Camille CORNU1935 - 2017
- Status : Prêtre
- Identifier : 4156
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Identity
Birth
Death
Status
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1965 - 1989 (Mysore)
- 1990 - 2016 (Mysore)
Biography
[4156] CORNU Camille est né le 12 mars 1935 à Clessé (Deux-Sèvres).
Ordonné prêtre le 27 décembre 1964, il part le 4 mai 1965 pour la mission de Mysore (Inde).
Après avoir étudié l'anglais à St-Mary's Home à Mysore et le Kannada à Virajpet, il est nommé curé de Kamakerai, dans le Kollégal à Mysore (1965), puis curé de Kamakerai (1968-1975). Il rejoint ensuite le diocèse de Kurnool, où il étudie le Télougou à Adoni (Andhra Pradesh), avant de devenir curé de Yemmiganu (1976-1989).
En 1989, il est rappelé à Paris, pour le Service de l’Information.
En 1990, il est nommé supérieur régional des MEP en Inde. Son mandat est renouvelé en 1995 et en 2000. Il est en même temps directeur spirituel au Séminaire Saint-Pierre de Bangalore.
Du 22 octobre 2010 au 19 octobre 2015, il est nommé responsable du groupe missionnaire de l’Inde.
En 2016, il revient en France pour raison de santé.
Il meurt le 7 janvier 2017 à Montbeton. Il est inhumé dans le cimetière des MEP.
Obituary
[4156] CORNU Camille (1935-2017)
Jeunesse et vocation
Camille est né le 12 mars 1935 dans le village du Charruault à Clessé, dans le département des Deux-Sèvres, au sein du foyer de Célestin Cornu et de Fernande Gauffreteau. « Le Charruault était et est toujours un village isolé, dit-il, mais aujourd’hui il y a des moyens de communication inconnus alors. Mes plus proches compagnons étaient chiens et chats. De fait la solitude ne me dérange pas. Quand on habite à cinq kilomètres du bourg, pas question d’aller à la maternelle. Il n’y avait pas de voiture. Il fallait se taper le chemin à pied. C’était sans doute long. Je me souviens que quand il y avait de la neige ou du verglas on faisait de belles glissades sur la route. Vers la fin de l’école je ferai le chemin à bicyclette. Début du progrès ! » Camille avait deux frères et une sœur, plus âgés que lui. Il était le plus jeune de la famille. Ses parents étaient cultivateurs fermiers. Baptisé le 14 mars 1935, Camille est confirmé le 11 mai 1946 à La Chapelle-Saint-Laurent, dans le diocèse de Poitiers.
La foi chrétienne tenait une large place dans la famille, une foi traditionnelle. Voici ce qu’il en dit lui-même : « De même qu’Obélix est tombé dans la potion magique étant petit, mes parents étaient tombés dans la foi comme bien des gens de leur temps. Une foi solide, sans fioriture et sans question. On naissait et mourait chrétien. Bien des années plus tard, je retrouverai cette foi chez des pauvres de l’Inde. Une foi que je préfère appeler confiance. Quand un enfant fait confiance à ses parents, il ne le fait pas parce qu’il sait ceci ou cela, mais parce qu’ils sont ses parents : il croit en eux. Quand je suis né, mes parents étaient petits métayers à la Lande de Clessé. Ils travaillaient dur pour la plus grande satisfaction du propriétaire. Une chose m’est toujours restée en mémoire parce qu’il y a des choses qui frappent un enfant : le propriétaire arrivit, précédé de son gros ventre, réclamer ses dûs, et les discussions âpres avec mes parents qui protestaient contre ses demandes. »
Pour autant, à l’âge de 14 ans, il n’envisageait pas encore de devenir prêtre, mais plutôt d’aider ses parents dans les travaux de la ferme avec la perspective de leur succéder un jour, suivant le souhait même de ses parents. Il entra donc dans le monde du travail. Et comme lui-même l’a écrit, il rejoignit la Jeunesse agricole catholique, « la Jeunesse agricole catholique qui forma tant de dirigeants chrétiens. J’y participais de très loin, en dilettante. Ces temps étaient aussi celui du pèlerinage à Lourdes qui ne m’a guère laissé de souvenirs particuliers, mais j’ai toujours cru que ce fut là où tout se décida mystérieusement. Il y eut donc un faisceau d’événements qui firent qu’un jour, à la lecture d’un article de je ne sais plus quelle revue missionnaire, m’apparut avec une totale évidence et absolue certitude qu’il me fallait être prêtre et missionnaire. »
Il décide alors de rejoindre ce que l’on appelait à l’époque « un séminaire de vocations tardives » à Chatillon-sur-Sèvre. Puis, après trois années de rattrapage d’études secondaires à Mauléon (1953- 1956), il décide de rejoindre les Missions Etrangères de Paris. En effet, à Mauléon, Camille avait fait la connaissance des pères Moreau, Jarreau et Blais, tous MEP, qui le confortèrent dans sa décision.
Il entre au séminaire des Missions Etrangères à Bièvres le 17 septembre 1956. Il accomplit son service militaire de 1959 à 1961, dont une grande partie en Algérie. Il reçut le rite d’admission à la Société le 21 décembre 1958. Agrégé définitivement le 20 décembre 1963, il reçoit le diaconat le 28 juin 1964 et est ordonné prêtre le 27 décembre 1964, après avoir reçu sa destination pour le diocèse de Mysore en Inde, le 16 novembre 1964, à la basilique Notre-Dame-de-Pitié de La Chapelle-Saint-Laurent. Il y célèbre sa première messe le 3 janvier 1965. Camille prit le bateau avec le père Sylvain Rabiller à Marseille, le 4 mai 1965, pour sa mission en Inde.
Mission en Inde
Pourquoi l’Inde, où il était si difficile d’entrer pour un missionnaire ? En 1963, le pape Paul VI effectuait le premier voyage d’un pape en Inde, à Bombay, pour le Congrès eucharistique. Le gouvernement indien relâcha son attention et accorda quelques visas à des missionnaires. C’est ainsi que Camille et trois autres jeunes confrères furent envoyés en Inde : cela tombait bien, car Camille désire aller en Inde ou en Corée.
Arrivés à Bombay, les deux jeunes missionnaires sont accueillis par le père André Fleury qui était venu les chercher. Là ils y rencontrent aussi le père Raymond Rossignol qui était venu à Bombay prendre livraison d’une deux-chevaux Citroën pour un couvent de religieuses à Bangalore. Camille et Sylvain profitent de l’aubaine dans le confort relatif de la Deuche. Camille dit que « ce fut un long voyage épuisant de 48 heures, mais unique, qui nous permit de voir le pays, expérimenter l’été indien, le vrai, avec 45° à l’ombre, les infâmes bouis-bouis des bords de route dont la malpropreté offense le regard neuf. Depuis j’ai bien des fois refait la même expérience. Ces restaurants… sont en fait une bénédiction : on y mange vite et pour pas cher ».
Camille et Sylvain restent trois mois à St Mary’s home (maison MEP locale) à Mysore, de mai à septembre 1965, pour améliorer leur anglais avec le père Joseph Fleury, qui était alors professeur de littérature anglaise au collège Sainte-Philomène. Ils prennent aussi le temps de faire connaissance avec les confrères MEP du diocèse. À la fin de ces trois mois, de septembre 1965 à mai 1967, ils entreprennent l’étude de la langue kannada à Virajpet, étude qu’ils poursuivent à Kamakere, où Camille est nommé curé en avril 1968. Entre-temps, il fait trois mois d’anglais à Yercaud, dans le district de Salem, du 18 août au 18 novembre 1967; mais il reste à Kamakere jusqu’en juin 1973.
En 1972, l’évêque du diocèse de Kurnool, en Andhra Pradesh, demande des missionnaires, car il y avait de nombreuses conver sions dans son diocèse. Alors, avec le père Sylvain Rabiller, Camille gagne le diocèse de Kurnool le 11 juin 1973. Ils entreprennent l’étude de la langue telugu à Adoni, avec laquelle il se familiarisent, puis seront rapidement nommés curés d’Adoni, grande paroisse de ville avec une trentaine de sous-stations dans un rayon de 40 kilomètres. Camille y restera d’avril 1974 à septembre 1976. En effet, en septembre 1976, il part s’installer à 30 kilomètres de là, dans une sous-station où, jusque-là, aucun prêtre n’avait résidé. Camille fut heureux de quitter Adoni. Cela l’a libéré d’une pénible allergie au coton frais. Il devient donc curé de Yemmiganur où il restera jusqu’au 25 avril 1989. À propos de ce poste il disait : « Je n’ai jamais été doué pour les contacts, et pourtant j’eus des amis à Yemmiganur… J’ai eu aussi d’excellents collaborateurs parmi les jeunes paroissiens, même si beaucoup étaient illettrés… À ces jeunes, il faut ajouter les catéchistes de villages. Ce n’étaient pas des génies, mais comment fonctionner sans eux ? À Yemmiganur aussi j’ai eu à répondre à des demandes de conversions émanant de gens de plusieurs villages. »
En 1985, Camille est rappelé à Paris pour participer à l’animation missionnaire pendant un an. C’était évidemment fort différent de son travail à Yemmiganur. Il fit un effort pour s’adapter et considéra qu’il n’était pas inutile de renouer avec la France. Puis il revient à Yemmiganur en 1986.
Rappelé à nouveau en France en mai 1989, il consacre une année au service France-Asie, à la suite de quoi il est unanimement nommé, par tous les confrères de l’Inde, supérieur régional en mars 1990. Camille le restera jusqu’au mois de janvier 2015 et résidera à Bangalore.
Responsable de la mission de l’Inde
Camille a été presque 25 ans responsable régional à la plus grande satisfaction des confrères. Probablement qu’il a battu là un record de longévité. Mais il ne fut jamais sans rien faire. En effet, il s’occupait avec zèle et une joie visible des jeunes volontaires MEP, garçons et filles, qui venaient par petites vagues tous les ans. Allant les visiter dans leurs différentes missions, il aimait les réunir à la maison régionale pour un week-end de détente, de prière et per mettre aussi aux jeunes volontaires de partager leurs expériences si riches. Les volontaires l’aimaient et plaisantaient volontiers sur ses reparties bourrues, mais non dépourvues d’humour pour qui le connaissait.
En plus de s’occuper des confrères, de satisfaire leurs besoins, de la correspondance et de l’administration (sans être économe de la région, il en faisait le travail), tous les soirs il consacrait au moins deux heures à la direction spirituelle des séminaristes qui l’avaient choisi comme conseiller et confesseur. Occasionnellement, le Séminaire lui demandait de donner des petites conférences spirituelles.
Au cours des années, Camille a régulièrement visité les confrères, chacun dans sa mission ou sur le lieu de son ministère. Puis, les années passant, ces visites se firent d’autant plus rapidement que le nombre des confrères MEP s’amenuisait.
Depuis des années, le nombre des expatriés français venant à Bangalore pour travailler dans des compagnies ou multinationales diverses ne cessait d’augmenter. Camille a alors commencé ainsi à rencontrer quelques familles chrétiennes motivées. Et c’est ainsi qu’il est, peu à peu, devenu quasi-aumônier de la communauté Missions Etrangères de Paris – française. À raison d’au moins une messe par mois, soit au séminaire Saint-Pierre, soit dans une des familles, il apportait régulièrement son soutien spirituel aux expatriés, les aidant pour le catéchisme aux enfants, célébrant les baptêmes, les premières communions et occasionnellement effectuant des préparations au mariage. Camille a non seulement toujours eu amplement de quoi occuper ses journées, mais il mettait à profit ses quelques loisirs pour lire des livres solides et prendre des notes qu’il consignait dans des vieux agendas.
Le 12 mars 2013, Camille écrivait : « 78 ans déjà !! Comment ai-je fait ? Je ne sais pas. Il suffit de se laisser vivre. Beaucoup de souhaits de tous côtés ce matin. Merci à tous. »
Cette année-là, Camille fut très préoccupé par le renouvellement de son visa. L’aurait-il ? Faudrait-il quitter l’Inde ? Avoir à faire à l’administration indienne est le plus souvent un cauchemar. En y pensant, le moral de Camille tombait assez bas, comme il l’écrit lui-même : « J’en ai assez. Je vais écrire à nos archevêques que je jette l’éponge. Je suis prêt à rester, mais aussi prêt à partir. Amertume. Dire oui quand même. Rester quand on voudrait partir, partir quand on voudrait rester. Et pourtant je l’ai fait, en pleurant peut-être, mais fait. Que Dieu m’en tienne grâce. Paix et abandon. »
Les années ont passé vite. Camille était toujours fidèle au poste. Mais de plus en plus, il ressentait les effets de l'âge. Sa santé lui donnait davantage de soucis. Et sa situation, instable et précaire par rapport à son visa, le préoccupait aussi beaucoup. Voilà ce qu’il écrivait le 30 mars 2014 : « J’attends d’une part encore et toujours une réponse de Delhi pour l’extension de séjour. J’attends une réponse pour une analyse de sang envoyée à Bombay. Pourquoi cette ana lyse ? Leucémie possible. Avant c’était une analyse de la moelle parce qu’il me manque des centaines de milliers de plaquettes et globules blancs. D’après les résultats que je viens de recevoir, tout serait normal. Alors, cancer du sang ? Sang et os, tout serait normal ; mais la doctoresse veut m’envoyer consulter un hématologue. Donc affaire à suivre à nouveau. Cette incertitude finit par devenir pesante. Trois jours au monastère de Kengeri pour le Triduum pascal : il faisait nuit. Double nuit pour moi : incertitude vis-à-vis du permis de séjour, incertitude vis-à-vis de la santé. Nuit du doute, de la peur : je demande d’abord à Dieu la paix, l’abandon. Et le courage quand il faudra faire face à la réalité quelle qu’elle soit. »
Le grand départ Camille quitta précipitamment l’Inde le 19 janvier 2015 pour soigner un cancer des ganglions à l’hôpital Oncopole de Toulouse. En six mois, il fut déclaré guéri de ce cancer. Par deux fois, il tenta d’offrir ses services dans la maison de la rue du Bac. Puis, en octobre 2016, nouvel accroc de santé. Cette fois, il est affecté par une tumeur au cerveau, mal contre lequel la Faculté se trouva démunie. Camille fut ramené à Montbeton. Rapidement, ses fonctions étaient atteintes les unes après les autres. Camille est décédé le 7 janvier 2017. La veille, 6 janvier, fête de l’Épiphanie, il avait participé aux célébrations.
Père Henri Bonal