Henri SAUSSARD1920 - 1988
- Status : Prêtre
- Identifier : 3780
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1947 - 1959 (Pondichéry)
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1959 - 1984 (Malacca)
Biography
[3780] SAUSSARD Henri, naquit le 25 juin 1920 à Dole, dans le diocèse de Saint-Claude (Jura). Il fit ses études à Lons-le-Saunier, et au Collège des Jésuites à Notre-Dame du Mont-Roland, à Dole. En 1939, éclata la guerre. En 1940, il entra au Grand Séminaire de Montciel à Lons-le-Saunier. Réfractaire au STO, il entra dans le maquis en 1943. En zone libre, il trouva une place de surveillant dans un collège à Avignon. Puis quand ce fut possible, il revint au Grand Séminaire de Lons-le-Saunier et y resta jusqu'en mars 1945. Il fut envoyé comme professeur de 6ème à la Maîtrise de Saint Claude pour un semestre. C'est alors que parut une décision du Gouvernement, exemptant du service militaire les jeunes gens des classes 40-41. Il put penser à son avenir et, comme il désirait être missionnaire, il entra aux Missions Étrangères, le 17 février 1946. Ordonné prêtre le 22 mars 1947, il s'embarqua le 10 octobre 1947 pour la Mission de Pondichéry.
Il resta à l'évêché de Pondichéry quelques mois et fut envoyé en 1948, chez le Père Chauvet, dans la paroisse de China Salem. Il s'initia au tamoul pendant quelques mois, et dut revenir à Pondichéry pour aider le Père Hougard à l'église Notre-Dame des Anges. Là non plus, il ne prend pas racine : il est envoyé dans "les terres" à Erayur, dont le curé était le Père Noël. Le Père Saussard resta deux ans avec le Père Noël. En 1954, il fut envoyé dans la paroisse de Gingee. Le Fort de Gingee est célèbre, mais ce qui intéresse le Père Saussard, c'est le district qui compte environ 200 villages, et les 3.000 chrétiens disséminés dans tous ces villages. Dans la ville de Gingee, il y avait un presbytère et une église. Grâce à sa moto, il visite toute sa paroisse. Il prend contact avec ses gens et noue de bonnes relations avec les autorités civiles du pays, ainsi qu'avec les Protestants. Il a le souci de ses paroissiens noyés dans la masse païenne. Au mois de mai 1954, il demande aux religieuses de Saint Joseph de venir à Gingee pour s'occuper d'un dispensaire. Le 1er juin 1955, il commence un orphelinat au presbytère avec une dizaine d'enfants qu'il envoie à l'école. Il améliore le bâtiment de cette école, et en juin 1955, il agrandit les bâtiments de l'orphelinat, où il admet une centaine d'orphelins. Au mois de septembre 1956, il bâtit un couvent pour les Soeurs indiennes du Coeur Immaculé de Marie, ainsi, le centre de sa paroisse est bien pourvu. Mais le Père Saussard n'oublie pas d'aller faire des visites dans les nombreux villages pour subvenir aux besoins spirituels de ses chrétiens. Tout cela le fatigue, lui qui doit travailler dans un climat chaud et humide, assez débilitant. Il obtient un congé pour la France en mars 1958. Il va pouvoir soigner sa jambe assez mal en point à la suite d'un accident de moto. Au bout d'un an, il repart cette fois pour une autre Mission, celle de Singapour, où l'on a besoin de quelqu'un qui parle tamoul.
Il arrive à Singapour en mai 1959, et est nommé vicaire du Père Challet, à Saint François-Xavier, au centre-nord de l'île. L'archevêque, Mgr. Olçomendy, pense à préparer l'érection d'une paroisse non loin de là, à Jalan Kayu-Selatar, base aérienne à l'époque, où les chrétiens tamouls sont assez nombreux et n'ont pas de prêtre parlant leur langue. La paroisse est étendue, et le secteur de Jalan Kayu assez excentrique. En juin 1960, le procureur de la Mission lui fait cadeau d'une voiture de treize ans d'âge, dont l'évêque ne se servait plus. Il va pouvoir ainsi voir tout son monde plus facilement. En 1962, il est officiellement nommé responsable de Jalan Kayu-Selatar. Il fait alors connaissance avec le député du coin aussi bien qu'avec le général commandant la base aérienne. Le diocèse achète une maison de deux étages en plein centre de la localité. Il l'aménage vite, avec une chapelle au sous-sol, des salles de réunion au rez-de-chaussée, et au premier étage, une petite salle à manger et une chambre à coucher. Il dit trois messes le dimanche dans sa chapelle, le centre déborde d'activité, d'autant plus que Jalan Kayu se développe avec de nouvelles maisons construites pour classes moyennes. Il va falloir penser à des structures plus paroissiales, avec église et lieux de réunion. Il projète alors la construction de l'église Saint Vincent de Paul, à 4 kms du centre, le long d'une des grandes artères de l'île. Cette église fut bénite le 21 novembre 1970. Où a-t-il trouvé les fonds pour la construire ? Mgr. Olçomendy se montre particulièrement généreux pour cette communauté dont il avait été dix ans le pasteur. Le Père Saussard sera là jusqu'en 1976, tout en gardant aussi vivant le centre initial de Jalan Kayu. Son travail pastoral est énorme. Les pauvres viennent à lui ; il va chez eux, sachant apprécier un curry très simple ou un bol de nouilles chinoises, le délicieux "mee-hong" cantonnais.
Sachant que l'amiral anglais de la base aérienne avait une piscine privée, il obtient la permission d'y emmener ses jeunes pour une bonne baignade. Dans le monde des diplomates, il évoluait avec grand aise. Personne ne s'étonna lorsqu'il reçut la Médaille de l'Ordre national du Mérite.
Mais sa santé devint mauvaise. En raison d'une circulation sanguine déficiente, il va souvent à l'hôpital. Finalement, il demande un autre curé pour la paroisse et il se retire dans son centre de Jalan Kayu. Il y reste jusqu'en novembre 1981. Il doit rentrer en France. Il se repose à Dole, dans la maison de famille, non sans faire des voyages en France, en Europe et même plus loin encore. Voyager le détend.
Il revient à Singapour en 1982. Il est nommé à Notre-Dame de la Paix, dans le secteur Est de Singapour. Malgré son zèle, il se sent mal à l'aise dans cette communauté chinoise, avec un curé ayant une manière de vivre très chinoise. Et puis les plaies de sa jambe ne se cicatrisent pas. Une phlébite et l'opération qui s'ensuit l'amènent à conclure que la retraite s'impose. Il quitte Singapour en avril 1984, rentre en France par Hong-Kong et revient à Dole. Il y passera les dernières années de sa vie. Après un séjour de trois mois de nouveau à Singapour et un voyage aux Etats-Unis en 1987, il perd de sa vitalité, et le 22 avril 1988, il s'effondre dans le jardin d'une de ses soeurs, près de Dole. Le 25 avril, les obsèques furent présidées par Mgr. Boillon, évêque de Verdun, qui fut archiprêtre de Dole quand Henri faisait son séminaire. Le Père René Challet, son ancien curé à Singapour, fit l'homélie. Un paroissien qui l'estimait beaucoup écrivit : "le Père Saussard pratique ce qu'il prêche. Pour lui, l'homme vient d'abord, avec ses multiples besoins. Le trait essentiel de son caractère, c'est la faiblesse devant la misère. Carré d'épaules, entreprenant, parfois arrogant, il n'existe plus devant ceux qui souffrent. Il n'est heureux que lorsqu'il a apporté de la joie dans la vie des enfants... Tel est le curé que le Seigneur nous a donné et pour lequel nous rendons grâce. Vive Henri Saussard !"