.Jean-Marie Mouysset arrivait en congé en France, le 17 juin 1966, où il resta jusqu'au 16 septembre 1966. A son retour, il reprit la direction du Collège-Séminaire St. Joseph, à Phnompenh.
Le 3 janvier 1967, le Supérieur Général de la Société détacha de la Région Sud Indochine, la communauté missionnaire du vicariat de Phnompenh et l'érigea en nouvelle Région dont la direction fut confiée à M. François Claudel.
A la Pentecôte 1967, alors que la Chine était en pleine révolution culturelle, un groupe de catholiques parmi le personnel diplomatique de l'Ambassade de France à Pékin, demanda et obtint la permission de faire venir dans la capitale chinoise, et sous certaines conditions, un prêtre de l'extérieur . Comme il y avait des liaisons aériennes régulières entre Phnompenh et Pékin, l'Ambassade de France s'adressa aux missionnaires du Cambodge. M.Jean-Marie Mouysset fut contacté, et accepta bien volontiers de rendre ce service. C'était la première fois que, depuis les expulsions des années 1950, un missionnaire étranger revenait en Chine. A son retour, attendu et questionné par ses confrères et ses amis venus l'attendre à sa descente d'avion, il se contenta de rapporter avec sobriété ce qu'il avait vu et entendu. L'Ambassade de France ayant renouvelé sa demande, il retourna à Pékin pour la célébration des fêtes de Noël 1968. Il mit à profit le temps des vacances pour faire des voyages en Malaisie, Hong-Kong, Thaïlande.
Après quelques mois d'études du Kmer à Chomnom-Mongkol Borey, dans le district écclésiastique de Battambang, M. Jean-Marie Mouysset fut nommé, en novembre 1967, curé de Kampot et Kompong-Som, au sud ouest de Phnompenh, en bordure du golfe du Siam, dans le district écclésiastique de Banam. Il y travailla jusqu'au 30 mars 1970 ; En 1968, la division du vicariat apostolique de Phnompenh donna naissance à deux préfectures apostoliques : l'une à Kompong-cham, confiée à Mgr. André Lesouëf, l'autre à Battambang, dont le premier préfet apostolique fut Mgr. Paul Tep-Im-Sotha.
Au Camdodge, les évènements politiques de mars 1970 marqués par de violentes et sanglantes manifestations anti-viêtnamiennes dans un premier temps, puis très vite, dirigées contre les chrétiens provoquèrent la dislocation des chrétientés ; puis la population d'origine viêtnamienne, regroupée dans des centres pour réfugiés, demanda et obtint son rapatriement vers le Sud Viêtnam. Le 19 avril 1970, un télégramme officiel du ministère de l'Education Nationale Kmer ordonna "la fermeture de toutes les écoles privées étrangères chinoises, viêtnamiennes missionnaires" à Phnompenh et dans les provinces. De ce fait, le Collège-séminaire St. Joseph dut fermer ses portes. Le Royaume kmer venait de basculer dans la guerre civile, pour de nombreuses années. M. Jean-Marie Mouysset rentra en France où il arriva le 22 avril 1970. Revenu à Toulouse, il fut nommé vicaire à la paroisse Saint Sernin, où il exerça le ministère paroissial, d'octobre 1970 à août 1971.
Vers 1952, M. Fernand Parrel, alors curé de Dalat, avait lancé un Secrétariat Social, organisant des "Semaines Sociales" pour les viêtnamiens. Plus tard, fixé à Saïgon, il continua cette activité, et y ajouta celle de journaliste; Il créa l'hebdomadaire "Sông-Dao". Correspondant du quotidien "La Croix" et des agences de presse "Fides et Kipa", il donnait de nombreux articles d'informations religieuses et sociales aux journaux du Viêtnam, ainsi que des nouvelles des missionnaires aux "Echos de la Rue du Bac ". En avril 1972, pour raison de santé, il se vit contraint à rentrer en France ; une longue convalescence l'y retint ; son visa de retour ayant expiré, il ne lui fut pas renouvelé. Le 18 octobre 1971, M.Jean-Marie Mouysset, ayant résigné sa charge de vicaire à Saint Sernin, s'envola pour Saïgon. Assistant de M.Fernand Parrel dans un premier temps, il prit ensuite sa succession au bureau du "Secrétariat Social et Presse"qu'il dirigea jusqu'au 10 avril 1975. La situation militaire au Sud Viêtnam s'aggravant de jour en jour, il rentra alors en France où il arriva le 27 avril 1975 ; la déroute des armées du Sud Viêtnam face aux forces militaires du Nord se termina par la chute de Saïgon, le 30 avril 1975.
Après quelques mois de congé, M. Jean-Marie Mouysset redevint en septembre 1975, vicaire à la paroisse Saint Sernin, à Toulouse. En 1977, nommé aumônier diocésain des asiatiques, il obtint pour cet apostolat, l'aide du P. Nghiêp. Il entretint des relations d'amitié avec les réfugiés cambodgiens. Très attentionné, il le fut surtout envers la communauté laotienne qui comptait une vingtaine de familles catholiques. Celle-ci, grâce à son accompagnement durant les premières années, pût se rassembler et célébrer dans sa langue.
En octobre 1984, M. Jean-Marie Mouysset prit en charge comme curé, la paroisse St. Jean-Marie Vianney, à Toulouse. Au titre de la délégation de France, il fut membre de l'Assemblée Générale de la Société des Missions Etrangères qui se tint à Fontenay-sous-Bois et qui débuta ses travaux le 23 juin 1986. Réélu au même titre, comme suppléant, il remplaça Mgr. Yves Ramousse qui s'était désisté, lors de l'Assemblée Générale qui s'ouvrit à Paris, le 1er juillet 1992.
Le 18 avril 1995, mardi de Pâques, il célébra, à la maison Saint Raphaël de Montbeton, ses noces d'or sacerdotales. Prenant à son compte la parole de Paul :"J'ai tenu jusqu'au bout, je suis resté fidèle", son homélie fut une invitation pressante à s'unir à lui pour rendre grâces au Seigneur qui nous avait gardé dans cette fidélité. Il rappela que nous avions vécu notre sacerdoce en des temps difficiles et riches en changements voulus par le Concile. ...De retour en France, ce fut encore une réadaptation déroutante pour beaucoup. Nous avons connu l'incompréhension, voire la constestation de l'action missionnaire et les remous provoqués par les "affaires" dans l'Eglise. En conclusion, il cita un passage d'un manuscrit du Moyen-Age, trouvé à Salzbourg : "Un prêtre doit être à la fois grand et petit, Noble d'esprit comme de sang royal, Simple et naturel, comme de souche paysanne, un héros dans la conquête de soi, un homme qui s'est battu avec Dieu..."
Touché par la maladie, il décéda le 8 avril 1999, à l'hôpital Pasteur de Toulouse. Sa dépouille mortelle fut transportée à Montbeton, où, le lundi 12 avril 1999, dans la grande salle de réunion du nouveau bâtiment transformée en chapelle ardente, se déroulèrent ses obsèques, présidées par M.Raymond Rossignol, entouré de sept prêtres de Toulouse dont le vice-président du Conseil presbytéral, représentant NN.SS Marcus et Colini et d'une quinzaine de confrères Mep. Plus de deux cents asiatiques, surtout viêtnamiens et laotiens, s'étaient déplacés, apportant leur concours par leurs chants et leur prière. Les jours suivants, la tombe de Jean-Marie Mouysset disparaissait sous les gerbes de fleurs que chacun avait apporté en témoignage de reconnaissance et d'amitié.
Mai 2002