Claude BERMON1937 - 2023
- Status : Prêtre
- Identifier : 4181
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1966 - 1976 (Tokyo)
Biography
[4181] Claude BERMON est né le 9 juin 1937 à Belfort (Territoire-de-Belfort). Ordonné prêtre le 26 juin 1966, il part le 7 septembre suivant pour la mission d’Urawa. Après avoir étudié le japonais à Tokyo, il est successivement nommé vicaire à Kawaguchi en 1968, à Kawagoe en 1969, et à Mishima dans le diocèse de Yokohama en 1970. En 1971, il est aumônier des Sœurs du Fuji Seishin Gakuen à Susono, en 1972, vicaire à Hamamatsu, en 1974 curé à Shimada. De retour en France en 1976, il est aumônier des Sœurs du Cénacle à Tigery de 1977 à 1995. A Corbeil-Essonnes de 1995 à 2004, il est membre de l’équipe pastorale du secteur, d’abord attaché à la paroisse Saint Etienne comme aumônier de l’hôpital jusqu’en 1998, puis à la paroisse Saint-Spire comme aumônier de l'hôpital et de la maison de retraite. De 2004 à 2015, il exerce un ministère à Belfort. Il se retire ensuite à Montbeton en 2017, avant de rejoindre la maison de Lauris en 2021. Il y décède le 21 avril 2023.
Obituary
Père Claude BERMON
Le Père Claude Bermon est né à Belfort le 9 juin 1937. Fils unique de René Bermon, comptable, et de Marie-Louise Paschali, institutrice, il est baptisé le 20 juin suivant en l’église Notre-Dame des Anges à Belfort qui faisait alors partie de l’archidiocèse de Besançon. En juin 1949, il est confirmé dans cette même ville à l’église Saint Christophe. D’abord élève à l’école primaire de son quartier, il poursuit ses études jusqu’au bac à l’École Marianistes Sainte-Marie de Belfort.
En 1955, à la fin de ses études secondaires, Claude rêve d’être missionnaire et pense au séminaire, mais ses maîtres, les Marianistes, l’en ont dissuadé. Alors il envisage d’entreprendre des études de médecine. Finalement il s’inscrit à Strasbourg, comme étudiant libre, à la Faculté de théologie. Il connait les Missions Étrangères à travers le témoignage de ses martyrs, en particulier ceux du Vietnam, et il espère entrer dans la Société au terme de ses études supérieures qu’il terminera en 1959. Il s’est ouvert de son projet à un prêtre, car lui-même se voyait un jour devenir prêtre et enseignant. Mais son confident et le supérieur du séminaire de Strasbourg lui font comprendre qu’avant toute chose il doit en passer par le séminaire. Et c’est ainsi que Claude est reçu à Strasbourg comme séminariste du diocèse.
En 1960, il interrompt ses études pour accomplir son service militaire en Algérie. Avant de partir il écrit au Père Guy Audigou, Supérieur du séminaire MEP de Bièvres : il cherche des renseignements sur la Société en vue d’une admission éventuelle. Mais rentré d’Algérie en 1962, il reprend ses études au grand séminaire de Strasbourg et obtient le baccalauréat et la licence canonique de théologie. Dans la foulée, il s’inscrit en propédeutique à la faculté de lettres où il décroche un certificat en Assyrologie-babylonienne.
C’est à Strasbourg que Claude fait la connaissance du P. Jean-Michel Cuny, MEP originaire du diocèse. Un peu plus tard, il rencontre le P. Lucien Meyer, MEP du diocèse de Metz, missionnaire au Japon. Claude s’intéresse au Japon depuis longtemps : son père possède en effet une belle documentation sur ce pays. Alors il fait part au supérieur du séminaire et à l’archevêque Mgr Weber de son désir d’entrer aux Missions Étrangères. Ce dernier fait des difficultés : il souhaite garder Claude au service de son diocèse, tandis que de leur côté des directeurs du séminaire estiment que Claude ayant besoin d’être épaulé au jour le jour aurait avantage à rejoindre un Institut séculier comme le Prado. Enfin après bien des échanges avec Mgr Weber, c’est finalement Mgr Elchinger, l’évêque coadjuteur avec droit de succession, qui accorde à Claude toute liberté de se rendre aux Missions Étrangères. C’est ainsi que le 6 juin 1964, Claude adresse au Supérieur un longue lettre où il décrit son cheminement et lui fait une demande formelle d’admission. Il est reçu comme aspirant le 24 août 1964, et comme il a terminé ses études de théologie, il n’aura qu’une seule année de probation à effectuer rue du Bac (1965-1966). Il s’inscrit à l’Institut Catholique de Paris, il est admissible pour un doctorat en théologie, mais il change d’orientation et prépare à l’INALCO une licence de langue et de civilisation japonaises.
Un peu avant son ordination au diaconat le 9 juin 1966, il a reçu sa destination pour le diocèse d’Urawa au Japon. Ordonné prêtre en l’église Saint Joseph de Belfort le 26 juin 1966, il part pour sa mission le 6 septembre suivant.
A Tokyo, il effectue les deux années requises d’école de langue japonaise. Puis de septembre 1968 à mars 1969 il est vicaire de Jean Waret, MEP, à la paroisse de Kawaguchi, diocèse d’Urawa, préfecture du Saitama, au nord de Tokyo. Jean Waret est en même temps le responsable du groupe missionnaire MEP de Tokyo-Urawa.
De mars à décembre 1969, Claude devient le vicaire de Laurent Labarthe, MEP, à la paroisse de Kawagoé. Il est alors victime d’un grave accident de la circulation qui faillit lui coûter la vie: en moto par temps de typhon et sous une pluie violente, il heurte de plein fouet un camion à l’arrêt. Les séquelles de cet accident sont lourdes, des vertèbres cervicales déplacées le feront souffrir durablement.
En 1970, Claude passe du groupe MEP de Tokyo à celui de Shizuoka -diocèse de Yokohama- dont le responsable est le P. Clément Fonteneau. De janvier 1970 à mai 1971 il est le vicaire du Père Lucien Meyer à Mishima.
De juin à décembre 1971, à Susono, au pied du Mt Fuji, il est l’aumônier de Religieuses qui dirigent un établissement scolaire. Puis de janvier 1972 à 1974, il devient le vicaire du P. Clément Fonteneau à la paroisse de Hamamatsu. C’est pendant cette période, en 1973, que de nouveau il est victime d’un accident grave, heurté par une voiture, il est hospitalisé 5 mois durant et subit plusieurs opérations du genou. La rééducation est longue et difficile.
Sorti de l’hôpital, il est nommé à la fin 1974 curé de la paroisse de Shimada (diocèse de Yokohama). Mais décidément Claude a beaucoup de mal à s’adapter à la culture japonaise et à la pastorale. Il commet bien des maladresses et doit quitter sa paroisse en octobre 1976. Ses supérieurs lui demandent de rentrer définitivement en France. Au début de l’année 1977, la mort dans l’âme, il quitte son cher Japon. Cet échec l’a profondément affecté.
En France, de juillet 1977 à juillet 1995, il est aumônier des Sœurs du Cénacle à Tigery dans l’Essonne. De juillet 1995 à juillet 2004 il est à Corbeil-Essonnes, d’abord à la paroisse Saint-Étienne, aumônier d’hôpital et d’une maison de retraite, et comme prêtre attaché à l’équipe pastorale du secteur. Puis, à partir d’octobre 1998, à la paroisse Saint Spire, il exerce les mêmes fonctions.
Enfin Claude retourne à Belfort devenu le siège d’un nouveau diocèse détaché de Besançon, érigé le 3 novembre 1979. Claude dispose rue du Magasin d’un appartement au-dessus de celui qu’occupaient autrefois ses parents décédés ; c'est à proximité du cimetière de Brasse où ils reposent. En 2005 il est obligé de déménager, et c’est compliqué, car Claude est un collectionneur invétéré de toutes sortes d’objets et il ne jette rien. Pendant son séjour au Japon il avait expédié chez ses parents quantité de souvenirs qui occupent toute une chambre, il en a rapporté d’autres lors de son retour en France. Il loue maintenant au diocèse un appartement ; c’est au premier étage d’une maison en face de l’église Saint Joseph où il a été ordonné prêtre. Au rez-de-chaussée habite un autre prêtre retiré qui assure le même genre de services que lui : remplacements en paroisses, baptêmes, équipes du Rosaire, groupes de prières, adoration du Saint-Sacrement, confessions, direction spirituelle…
A partir de 2014 l’état de santé de Claude se dégrade. Il ne quitte plus son appartement à l’étage, il y reste confiné et ne s’en plaint pas, aidé par des personnes qui subviennent à ses besoins… Mais les pompiers doivent intervenir à plusieurs reprises pour ses déplacements à l’hôpital ou chez le dentiste. Enfin il tombe plusieurs fois chez lui et ce sont encore les pompiers qui interviennent. Il ne se rend pas bien compte de son état et s’obstine à vouloir rester où il est. Surtout il ne veut pas quitter Belfort où ses parents sont inhumés. Finalement, après une autre intervention des pompiers, il accepte de se rendre à Montbeton. Il s’y installe le 1er octobre 2017. A son arrivée à Montbeton il peut encore marcher avec un déambulateur, mais rapidement il perd l’usage de ses jambes et son état de santé se dégrade. Une paralysie progressive, conséquence peut-être des accidents dont il a été la victime au Japon, le rend totalement dépendant ... Il a aussi de plus en plus de mal à parler et à s’exprimer ; il réagit à ce qu’on lui dit avec beaucoup de lenteur. Cependant il est attentif, et son handicap profond ne l’empêche pas de rester d’une humeur égale, il accepte facilement les taquineries. Il ne reste pas oisif, s’occupe comme il peut : lecture régulière du journal La Croix, du Pèlerin, il écoute la radio chrétienne. Il est pieux et adonné à diverses dévotions : Fatima, Enfant-Jésus de Prague, Croix de Saint-Benoît. Il tient sans doute cela de sa mère à la mémoire de qui il reste profondément attaché. Il rejoint Lauris à la fermeture de Montbeton en avril 2021. Il décède le 21 avril 2023.
A bien des égards, Claude Bermon est déconcertant. C’est un homme d’une grande bonté, proche des petits et des pauvres. Il aide ces derniers sans compter et sans se poser de questions. Il leur consacre beaucoup de temps. Mais c’est aussi un homme qui manque de discernement et fait souvent preuve de la plus grande naïveté. Par exemple, au Japon, dans les différentes paroisses où il a travaillé, il s’attache à quelques personnes en difficulté et il délaisse le travail ordinaire d’animation de sa paroisse. Et il passe beaucoup de temps à satisfaire sa manie de collectionneur dans la lune. Tout cela était source d’incompréhension, de jugements et de conflit avec ses confrères qui lui reprochent son « bricolage » et ont du mal à compter sur lui. Son court essai comme curé de paroisse, on l’a dit, fut un échec. Ses paroissiens que son comportement déconcerte s’en sont plaints. C’est ainsi la mort dans l’âme qu’il doit quitter le Japon après 10 ans de présence. Très meurtri, Claude, à bas bruit, se croit victime d’injustice.
En France il a exercé l’essentiel de son ministère dans le diocèse de Corbeil-Essonnes, mais sans occuper aucun poste en responsabilité. En 1995, il est impliqué dans une affaire criminelle : un certain Claude Chipot, alcoolique sans emploi et criblé de dettes, dont Claude Bermon soutient parfois financièrement la famille, assassine sa femme, une catéchiste de la paroisse. Claude Bermon un peu plus tôt avait baptisé la fille du couple malgré l’opposition du père proche des Témoins de Jéhovah. Lors du procès, l’accusé tente de se disculper en chargeant Claude : il se serait immiscé dans la vie du couple. La presse locale s’est alors emparée de l’affaire et de leur côté les Témoins de Jéhovah ont entrepris une campagne de diffamation contre Claude. Ce dernier n’était évidemment pour rien dans ces histoires si ce n’est qu’en l’occurrence, et une fois de plus, il avait fait preuve de beaucoup de maladresse et de naïveté, comme en témoigne le dossier de l’affaire. Très meurtri, lui qui se voyait comme un souffre-douleur, une fois de plus il avait dû s’effacer.
Sa vie durant Claude a souffert de comportements mal ajustés qui lui valurent des critiques parfois virulentes. Les directeurs du séminaire de Strasbourg, lorsqu’ils recommandaient à Claude un engagement adapté à son tempérament et à ses capacités n’avaient-ils pas vu juste? Son enfance a été protégée par une mère possessive ; dans le grand âge, à Montbeton, Claude a bénéficié parmi des confrères bienveillants de services appropriés et cette période a sans doute été l’une des moins tourmentées de sa vie.