Joseph PIERRON1922 - 1999
- Status : Prêtre
- Identifier : 3806
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1949 - 1952 (Hué)
Biography
[3806] PIERRON Joseph est né le 5 janvier 1922 à Maîche (Doubs).
Il entre aux MEP en 1941. Ordonné prêtre le 29 juin 1947, il part le 1er octobre 1949 pour la mission de Hué (Vietnam).
Après l’étude du vietnamien il est nommé professeur au collège de la Providence.
Rappelé en France en 1952, il est ensuite envoyé à l'École biblique de Jérusalem, puis à l'Institut biblique de Rome.
En 1954 il est nommé professeur d'Écriture Sainte au séminaire des MEP.
En octobre 1961, il retourne à l'Institut biblique de Rome pour y préparer sa thèse de doctorat.
De 1964 à 1974, il travaille à la formation permanente des missionnaires, créant pour eux un centre de documentation et de pastorale missionnaire. À partir de 1974, il assume la charge de directeur de la revue Spiritus.
En 1985, il se joint à l'équipe du Centre pastoral de Beaubourg (Paris), où il travaille jusqu'à son décès, le 27 décembre 1999.
Obituary
[ 3806 ] PIERRON Joseph, Paul, Elie
Missionnaire
Huê – Paris
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Joseph, Paul, Elie PIERRON, fils de Paul-Léon, ouvrier, et de Mercier Anne-Marie Marguerite, une famille profondément chrétienne des montagnes du Doubs, naquit le 5 janvier 1922, à Maîche, dans l' arrondissement de Montbéliard département du Doubs, diocèse de Besançon. Le 9 janvier 1922, il fut baptisé dans son église paroissiale, puis y reçut le sacrement de confirmation, le 11 mai 1932. Après ses études primaires à Maîche, il parcourut le cycle des programmes de l'enseignement secondaire, à l'école Montalembert de Maîche où il passa avec succès l'examen du baccalauréat ès Lettres 1ère partie. En octobre 1939, il se dirigea vers le grand séminaire de Philosophie à Faverney. En juin 1941, il fut reçu avec mention "cum magna laude" à l'examen du baccalauréat de Philosophie scholastique, sous le contrôle de l'Institut catholique de Paris, puis au baccalauréat universitaire, 2ème partie, Philosophie avec mention bien.
Le 1er juin 1941, M. Joseph Pierron adressait la demande suivante au supérieur de la Société des Missions Etrangères : " Séminariste de Favernay, où je termine ma deuxième année de philosophie, j'ai l'honneur de solliciter mon admission au Séminaire des Missions Etrangères dans l'espoir de devenir, avec la grâce de Dieu, l'instrument de la volonté divine...." Réponse positive lui ayant été faite, il entra au séminaire des Missions Etrangères, le 13 septembre 1941 ; il reçut la tonsure le 29 juin 1942, "espérant que transformé par la grâce de Dieu, je pourrai aider un jour à bâtir l'Eglise d'Asie " comme il l'écrit dans sa lettre de demande de tonsure du 24 avril 1942. Le 5 novembre 1942, il présenta sa demande pour être admis à recevoir l'Ostiariat et le Lectorat, puis le 10 mars 1943, il "sollicita la faveur d'être admis à recevoir l'Exorcistat et l'Acolytat au cours de la prochaine cérémonie d'ordination..."
La Revue des Missions Etrangères "Missionnaires d'Asie" de 1945, à la page 225, nous apprend que M. Pierron, décoré de la Croix de guerre avec étoiles de bronze et de vermeil, obtint les citations suivantes :
" Le général Guillaume, commandant la 3ème D.I.M., cite à l'ordre de la brigade : Pierron Joseph, brancardier du 3ème bataillon médical, matricule 395 ; jeune brancardier très dévoué, calme et courageux. Détaché dans une compagnie de combat, a évacué vers le poste de secours du 3ème R.T.A. de nombreux blessés, travaillant nuit et jour, malgré de violents tirs d'artillerie et de mortiers, dans la période du 14 au 17 octobre 1944 à la côte 784 région de Cornimont. La présente citation comporte l'attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze. "
"Le général de corps d'armée de Goislard de Monsabert, commandant le 2ème C.A. cite à l'ordre du C.A. : Pierron Joseph. Jeune engagé volontaire, chef d'équipe d'un dévouement exceptionnel et d'une rare bravoure. Dans la nuit du 21 au 22 janvier 1945, dans Kilstett encerclé, s'est offert spontanément pour évacuer en jeep sanitaire des blessés graves. A pu forcer le barrage en pleine bataille sous le feu violent des mitrailleuses et des armes individuelles ; ayant dû abandonner son véhicule criblé de balles, a assuré personnellement sous le feu, l'évacuation des blessés confiés à sa garde, jusqu'au poste de secours le plus proche. A donné la preuve de son esprit de sacrifice et de la conception élevée du devoir. La présente citation comporte l'attribution de la croix de guerre avec étoile de vermeil. P.C. 9-IV-1945, Signé : de Monsabert."
Démobilisé, M. Pierron continua sa formation sacerdotale à Paris où il obtint sa licence de Théologie puis, à Rome, celle d'Ecriture Sainte. Sous-diacre le 1 mars 1947, diacre le 22 mars 1947, ordonné prêtre le 29 juin 1947, il reçut sa destination pour le service du vicariat apostolique de Hué. Envoyé à Rome pour y continuer des Etudes en Ecriture Sainte, il fut agrégé à la Société des Missions Etrangères, le 14 novembre 1947. En compagnie de M. Pierre Joseph Richard, il partit en avion pour Hué, le 1er octobre 1949.
En 1949, la guerilla commencée au début de 1947, était présente dans tout le territoire du vicariat de Hué. Au début de janvier 1949, M. Joseph Grall, jeune missionnaire qui, par le train, rejoignait sa mission, avait été arrêté par les "viêtminh" entre Tourane et Hué. Fait prisonnier, on était sans nouvelles de lui. L'Etat-Major viêtminh installé dans les montagnes proches harcelait les postes militaires franco-viêtnamiens de la province. Dans les territoires contrôlés par les guerilleros, des jeunes faisaient des stages d'endoctrinement marxiste, puis étaient envoyés dans des villages pour créer des comités de surveillance, de résistance et de propagande communiste.
Ce fut dans ce climat de danger et d'insécurité que M. Pierron arriva dans sa mission ; pour apprendre la langue viêtnamienne et faire quelques cours, il fut envoyé au Collège secondaire de la Providence, fondé en 1933 à Hué et dont l'effectif en 1950, s'élevait à 310 élèves dont 80 internes. Il avait reçu une formation de bibliste, le voilà nommé professeur de mathématiques. A cette époque, il y avait pas de place pour la contestation. Il sut relever brillamment ce défi comme il le fera plus tard dans d'autres domaines.
En 1950, à l'occasion des fêtes de Pâques, et durant deux jours, M. Pierron s'en alla visiter plusieurs postes militaires de la province, donnant à chacun la possibilité d'accomplir ses devoirs religieux. Cette même année, la pression viêtminh se fit de plus en plus forte. Plusieurs prêtres viêtnamiens furent pris par les viêtminh. Pour des raisons de sécurité, les 70 élèves du petit séminaire installé à An-ninh, furent repliés à Hué et reçurent l'hospitalité au Collège de la Providence dont l'effectif total des étudiants dépassa 300. Grâce à la compétence du corps professoral, beaucoup remportèrent de brillants succès aux examens officiels. M. Pierron, en dehors de ses cours, établit de nombreux contacts avec ses élèves. On raconte qu'à Hué, il aimait se rendre au bord de la rivière des parfums, où, sous un cocotier, il philosophait avec bon nombre d'entre eux.
Rappelé de mission M. Pierron arriva en France le 22 juin 1952. Il fut envoyé à l'Ecole Biblique de Jérusalem pour y continuer ses études en Ecriture Sainte. Le 14 juillet 1953, il rentra en France, à bord du "Iona"; puis, en 1953-54, il poursuivit ses études à l'Institut Biblique de Rome, en vue de remplacer comme directeur et professeur d'Ecriture Sainte, au Séminaire de Paris, M. Lobez, qui, le 24 novembre 1954, partit rejoindre le Collège Général de Penang où il était affecté.
Du 17 au 21 novembre 1954, M. Pierron prêcha la retraite annuelle des Frères Coadjuteurs de la Société. Le 24 octobre 1954, dimanche des Missions, sous la présidence de Mgr. Derouineau, se déroula la traditionnelle "cérémonie du Départ" à laquelle participèrent douze jeunes confrères. M. Pierron, dans une allocution remplie d'exemples bibliques, rappela le sens de la "mission" et de ses exigences. Le 15 avril 1954, il prit ses fonctions de professeur d'Ecriture Sainte et de Directeur au séminaire des Missions Etrangères, à Paris d'abord, à Bièvres ensuite, lorsque, en octobre 1960, les deux sections du séminaire y furent réunies. Il enseigna jusqu'en juillet 1961. Il avait été également désigné comme directeur des jeunes missionnaires poursuivant leurs études en France avant de regagner leur mission. En octobre 1961, il revint à l'Institut Biblique de Rome, où, pendant deux ans, il prépara sa thèse de doctorat en Ecriture Sainte.
En 1958, les professeurs de Paris et de Bièvres avaient constaté un décalage qui allait s'élargissant entre la formation théologique donnée aux aspirants et celle que les missionnaires rentrant en congé avaient reçue. A cette époque, pour y remédier, on créa des sessions de recyclage où l'on faisait appel à des maitres dans diverses disciplines et qui apportaient une connaissance.
Ainsi, du 30 août au 6 septembre 1958, se tint à Bièvres une session d'information et d'études pour tous les confrères en congé. Au cours de celle-ci, M. Pierron fit deux conférences : la première sur "Bible et Apostolat missionnaire", la seconde traitait de "Problèmes bibliques". L'année suivante, une nouvelle session de recyclage fut organisée à Bièvres où elle se déroula du 9 au 16 septembre 1959. Mais laissons la parole au chroniqueur :.."Comme il devait le faire pour nous chaque jour, le Père Pierron ouvrit à notre intention la Bible. Nous ne savons comment notre confrère commente le Lévitique ou les Psaumes, mais son ton d'ouragan convenait magnifiquement au livre qu'il nous interpréta. L'Apocalypse, dit-il, est une lecture de l'Ancien Testament à la lumière de ce fait central qu'est la Passion et la Résurrection du Christ. Et cette lecture nous est livrée dans un langage qui nous est bien connu, le langage apocalyptique....Même si nous n'ouvrons pas tous le livre au chapitre XII, et si nous continuons à trouver l'Apocalypse obscur, nous savons du moins désormais qu'il y a des hommes pour lesquels c'est "très simple", et nous avons surtout appris à aimer davantage la Parole de Dieu..."
De 1964 à 1974, M. Pierron travailla à la formation permanente des missionnaires. Au cours des années, ce service évolua dans le cadre plus large de tout un ensemble d'Instituts missionnaires. Le Concile de Vatican II obligeait à une mise à jour des connaissances intellectuelles théologiques, bibliques, liturgiques, catéchétiques des missionnaires. Dans ce but, tout en continuant d'organiser des sessions pour les missionnaires en congé, M.Pierron créa d'abord, pour le service des confrères, un "Centre de documentation" accompagné de la revue "Epiphanie". Ce Centre de documentation se transforma dans la suite, en "Service de pastorale missionnaire" dont il fut nommé directeur, le 1 juillet 1966, pour devenir enfin "Service pour la Formation Permanente".
Du 3 janvier au 24 avril 1967, il fit une tournée dans les missions confiées à la Société, essayant de rencontrer les confrères dans leurs postes afin de mieux connaitre leurs travaux, les richesses de leurs expériences, et de mieux répondre à leurs besoins et à leurs attentes. Cette même année, la revue Epiphanie se dédoubla d'une part en "Echos de la Rue du Bac", un bulletin mensuel de 32 pages pour servir de liaison entre les missionnaires, et d'autre part, "Epiphanie" revue trimestrielle de documentation, et de recherche pastorale missionnaire.
L'Assemblée Générale de la Société en 1968, rappelait la nécessité pour chacun d'une formation continue sur le plan intellectuel et pastoral ; dans ce but, "Le service pour la Formation Permanente apporte aux missionnaires le soutien de ses publications périodiques et de sessions organisées, tant en France que dans les Régions. Ces sessions ont pour but de stimuler de fréquentes études en groupe.." (Const. Art.20). Mais la responsabilité de sa propre formation appartenait d'abord à chaque membre de la Société, dans la situation où il se trouvait.
Dans un long compte-rendu, en 1969, M. Pierron et son équipe soulignaient d'abord la nécessité qu'il y avait pour ce service d'être en liaison avec les missionnaires et en contact avec les organismes français ; ils exposaient ensuite quelques principes permettant un certain nombre d'options et les moyens d'animer cette formation permanente par les sessions, les publications et un centre de documentation. L'équipe responsable rendait compte de son travail au service des confrères durant cet exercice .
En 1970, cette équipe du service pour la Formation permanente placée sous la direction de M. Pierron, assura la parution des Echos, d'Epiphanie, du Compte-Rendu annuel et s'y ajouta celle d'un Mémorial (1961-1969). Le centre de documentation s'enrichit de nouvelles revues; un fichier de consultation fut mis en route; il fut établi une liste des responsables de la formation permanente dans les instituts missionnaires d'hommes et de femmes. On fit le projet d'établir un calendrier annuel des sessions pour la période de juin à octobre en vue de l'envoyer aux supérieurs régionaux en mission. Cette année là, les sessions furent nombreuses et variées : session de recyclage à Chartres du 13 juin au 6 juillet 1970; session Bible et Catéchèse, Issy-les-Moulineaux, 4-9 juillet 1970 ; session sur le catéchuménat, à Bièvres, 13-19 septembre 1970; session de dynamique de groupe à Bièvres, 21-26 septembre 1970. Pour 1971, le service prévoyait l'organisation de quatre sessions en Mission : dont une animée par M. Pierron à Mananjary, sur le thème "Evangile et Pastorale".
M. Pierron participa au Synode de la Société qui se tint à Hong-Kong du 8 au 27 novembre 1971, où il présenta au cours de plusieurs séances les objectifs de la formation permanente et les activités de son service. Cela donna lieu à plusieurs échanges de points de vue entre les participants ; ce fut aussi l'occasion pour M. Pierron de donner précisions et éclaircissements aux questions posées et d'expliquer la différence qu'il y avait, selon lui, entre entre recyclage et formation permanente. Celle-ci, disait il, est un apprentissage. Nos anciens la concevaient et la pratiquaient mais d'une manière différente, du fait des situations concrètes dans lesquelles ils se trouvaient. Leur travail personnel y tenait une large place, et il faut le maintenir. A l'heure actuelle, ajoutait il, on est de plus en plus persuadé qu'une formation dans un monde en mutation demande une remise en cause constante du savoir et des attitudes.
Il rappelait que, qui dit formation, dit que chacun est actif, qu'il y a création, prise de conscience, apprentissage et aussi remise en cause de la personne. Le point de départ de cette formation était l'expérience vécue que l'on doit décrire et analyser. Il est facile de décrire, il n'est pas commode d'analyser . Quand on parle de recyclage, expliquait il, on sous-entend une connaissance, des experts, un cycle dans lequel il faut se réinsérer.
Ainsi, au Synode de Hong-Kong, fut réaffirmé le principe que la formation permanente se fait principalement en mission, dans les Régions d'où la nécessité d'une équipe locale d'animation. On y débattit aussi des moyens de formation permanente, en particulier des publications ; quel avenir pour "Epiphanie", quels liens entretenir avec la revue de spiritualité missionnaire "Spiritus" éditée en commun par plusieurs Instituts et à la rédaction de laquelle M. Pierron était conseiller technique. En conclusion, le Synode approuva les orientations du Service pour la formation permanente qui lui avaient été soumises.
M. Pierron fut l'un des délégués de l'Administration Générale élu pour participer à l'Assemblée Générale de la Société des Missions Etrangères qui se tint à Bièvres du 15 juillet au 17 août 1974. Il présenta un long exposé sur le "service pour la formation permanente" . Son rapport comportait une présentation historique afin de mieux suivre l'évolution du service en trois étapes : A l'Assemblée Générale de 1968, de 1968 jusqu'au Synode de Hong-Kong en 1971, puis jusqu'à l'Assemblée Générale de 1974.
Il fit le bilan sur les activités de ce service au plan des Revues : Les Echos, Epiphanie et sa disparition, Feu Vert et sa courte vie, le Compte-Rendu des travaux du Synode de Hong-Kong en 1971, les Compte-Rendus Annuels, le Mémorial (1961-1969), puis au plan des sessions : celles organisées en mission : Madagascar en 1972, Bangkok en 1973, celles pour les missionnaires en congé, tout en rappelant que cette activité du "service pour la formation permanente" revêtait un caractère inter-instituts.
"Perspectives", tel était le titre donné à la troisième partie de son exposé. Après avoir fait allusion aux jugements parfois durs, engendrés par une certaine défiance à l'égard de la formation permanente, il rappelait la nécessité de se trouver en liaison avec les confrères en mission, ainsi qu'avec les responsables de la formation initiale. De plus, un élargissement et une meilleure coopération inter-instituts s'avérait nécessaire. Un travail de liaison entre Formation Permanente, Spiritus et Centre de Documentation lui semblait indispensable ; il serait ainsi possible d'entrer en liaison avec d'autres centres de formation pour un stage ou un recyclage long pour les missionnaires. Enfin, en conclusion, il se déclarait heureux d'avoir travaillé à ce Service.
En octobre 1974 M. Pierron assuma une nouvelle responsabilité, celle de rédacteur et de directeur de la revue de spiritualité missionnaire "Spiritus", éditée en commun et soutenue financièrement par plusieurs Instituts. Dans cette publication, il désirait développer une réflexion théologique approfondie, à partir des réalités vécues au quotidien par des groupes missionnaires, dans leur environnement social, culturel, politique et religieux.
En 1985, il se joignit à l'équipe du Centre Pastoral des Halles et de Beaubourg (Saint-Merri) à Paris, et il y travailla jusqu'à la fin. Dans son homélie prononcée le jour des funérailles de M. Pierron, son ami le P. Xavier de Chalendar, après avoir dit ce que fut son dernier entretien avec lui, quinze jours avant sa mort, donnait le témoignage suivant : .." Je ne l'ai connu que durant le dernier quart de sa vie. Son travail de bûcheron avec son père, la place de sa famille, sa joie d'être un prêtre des Missions Etrangères de Paris, il en parlait souvent. ....C'est à Saint-Merri que je l'ai connu et je garde un souvenir plein de reconnaissance de sa participation à notre équipe pastorale. La qualité de ses animations liturgiques, de ses cours, de son travail sur l'art contemporain.
Au Centre pour l'Intelligence de la Foi, il faisait le cours sur Dieu, chaque année repris, recomposé, un cours parfois déconcertant, dérangeant, mais fascinant, ouvrant des pistes neuves. Nous avons fait ensemble deux grands voyages sur les pas de Saint Paul et sur ceux de Moïse et d'Abraham. Il est venu plusieurs fois animer des sessions d'une semaine à l'Arc en Ciel. Il devait venir à la Pentecôte travailler sur la mort et la résurrection de Jésus dans Marc...
...Joseph est mort..le jour de la fête de Saint Jean. Il aimait tellement le quatrième évangile. Il en avait beaucoup parlé à Saint Merri, dans ses cours mensuels, depuis trois ans. Il avait commenté longuement ce texte sur la rencontre avec Nicodème que nous venons d'entendre..."
Pendant 17 ans, il fut aussi professeur au Centre pour L'Intelligence de la Foi, (C.I.F), place du Président Mithouard, près de l'église Saint François-Xavier. Il accompagnait le groupe "Ecriture" (travail et échange à partir d'un texte). L'une de ses anciennes élèves témoigne : .."Je me rappelle sa stature vigoureuse, son accueil naturel et amical, sa façon de parler chaleureuse et consistante, avec son timbre grave et un peu terrien. Il nous parlait d'ailleurs de ses origines paysannes, de sa mère, femme de la campagne, croyante à la foi traditionnelle simple et ferme.... A la fin de notre cycle, il nous a dit : "Il faut continuer à étudier, il faut toujours étudier..."
En effet, toute sa vie, M. Pierron fut un homme de foi, doublé d'un homme d'étude. : .." Lorsque, après sa mort, écrit un de ses amis, j'ai eu l'occasion de voir, sur plus de deux cents cahiers, la profusion de notes amassées par Joseph au long d'une vie, la première réaction était mitigée, faite d'émerveillement et de culpabilisation : ébloui par la qualité certes, mais aussi par la diversité : études testamentaires et théologie, bien sûr, mais somme de documents sur Qûmran, Pères de l'Eglise, études sur les peintres, en particulier contemporains, musique, mais articles très nombreux de journaux, hebdomadaires, revues, consacrés aux sujets les plus variés de l'actualité, objet de son insatiable curiosité ; sans oublier les philosophes..... Joseph avait la plus grande admiration pour Heidgger. Il connaissait de philosophe au point.....d'avoir un de ses volumineux cahiers consacré à sa biographie...."
Heidegger !.. En 1990, au cours d'un voyage sur les pas de Saint Paul, M.Pierron parla de ce philosophe . L'une des participantes raconte :..."L'un des clous du voyage fut l'évocation de la cruche de Heidegger : la cruche, objet inerte, qui n'existe que si elle est vide pouvant se remplir d'eau qui purifie et étanche la soif, d'huile servant à oindre et à rendre fort, ou encore de vin de la fête, du partage. La cruche symbole qui n'existe que si elle est susceptible de remplir la fonction pour laquelle elle a été créée : absence et présence. Mort et vie. Mort et résurrection...Sa discrétion (de M.Pierron) permettait aux autres d'exister. Il appliquait la parabole de la cruche..."
On pourrait citer encore bien d'autres témoignages sur "Joseph, un immense sourire, Deux bras grands ouverts, Un regard intérieur avec son pesant d'humanité !..".." et le rire, brisant l'austérité du discours, la gravité du moment, la surprise d'une rencontre. Le rire, puisque tu avais décidé d'être joyeux. Le rire pour excuser ta violence, ta sensibilité trop vive, les réactions trop brusques..."
Malade depuis quelques temps, il décéda le 27 décembre 1999, au Missions Etrangères, en la fête de St. Jean l'Evangéliste. La messe des funérailles fut célébrée, le 30 décembre 1999 en la chapelle du séminaire des Missions Etrangères ; Pour la liturgie de la parole, on fit choix d'un texte de Paul et on proclama le passage de l'Evangile de Jean 3,1-12.21. Car,..."Joseph aimait beaucoup Jean et Paul et je ne saurais dire celui qui lui parlait le plus et dont il parlait le mieux....", puis eût lieu l'inhumation dans le caveau des Missions Etrangères, au cimetière Montparnasse, à Paris.
Mai 2002