Henri RADELET1924 - 2016
- Status : Prêtre
- Identifier : 3864
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
Missionaries from the same family
Biography
[3864] Henri Radelet a été missionnaire en R. P. de Chine, au Vietnam, puis en Nouvelle-Calédonie où il décède en 2016.
Il naît le 24 janvier 1924 à Thilay (Ardennes). Ordonné prêtre le 29 mai 1949, il part le 17 septembre suivant pour la mission de Kunming (Chine).
R. P. de Chine (1949-1952)
Il étudie le chinois, puis il est expulsé de Chine en 1952.
Vietnam (1952-1975)
Il est alors envoyé au Vietnam, à Hung Hoa, où il travaille jusqu’en 1960. Il part ensuite pour la mission de Kontum, où il est chargé des postes de Cheo Reo en 1960 et de Thuan-man en 1963. Puis il est professeur au petit séminaire de Kontum à Dalat jusqu’à son expulsion du Vietnam en 1975.
France - Nouvelle-Calédonie (1976-2016)
Il est ensuite affecté au diocèse de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, où il est nommé curé de Canala.
Il meurt le 1er février 2016, chez les Petites Sœurs des Pauvres à Canala.
Obituary
Décès du P. Henri Radelet le 1er février 2016
Henri Fernand Marie Joseph Radelet naquit le 24 janvier 1924 dans le village de Thilay (Ardennes), dans l’arrondissement de Mézières, mais il passa son enfance à Reims (Marne). Ses parents, Paul Radelet et Blanche Parisse, s’étaient mariés en 1920 à Dizy-le-Gros (Aisne), village de Thiérache situé près de Montcornet, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Laon. Monsieur Radelet était « tondeur de drap » dans l’industrie textile.
Son frère Charles Radelet, mep (1886-1940) était alors missionnaire au Tonkin depuis 1910, avec une interruption de 1914 à 1918 car il avait été mobilisé en France pour la guerre. En 1937 il entrera à la Trappe de Phuoc-son et il mourra à Hanoï en 1940.
Monsieur et Madame Radelet eurent six enfants, cinq fils et une fille. Madame Radelet mourut prématurément en accouchant de leur septième enfant. Ils étaient de fervents chrétiens. Leur fille deviendra religieuse de l’Institut des Sœurs des Missions Etrangères et Henri entrera aux Missions Etrangères comme son oncle Charles. L’idée lui en était venue dès l’âge de six ans.
Le jeune Henri fut baptisé le surlendemain de sa naissance, le 26 janvier 1924, en l’église Saint Remy de Thilay, dans l’archidiocèse de Reims. Il est confirmé à Reims en 1933 et fait sa première communion en 1935. Après des études primaires à l’école Saint-Jean-Baptiste de la Salle tenue par les Frères des Ecoles chrétiennes, Henri fait toutes ses études secondaires dans trois petits séminaires, successivement au petit séminaire diocésain de Reims, de 1936 à 1939, puis dans les écoles apostoliques des Missions Etrangères, de 1939 à 1944, à Ménil-Flin (Meurthe-et-Moselle) et Beaupréau (Maine-et-Loire).
Il entre au Séminaire des Missions Etrangères, à Paris, le 15 novembre 1944. La classe 1924 étant dispensée de service militaire, sa formation au sacerdoce s’accomplit tout d’une traite. Tonsuré le 22 décembre 1945, il est lecteur le 29 juin 1946, acolyte le 28 juin 1947, sous-diacre le 29 juin 1948, puis diacre le 18 décembre 1948, et enfin prêtre le 29 mai 1949, à l’âge de 25 ans.
En juin 1949 le supérieur général, Mgr Charles Lemaire (1900-1995) le destine à la mission de Kunming, dans le Yunnan (Chine) et il l’agrège temporairement à la Société le 18 septembre 1949, le lendemain de son départ pour la Chine. Plus tard il apprendra que Mgr Alexandre Derouineau (1898-1973), nommé évêque de Kunming en 1944, avait reproché aux supérieurs de Paris de lui envoyer trop de jeunes missionnaires pas très costauds (Kunming, la Ville du Printemps éternel jouissant d’un bon climat). En voyant arriver le vigoureux Père Radelet en décembre 1949, l’évêque avait dû se sentir entendu !
Deux mois plus tard, en février 1950 les troupes communistes s’installent à Kunming, si bien que le jeune missionnaire, après avoir étudié le chinois pendant six mois au petit séminaire de Beilongtan, ne pourra pas faire grand-chose. En 1951, l’évêque, Mgr Derouineau, le P. Régis Moulin, mep (1908-1994) alors curé de la cathédrale et lui sont arrêtés. Ils seront tenus en résidence surveillée à l’évêché durant onze mois, soumis à de nombreux interrogatoires et accusés de méfaits imaginaires. Enfin, un jour de 1952, un avion les emmène à Chongqing [Chungking] et de là ils sont expulsés à Hongkong.
A Hongkong le P. Paul Destombes (1902-1974), vicaire général, redonnait une destination aux missionnaires expulsés de Chine, qui, après quelques mois de repos à Hongkong, en repartaient directement pour leur nouvelle mission. C’est ainsi que le P. Radelet, âgé de 28 ans, fut envoyé au diocèse de Hung Hoa, au nord-ouest de Hanoï. Il y travaillera sept années, à Son Tay puis à Yen Khoai.
Arrivé au Printemps 1953 à Son Tay, il y resta pour s’exercer à la langue vietnamienne jusqu’à l’arrivée des Vietminh. Puis Monseigneur Jean-Marie Mazé, mep (1897-1964), vicaire apostolique de Hung-Hoa, l’envoya à Yen Khoai pour remplacer le Père Yves Tygréat (1925-1954), tué par une mine le 22 juillet 1954. Il y resta jusqu’à 1959. Jusqu’à mai 1956 il lui fut interdit de se déplacer puis il put chaque mois aller passer une journée à l’Evêché de Son Tay. En 1959 il dut y revenir habiter quelque mois jusqu’à son expulsion du Nord-Vietnam en 1960.
Il dira beaucoup plus tard : « En 1960, j’ai été traduit en jugement populaire, partie de plaisir qui dura cinq heures ! Là on touche le Saint Esprit du doigt, c’est vraiment Lui qui m’a soufflé mes réponses aux questions posées par les communistes ! J’ai été enfermé pendant deux mois puis le jour du départ arriva, je n’étais pas bien gras. Les « camarades » [les communistes] durent renoncer à leur projet [de m’expulser] parce que l’avion était en panne, j’ai donc rejoint ma prison pendant plusieurs jours, mais je ne fus pas mécontent du petit tour que la mécanique céleste avait joué à mes geôliers. Le jour fatal arriva et sans avoir rien demandé je me suis retrouvé en France ».
De retour au Vietnam, dans le sud cette fois, Henri Radelet, âgé de 36 ans, commence à travailler dans le diocèse de Kontum, sa troisième destination. De 1960 à 1963 il est en poste à Chöreo, la paroisse vietnamienne du P. Jacques Dournes, mep (1922-1993), qui s’occupait des Montagnards. Le P. Radelet se met au service des Vietnamiens, qui étaient un peu délaissés avant sa venue. Puis, de 1963 à 1965, il est en poste à Thuan Man.
En 1965 le P. Radelet est nommé professeur au petit séminaire de Kontum, qui est transféréen 1973 à Dalat en raison de la guerre. Les vocations étaient nombreuses, les deux classes de 6ème faisaient le plein chaque année, il enseignait le français à leurs élèves. Il confiera plus tard : « Ma croix, c’était la correction des rédactions, il y avait trop de fautes. Le P. Alphonse Desroches (1922-1989) me montra alors les devoirs des élèves de quatrième, dont le niveau était bien meilleur. Je fus alors persuadé de l’intérêt de mon travail ». Un de ses anciens dirigés écrit : « Le P. Radelet avait beaucoup d’humour et se plaignait rarement de la vie quotidienne à Kontum, pourtant très pauvre et isolée ».
La prise du Sud-Vietnam par le régime de Hanoï en 1975 lui vaudra d’être pour la troisième fois expulsé par un pouvoir communiste.
La quatrième et dernière destination que reçut le P. Radelet fut la Nouvelle-Calédonie. Le P. Denys Cuenot, grâce à un père Mariste de sa parenté qui y travaillait, avait été le moteur de l’implantation dans cette immense île d’un petit groupe de confrères tous expulsés du Vietnam comme lui. Arrivé le premier en mai 1975, le P. Cuenot fut rejoint successivement par les PP. Pierre Jeanningros (1912-2006), Marius Boutary, Olivier Deschamps (1921-2007), Jean Kermarrec (1924-2014), et enfin par les PP. Henri Radelet et Paul Bardet (1922-1990). Le P . Radelet sera à plusieurs reprises responsable de ce groupe MEP. Une fois par an il réunissait les confrères du groupe autour d’un repas et, parfois, l’évêque était invité à cette rencontre, qu’il appréciait.
En 1976 le P. Radelet a 52 ans et près de 27 ans de vie missionnaire, 3 ans en Chine, 24 ans au Vietnam. Lorsqu’il arrive en Nouvelle-Calédonie il ne se doute probablement pas qu’il y vivra quarante ans, plus longtemps encore qu’en Asie.
Mgr Eugène Klein, archevêque de Nouméa de 1972 à 1981 (le prédécesseur de Mgr Michel Calvet), l’envoie en compagnie du P. Jean Kermarrec, à Canala, un lieu réputé pour être difficile. Le P. Kermarrec quittera Canala pour Thio début mars 1987. Henri Radelet, lui, y restera jusqu’en janvier 2010. A partir de 1994 ils seront les deux derniers du groupe MEP de Nouvelle-Calédonie à rester dans le pays.
Après avoir participé à l’assemblée générale des Missions Etrangères de 1992, le Père Radelet ne retournera plus jamais en France métropolitaine. Son désir de mourir en mission a été exaucé. Malgré la distance qui le séparait de ses confrères vivant sur d’autres continents, il restait profondément attaché à la Société. Il s’intéressait à ce qu’ils vivaient et il récitait tous les soirs après complies une brève prière thérésienne pour les missions.
Le P. Radelet était un bon pasteur soucieux du salut de ses ouailles et qui ne ménageait pas sa peine pour les rencontrer, les connaître et les servir. Il passait au moins une fois par mois dans chaque tribu, visitant les habitants de Canala, Méhové, Boikaine, Gelima, Mia, Nakéty, Copelia, Kéredji, Ného, Cayou, Emma, Raco, Kouaoua, Koh et Niéré. Il tenait à connaître les enfants en les rassemblant pour des entretiens catéchétiques.
Au centre de la paroisse, à Canala, le P. Radelet mobilisa les fidèles pour remplacer la vieille église construite en 1926 par un édifice plus vaste d’un style d’inspiration locale qui fut inauguré en 2002.
Parce qu’il aimait les gens, P. Radelet souffrait des divers maux qui les abîmaient, se réjouissait de leurs progrès et il exhortait les baptisés à vivre pleinement en enfants de Dieu. S’il se réjouissait en 1976 d’être envoyé en Nouvelle-Calédonie, dont il ne savait rien, parce qu’il y trouverait des Vietnamiens, il sympathisa également avec la population locale, dont il tenait à respecter le plus possible les règles du vivre ensemble.
Il disait à un confrère en 2006 : « J’ai été la première victime des événements d’avril 1988. On est venu me voler ma voiture. J’ai eu le temps de crier : ‘Vous me la ramenez, j’en ai besoin !’. Quelques heures plus tard, elle brûlait dans un fossé. Un acte gratuit ». Il n’en gardait cependant pas de rancœur, il en avait vu d’autres lorsqu’il était jeune missionnaire.
La santé du P. Radelet décline nettement à la fin de la première décennie du 21ème siècle. A partir de 2008 il ne peut plus marcher sans déambulateur. Il fait plusieurs séjours à l’hôpital et doit se retirer chez les Petites Sœurs des pauvres à Nouméa en octobre 2010. L’inaction fut pour lui une épreuve. Le 23 janvier 2010, Henri Radelet fait ses adieux à sa chère paroisse de Canala. Il vivra six années encore, bien soigné par les Sœurs et le personnel de « Ma Maison », bien entouré par Mgr Michel Calvet et son clergé, et toujours heureux de recevoir les visites de ses anciens paroissiens de Canala. De 2012 à 2014 il y est rejoint par son vieil ami le P. Jean Kermarrec.
Fin 2015 la santé du P. Henri Radelet décline encore. Le 1er février 2016 il s’éteint paisiblement dans sa chambre, conscient jusqu’à la fin. Son corps repose dans le cimetière paroissial de Canala dans l’attente de la résurrection bienheureuse. « C’était un vrai missionnaire, et il était très humain » se souvient un confrère à propos du P. Radelet. Seigneur, comble-le de ta grâce à jamais !