Roger BERHAULT1925 - 2019
- Status : Prêtre
- Identifier : 3871
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1949 - 1968 (Osaka)
- 1969 - 2012 (Osaka)
Biography
[3871] BERHAULT Roger est né le 5 janvier 1925 à Servon-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine).
Ordonné prêtre le 29 mai 1949 aux MEP, il part le 31 octobre suivant pour la mission d’Osaka (Japon).
Après l'étude du japonais, il fait un intérim à Sumiyoshi en 1951, puis devient vicaire de cette paroisse en 1954 et curé en 1960.
Il prend un congé en France en 1968.
En 1969, il est nommé curé de la paroisse de Shinoyamate. En 1972, il est supérieur local du groupe de Kobe, en 1981, curé de la paroisse de Suzurandai. En 2002, il est responsable de Suzurandai. En 2012, il quitte définitivement le Japon et se retire à Montbeton, où il meurt le 3 juin 2019. Il est inhumé dans le cimetière des MEP.
Obituary
Roger Auguste BERHAULT est né le 5 janvier 1925 à Servon-sur-Vilaine, à l’époque petite commune rurale du département de l’Ile-et-Vilaine, dans le diocèse de Rennes. Son père, Auguste Berhault, était artisan cordonnier et secrétaire de mairie; et sa mère, Joséphine Simonneaux, était femme au foyer. Ils élevaient deux enfants, un garçon et une fille. Roger, le deuxième enfant du couple, fut baptisé dans l’église de sa commune natale le 7 janvier 1925 et confirmé dans la même église le 18 juin 1936. Roger fit ses études secondaires, d’abord à l’Ecole Cléricale Saint-Pierre à Rennes (1937-1939), puis au petit séminaire Sainte-Croix à Châteaugiron, près de Rennes (1939-1943).
Roger fit d’abord quatre années de grand séminaire ((1943-1947) dans son diocèse de Rennes avant d’entrer au séminaire des Missions Etrangères à Paris le 29 septembre 1947. Il sera ordonné prêtre à Paris le 29 mai 1949 et recevra sa destination un mois plus tard, le 30 juin 1949, pour le diocèse d’Osaka au Japon. Il part pour sa mission le 28 octobre 1949 et arrive à Kobé sur « La Marseillaise » le 1er décembre 1949.
Roger se met rapidement à l’étude de la langue japonaise tout en résidant au presbytère de la paroisse de Nakayamate. A cette époque il n’y avait pas d’école de langue; il fallait donc se débrouiller avec les japonais disponibles parlant plus ou moins bien le français, ou le catéchiste affecté à la paroisse de Nakayamate.
A partir du début février 1951, Roger est à la paroisse de Sumiyoshi pour remplacer un confrère, Joseph Deyrat, parti en congé en France et tombé malade. À la fin de l’année 1951, Roger sera nommé vicaire de la paroisse de Sumiyoshi (500 ou 600 baptisés…), paroisse voisine de Nakayamate. Il sera successivement vicaire de plusieurs confrères MEP. Très vite il s’est attaché à cette paroisse. En plus de l’accompagnement de la Légion de Marie, il consacre beaucoup d’énergie au service de la jeunesse: les quelques jocistes qui sont là, mais aussi les enfants pour lesquels il fait construire en 1954 un jardin d’enfants. Cet attachement est réciproque; ce qui explique sans doute pourquoi il est resté si longtemps à Sumiyoshi. Le 20 juin 1954, il devient le vicaire du Père Deyrat, de retour au Japon. Le 9 Septembre 1953, le typhon numéro 13 vient gravement endommager la petite église de Sumiyoshi. Le Père Berhault met tout en oeuvre pour construire une nouvelle église, dans un style nouveau. La construction sera achevée au cours de l’année 1955.
Après un premier congé en France en 1960, Roger Berhault est nommé curé de Sumiyoshi pour succéder au Père Alfred Mercier, nommé curé de la paroisse de Nada. En juillet 1967, il se fracture la jambe droite et fait un séjour de trois mois à l’hôpital. Il prend alors son congé régulier en 1968, car l’évêque d’Osaka a l’intention de nommer à Sumiyoshi un prêtre japonais.
En janvier 1969, Roger est nommé curé de la paroisse de Shimoyamate pour remplacer le Père Noël Pons, nommé curé de la paroisse de Takatori. Shimoyamate est une paroisse du centre ville de Kôbé. Il aura pour auxiliaire le P. Deyrat qui a maintenant divers ennuis de santé et beaucoup de difficultés à marcher. Le P. Deyrat assure la permanence au presbytère quand Roger s’absente pour visiter des groupes de chrétiens ou de catéchumènes dispersés dans les environs. Son calme et sa bienveillance imperturbables admirés par tous font de lui un précieux compagnon pour Roger Berhault qui peut lui parler à son retour des difficultés qu’il rencontre ou des déceptions qu’il éprouve. Roger est un homme très sensible. Il apprécie beaucoup la patience de son ainé dont il avait été autrefois vicaire.
Cette aide du Père Deyrat lui est d’autant plus précieuse qu’à partir de mars 1972 et jusqu’à mars 1981, à son activité pour la paroisse s’ajoute un autre travail qui deviendra vite assez absorbant pour Roger Berhault. En effet, à cette date il devient responsable des confrères MEP du diocèse d’Osaka et à ce titre il a la charge de l’organisation des 13 paroisses du district de Kobé, en sorte qu’il devait prévoir les nominations et changements de postes des confrères du district de Kobé et en référer à l’évêque d’Osaka. A ce titre il était reconnu comme « vicaire forain ». De plus le responsable du Groupe MEP était en même temps l’économe du Groupe Il devait donc servir d’intermédiaire aux confrères qui demandaient une aide financière en France, tenir la comptabilité du district, et veiller à l’entretien des bâtiments appartenant à la société MEP, ce qui l’obligeait parfois à des déplacements répétés. Entre autres qualités, Roger Berhault avait celle d’être très serviable, toujours disposé à venir en aide à ceux qui faisaient appel à lui.
En juin 1979, profitant de l’arrivée à la paroisse du jeune Père Gérard Gouineau, Il prend un congé de trois mois en France. C’est au cours du début de ce congé que le Père Deyrat décède le 18 août à Montbeton, permettant à Roger de participer à ses obsèques. La mort de son ami le laissera un peu déprimé quelques temps. A cette époque il décida de cesser de fumer et de mettre un frein sérieux à sa consommation de bière, ce qu’il réalisa parfaitement jusqu’à sa mort. Il acheta aussi du matériel de sport pour perdre du poids. Chaque matin il ramait ou pédalait dans sa chambre pour atteindre le nombre de kilomètres qu’il s’était fixé. Il faisait aussi de la marche dans les environs de son quartier en prenant soin de calculer le nombre de pas accomplis dans la journée. Mais sa plus grande préoccupation dès son retour au Japon fut de se livrer corps et âme à l’aménagement et l’agrandissement de l’église et du nouveau presbytère de Suzurandai, dont il espérait devenir rapidement le curé en titre. Mais le 1 mars 1981 Roger est déchargé de la responsabilité de supérieur local de la communauté Mep de Kobé et de celle de « vicaire forain » du district. Il reçoit en même temps de Mgr Yasuda l’autorisation de résider à Suzurandai en attendant sa nomination officielle comme curé des lieux. Cela est réalisé le 16 septembre 1981.
La paroisse saint Joseph de Suzurandai (ce nom a un lien évident avec le père Joseph Deyrat) est un nouveau poste à la fondation duquel il a beaucoup contribué pendant plusieurs années. Ce poste est plus éloigné du centre ville, à la frontière de la campagne environnante. Quand il arrive là, tout ou presque reste à faire, depuis la construction d’une chapelle et d’un modeste presbytère, jusqu’à la formation progressive d’une vraie communauté missionnaire avec les baptisés résidant à proximité. Roger pourra montrer là avec ténacité ses talents d’animateur et d’organisateur. Il donnera le meilleur de lui-même pendant près de trente ans au service de Suzurandai, avec une constance admirable.
En mars 1985, Roger prend un congé en France. Le 3 juin 1987 il est hospitalisé à l’hôpital catholique du Kaisei, à la suite d’une hémorragie stomacale, due sans doute à l’absorption trop abondante de médicaments contre la grippe. Il restera quelques jours dans cet hôpital. Mais il devra y retourner l’année suivante. En effet, le 15 janvier, en voulant poursuivre un chat, il tombe et se casse une côte. Roger prend un dernier congé le 7 mai 1990, dont il ne reviendra que le 27 octobre.
En 1992, à l’occasion de la préparation de l’Assemblée Générale, Roger nous surprend tous en déclarant ne plus avoir « d’identité Mep ». Il décide alors de s’isoler et de ne plus participer à nos repas du lundi. Mais cela ne durera pas très longtemps. En 1994, il achève la construction de la salle paroissiale et du logement au premier étage où il tient à finir ses vieux jours. Le grand séisme du 17 janvier 1995 n’aura heureusement aucune incidence sur les bâtiments paroissiaux. Mais Roger devra subir l’opération du col du fémur de la jambe gauche le 26 juin de la même année. Il ira en convalescence à « Shiawase no mura », le village du bonheur, situé tout près de Suzurandai, où il découvrira les bienfaits d’une marche dans l’eau de la piscine. Jusqu’à son retour en France, Roger ira régulièrement patauger à cet endroit où il se fera du même coup beaucoup d’amis. Quelques années plus tard, il se fera hospitaliser de nouveau pour l’opération du col du fémur de la jambe droite. Ceux qui lui rendent visite à l’hôpital le couvrent de présents et de victuailles qu’il s’empresse de partager avec ses confrères. Les paroissiens de Sumiyoshi ont toujours gardé un contact vivant avec lui et beaucoup l’ont aidé dans la fondation de Suzurandai. C’est pourquoi, le 17 Juin 2006, il aura la joie de participer à la bénédiction de la nouvelle église de Sumiyoshi, où il sera adulé et entouré de l’affection de ses anciens paroissiens. Les vidéos prises à cette occasion montrent son émotion très vive et sa joie débordantes à retrouver les souvenirs du passé.
Roger aimait parler avec fougue de la disponibilité du vieil Abraham qui abandonne tout pour se rendre en la terre promise. Mais lui fut indéracinable. Il aimait nous dire « quand j’aurai 65 ans je changerai de paroisse »; puis cela devenait « quand j’aurai 70 ans, 75 ans »... Il n’avait nullement l’intention de partir; au contraire, durant son long séjour à Suzurandai, il fit détruire la maison de la femme de ménage pour en faire au rez-de-chaussée une grande salle paroissiale et au premier étage un appartement d’hôte où il envisageait de finir ses jours. Vers la fin de sa vie il devint passionné de la découverte des astres et des planètes dont il ornait de grandes et belles photos son bureau. Roger était aussi un amateur de bonne cuisine et pour la Saint Roger il aimait nous inviter à partager ses goûts.
Aimé et choyé par ses paroissiens, Roger vieillissait paisiblement. Mais il avait de plus en plus de mal à se déplacer. Il envisageait difficilement un retour en France; mais le coeur déchiré il dut cependant accepter cette solution. Suite à des problèmes de santé, le 4 juin 2012, entouré de ses confrères et de nombreux amis venus l’accompagner jusqu’à l’aéroport d’Osaka, Roger Berhault revint en France et se retira à la Maison de Montbeton. C’est là qu’il décède le 3 juin 2019.
Roger était très sensible, parfois un peu jaloux de ses jeunes vicaires qui maîtrisaient mieux que lui le japonais, et surtout savaient l’écrire. Chaque année, aux alentours de Noël, Roger écoutait et réécoutait « La pastorale des santons de Provence ». C’est de là qu’il prit l’habitude de dire comme le béat des santons»: « Oh petit Jésus ! ». Les confrères de Kobé ne manquèrent pas de lui affubler ce surnom. Roger devint naturellement « le petit Jésus ». A ce propos il existe une anecdote. A quelqu’un qui lui demandait où se trouvait le Père Berhault, le père Maurice Duchenes répondit avec humour « le petit Jésus se confesse au Père Noël ». Il s’agissait du Père Noël Pons bien sûr. Cette réponse amusante resta célèbre parmi nous.
Gérard Gouineau