Maurice LE COUTOUR1934 - 2005
- Status : Prêtre
- Identifier : 4117
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Identity
Birth
Death
Biography
[4117] LE COUTOUR Maurice est né le 16 janvier 1934 à Sotteville (Manche).
Ordonné prêtre le 19 février 1961, il part le 18 avril 1961 pour le Cambodge.
Après l’étude du vietnamien et du khmer, il est chargé du secteur de Mimot, puis de la paroisse de Chhlong, dans la préfecture de Kompong Cham. Il vient ensuite fonder à Phnom Penh un centre d’artisanat de sculpture, destiné aux jeunes Cambodgiens, qui prospère rapidement. En 1975, comme les autres missionnaires, il doit quitter le Cambodge.
Il est alors affecté au diocèse de Palembang, en Indonésie, où il arrive à l’automne 1976.
Il étudie l’indonésien tout en préparant son avenir. En 1978, il part pour l’île de Bali, où l’invite l’évêque de Den Pasar, et fonde une école de sculpture balinaise à Gyanyar. Il entretient et développe ce centre artisanal pendant vingt ans, puis en cède la direction à l’église locale. Il essaie alors de relancer l’artisanat khmer, mais le Cambodge a changé et il ne peut réaliser son projet.
En 1996, il revient en France et accepte la cure de Sault en Provence. Il meurt subitement dans sa paroisse le 24 mars 2005.
Obituary
[4117] LE COUTOUR Maurice (1934-2005)
Notice nécrologique
Bien chers amis, en tant que compagnon de route et proche voisin de la paroisse du Père Maurice Lecoutour à Bali en Indonésie pendant dix-neuf ans, je voudrais vous dire, en ce dernier adieu à votre curé, ce que nous connaissons de la vocation et de la vie missionnaire du Père Maurice.
Sa vocation, il la puisa dans une famille nombreuse de Normandie de douze enfants, à la foi bien chevillée au cœur, famille qui donna à l'église quatre filles religieuses et un fils prêtre. Maurice naquit à Sotteville, dans le diocèse de Coutances en 1934.
Il entra au Séminaire des MEP en 1959 et fut ordonné prêtre en 1961. C'est le Père Perrodeau, longtemps notre hôte à la maison de retraite de Lauris, ici dans le diocèse d'Avignon, qui prêcha à sa première messe à Sotteville.
I°) Sa 1ère destination (période de 1961 à 1975) fut pour le diocèse de Pnompenh au Cambodge, où il étudia la langue nationale le khmer, mais également le vietnamien, langue de nombreux immigrés au Cambodge dont un certain nombre était chrétien. C'est au service de ces derniers que Mgr Ramousse, l'évêque du Cambodge, l'envoya donner libre cours à son zèle et à sa compétence. Il fut spécialement affecté aux paroisses de Mimot et de Chlong au milieu d'immenses plantations d'hévéas.
Très rapidement, il dut affronter les difficultés des temps de guerre, incursions des khmers rouges, tonnerre des bombardements par les B 52. Un jour il ne dut sa vie sauve que grâce à une ruse dont il eut la soudaine inspiration. Les khmers rouges ayant encerclé son village et enfermé les chrétiens dans l'église, s'apprêtaient à les y exécuter. Maurice alors invita les soudards à venir prendre un verre au presbytère avant de passer à l'exécution des prisonniers. Il en profita pour mettre toute sa cave à leur disposition. L'effet espéré fut rapide; au bout d'une 1/2 heure tout le monde dormait. Maurice en profita pour s'éclipser, ouvrir les portes de l'église et donner l'ordre à tout le monde de disparaître dans la nature, où lui-même les suivit.
Au Cambodge, les derniers mois de liberté allaient vers leur terme. Inventif, prêt à toutes sortes d'initiatives, le P. Maurice profita du repli d'une nombreuse population sur la capitale pour y créer, à l'intention des jeunes désœuvrés, une école de sculpture où il mit en œuvre sa compétence de dessinateur (lui-même ne sculptait pas), à partir des bas-reliefs inspirés du ramayana hindou du temple d'Angkor-Vat, ancienne capitale khmer datant des XIème et XIIème siècle. Finalement, la vie devenant trop dangereuse au Cambodge, le P. Maurice prit un congé en France début 1975 ; il ignorait encore que ce départ serait définitif.
2°) Sa 2ème destination (de 1978 à 1998) fut l'Indonésie dans l'île de Sumatra. Il ne resta que 2 ans dans le diocèse de Palembang où il se trouva affecté, car il estimait ne pas pouvoir y réaliser son rêve de découvrir un monde d'artistes et de pouvoir y vivre avec eux. Il chercha ailleurs et rencontra fort opportunément l'évêque de Bali, qui l'invita aussitôt à venir tenir une paroisse naissante, Gianyar, où il pourrait à loisir y monter son école de sculpture totalement balinaise. On peut dire que c'est là qu'il se donna à plein, déployant des sommes de talents et d'initiatives pour développer sa chrétienté et chercher des fonds afin d'y construire un centre de sculpture, autorisé par les autorités en place, et susceptible d'être autonome. En bon normand, il lança un élevage de porcs, un poulailler, un vivier et un jardin de légumes, tout cela à titre de modèles pour les paysans du voisinage qu'il invitait à venir visiter son travail. Puis il se mit à fumer des jambons et des filets de merlin qu'il mettait à la disposition des touristes toujours pour faire vivre son œuvre. Il eut même droit dans le Guide du Routard à une note glissée par un plaisantin que Maurice eut du mal à avaler : "Si vous passez par Bali, ne manquez pas de vous arrêter à la paroisse de Gianyar, le P.Maurice vous recevra royalement ". Débouchèrent alors chez lui toutes catégories de va-nu-pieds, chevelus et débraillés à souhait.
Les diverses expositions à Djakarta des œuvres sculptées par l 'école du P. Maurice attirèrent toujours de nombreux visiteurs, particulièrement quatre ministres du gouvernement en exercice. Ce succès s'expliquait par le fait que cette école de Gianyar était la seule d'Indonésie à travailler uniquement sur bois et du bois de teck. Le P. Maurice en trouvait l'inspiration dans ses documents photographiés autrefois au Cambodge, et curieusement identiques aux bas-reliefs du temple de Borobodur, à Jawa toujours en Indonésie, eux aussi inspirés de la religion et de la culture hindoue.
Pendant ce temps sa paroisse croissait et se multipliait. Pour la première fois dans l'histoire de l'évangélisation de Bali, de confession majoritairement hindoue, il osa faire jouer par ses jeunes, en plein air, pendant la Semaine Sainte, la scène de la Passion du Christ. Une foule considérable y assista, ignorant que la séance avait failli être annulée, l'acteur Jésus ayant reçu pendant une répétition une telle gifle d'un soldat romain que Jésus renonça à son rôle et s'enfuit. Il fallut toute la diplomatie de Maurice pour ramener l'acteur Jésus dans le droit chemin.
Pour son dévouement et ses talents d'insertion dans des cultures étrangères au monde occidental qu'il sut aimer et développer tant au Cambodge qu'en Indonésie, il fut fait Chevalier de la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France à Djakarta.
A Sault, sa dernière affectation pastorale en 1996, il garda le même enthousiasme religieux qu'à ses débuts missionnaires. Permettez-moi, chers amis, de m'arrêter ici ,car sur ce chapitre vous en savez plus long que moi.
Père Christian GRISON -M.E.P Télégramme de Mgr Benyamin BRIA, évêque de Bali " Aux Supérieurs et aux Pères des MEP, j' exprime ma reconnaissance pour nous avoir donné le Père Maurice Lecoutour. Quant à vous, Père Maurice, il y a 3 ans je vous ai rencontré à Lauris alors que vous vous y reposiez après une opération du genou. J'apprends aujourd'hui, à quelques jours de Pâques que vous vous en retournez pour la maison du Père. Vous avez rendu de grands services dans le diocèse de Denpasar à Bali. Aujourd'hui votre ancienne paroisse de Gianyar, plongée dans une grande tristesse, pleure votre départ. Merci pour tout ce que vous avez fait parmi nous et nous prions pour que votre joie soit parfaite auprès du Seigneur. Amen