Augustin GAZIGNOL1843 - 1917
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0973
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
[973] GAZIGNOL Augustin, Baptiste, Auguste, est né le 28 août 1843 au Caussi, dans la commune d'Aussillon (Tarn), au diocèse d'Albi. Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Castres. Entré tonsuré à la rue du Bac le 20 septembre 1865, il est ordonné sous-diacre le 22 décembre 1866, diacre le 15 juin 1867 et prêtre le 21 décembre de la même année. Destiné au Cambodge, il part le 15 mars 1868.
La France venait de conquérir la Basse Cochinchine et d'étendre son protectorat sur le Cambodge.
Il est envoyé à Culaotay, une île du Mékhong, pour y apprendre la langue du pays et se former à la pastorale. Cette île comptait trois chrétientés fondées dans la première moitié du XIXème siècle.
Il y reste jusqu'en 1872, soit quatre années d'intenses activités missionnaires fondant la chrétienté de Bensieu et essayant d'autres fondations à Tradu, Hongngu, Caivung et Bai.
En 1872, il quitte cette île, où il était estimé, pour une autre île du Mékhong, Culaogieng. Cette île d'une superficie de 57 km2 , de près de 17 km de long comprenait la chrétienté principale, Dau Nuoc (Culaogieng) et quatre autres postes : Chava, Conphuoc, Rachsau et Chothu auxquels il ajoutera Ongchuong et Contren.
Treize ans avant son arrivée à Culaogieng, cette chrétienté avait eu l'honneur de donner à la Sainte Eglise deux martyrs : le prêtre Qui et le chef de chrétienté Emmanuel Pltung, tous deux mis à mort pour la foi à Chaudoc. Ces deux martyrs ont été béatifiés en 1909.
La belle église de Culaogieng commencée en 1879 ne fut terminée qu'en 1889.
De retour en France pour une opération chirurgicale le 25 juillet 1895, le Père Gazignol rejoint Culaogieng en février 1897.
Nommé provicaire en 1900, cette même année, il retourne en France pour une deuxième opération. A peu près rétabli, il rejoint Culaogieng où il continue à travailler jusqu'en 1908.
A noter, durant cette période, un séjour à Hong-Kong pour raison de santé.
En 1908, il se retire au Séminaire tout proche de la paroisse, sans cesser toutefois tout ministère.
Il meurt le 8 mai 1917 et est inhumé dans l'église paroissiale de Culaogieng.
Nécrologie
M. GAZIGNOL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBODGE
M. GAZIGNOL, Augustin-Baptiste (Auguste), né à Aussillon (Albi, Tarn), le 28 août 1843. Entré tonsuré au séminaire des Missions-Etrangères le 20 septembre 1865. Prêtre le 21 décembre 1867. Parti pour le Cambodge le 15 mars 1868. Mort à Culaogieng le 8 mai 1917.
Augustin-Baptiste Gazignol naquit en 1843 au Caussi, commune d’Aussillon (Tarn). Il fit ses études littéraires au petit séminaire de Castres, dont toute sa vie il garda le meilleur souvenir. Souvent il parlait du supérieur de cet établissement avec un accent de profond res-pect et d’affectueuse reconnaissance. C’est que ses espiègleries le mettaient fréquemment en mauvaise position et inspiraient de la crainte à ses directeurs ; mais le vénérable supérieur insistait toujours sur le côté sérieux qu’il croyait entrevoir chez l’élève. Il ne se trompait point. L’âge corrigea la légèreté.
Le choix de sa vocation fut le résultat d’un sentiment intime, que M. Gazignol avait nourri pendant ses deux dernières années à Castres. « Je veux bien être prêtre, mais à condition de l’être dans le sens le plus parfait », et il crut pouvoir réaliser cet idéal dans la vie apostolique. Dans ce but, il demanda et obtint son admission au séminaire des Missions-Etrangères. Ordonné prêtre le 21 décembre 1867, il fut destiné à la mission du Cambodge et partit au mois de mars 1868
A son arrivée en mission, la France venait de conquérir la Basse-Cochinchine et d’étendre son protectorat sur le royaume du Cambodge. Les derniers vestiges de soulèvement s’effaçaient dans le pays et la paix succédait aux troubles. Mais les moyens de communication étaient en¬core ceux du vieux temps. Les rares canonnières, qui parcouraient de loin en loin les fleuves, ne pouvaient offrir un service régulier au public. Force fut donc au jeune missionnaire de faire le trajet de Saïgon à Phnompenh en barque. Ce voyage, qu’on effectue aujourd’hui en six heures d’automobile et quatre heures de chaloupe, soit au total dix heures, exigeait alors une durée de dix jours. M. Gazignol en conserva un souvenir plutôt pénible. La chaleur du jour, les moustiques de la nuit, la cadence des rames avec leurs chocs brusques, le manque de mouvement, l’insomnie.., tout contribua à le fatiguer. C’était la vie apostolique qui commençait.
Après quelques jours de repos à Phnompenh, le jeune missionnaire fut envoyé à Culaotay, pour apprendre la langue annamite et se former à la pratique du ministère.
Culaotay est une île du Mékong, en Cochinchine, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière du Cambodge. Elle renfermait à cette époque trois chrétientés, dont l’origine remontait à la première moitié du XIXe siècle ; mais jamais il n’y avait eu de missionnaire à demeure permanente.
Une épreuve attendait M. Gazignol. Les habitants se nourrissaient presque exclusivement de riz et de poisson. Le jeune missionnaire essaya cette nourriture, mais son estomac se montrait absolument réfractaire au riz. Toute quantité, si minime fût-elle, était impitoya-blement rejetée. Ne comprenant pas les caprices d’un estomac européen vis-à-vis de ce bon riz qui fait leurs délices et le fond de leur nourriture, croyant à une simple répugnance dont un peu de bonne volonté aurait vite raison, les chrétiens insistèrent pour des essais successifs, auxquels le missionnaire se prêta d’ailleurs avec une parfaite bonne grâce ; mais l’insuccès fut complet. Il fallait cependant vivre, et pour vivre se nourrir. M. Gazignol se mit au régime presque exclusif des bananes : crues, cuites, sèches, il en mangea sous toutes les formes. Il passa ainsi quatre ans au milieu de braves gens qu’il aimait et qui lui étaient attachés.
En 1870, il fonda la chrétienté de Bensieu, qui a aujourd’hui 150 âmes. Dans la suite il essaya des fondations à Tradu, Hongngu et Caivung, mais aucune ne devait réussir à ce moment. Trente ans plus tard, son successeur tentera un nouvel essai à Tradu et obtiendra un plein succès.
Au moment où le missionnaire portait son zèle du côté de Bai, il fut appelé à la direction du district de Culaogieng. C’était en 1872.
Comme Culaotay, Culaogieng est une île du Mékong ; elle est située à quelques kilomètres en aval de la première. Elle a une superficie totale d’environ 57 kilomètres carrés et près de 17 kilomètres de longueur. Ce district comprenait alors la chrétienté principale, Dau-¬nuoc, plus communément appelée Culaogieng, et quatre chrétientés secondaires : Chava, Conphuoc, Rachsau et Chothu. M. Gazignol en ajoutera deux autres : Ongchuong et Contren. La chrétienté de Culaogieng devait réjouir son cœur d’apôtre. Lorsqu’il vint en prendre la direction, à peine treize ans s’étaient écoulés depuis qu’elle avait eu l’honneur de donner à la sainte Eglise deux martyrs : le prêtre Pierre Qui et le chef de la chrétienté Emmanuel Phung, tous deux mis à mort pour la foi à Chaudoc (1). Le souvenir des martyrs, la présence de confesseurs de la foi, la nombreuse famille Phung, étaient pour le missionnaire autant de stimulants.
Il se mit donc à l’œuvre avec courage et confiance. Les chrétientés étaient fondées, mais il fallait les organiser, leur construire des églises et leur assurer la stabilité.
(1) Ils ont été béatifiés en 1909.
Tout en entretenant la foi et la pratique religieuse parmi les chrétiens, par la chaire et le confessionnal, il s’ingénia à trouver des ressources. Il obtint du Conseil colonial un secours de 1.500 piastres, soit, à l’époque environ 6.000 francs. Où a-t-il trouvé le reste ? c’est son secret ! Il installa un four à briques ; puis il se mit à l’œuvre ; il éleva une église à Conphuoc et une autre à Chava ; en 1879 il commença celle de Culaogieng qui ne fut terminée que 10 ans plus tard. Cette dernière est une belle construction romane. Rachsau eut à son tour une église bien conditionnée pour abriter ses 400 fidèles. Chothu enfin eut sa chapelle. Ce fut la dernière construction de M. Gazignol dans son district.
En même temps, il cherchait à asseoir ses chrétientés sur des bases solides. Il fallait acquérir des immeubles, attacher les chrétiens au sol, leur fournir les moyens d’existence durables sur place, créer des revenus suffisants aux œuvres du district ; il y réussit pleinement.
Ces travaux n’absorbaient pas sa vie au préjudice des soins spirituels dus à ses fidèles et à sa propre sanctification. Le monceau de cahiers remplis de sermons, d’instructions et de prônes, écrits in extenso avec beaucoup de soin et trouvés à sa mort, prouvent, qu’il y avait chez lui une intensité de vie surnaturelle très grande. Il garda toujours une prédilection particulière à l’œuvre de la Sainte-Enfance, et lui légua son bien personnel.
En 1895, il fut atteint d’un mal que seule une opécation chirurgicale pouvait guérir. Il alla se faire opérer en France et revint en février 1897.
A peine de retour dans son district, il sentit sa vue s’affaiblir rapidement et se vit menacé de la cataracte. « C’était, disait-il, l’effet des longues lectures qu’il avait faites pendant la nuit ». En 1900 il fut nommé provicaire, titre qu’il garda à peine deux ans. Déjà, il avait repris le chemin de la France, pour subir une seconde opération. Cette fois, le séjour dans la patrie lui fut pénible. Il y resta trois ans, toujours atteint d’une maladie ou d’une autre. Dès qu’il eut recouvré la vue de manière à pouvoir se conduire, il revint à Culaogieng.
Sa santé fortement ébranlée ne se remit guère. Une entérite chronique l’affaiblit encore. Le missionnaire alla demander sa guérison au sanatorium de Hongkong. Il ne l’obtint que très incomplètement. De retour dans sa paroisse, il continua péniblement son travail jusqu’en fé- vrier 1908. A cette époque, bien qu’il eût un vicaire, il ne se crut plus assez de forces pour administrer convenablement son district. Il donna sa démission, et, après être resté encore quelques mois dans son pres¬bytère, il vint passer les dernières années de sa vie au séminaire, à quelques centaines de mètres seulement de son église paroissiale.
Par le fait de sa retraite, il cessa toute vie administrative ; mais il accepta de prêcher des retraites aux enfants pour la première communion, aux religieuses, aux prêtres indigènes et enfin une retraite aux élèves catéchistes de Banam. Dans cette dernière il sentit la mémoire lui faire défaut à plusieurs reprises. Cet accident l’impressionna : « Je ne suis plus bon à rien, disait-il, je ne puis plus prêcher. »
Cependant sa santé se maintint à peu près jusqu’en novembre 1916 ; à cette date, il fut atteint de bronchite aiguë. Le mal fut enrayé mais les forces diminuèrent rapidement malgré les soins les plus assidus.
Vers la fin du mois de mars, le danger menaçait. Le malade en fut prévenu, il accepta cette communication avec une parfaite résignation. Paisiblement il se prépara à la mort, reçut les derniers sacrements en pleine connaissance, et mourut presque sans agonie le 8 mai 1917 à midi et demi.
Sort corps a té enterré à l’église paroissiale de Culaogieng qu’il avait construite. Sa place était bien au milieu des chrétiens pour lesquels il s’est dépensé pendant 36 ans.
Sans être doué d’une intelligence très remarquable, M. Gazignol était un prêtre et un missionnaire qui faisait honneur au sacerdoce et à l’apostolat. Par nature, il aimait la gaîté, il la traduisait même facilement dans sa conversation par un trait d’esprit. Il tenait de son éducation première, de la dignité, de la politesse, qui, jointes à sa facilité d’élocution, rendaient ses relations agréables. Il possédait des qualités plus précieuses encore. Ceux qui l’ont fréquenté ont pu constater chez lui une réserve habituelle dans sa parole et dans sa tenue. Ce n’était pas là simple marque de l’éducation, mais l’effet de deux vertus qu’il pratiqua à un degré peu ordinaire : la discrétion et la charité ; c’était plus encore l’effet de la chasteté sacerdotale, qu’il cultivait avec jalousie et dont il voulait porter l’auréole dans l’éternité. Avec lui disparaît une très sympathique figure cochinchinoise, un bon confrère et un excellent prêtre.
~~~~~~~
Références
[0973] GAZIGNOL Augustin (1843-1917)
Références biographiques
AME 1902 p. 315. 1904 p. 155A. 1913 p. 254. 261. 300 sq. CR 1875 p. 51. 52. 1880 p. 70. 1888 p. 147. 1892 p. 194. 1894 p. 230. 1896 p. 239. 1898 p. 186. 1900 p. 252. 1906 p. 184. 1917 p. 109. 110. 222. 1936 p. 237.