Henri JOURDAIN1928 - 2017
- Status : Prêtre
- Identifier : 3954
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Biography
[3954] JOURDAIN Henri est né le 4 mai 1928 à Saint-Quentin (Aisne).
Ordonné prêtre le 1er juin 1952, il part le 13 juillet 1953 pour la mission de Mandalay (Birmanie).
Il commence l’étude du birman à Caung U, Amarapura et Chantaywa. En 1955 ,il est chargé du poste de Mualpi. Il fait construire 18 km de route entre Kanmagy et Singpial.
Expulsé de Birmanie en 1966, il est affecté à la paroisse de M’lon, dans le diocèse de Dalat (Vietnam) jusqu’en 1974.
Il part ensuite pour l’Indonésie. En 1977, il est envoyé dans le diocèse de Pangkalpinang. Après l’étude de l’indonésien à Bandung, il est nommé vicaire puis curé de Tanjungpinang, avec la charge de 1350 îles, dans l’Archipel de Riau.
Il rentre en France en septembre 2009 pour raisons médicales et se retire à Montbeton, où il meurt le 22 mars 2017. Il est inhumé dans le cimetière des MEP de la commune.
Obituary
Notre confrère Henri Jourdain est né le 4 mai 1928 à Saint-Quentin, dans l’Aisne. Il est le cinquième enfant d’une famille qui en comptait sept. Son père était ingénieur à la SNCF ; c’est probablement de lui qu’Henri tenait son goût pour la mécanique. Ce qui le conduira plus tard, entre 1974 et 1975, à faire un stage de six mois au centre de formation des techniciens des automobiles Citroën, puis chez Poclain, une entreprise d’engins et de grues de chantier. Missionnaire dans trois pays successifs, la Birmanie, le Vietnam puis l’Indonésie, Henri a su mettre ses compétences techniques au service de la mission.
Originaire d’un milieu aisé, Henri a toujours vécu dans une très grande simplicité, avec le strict minimum : deux ou trois chemises tout au plus, quelques sous-vêtements et deux pantalons. Et pendant qu’il portait ce qu’il avait sur lui, le reste était en train de sécher. D’un cœur généreux, tout son argent partait dans les œuvres caritatives qu’il avait mises en place ici et là.
Le jeune Henri souhaitait-il partir en mission vers des contrées froides ? À chacune de nos retraites annuelles, Henri nous rappelait que, dans sa jeunesse, il avait voulu dormir, l’hiver, avec la fenêtre de sa chambre ouverte, dans le but de s’endurcir… Le résultat en fut qu’il attrapa une pneumonie.
Henri est passé par le petit séminaire du Moncel à Pont-Sainte[1]Maxence dans l’Oise, où il fut très apprécié, à la fois par ses compagnons et ses professeurs. Entré au séminaire des Missions Etrangères le 30 septembre 1946, Henri fut ordonné prêtre le 1er juin 1952 et fut incardiné dans le diocèse de Beauvais. Il fut ordonné prêtre le 1er juin 1952 au séminaire de la rue du Bac. Puis il reçut, quelques jours plus tard, sa destination en vue de sa mission : ce sera Mandalay en Birmanie. Avant d’embarquer le 13 juillet 1953, il fit un séjour de huit mois à Londres, pour y perfectionner son anglais.
Mission en Birmanie
Les deux premières années en Birmanie, Henri étudia le birman dans différentes paroisses autour de la ville de Mandalay, avant de se rendre, en octobre 1955, chez les Chin dans la chaîne montagneuse de l’Arakan. Il succède alors au père Louis Garrot qui avait abordé cette région deux ans plus tôt. Les montagnards qui constituent son champ d’apostolat vivent dans des conditions misérables: sous-alimentation, manque d’hygiène, alcoolisme… Les villages se sont isolés, ce qui contraint les habitants à des mariages consanguins. Les déplacements ne se font alors qu’à pied ou à cheval. Henri ouvre des écoles, organise la distribution de médicaments, et avec les gens du coin construit dix-huit kilomètres de route afin de relier ces villages isolés au reste de la population. L’évangélisation repose principalement sur l’apostolat des catéchistes, des auxiliaires irremplaçables qui quittent leur famille dix jours par mois pour accompagner le missionnaire. Le père Garrot « avait déjà poussé très loin la formation de ces catéchistes » ; Henri poursuit dans ce sens avec comme objectif d’aider la population à renoncer à l’alcool et aux superstitions. Un de ses vicaires est même devenu l’évêque de Mandalay. Dans une lettre de juillet 1962, Henri écrit: « La semence lève çà et là, sans ordre apparent […]. L’évangélisation ressemble à ces feux étranges qui, la nuit à la saison sèche, embrasent soudain le flanc de nos montagnes [de l’Arakan] et bondissent d’une pente à l’autre. » De son passage en Birmanie, Henri a gardé le surnom affectueux de « Nounours », parce qu’il aurait achevé un ours, censé être mort, mais qui ne l’était pas tant que cela, alors que tous les deux étaient transportés à l’arrière de la camionnette d’un chasseur.
Mission au Vietnam
Expulsé de Birmanie en août 1966, Henri est alors affecté au Vietnam. De mars 1968 à mai 1974, il travaille dans la paroisse de M’lon qui se trouve sur le diocèse de Dalat. Il rejoint le père François Darricau qui avait fondé un centre pour l’évangélisation des montagnards. Bricoleur ingénieux, Henri avait fabriqué une installation d’eau au presbytère: il se souviendra toute sa vie de cette douche qui l’a presque assommé à cause de la force de l’eau, tant le dénivelé de tuyaux qu'il avait installés par Henri était important. De retour en France pour des congés, à l’été 1974, Henri en profite pour faire son stage de mécanique chez Citroën, avec l’idée de former des Vietnamiens à son retour. Mais les événements politiques l’obligent à changer pour la troisième fois de pays.
Mission en Indonésie
Henri arrive en Indonésie le 16 décembre 1977. Puis il rejoint Tanjung Pinang, l’île principale de l’archipel de Riau situé au sud[1]est de Singapour. Mis à part un séjour de trois mois à Bandung, sur l’île de Java, pour y suivre un cours accéléré d’indonésien en compagnie d’Yves Ramousse, Henri est resté attaché à son diocèse de mission qu’était Pangkal Pinang. Son territoire d’apostolat était aussi grand que l’Allemagne de l’Ouest: soit 250 000 km². Plus d’un millier d’îles étaient dispersées sur ce vaste territoire, dont 500 à peine étaient peuplées. Il fallait parfois 50 heures de bateau à Henri pour rejoindre les plus éloignés de ses quelques milliers de paroissiens qui étaient principalement des « florésiens » transmigrants et des Chinois indonésiens. Là encore, le travail des catéchistes était primordial. Henri gardera des séquelles de ces heures passées sous le soleil brûlant et la réverbération de la mer : il devra subir plusieurs opérations contre un cancer de la peau. Après avoir été curé plusieurs fois, Henri s'est senti soulagé, à 65 ans, de passer la main à un curé indonésien, non seulement à cause de la charge de travail mais surtout parce qu’il voulait que les prêtres autochtones prennent le relais de la mission.
Dès son arrivée à Tanjung Pinang, Henri avait ouvert un foyer pour permettre aux enfants et aux jeunes catholiques les plus nécessiteux des îles avoisinantes, de pouvoir étudier sereinement sans avoir à payer un logement exorbitant. Ils y recevaient une éducation solide dans tous les domaines, y compris sur le plan de la foi chrétienne. Des volontaires se sont succédé dans ce foyer depuis 1992. Avec sa rigueur de vie et l’exemple qu’il donnait, Henri a su éveiller de nombreuses vocations sacerdotales et missionnaires chez ces volontaires, mais aussi partout où il œuvrait.
Retour en France
Fin septembre 2009, à 81 ans, Henri ne voulant pas être une charge pour la paroisse et le diocèse, il décida de rentrer définitivement en France. Il avait l’intuition que tant qu’il resterait sur place, les prêtres indonésiens ne prendraient pas librement la relève.
Henri, tu avais beau être droit comme un « i », parfois rigide dans tes propos, notamment sur les musulmans, et avoir une foi très classique qui ne comprenait pas toujours les questionnements des volontaires qui venaient te trouver avec leurs propres recherches intérieures, il n'y avait toutefois chez toi, pas une once de méchanceté: tu as toujours été un homme généreux, le cœur sur la main, toujours prêt à rendre service. Certes, tu n’hésitais pas à pousser une gueulante de temps en temps, quand quelque chose ne te plaisait pas… mais c’était pour t’excuser immédiatement après. Je n’oublierai jamais, quand tu prêchais sur l’amour de Dieu, ta voix se mettait à trembler et des larmes commençaient à couler sur tes joues.
Henri est décédé le 22 mars 2017 à Montbeton dans sa 89e année. Depuis plusieurs mois déjà il savait que ses jours étaient comptés. Il le disait à tous ses proches. Il voyait ses forces diminuer de jour en jour. Il devait beaucoup souffrir, mais il a accueilli cette épreuve dans la foi.