René BRISSON1922 - 2014
- Status : Prêtre
- Identifier : 3835
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Thailand
- Mission area :
- 1948 - 2014
Missionaries from the same family
Biography
[3835] Brisson René, Henri, Auguste, Jean naît le 26 avril 1922 à Machecoul, commune de la Loire-Atlantique, située entre Nantes et Challans et comptant aujourd’hui six mille habitants.
PREMIÈRES ANNÉES
Ses parents, Jean Marie Brisson et Marie Malard, s’étaient mariés le 9 juin 1914 à Machecoul, lui âgé de trente ans, elle de vingt-cinq. Quand la guerre éclate deux mois plus tard, M. Brisson est mobilisé. Grièvement blessé sur le champ de bataille, amputé d’une jambe sur place, il reprend la vie civile comme journalier. Onze enfants naîtront dans leur foyer entre 1915 et 1933, cinq garçons et six filles. Les vocations seront nombreuses dans cette famille profondément chrétienne : quatre des cinq garçons deviendront prêtres, dont deux aux Missions étrangères, Maurice (1925-2005) et René, tandis que deux des six filles se feront religieuses.
Le lendemain même de sa naissance, le 27 avril 1922, le jeune René est baptisé en l’église de la Trinité à Machecoul. Il y est confirmé douze ans plus tard, le 15 mai 1934. Fils d’amputé de guerre, il est adopté par la Nation en 1923, ce qui allège la charge de ses parents. Il fait ses études primaires à l’école paroissiale de Machecoul, tenue par les Frères de Saint Gabriel.
L’adolescent travaille quelque temps chez un notaire de Machecoul, mais le désir de devenir prêtre missionnaire grandit en lui. Sur la recommandation de son directeur spirituel et avec le consentement de ses parents, il passe l’année scolaire 1938-1939 au petit séminaire de Legé, mais sans avoir le statut de petit séminariste, contrairement à son frère Maurice qui y commence ses études secondaires. Il y est admis à 17 ans dans la section des vocations tardives à la rentrée de 1939 et il y étudie deux années, en compagnie d’une demi-douzaine de camarades de cours.
Le 13 juillet 1941, le jeune homme écrit au supérieur général pour lui présenter sa candidature aux Missions étrangères. Il est alors âgé de 19 ans et l’une de ses sœurs est déjà religieuse tandis que trois de ses frères sont séminaristes. Le supérieur de Legé souligne la piété irréprochable de René, la vivacité de son intelligence et la régularité de son travail, ses progrès dans la maîtrise d’un caractère parfois emporté et la solidité de sa vocation.
Le 13 septembre 1941, René Brisson entre au séminaire des Missions étrangères à Paris car la maison de Bièvres est occupée par la Wehrmacht. Il reçoit la tonsure le 17 mars 1945. Son frère Maurice le rejoint rue du Bac en octobre 1945. ? il sera ordonné prêtre en 1950 et envoyé à la partie thaïlandaise de la mission du Laos.
Quant à René, il est ordonné diacre le 19 décembre 1947, puis prêtre à Nantes le 29 juin 1948 par Mgr Jean Joseph Villepelet (1892-1982), évêque de Nantes de 1936 à 1966. Le jour de son ordination, le supérieur général, Mgr Charles Lemaire (1900-1995) qui destine le jeune prêtre de 26 ans à la mission de Bangkok l’agrège à la Société le 4 novembre 1948.
THAÏLANDE
Le 15 décembre 1948 le P. René Brisson part pour la Thaïlande. il s’y rend par bateau sur le Champollion. Il commence l’apprentissage de la langue thaïe tout en résidant à la cathédrale de l’Assomption à Bangkok de février à novembre 1949 où, dira-t-il plus tard avec humour, il fut essentiellement chantre en latin des messes des morts.
De novembre 1949 à juin 1950, il poursuit cet apprentissage dans les paroisses St Jean- Baptiste de Chaochet et Ste Thérèse de Ban Na Khok. Le 16 juin 1950, Mgr Louis Chorin (1888-1965), vicaire apostolique, le nomme vicaire à la paroisse St François-Xavier de Bangkok, à Samsen. Il n’y reste que six mois, puis devient, selon ses termes, le « vicaire-constructeur » du P. Louis Nicolas (1917-2006) à Non Keo dans le district de Khorat.
De juillet à octobre 1954 il est brièvement curé par intérim de la paroisse de l’Immaculée Conception à Khorat. Son ministère suivant est également de courte durée : il est vicaire du P. Antoine Deschamps–Berger (1913-1996) à la paroisse de St Pierre-aux-liens à Nakhonxaisri.
Le 5 juillet 1955, le P. Brisson, âgé de 33 ans, devient curé de la paroisse Notre-Dame du Mont Carmel à Song Phi Nong dans le district de Suphanburi. Pendant 10 ans il assume cette charge pastorale. Puis, de janvier 1965 à janvier 1969, il est curé de la paroisse Ste Anne de Paknamphô dans le district de Nakhonsawan.
De février 1969 à janvier 1971, il assiste comme vicaire le P. Jean-Paul Lenfant (1928-2010) à la paroisse St Roch à Chachoengsao, à l’est de Bangkok, puis il assiste le curé, très âgé, de la paroisse St Joseph d’Ayuthia, de janvier à avril 1972.
Le 15 avril 1972, l’archevêque de Bangkok nomme le P. Brisson, soit quelques jours avant son cinquantième anniversaire, vicaire à titre provisoire dans la paroisse St François-Xavier à Samsen, là même où il avait véritablement commencé son apostolat vingt-deux ans auparavant. Le provisoire de cette nomination se révèle très durable puisque le P. Brisson n’en reçoit plus d’autres. En effet, il demeure quarante-deux ans dans cette paroisse, jusqu’à la fin de ses jours.
Les dernières années de sa vie sont marquées par le délabrement de sa santé, ce qui lui vaut des séjours de plus en plus longs et fréquents à l’hôpital Saint-Louis. Le 12 août 2014, dans la quatre-vingt-treizième année de sa vie et la soixante-sixième de son sacerdoce, le P. René Brisson décède à Bangkok. Le 16 août, après une messe de requiem célébrée en l’église San Petro, son corps est inhumé dans le nouveau cimetière catholique de Bangkok, près du séminaire de Samphran, dans cette terre thaïlandaise où il vécut soixante-cinq ans.
Obituary
René BRISSON
1922-2014
Un jour, un des frères de René Brisson se trouvant en classe de philosophie se posait des questions graves au sujet de sa personnalité. Il demanda à son professeur : « Qu’est-ce que la personnalité ? ». Le professeur, qui avait déjà eu pour élèves plusieurs frères Brisson, s’arrêta un instant, fixa son interlocuteur et lui dit : « Pour vous, c’est votre Brissonnéité ». Il ne s’était pas trompé. Ceux d’entre nous qui ont travaillé avec l’un ou l’autre des deux frères Brisson missionnaires en Thaïlande savent qu’ils avaient du caractère, un caractère pas toujours très amène mais foncièrement généreux. Ils ne faisaient pas étalage de leur générosité, toujours pratiquée dans la discrétion, mais nombreux sont ceux qui en ont profité. Les dons que les chrétiens faisaient à René ne restaient pas longtemps entre ses mains, ils allaient rapidement aux plus démunis et aux nécessiteux. René s’est toujours souvenu qu’il était né dans une famille pauvre régulièrement aidée par des moins pauvres.
René faisait partie d’une famille nombreuse dont le destin avait été très marqué par la guerre 14-18, cette catastrophe provoquée par des grands de ce monde, prisonniers de leur avarice, de leur orgueil et de leur volonté de puissance. Ses parents s’étaient mariés le 14 juin 1914, quelques mois seulement avant le fameux mois d’août et la mobilisation générale. Le père était donc parti avec tous les autres hommes de son âge. Quant à la mère, une femme de tête à la foi chevillée au corps, elle avait fait cette prière au Seigneur : « Vous me ramenez mon époux et tous les enfants que nous aurons seront à votre service ». Et Dieu exauça cette supplication. Le père revint rapidement, avec une jambe en moins mais la vie sauve. De leur côté, malgré une pauvreté consécutive à la blessure du père, les parents tinrent parole. Ils firent leur possible pour que les enfants que Dieu appellerait à son service puissent répondre à cet appel. Quatre garçons sur cinq devinrent prêtres : un pour le diocèse de Nantes, deux MEP et un Petit Frère de Jésus. Quant aux filles, deux sur six entrèrent au couvent de Machecoul même.
René est né le 26 avril 1922 à Machecoul dans la Loire-Atlantique, diocèse d’Angers. Il était le cinquième d’une fratrie de onze enfants. Il fut baptisé le lendemain 27 avril suivant la coutume à l’époque. En qualité de fils d’un invalide de guerre, il fut adopté par la nation en 1923, ce qui allégea la charge de ses parents. René fit ses études primaires à l’école de la paroisse tenue par les Frères de Saint-Gabriel. Il leur garda toute sa vie une profonde reconnaissance pour la qualité de leur enseignement, bien adapté au milieu où ils étaient implantés, et surtout pour la valeur de l’éducation chrétienne qu’ils donnaient. Plus tard, il devait les retrouver avec bonheur en Thaïlande. À l’âge de sept ans le 8 décembre 1929, il fit sa première communion selon les recommandations du Pape Pie X, et le 16 mai 1934 il reçut la confirmation des mains de Mgr Villepelet, évêque de Nantes.
Pendant un premier temps, il mena la vie d’un adolescent bon chrétien engagé dans sa paroisse et destiné au laïcat. Il commença par travailler pour gagner sa vie chez le notaire de la ville. Mais le désir de devenir missionnaire qu’il avait ressenti lors de sa confirmation devint plus pressant. Il en fit part à son directeur spirituel et sur la recommandation de ce dernier, avec le consentement et la bénédiction de ses parents il entra au petit séminaire de Légé en même temps que son frère cadet, Maurice. Le statut des deux frères n’était pas le même. Maurice était « petit séminariste » tandis que René, lui, à 17 ans était « vocation tardive » en compagnie de quelques autres camarades trop âgés pour suivre le cours normal de 7 années d’études secondaires. Il devait regretter plus tard d’avoir été ainsi dispensé de 5 années d’études qui lui auraient permis d’enrichir ses connaissances. Par contre, les années passées à gagner sa vie et à se confronter avec les problèmes de tous les laïcs lui donnèrent une maturité bien utile pour décider de sa vocation et l’habituèrent au travail manuel. Après deux années passées à Légé, le 13 juillet 1941, René Brisson écrivit au Supérieur général des Missions Étrangères, Mgr Lemaire, pour lui présenter sa candidature. Il était alors âgé de 19 ans et l’une de ses sœurs était déjà religieuse tandis que trois de ses frères étaient séminaristes. Le supérieur de Légé appuya sa demande. Il souligna sa piété irréprochable, la vivacité de son intelligence et la qualité de son travail, ses progrès dans la maîtrise de son caractère parfois emporté, et la solidité de sa vocation.
Le 13 septembre 1941, René entra au séminaire des Missions Étrangères. En ce temps-là, le séminaire de philosophie situé à Bièvres près du terrain d’aviation de Villacoublay était occupé par les envahisseurs allemands, aussi les philosophes étaient réunis avec les théologiens, parfois à deux par chambre dans le seul bâtiment de Paris. Soumis au STO comme tous les jeunes hommes nés en 1922, René trouvera le moyen d’y échapper grâce au Père Destombes et à ses relations avec des agents de la résistance travaillant à la Préfecture de Police de Paris.
Le 17 mars 1945, René reçut la tonsure et son frère Maurice le rejoignit à la rue du Bac en octobre de la même année. Maurice sera ordonné prêtre en 1950 et retrouvera son aîné en Thaïlande. Il fera partie du vicariat apostolique de Tharè dans le Nord-Est du pays. Pendant la dernière année de séminaire, René avait enseigné le catéchisme au lycée Victor Duruy proche du séminaire. Il y avait découvert La Légion de Marie et l’avait beaucoup appréciée. Arrivé en Thaïlande, il sera l’un de ceux qui lancèrent ce mouvement d’action catholique adapté à tous les milieux. Jusqu’à la fin de sa vie, les Légionnaires de Marie auront recours à lui, et les vicaires de la paroisse Saint-François-Xavier remarqueront la bonne connaissance qu’il avait du mouvement, puisée dans le Manuel qu’il avait toujours sur lui.
René sera ordonné diacre le 19 décembre 1947, puis prêtre le 29 juin 1948 à Nantes par Mgr Villepelet. Le jour de son ordination, le Supérieur général de la Société, Mgr Lemaire, destina le nouveau prêtre alors âgé de 26 ans à la mission de Bangkok. Il l’agrégea à la Société le 4 novembre de la même année. Le 5 décembre 1948, René partit pour la Thaïlande, il s’y rendit par bateau sur le Champolion. Arrivé à Bangkok, il commença l’apprentissage de la langue thaïe, mais sans méthode, et sans manuel ni dictionnaire, seulement aidé par des volontaires qui n’avaient aucune expérience de l’enseignement. Cela explique pourquoi « son thaï » est toujours resté défectueux par la suite. Le clergé et les chrétiens lui pardonneront et s’accommoderont de son « accent farang » en raison de l’affection qu’il leur portait et de son dévouement à leur service. Il résidera d’abord à la cathédrale de l’Assomption de février à novembre 1949 où, dira-t-il plus tard avec humour, il fut essentiellement chantre en latin des messes des morts.
De novembre 1949 à juin 1950, il poursuivit l’apprentissage de la langue dans les paroisses Saint-Jean-Baptiste de Chaochet et Sainte-Thérèse de Na-Khok, là encore livré à lui-même sans être aidé par des professeurs qualifiés.
Le 6 juin 1950, Mgr Chorin, dernier vicaire apostolique de Bangkok et dernier évêque MEP à ce poste, le nomme vicaire à la paroisse Saint-François-Xavier à Samsen au Nord de Bangkok. Ce sera son premier séjour dans cette église qu’il appréciera et qu’il retrouvera des années plus tard. Il n’y restera que six mois, puis il devient selon ses propres termes le « vicaire-constructeur » du Père Louis Nicolas, un des grands apôtres du Nord-Est de la Thaïlande, à Non-Kèo dans le district de Khorat. Il y travaillera en collaboration avec le curé et le Père Louis Léon dans une pauvreté telle qu’ils n’avaient pas l’argent nécessaire pour prendre le train. C’est dans ce vaste district qu’il aidera le Père Nicolas à fonder la Légion de Marie. Sous l’impulsion de ce dernier la Légion sera à l’origine de nombreuses conversions et de la fondation de nouveaux postes chrétiens.
De juillet à octobre 1954, René Brisson est brièvement chargé par intérim de la paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes à Khorat dont le curé venait de décéder. Son ministère suivant sera également de courte durée dans la paroisse Saint-Pierre-aux-liens à Nakhon Chaisri, dont le curé était le Père Deschamps Berger depuis la nomination de Mgr Chorin à la tête de la Mission de Bangkok.
Après les chevauchées et les longues marches à pied qu’il a pratiquées entre Non-Kèo et les villes ou les villages environnants, à travers la forêt et les rizières sèches une grande partie de l’année, René va désormais parcourir la plaine inondée en restant assis pendant des heures au fond d’un bateau, non sans dommage pour ses jambes et son postérieur. Le 5 juillet 1955, âgé de 33 ans, il devient curé de la paroisse Notre-Dame-du-Mont-Carmel à Song Phi Nong, dans le district de Suphanburi, où il construisit une nouvelle église en dur. Il y restera pendant dix ans.
Mais les évènements qui se préparent dans l’Église de Thaïlande vont l’enlever à cette paroisse. Il s’agit de préparer la division du diocèse de Bangkok. La capitale restera un archevêché confié au clergé thaï tandis que la zone à l’entour de Nakhon Sawan deviendra un nouvel évêché confié aux MEP. La division des deux missions eut lieu en 1967. Mgr Michel Langer prend la tête du nouveau diocèse de Nakhon Sawan. Après avoir posé les bases de deux nouvelles paroisses à Lopburi et à Saraburi, René Brisson demande à réintégrer l’archidiocèse de Bangkok. Mgr Nittayo, premier évêque thaï de la capitale, accepte volontiers de l’accueillir, avec la même bienveillance qu’il a toujours témoignée aux MEP. En février 1969, il lui assigne un poste à la paroisse Saint-Roch à Chachoengsao, où il devient vicaire du Père Jean-Paul Lenfant.
Qui dira le combat et la souffrance dus aux évènements qui furent le lot de René à cette époque de sa vie…. La « Brissonnéité » dont parlait le professeur de philosophie d’un de ses frères ne fut sans doute pas étrangère à son drame, mais la foi héritée de sa mère lui permit d’en sortir humblement vainqueur aux yeux de Dieu et de ses amis. René quittera bientôt Saint-Roch et l’amitié de Jean-Paul Lenfant pour aller assister le curé devenu trop âgé de la paroisse Saint-Joseph d’Ayuthaya de janvier à avril 1972.
Le 15 avril 1972, quelques jours avant son cinquantième anniversaire, le Père René Brisson est nommé par l’archevêque de Bangkok, à titre provisoire, vicaire dans la paroisse Saint-François-Xavier à Samsen, là même où il avait véritablement commencé son apostolat 22 ans auparavant. Le provisoire de cette nomination se révélera durable, puisque le Père Brisson n’en recevra plus d’autre et demeurera 42 ans dans cette paroisse où il verra se succéder de nombreux curés et des jeunes vicaires thaïs plus nombreux encore. L’amitié et le respect mutuel seront la marque d’une longue collaboration avec des prêtres thaïs. Au début de son séjour, le curé, qui était un de ses amis, reçut René Brisson comme un hôte de passage, en attendant une autre décision de l’archevêque. Il fit préparer pour lui un lit, une table et une chaise sur la galerie qui court le long de la maison, et le Père Brisson s’en contenta. Le curé lui demanda alors quelques services pastoraux dont il s’acquitta volontiers. Au fur et à mesure des services demandés par le responsable de la paroisse, rendus par l’hôte au-delà de ce qui était espéré, le curé finit par reconnaitre le Père Brisson comme vicaire à plein temps. Il fit alors aménager pour lui une chambre comme celle des autres vicaires et lui confia des responsabilités pastorales de plus en plus importantes.
Il y avait trois écoles sur la paroisse Saint-François-Xavier. D’abord le collège Saint-Gabriel, tenu par les Frères de Saint-Gabriel, qui recevait des enfants de familles plutôt fortunées, n’avait pas de rapports directs avec la paroisse. Ensuite le Saint-Francis Convent, tenu par les Sœurs de Saint-Paul-de-Chartres, qui lui dépendait de la paroisse pour tout ce qui concernait la catéchèse des enfants et la préparation aux sacrements de l’eucharistie et de la confirmation. René collaborait efficacement avec les religieuses et les catéchistes de l’école. Enfin, l’école Sainte-Jeanne-d’Arc, elle, école paroissiale à strictement parler, tenue par les Sœurs diocésaines du Sacré-Cœur de Bangkok. Le Père Brisson y travailla de tout son cœur, fort de l’expérience qu’il avait acquise depuis ses débuts au lycée Victor Duruy lors de sa dernière année à Paris et ses longues années de mission. Les curés qui se succédèrent lui confièrent aussi la Légion de Marie dont il finit par connaître le manuel par cœur car il participait à toutes les réunions et toutes les activités. Ils lui confièrent aussi la gestion du cimetière. Ce fut pour lui l’occasion de rencontrer les familles qui étaient dans le deuil, à un moment délicat de leur vie et de leur témoigner de la miséricorde divine. Lors d’évènements éprouvant pour le cardinal Michaï, le Père Brisson eut l’occasion d’intervenir avec tact et efficacité pour aider à régler les difficultés survenues. Le cardinal, heureux de pouvoir compter sur lui, lui confia la gestion des carnets de banques de la paroisse.
Sa vie régulière de simple prêtre impressionnait ses confrères thaïs. Un des vicaires qui l’a vu vivre au quotidien donne ce témoignage : « Je l’ai vu réciter son bréviaire tous les jours, cela semblait être important pour lui. Il célébrait bien la messe. Je l’ai souvent vu entrer à l’église, s’agenouiller devant le tabernacle et rester là pendant un certain temps. J’ai vu aussi la file de chrétiens qui attendaient patiemment devant son confessionnal ». Les confrères thaïs qui ont vécu avec lui à Samsen ont senti qu’il était vraiment l’un des leurs, membre du presbyterium de l’archidiocèse de Bangkok, malgré son « grand nez » et son « accent farang ». Et lui, se considérait de même comme un simple vicaire travaillant tout comme les autres au service du diocèse et de la paroisse, même quand il pensait n’être là que pour un temps dans l’attente d’une nouvelle nomination.
Le provisoire peut parfois durer bien longtemps mais il a toujours une fin. René Brisson resta 42 ans à Samsen mais sa santé finit par se détériorer. Il dut alors changer de résidence et s’installer à l’hôpital Saint-Louis où il décéda le 12 août 2014, dans sa 93ème année et la 66ème année de son sacerdoce, En remettant à Dieu son âme de missionnaire, il a vécu ces retrouvailles bienheureuses promises par Jésus au serviteur fidèle : « Entre dans la joie de ton Maître ». La messe des funérailles a été célébrée en l’église Saint-Pierre de Nakhonchaisri et il a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse. Il repose dans cette terre thaïlandaise où il a passé les 60 plus belles années de sa vie.
Jean Jacquemin