Jean CLÉMOT1823 - 1887
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0652
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1854 - 1887 (Mysore)
Biographie
[652]. CLÉMOT, Jean-René, né à Trémentines (Maine-et-Loire) le 21 janvier 1823, élève au collège de Combrée, fut après son ordination sacerdotale, qui eut lieu le 29 mai 1847, professeur dans ce même collège durant six ans.
Entré au Séminaire des M.-E. en 1853, il partit pour le Maïssour le 12 mars 1854. Dès son arrivée, on le chargea de diriger le séminaire indigène dont il fut le véritable organisateur, et qu'il rendit prospère en payant largement de sa personne. Vers 1859, il administra un district dans le voisinage de Bangalore ; ensuite il dirigea celui de Mysore, où pendant la famine de 1865-1866, il se dépensa avec un grand dévouement.
Nous le trouvons à Bangalore en 1872, supérieur de l'orphelinat européen ; en 1878, supérieur du petit collège Saint-Joseph, qu'à cette époque on appelait plus volontiers séminaire ; en 1880, provicaire ; en 1881, curé de Saint-Patrick et aumônier militaire. Son activité lui permit de remplir à souhait ces différentes fonctions.
Lorsqu'il fut décidé que l'établissement de la hiérarchie ecclésiastique dans l'Inde serait proclamé à Bangalore par le délégat apostolique, Mgr Agliardi, et qu'un concile serait tenu dans cette ville par les évêques du sud de l'Inde, il mit tous ses soins à bien préparer cette importante démonstration catholique, qui se fit en janvier 1887, et dont le souvenir reste très vif dans l'Eglise du Maïssour. Il mourut le 26 juillet 1887 à Bangalore, aimé et vénéré de tous, sans avoir, selon son désir, cessé de travailler.
Nécrologie
M. CLÉMOT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE, VICAIRE GÉNÉRAL DE MAYSSOUR
Né le 22 janvier 1823.
Parti le 12 mars 1854.
Mort le 26 juillet 1887.
« Né à Trémentines, au diocèse d’Angers, d’une de ces familles patriarcales chez qui la piété est comme un héritage et tradition de famille, M. Jean-René Clémot, écrit le P. Janssoone, fut destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique. Ordonné prêtre en 1847, il dévoua les sept premières années de sa vie sacerdotale à l’éducation de la jeunesse dans le collège de Combrée.
« Mais son zèle ne put se contenir dans les étroites limites d’une vie ordinaire de collège : son noble cœur avait de plus hautes aspirations. Il eut la noble ambition d’embrasser la carrière apostolique et de laisser père, mère, frères, sœurs , amis et son pays pour se dévouer à Dieu et aux âmes dans les pays lointains. Son premier maître en mission fut Mgr Charbonneau, ce grand missionnaire et évêque, le premier Vicaire apostolique du Mayssour. Il confia au P. Clémot, dès son arrivée dans l’Inde, la direction du séminaire indigène, et plus tard du séminaire, maintenant collège de Saint-¬Joseph dont il fut, on peut le dire en toute justice, le fondateur. Le P. Clémot n’était pas seulement le principal de cet établissement ; il était aussi le professeur, le directeur, et l’économe, le père, bien plus, la mère nourricière de ces chers enfants, dont un grand nombre étaient de pauvres orphelins.
« Il consacrait ses jours et une partie de ses nuits au soin de cette jeune famille, et il n’est pas improbable qu’il a contracté dans cette vie de labeur incessant les germes de la terrible maladie qui l’a enlevé à notre affection.
« Si le P. Clémot aimait ses enfants, il était payé de retour. Les élèves du collège de Saint-Joseph sont dispersés dans toutes les car¬rières, on peut dire, sur toute la surface de l’Inde, mais dans quelque département et quelque province qu’ils fussent, quand il leur était donné de revoir Bangalore, leur première visite était toujours pour le P. Clémot.
« La vie du cher Père ne fut pas exclusivement consacrée à l’édu¬cation de la jeunesse, il eut aussi sa part dans les travaux de la car¬rière apostolique. Il fut chargé d’administrer un district non loin de Bangalore. Pendant la famine de 1865 et 66 il se trouvait à Mayssour. C’est là qu’il fit pour ainsi dire son apprentissage de dévouement aux membres souffrants de Jésus-Christ. Cette famine ne fut en effet que l’ombre et l’avant-coureur du terrible fléau qui, en 1876-77-78, enleva à peu près le quart des habitants du royaume du Mayssour. C’est alors que le P. Clémot dépensa tous les trésors de son cœur sympa¬thique, aimant et miséricordieux au service des pauvres victimes de la famine : son temps, ses forces, sa santé, tout leur fut consacré, et quand on lui reprochait de faire trop, de se trop dévouer à ces pauvres malheureux, voici la réponse de ce prêtre charitable : « Quand vous aurez effacé de l’Évangile « ces mots : Vous aurez toujours des pauvres parmi vous, et : Ce que vous faites au moindre « de vos frères, c’est à moi que vous le faites ; quand vous me prouverez que le prêtre ne doit « pas être un imitateur de Jésus-Christ et le père des pauvres, alors le P. Clémot cessera de se « dévouer à ces amis de notre divin Maître. »
« Il y avait plus d’une ressource chez ce P. Clémot, plus d’une corde vibrait dans son noble cœur ; il suffisait de faire appel à son dévouement, pour le trouver prêt à rendre service. Quand le grand événement de cette année dans l’Inde, la proclamation de la hiérar-chie ecclésiastique, amena à Bangalore tant d’évêques et de prêtres, à qui dut-on le magnifique succès de cette grande démonstration chré¬tienne ? au P. Clémot, uniquement à lui. C’est à lui, à son zèle, à son énergie, à ses infatigables labeurs qu’il faut attribuer cette belle ma¬nifestation catholique, qui fera époque dans l’histoire de l’Église du Mayssour. Que dirons-nous maintenant de sa vie au milieu de ses chers paroissiens de la cathédrale de Saint-Patrick, dont il était le curé en même temps qu’aumônier militaire et vicaire général ? C’est dans cette paroisse qu’il a passé les six dernières années de sa carrière apostolique. Il a été là, ce qu’il fut partout et toujours, le prêtre zélé, l’infatigable travailleur, le père des pauvres, le consolateur des affligés, et la tendre mère des orphelins dont il avait aussi la charge.
« Il souffrait depuis 2 ou 3 ans de la maladie qui le minait et le consumait lentement, et ses amis lui conseillaient d’aller renouveler son sang appauvri dans son pays natal. S’il eût suivi leur avis, il eût probablement recouvré sa santé et ses forces, et pu prolonger ses ser-vices et son dévouement d’apôtre parmi nous ; mais il ne pouvait se résigner à quitter son poste d’honneur ; il voulait mourir sur la brèche. Quand, après qu’on eut triomphé de sa résistance, tout fut réglé pour son départ, une circonstance imprévue vint déranger nos plans et arrêter le père Clémot, près de mettre le pied sur le vapeur qui devait le conduire au milieu des siens.
« Il fut réellement heureux de pouvoir rester dans sa chère mission du Mayssour. Sa vie ne fut plus désormais qu’une mort différée et suspendue sur sa tête. Néanmoins, il continuait à travailler, à se dévouer pour ses ouailles, jusqu’à ce que, répondant à sa prière fer¬vente, la sainte Vierge sa chère mère et patronne le fit tomber sur la brèche, et l’enleva soudain à l’affection de ses confrères et de ses chers paroissiens, le matin de la fête de sainte Anne, 26 juillet 1887. L’avant-veille, il avait comme par un sentiment prophétique de sa mort prochaine, prêché sur le compte que nous avons tous à rendre à Dieu, et avait conclu son sermon par le texte : Euge, serve bone et fidelis... intra in gaudium Domini tui. La veille de sa mort, il assis¬tait à la sainte messe à la cathédrale, les forces lui manquant pour dire une dernière fois : Introibo ad altare Dei...
« Si quelque chose, écrit Mgr de Mayssour, a pu consoler la mission de la perte qu’elle venait de faire, c’est l’émouvante démonstration qui a eu lieu autour de son cercueil et à ses funérailles. Païens, musulmans, protestants, catholiques, Anglais et Indiens ont défilé tout un jour et une nuit auprès du lit funèbre où il reposait du sommeil des justes. Beaucoup apportaient des couronnes de fleurs : tous ré¬pandaient des larmes, et nos pauvres catholiques indigènes embras¬saient en sanglotant les pieds de celui qui avait été pour eux si pa¬ternel et si généreux. Sa mort a laissé un grand vide, non seulement dans mes affections, mais dans toute la mission, où chacun l’aimait et le vénérait. »
« Ses funérailles furent un vrai triomphe. A voir la rangée de voi¬tures stationnant dans le compound de l’église, à voir cette foule immense qui débordait au-dedans et au-dehors de la cathédrale, à voir les longues files de soldats, en grande tenue, qui vinrent, eux aussi, accompagner leur digne aumônier à sa dernière demeure, on aurait dit l’enlèvement d’un roi ou d’un prince de l’Église. Ce n’était cependant que la dépouille mortelle d’un pauvre missionnaire qui était l’objet d’une telle manifestation de regrets, d’amour et de douleur.
« Un trait bien touchant prouvera mieux que tout ce que l’on pourrait dire, l’affection qu’avait su inspirer le bon P. Clémot à tous ceux qui l’entouraient. Ses pauvres orphelins firent parmi eux une collecte et, à force de s’ingénier et de s’imposer des sacrifices, ils purent réunir la somme nécessaire pour faire célébrer un service solennel pour le repos de l’âme de leur bienfaiteur et bien-aimé père.
« Heureux celui dont la tombe reçoit comme offrande la prière du pauvre et de l’orphelin ! »
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Références
[0652] CLÉMOT Jean (1823-1887)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1886, p. 129. - Œuv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1861, p. 11. - Bull. Assoc. Combrée, 1906-07, pp. 112 et suiv.
Hist. miss. Inde, Tab. alph. - Etab. de la Hiér., p. 11.
Notice nécrologique. - C.-R., 1887, p. 275.