Albert PERRODEAU1915 - 2005
- Status : Prêtre
- Identifier : 3758
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1947 - 1957 (Pondichéry)
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1961 - 1975 (Malacca)
Biography
[3758] PERRODEAU Albert est né le 11 novembre 1915 à Saint-Mars-de-Coutais (Loire-Atlantique).
Ordonné prêtre le 29 juin 1946, il part le 13 octobre 1947 pour la mission de Pondichéry (Inde).
Après avoir étudié le tamoul à la paroisse Notre-Dame-des-Anges, il est nommé curé de Chandernagor (1949-1950). Il est ensuite professeur au séminaire de Bangalore (1951-1955) et curé de Pondichéry (1955-1957).
Il est alors rappelé en France pour être professeur au séminaire de Paris.
En 1961, il est envoyé en Malaisie.
Il rejoint d’abord le collège général de Penang, puis il est nommé curé de la cathédrale de Kuala Lumpur (1962-1975).
De retour en France, il est recteur de la chapelle de la rue du Bac (1975-1983) et vicaire à la cathédrale d'Antibes (1983-1999).
Il se retire ensuite à la maison d’accueil de Lauris, où il meurt le 2 janvier 2005.
Obituary
Père Albert PERRODEAU.
(1915- 2005)
Albert, Eloi, François, Jean Perrodeau est né le 11 février 1915 à St Mars de Coutais, canton de Machecoul, département de Loire Atlantique. Ses parents Raymond Perrodeau et Hortense, née Brosseau, se sont mariés le 11 mai 1911. De ce mariage naîtront 2 garçons et une fille. Raymond Perrodeau exerce le métier de tailleur, le grand père du nouveau né, Ferdinand est fabricant de sabots. Albert est baptisé le jour de sa naissance dans l’église paroissiale. Le 16 mai 1926, il y recevra le sacrement de confirmation de Mgr Le Fer de la Mothe, évêque de Nantes. Il fait ses études au petit séminaire des Couets jusqu’en classe de philosophie, puis demande son admission au séminaire des Missions Etrangères en août 1934. Le supérieur du petit séminaire, l’abbé V. Ménager le recommande chaleureusement : « Monseigneur, vous pouvez sans hésitation recevoir Albert Perrodeau de St Mars de Coutais. Si j’osais, je féliciterai votre Excellence, de cette bonne recrue. Albert est un élève intelligent et pieux, qui remplacera son papa dans les missions où il aspirait avant son accident qui l’obligea à renoncer au sacerdoce. Veuillez agréer, Monseigneur, l’hommage de mon plus profond respect ».
Albert est un bon séminariste à la rue du Bac et ses supérieurs l’envoient poursuivre ses études à Rome, au séminaire français, via S. Chiara. En 1937-1938, il accomplit son service militaire. Mobilisé en 1939 pour la guerre, il est fait prisonnier et passe 5 ans en Allemagne. A son retour à Paris, il fait sa demande pour le diaconat le 26 avril 1946 : « Mon Père, c’est librement que je fais cette nouvelle démarche, ayant la volonté d’en assumer, avec l’aide de la grâce, toutes les responsabilités ». Le 29 juin 1946, à l’âge de 30 ans, il est ordonné prêtre et destiné à l’Inde, pour la mission de Pondichéry.
INDE (1946 - 1957)
Albert part pour l’Inde le 13 octobre 1947. Avec les pères Henri Saussard et Edmond Becker, il loge à l’archevêché de Pondichéry pour y étudier l’anglais et le tamoul pendant une dizaine de mois. Ensuite Mgr A.S. Colas le nomme vicaire du père Abel Hougard, curé de Notre Dame des Anges, la paroisse française de cette ville. En 1949, il est nommé curé de Chandernagor un des cinq comptoirs français dans l’Etat du Bengale. Il n’y reste pas longtemps, car en 1951 Mgr C. Lemaire lui demande d’être professeur au séminaire régional St Pierre à Bangalore, séminaire confié aux Missions Etrangères ; le père Guillaume Bassaistéguy en est le supérieur de 65 séminaristes, aidé par les pères Perrière, Mirande, Quinquenel et Harou.
Le bulletin M.E 1956 signale que ce séminaire connaît des changements : « après le père Mirande, il a perdu le père Perrodeau, revenu à la vie de brousse, sans s’en trouver le moins du monde dépaysé, ce qui prouve son sens très vif de l’adaptation que bien des professeurs pourraient lui envier. Notre confrère ne laisse que des regrets parmi les séminaristes dont il avait su gagner rapidement la confiance et l’affection. Si beaucoup s’attendaient à un changement au grand séminaire, ce n’était pas celui-là. Les gens de Konankuritchi, eux, ne s’en plaignent pas. Le malheur des uns a toujours fait le bonheur des autres ».
Konankiritchi est un village proche du centre industriel de Neyveli où est exploité à ciel ouvert, le lignite. « L’an dernier, malgré des débuts prometteurs, Albert a du renoncer à ouvrir l’école chrétienne qui aurait desservi les chantiers à cause de l’opposition haineuse de gens hauts placés. Une chapelle provisoire, desservie par un père Indien y marque en tout cas la présence chrétienne ».
En 1957, Albert prend son premier congé en France où il est gardé comme professeur de théologie dogmatique au séminaire de Paris à partir de janvier 1958 ; en 1960 les deux séminaires sont regroupés à Bièvres, sous la houlette père Favier du Noyer.
MALAISIE (1961-1974)
Le Collège général de Penang demandait des nouveaux professeurs. C’est ainsi qu’en 1961, les pères Paroissin, Le Gal et Perrodeau reçoivent une nouvelle affectation. « A Penang tout était enseigné en latin et Albert n’était pas prêt pour cela. Il ne se voyait pas dans un tel environnement et le fit savoir à ses supérieurs ; il reçut l’ordre d’obéir. Déjà ébranlé par les tensions aux séminaires de Paris et surtout de Bièvres, il se trouva écrasé. Il essaya de faire face et enseigna à Penang pendant 8 mois mais c’était trop ! ». Fin 1962, Albert part pour la procure de Singapore, en route vers la France. Mgr Olçomendy l’encourage à rester en mission et lui suggère d’aider le père Limat à la cathédrale de Kuala-Lumpur. Albert accepte et Mgr Vendargon le reçoit bien volontiers dans son diocèse. A la cathédrale St Jean, il devient le vicaire du père Limat puis de ses successeurs ; il y attire beaucoup de catéchumènes. Les baptêmes d’adultes montent en flèche. Il assure l’animation des groupes de la légion de Marie et de jocistes. Il aide le renouveau liturgique, fournissant les textes nouvellement traduits aux autres paroisses du diocèse ; tous les matins, il part en mobylette dans la banlieue, célébrer la messe chez les sœurs du Bon Pasteur qui apprécient ses homélies. Albert devient curé de la cathédrale jusqu’à son départ en 1974, dû aux restrictions de séjour imposées par l’immigration en Malaisie !
Après l’assemblée générale des Missions Etrangères en 1974, le père Perrodeau est nommé recteur de la chapelle, rue du Bac en remplacement du père Alazard qui prend du service dans le diocèse de Rodez.
FRANCE (1975-2005)
Albert assurera ce service jusqu’en septembre 1983. Les paroissiens de la chapelle n’ont pas oublié le recteur de cette époque. Il avait organisé une petite chorale de jeunes gens et jeunes filles, pour une meilleure participation aux messes dominicales ; lors de la fête de l’Epiphanie, il les réunissait pour la galette des Rois. Jusqu’à la fin de sa vie, il a gardé ces contacts. Le père Auneveux l’invita ensuite à se mettre au service du diocèse de Nice, à la cathédrale d’Antibes. Il s’y enracina et à l’occasion de ses 50 ans de sacerdoce en 1996, Mr Jean Leonetti, maire d’Antibes lui remit la médaille de la ville d’Antibes/ Juan les Pins. L’heureux élu écrivait dans « L écho de la cathédrale » :
« Je croyais être naturalisé Antibois ! J’en étais heureux et fier. Une paroissienne amie m’assène : pour un étranger, vous êtes très bien accepté ici !... . J’ai vite oublié le premier mot ; j’apprécie énormément le reste de la phrase ! La greffe vendéenne a-t-elle pris sur l’arbre franc antibois ? Le greffage, c’est un savoir faire, presque un art. Quelques artisans expérimentés, des artistes ont aidé à porter quelques fruits…..
- Madeleine : Je suis allé si souvent chez elle ! J’avais un prétexte facile. Très pieuse, elle attendait toujours la Sainte Communion. Je le savais. En réalité, je dois avouer que j’aimais écouter ses histoires ; sa famille, le vieil Antibes, les cousins, les amis, les voisins, le passé, le présent et un peu l’avenir……Elle m’a beaucoup appris. Elle tenait un restaurant : aucune différence entre la table de la famille et celle des clients. Même cuisine et même accueil. Sans doute que certains payaient et d’autres pas. Mais de cela je ne suis pas certain. La fréquentation de Madeleine et sa maison elle-même furent mes premiers maîtres…..
- Hermina : Elle m’a appris un élément précieux, essentiel, de ma vie sacerdotale même si je le vis fort mal : impossible de « dire Dieu » dans la puissance, dans les honneurs, dans les privilèges. J’avais un peu appris cela en Inde et en Malaisie. Hermina me l’a fait voir. Je ne l’ai jamais vue qu’assise dans un fauteuil ou sur le bord de son lit. La marche lui était difficile. Elle était pourtant rayonnante de paix et d’amour. L’amour, elle n’avait jamais bien su ce que c’était…..on ne peut pas être pour Dieu « le petit » qui reçoit et être en même temps « le grand » qui donne !
- Puis-je aussi mentionner, parmi mes racines Antiboises, le prêtre qui m’a accueilli ici ? Son premier accueil, son premier contact avec quiconque, ami ou inconnu, était toujours évangélique »
Albert parlait d’expérience : en janvier 1990, en reculant, une voiture l’avait renversé et cassé le fémur de sa jambe gauche. Un long calvaire de 3 mois avait suivi : opération à Nice puis rééducation au centre de Vallauris. Courageusement il continua de servir la paroisse d’Antibes jusqu’à la Pentecôte 1999. A l’âge de 85 ans, il prit sa retraite à la maison de Lauris où il s’endormit dans la paix de Dieu le 2 janvier 2OO5.
Un confrère présida les obsèques de celui qui avait été son confesseur pendant 8 ans. Il rappela que « pour nous chrétiens, la pensée de la mort est liée à celle de la résurrection du Christ. Quand vient l’heure de mourir, c’est pour ceux qui ont la foi, l’heure de l’amour jusqu’au bout ».
Une religieuse de l’Inde envoya la lettre suivante au supérieur de la maison de Lauris : « Je viens d’apprendre la mort de mon cher père spirituel à qui j’adresse cette prière…..Vous parcouriez, avec votre bicyclette, sous le soleil de l’Inde, des kilomètres, tous les dimanches pour dire la messe dans plusieurs villages. Grâces à vous, beaucoup de jeunes ont pu étudier et trouver un métier. Tous pensent à vous avec beaucoup de reconnaissance. Quant à moi je vous dois beaucoup pour ma vocation religieuse. MERCI père. Dans votre demeure éternelle priez pour vos anciens paroissiens de Kunankuritchi »
R.Lefèvre