Adrien RICHARD1853 - 1888
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1412
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1879 - 1888 (Hanoi)
Biographie
[1412]. RICHARD, Adrien-Ferdinand-Louis, vint au monde à Besné (Loire-Inférieure) le 3 septembre 1853. Il sortait du grand séminaire de Nantes et il venait de recevoir le sacerdoce le 29 juin 1878, lorsqu'il se présenta au séminaire des M.-E. le 9 juillet de la même année. Il partit pour le Tonkin occidental le 3 septembre 1879 ; il commençait à s'initier aux travaux apostoliques, quand il fut atteint de phtisie.
En 1883, nommé par Mgr Puginier aumônier de l'hôpital militaire récemment installé à Son-tay, il s'acquitta de ses fonctions à la satisfaction générale. Il s'occupa aussi avec sollicitude des chrétiens annamites que les hostilités avaient forcés à se réfugier dans Son-tay. Enfin, au moment où les rebelles tentaient des attaques de nuit contre la ville, il sut rassurer la population, et communiquer son sang-froid aux timides. En juin 1887, une recrudescence de son mal le contraignit de cesser à peu près tout travail ; et le 23 février 1888, il succomba à Son-tay. Ses dernières paroles furent : Je vais donc enfin aller au ciel. "
Nécrologie
M. RICHARD ( ADRIEN)
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
Né le 3 septembre 1853.
Parti le 3 septembre 1879.
Mort le 23 février 1888.
« Une lettre de M. Méchet, nous écrivait Mgr Puginier le 28 février dernier, m’annonce la mort du cher et regretté P. Adrien-Ferdinand Richard, missionnaire, remplissant les fonctions d’aumônier à Son-tay. Il a succombé à une maladie de poitrine, le 23 février, à une heure du matin. Le malade, qui se voyait mourir depuis plusieurs mois, a eu soin de se préparer tout particulièrement à paraître devant Dieu ; aussi sa mort a-t-elle été celle d’un juste.
« M. Richard appartenait au religieux et généreux diocèse de Nantes, qui, de tout temps, a fourni de nombreux apôtres pour l’évangélisation des pays infidèles. Notre Société des Missions-Étrangères, en particulier, lui doit beaucoup de sujets zélés et remarquables. Homme dévoué à la cause de Dieu, M. Richard , tout en se préparant à l’état ecclésiastique, sentait en lui un mouvement de la grâce qui le poussait vers les missions. Mais, esprit sérieux et pratique, peut-être même un peu timide lorsqu’il s’agssait de prendre une décision qui l’engageait personnellement, il aima mieux continuer ses cours de théologie au grand séminaire de son diocèse, afin de mûrir son dessein, et d’être bien sûr de sa vocation. Ordonné prêtre à Nantes, il entra ensuite au Séminaire des Missions-Étrangères , d’où il fut destiné, en 1879, à la Mission du Tonkin Occidental.
« A son arrivée au milieu de nous, nous eûmes tous le bonheur de reconnaître en lui un confrère pieux, doué d’excellentes qualités de l’esprit et du coeur, joignant à de bonnes études théologiques des aptitudes remarquables qui complètent un prêtre, et le rendent propre à remplir même des fonctions délicates et de choix.
« Après quelques mois d’étude de la langue annamite, M.Richard la possédait assez pour prêcher et entendre les confessions. Je l’envoyai auprès d’un saint et zélé missionnaire, M. Bruyère, s’exercer au ministère apostolique. Vous savez que, régulièrement, avant de confier à un jeune missionnaire un poste définitif, j’ai l’habitude de le placer quelque temps avec un ancien, afin qu’il puisse se former aux us et coutumes du pays, et à la façon d’agir suivie dans la Mission. Le nouvel apôtre n’eut pas longtemps l’occasion d’exercer son zèle. La veille de la Toussaint, à la suite de nombreuses confessions, il fut pris d’un vomissement de sang. C’était une maladie dont il avait apporté les germes de France, et qui se déclarait au Tonkin. M. Richard était doué d’une constitution foncièrement robuste, il était grand et fort, et personne dans sa famille n’avait été atteint du mal qui venait de se manifester en lui. A la suite d’une marche forcée qu’il avait faite en France, il avait senti sa poitrine s’affaiblir, et à partir de ce moment, il avait éprouvé le besoin de prendre des précautions.A la première nouvelle de son accident, j’envoyai un missionnaire, M. Godard, l’inviter à venir se reposer au chef-lieu de la Mission. Après quelques jours de repos, je lui conseillai d’aller à Ha-noï, où résidait un missionnaire, afin d’être à proximité d’un médecin français, qui se ferait un plaisir de lui donner ses soins.
« Au bout de quelques jours, le docteur déclara que l’état du malade exigeait un changement d’air et un régime particulier, qu’il n’était pas possible de lui procurer au Tonkin. Je n’hésitai pas à l’envoyer au sanatorium de Hong-kong, où il fut reçu à bras ouverts par le digne et regretté P.Patriat, qu’on aimait à appeler du beau nom de « mère des Missionnaires ».
« M.Richard passa trois ans au sanatorium,où il reçut les soins les plus dévoués, et je sais de plusieurs sources, que par son tact et ses bonnes manières, il avait su captiver l’estime et l’affection de tous ses confrères. Il revint au Tonkin en décembre 1883, non pas guéri, il est vrait, sa maladie étant incurable, mais au moins en état de faire un petit travail, qui tout en occupant son temps, le rendait utile.
« Son-tay venait d’être pris par l’amiral Courbet. De nombreuses troupes tenaient garnison dans cette ville, et on y avait créé un hôpital. Un aumônier était donc nécessaire.A la demande de l’amiral, et d’un commun accord avec lui, j’envoyai M.Richard, qui avait toutes les qualités pour remplir ce poste. Le choix fut trouvé exellent par tout le monde. Les officiers trouvaient en lui un prêtre digne, simple, dévoué, d’une conversation intéressante, de manières douces et distinguées, en un mot, un missionnaire qui, en inspirant le respect, gagnait l’affection.
« Les Annamites out eu en lui, un guide et un protecteur, qui leur a rendu des services signalés. C’était l’époque où les nombreuses chrétientés ses six paroisses qui forment le District Nord, étaient ravagées par les Pavillons-Noirs, et les bandes de rebelles ; elles avaient dû abandonner leurs villages incendiés pour se réfugier à Son-tay, sous la protection des troupes. J’avais fait acheter des terrains et des maisons pour leur donner asile. Pendant longtemps, le Père prit d’eux un soin tout paternel, et allégea puissamment le poids de leurs malheurs.
« Dans un moment critique, alors que les rebelles venaient attaquer de nuit la garnison que l’on avait dû restreindre pour faire des expéditions, la ville de Son-tay était en danger. Les troupes étaient retranchées dans la citadelle, tandis que le missionnaire, logé en dehors, restait avec les habitants de la ville, exposé aux attaques des rebelles. M. Richard, conservant son calme ordinaire, demeura ferme à son poste, rassura la population, et empêcha une débandade, qui aurait été nuisible à un grand nombre de familles.
« Cependant M. Richard sentait ses forces s’épuiser sensiblement, et il était souvent incapable de suffire même au léger travail que lui occasionnait sa fonction d’aumônier. Je plaçai auprès de lui M.Méchet, qui, tout en étudiant la langue annamite, le remplaçait au besoin dans le service de l’hôpital. C’est grâce aux soins que ce dévoué confrère lui a prodigués pendant trois ans que le M. Richard a dû de pouvoir se maintenir si longtemps.
« Au mois juin dernier, il fut pris de vomissements de sang tellement forts, que l’on craignait de le voir succomber à chaque instant. Mais, grâce à sa forte constitution, et aux soins assidus et intelligents que lui a prodigués le docteur de l’hôpital de Son-tay, M.Baratte, qui, à tout instant, était au chevet du malade, le Père se cramponnait naturellement à la vie. Ce n’est pas cependant que la mort lui fît peur ; il en parlait volontiers, et il désirait la voir arriver tout en se conformant à la sainte volonté de Dieu. Lorsque des confrères venant le visiter, entraient dans sa chambre, il ne fallait pas essayer de le consoler en lui disant qu’il allait mieux, et qu’il avait encore pour un long temps de vie. Il préférait qu’on lui dît carrément : « Vous n’avez au plus que quelques mois à vivre. » D’ailleurs, il était prêt : toutes les affaires extérieures étaient réglées, et, depuis longtemps, le malade donnait tous ses soins à son âme. Il était continuellement en prière, et se faisait lire des livres qui traitent de la mort et du Paradis.
«Dans le dernier mois de sa vie, le Père a particulièrement souffert ; cependant il n’a pas perdu sa gaieté ni son calme habituels. Il offrait ses souffrances au Seigneur, et il était toujours résigné. Dans tout le cours de cette longue maladie, il se confessait et communiait très souvent, et comme il a eu de nombreuses et très fortes crises qui pouvaient l’emporter en un instant, il a reçu plusieurs fois les derniers Sacrements.
A partir du 15 février, l’état du malade s’est aggravé, et a pris une tournure qui a fait présager un dénouement prochain inévitable. Le 21, le docteur déclarait que ce n’était plus que l’affaire de deux jours au plus.
« En effet, le 23 février, à une heure du matin, M.Méchet, qui depuis un mois passait ses nuits à côté du malade, bien qu’il y eût un catéchiste pour le garder, fut appelé subitement ; il aperçut son confrère assis sur son lit, levant les bras et appelant au secours parce qu’il étouffait. Le P.Méchet lui procura les premiers soulagement, et, voyant la dernière heure arrivée, il lui administra de nouveau les sacrements de la sainte Église, que M. Richard reçut avec des sentiments de foi et de piété remarquables.
« L’agonie avait commencé, et le malade conservant toute sa connaissance, répétait à haute voix les aspirations que lui suggérait son confrère. Par intervalles, il lui prenait la main en lui disant : « Est-ce que je baisse ? – Merci. – Sera-ce bientôt «fini ? Je vais donc enfin aller au « ciel !» Au moment où M.Méchet venait de réciter la prière Proficiscere, anima christiana, que le malade s’efforçait de redire, voyant le dernier moment approcher, il lui suggère encore quelques aspirations : Mon Dieu, je crois, j’espère, je vous aime. M. Richard expira en essayant de les répéter. Voilà un exemple de belle mort après une belle vie.»
Références
[1412] RICHARD Adrien (1853-1888)
Notes bio-bibliographiques. - P. M. M., 1880, p. 83 ; 1881, p. 102 ; 1888-89, p. 3.
Notice nécrologique. - C.-R., 1888, p. 228.