Henri FONTAINE1924 - 2020
- Status : Prêtre
- Identifier : 3834
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Identity
Birth
Death
Other informations
Biography
Henri Fontaine est né le 20 juillet 1924 à St-Fraimbault (Orne), ordonné prêtre le 29 juin 1948, part le 28 septembre 1951 pour la mission de Hanoï. Après avoir commencé l’étude du vietnamien chez le P. Villacroux dans un village de campagne, il est nommé professeur au petit séminaire de Hanoï, tenu par les prêtres vietnamiens puis, en 1954, il vient à Saïgon, où il est chargé par le gouvernement vietnamien, avec l’accord des Missions Étrangères, du Service géologique national. Après la prise du pouvoir par les communistes en 1975, il regagne la France, et donne des cours à l’Institut catholique de Paris en 1976 et 1977. Il travaille ensuite à Bangkok dans le cadre du CCOP, organisme des Nations Unies, jusqu’en 1986. Il continue ensuite ses activités à titre bénévole près du CCOP et des gouvernements de Thailande, Philippines, Malaisie et Chine. Il meurt le 31 janvier 2020.
Obituary
[3834] FONTAINE HENRI (1924-2020)
NOTICE NÉCROLOGIQUE
Henri Francis Marie Fontaine est né le 20 juillet 1924 en Normandie, à Saint-Fraimbault-sur-Pisse dans l’Orne et le diocèse de Séez. C’était déjà à l’époque une petite commune rurale du département de l’Orne, qui s’est beaucoup dépeuplée depuis et se nomme Saint-Fraimbault depuis 1962. Henri est baptisé le 24 juillet 1924 en l’église de son village natal; et c’est là aussi qu’il est confirmé le 21 juin 1934. Ses parents, Auguste Fontaine et Marthe Chatel, étaient exploitants agricoles. Il est l’aîné d’une fratrie de trois enfants (deux garçons et une fille). Très jeune, il souhaitait devenir prêtre, vivant parmi les villageois et proche de la nature, quelque part en Asie ou en Afrique. Il perd tôt son père; et sa mère était déjà paralysée lorsqu’il entre au grand séminaire de Séez. Il fit ses études primaires dans son village natal et ses études secondaires au petit séminaire diocésain de Séez.
Il entre d’abord au grand séminaire de Séez en octobre 1943 ; mais il n’y reste que quelques mois. Il demande à entrer au grand séminaire des Missions Etrangères à Paris, qu’il rejoint dès le 9 mars 1944. Le supérieur du grand séminaire de Séez recommande Henri Fontaine en ces termes : « Monsieur Fontaine est un excellent jeune homme, aimable et ouvert, bien doué intellectuellement […]. Il est par ailleurs vraiment pieux et de bon esprit, et appartient à une famille bien chrétienne […] Je pense que c’est une bonne vocation et une sérieuse recrue pour les Missions. » Henri Fontaine est ordonné prêtre le 29 juin 1948 dans la chapelle de l’Épiphanie de la rue du Bac et reçoit sa première destination pour Chungking en Chine. Mais il est d’abord envoyé à Lille faire une licence de sciences naturelles qu’il obtient en 1951. À cette époque, la Chine était en ébullition avec l’arrivée des communistes au pouvoir. Il n’était donc pas possible qu’Henri parte pour ce pays. Alors, à l’été 1951, il reçoit une nouvelle destination pour Hanoï au Vietnam et part le 28 septembre 1951. Pendant huit mois il étudie le vietnamien tout en étant vicaire du père Villacroux. Ensuite, il devient enseignant au petit séminaire de Hanoï et entama alors des études supérieures à l’université de Hanoï. Il obtiendra son diplôme d’études supérieures en géologie en 1954.
La même année, à la division du Vietnam en deux zones (Nord et Sud-Vietnam), Henri quitte Hanoï pour Saïgon, où il enseigne au grand séminaire. Mais pour se reconstruire, le Vietnam a besoin de ressources naturelles comme le charbon pour produire de l’énergie et de calcaires pour fabriquer du ciment. Alors en 1955, à la demande du gouvernement de la République du Vietnam et avec l’accord des MEP, Henri Fontaine prend la direction du service géologique du Sud-Vietnam pour les années 1955-1957. Cette nomination fut décisive pour son orientation future. Il se rend alors en France pour finaliser sa thèse sur les coraux fossiles du Cambodge, du Laos, du Vietnam et du Yunnan en Chine et ainsi préparer son doctorat ès sciences naturelles, qu’il obtient en 1959 à l’université de Paris (Sorbonne). L’année suivante, il retourne au Vietnam et devient expert géologue du service de coopération technique qui dépendait du ministère des Affaires étrangères de France. Il s’intéresse aussi à l’archéologie du Vietnam suite à la découverte d’outils préhistoriques en pierre, lors de la construction d’une léproserie proche de Saïgon. Il devient donc aussi archéologue et est invité comme tel par des spécialistes nationaux dès les années 1980.
À la fin des années 1960, le service géologique de Saïgon avait lancé un projet de recherche de gaz et de pétrole sur le plateau continental à l’est du pays. Pour se renseigner sur la géologie du Vietnam, plusieurs experts de grandes compagnies pétrolières entrèrent en contact avec le Père Fontaine, dont M. Maurice Mainguy de la société Total. Ce dernier était également représentant du gouvernement français auprès du CCOP (Coordinating Committee for Coastal and Offshore Geoscience Programmes in East and Southeast Asia), un organisme fondé en 1966 sous la responsabilité des Nations unies. Le contact avec M. Mainguy facilita la carrière scientifique internationale d'Henri Fontaine à partir de 1978.
En 1975, à la chute de Saïgon, Henri avait proposé ses services au nouveau gouvernement, qui les refusa. Le nouveau régime – qui d’ailleurs refusait toute présence étrangère au Vietnam – voyait en Henri avant tout un espion de la France alors que lui-même se voyait d’abord au service d’un pays, quel qu’en soit le régime. Il dut donc rentrer en France et enseigna pendant un an (1976-1977) à l’institut catholique de Paris, tout en poursuivant ses recherches. En 1978, il est nommé expert du CCOP et participe à un projet d’étude du potentiel en gaz et pétrole dans des roches du pré-tertiaire, c’est-à-dire des roches âgées de plus de 60 millions d’années. Henri Fontaine mène alors des études géologiques sur le terrain afin d’identifier ces roches. Avec le soutien des services géologiques des pays membres du CCOP, il part travailler en compagnie des géologues nationaux pendant quelques mois chaque année. Il conduit des recherches géologiques et participe à de nombreuses conférences dans une dizaine de pays de l’Est et du Sud-Est asiatique: Vietnam, Cambodge, Laos, Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Corée du Sud et Chine. Il remplit cette fonction officielle jusqu’en 1986, date de sa retraite légale; mais en réalité jusqu’en 1999 à titre bénévole. Il poursuit son activité sur le terrain jusqu’en 2005 en Malaisie et 2013 en Thaïlande. À la veille de ses 90 ans (2013), son état de santé ne lui permettait plus de prendre l’avion et d’effectuer de longs déplacements. Mais il continuait à travailler à un rythme plus lent et publia son dernier article en 2018.
Il décède le 31 janvier 2020 dans sa 96e année à l’Haÿ-les-Roses, près de Paris.
Durant près de 65 ans de carrière, Henri Fontaine a réalisé de nombreuses contributions scientifiques. Il a publié près de 320 articles, seul ou avec la collaboration d’une centaine de géologues de divers pays. Il tenait une correspondance avec des centaines de scientifiques à travers le monde. Il était toujours disponible pour fournir ou échanger des informations ou des publications avec des scientifiques ou des étudiants.
Ses publications couvrent divers domaines, de la paléontologie, la stratigraphie, jusqu’à l’archéologie, en passant par les eaux minérales. L’exploitation de la source Dangun (au sud du Centre-Vietnam) a permis de mettre en vente des bouteilles d’eau minérale avec l’étiquette de la marque Laska, sur laquelle il est mentionné que « la source d’eau minérale a été découverte par le scientifique français Henri Fontaine dans les années 1960 ».
Il a identifié et nommé une centaine de genres et d’espèces de coraux fossiles. Une dizaine de noms de fossiles lui a été dédiée par ses collègues de divers pays. Il a été un grand spécialiste des coraux paléozoïques.
Il a également créé plusieurs collections d’échantillons de roches et de fossiles, dont la plus riche est la collection T comme Thaïlande, regroupant plus de 11 000 échantillons qui sont conservés dans différents services, universités et musées en Thaïlande.
Il a collecté des milliers d’outils préhistoriques en pierre, en fer, en jade, en cornaline, en verre, en poterie, etc. Ces objets ont été exposés aux musées du Jardin botanique et du Service géologique à Saïgon. Il a, dès 1954, entrepris la renaissance de la revue des Archives géologiques du Vietnam et a assuré sa publication jusqu’à la chute de Saïgon.
Il a créé le département de géologie de l’université de Hué, donné des cours et dirigé plusieurs thèses de master et de doctorat au Vietnam et en Thaïlande.
Henri Fontaine était membre de la Société géologique de France depuis 1953, membre à vie de la Société géologique de Malaisie, membre du conseil de la Société des études indochinoises avant 1975, membre de la rédaction du Journal des Sciences de la terre du Sud-Est asiatique (1991-1997), correspondant du Muséum d’histoire naturelle de Paris depuis 1980 et de Permophiles depuis les années 1980.
Il a reçu différentes médailles de la République du Vietnam et le prix André Bonnet de l’Académie française des Sciences (1988).
Tout récemment, la revue française Annales de Paléontologie, qui existe depuis 1905, a publié deux volumes spéciaux dédiés au père et docteur Henri Fontaine. Dans le premier volume, se trouve un article sur sa longue et riche vie scientifique.
Sa très grande carrière scientifique a été rendue possible grâce à une coopération internationale efficace et l’entente cordiale entre les géologues de différentes nations, générations et religions.
Henri Fontaine menait une vie très simple, sans prétention. Il ne recherchait pas les honneurs. Il était humble et ne se mettait jamais en avant, serviable et gentil avec tout le monde. Toujours calme, il ne haussait jamais la voix. Il savait s’adapter aux circonstances avec courage, simplicité et humour. Il acceptait tout ce qu’on lui offrait, dans un bol ou sur une feuille de bananier, un lit ou une natte sur le sol. C’est pourquoi il s’est fait beaucoup d’amis dans le monde scientifique et dans les administrations des divers pays où il travaillait.
Henri ne cachait jamais qu’il était prêtre catholique, même s’il ne le mettait pas en avant, car il était un homme discret. Mais tous ceux qui le connaissaient ou travaillaient avec lui savaient qu’il était prêtre. C’est bien comme prêtre qu’il a assumé une carrière scientifique, à la croisée des chemins de l’Asie et de la France.