Jean LABORDE-DEBAT1865 - 1936
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1901
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1891 - 1936
Biographie
LABORDE-DEBAT Jean, est né le 2 août 1865 à Louvie-Soubiron, au diocèse de Bayonne (Pyrénées Atl.). Il fait ses études secondaires au Collège de Betharram et entre au Grand Séminaire de Bayonne. Sa philosophie terminée, il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 6 septembre 1887. Ordonné prêtre le 24 juin 1890, il part le 29 octobre suivant pour le Kouytcheou.
Arrivé en mission en avril 1891 à Kweiyang, il est envoyé au district de Meytan pour son stage de langue : il parlera bien, écrira beaucoup moins bien et ne sera jamais un bon prédicateur, surtout devant une grande audience. En 1894, il est envoyé au district de Tsingay où il va fonder plusieurs écoles, laissant aux catéchistes le soin de prêcher et de catéchiser. De 1904 à 1914, il est professeur de français à l'école secondaire Ta-té". En 1914, il est rendu à Tsingay. En 1934, il demande et obtient de se retirer à l'évêché : il va y rester deux années et y rendra son dernier soupir le 21 décembre 1936 après 45 ans de mission.
Nécrologie
M. LABORDE-DÉBAT
MISSIONNAIRE DE KWEIYANG
M. LABORDE-DÉBAT (Jean), né le 2 août 1865 à Louvie-Soubiron (Basses-Pyrénées), diocèse de Bayonne. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 1er juin 1887. Prêtre le 24 juin 1890. Parti pour le Kouy-Tcheou le 29 oc¬tobre 1890. Mort à Kweiyang, le 21 décembre 1936.
M. Laborde-Débat naquit le 2 août 1865 à Louvie-¬Soubiron dans la vallée de Laruns, une des plus belles des Pyré¬nées, qu’arrose le gave d’Ossau. Sa famille jouissait d’une certaine aisance. Son père mourut encore jeune, maire de sa commune, laissant le petit Jean seul avec sa mère. Quoique fils unique, son désir d’être prêtre un jour, et plus tard missionnaire, ne rencontra pas de la part de sa pieuse mère le moindre obstacle.
M. Laborde fit ses études secondaires au collège de Bétharram, sous la douce égide des fils du vénéré et saint Garicoïts. Quel élève y fut-il ? Nous en sommes réduits aux conjectures. Intelligent, certes, il l’était ; mais peut-être bien que son intelligence était servie par une volonté à tension quelque peu intermittente. Tra¬vailleur sans doute, mais probablement à ses heures. Quoi qu’il en soit, il sortit du collège avec son diplôme de bachelier dans une poche… et un exemplaire des Fables de La Fontaine dans l’autre. De tous les classiques, celui-ci fut toujours son préféré et, invariablement, toute citation de l’une quelconque de ces fables commencée par un camarade était terminée par lui.
Bétharram, dont le Supérieur était alors le vénérable Etchecopar, laissa dans le souvenir et le cœur de M. Laborde la plus vive impression. Cette maison resta pour lui, au plein sens du mot, « l’Alma Mater » à laquelle il voua, presque autant qu’à sa propre mère, reconnaissance, amour, culte même. Il en parlait volontiers, et malgré son esprit prompt, aigu, quelque peu caustique, jamais, durant ses 45 ans de mission, il ne se permit à l’égard de ses maîtres la moindre critique, la plus petite plaisanterie désobligeante. Pour lui, comme s’il avait deviné les futures inten¬tions de Rome, le P. Etchécopar était un saint. Aussi le priait-il avec une confiance qui n’était pas trompée puisqu’il avait obtenu de ce saint homme quelques grâces de choix. Après sa rhétorique, M. Laborde passa au grand séminaire de Bayonne, et, sa philo¬sophie terminée, entra au Séminaire des Missions-Étrangères.
Ordonné prêtre le 24 juin 1890, notre confrère arriva à Kweiyang au mois d’avril de l’année suivante. Il fut envoyé dans le district de Meytan pour y apprendre la langue chinoise sons la direction de M. Jouishomme qui, sans être un lettré, parlait chinois avec la souplesse et l’aisance d’un natif. M. Laborde était doué pour faire de rapides progrès sous un tel maître : oreille fine et sûre, prononciation nette et bien accentuée, parole claire et aisée, excellente mémoire, bref, un ensemble de dispositions parfaitement assorti. Malheureusement, si les termes de la conversation s’apprennent par la conversation, les expressions de doc¬trine se trouvent surtout dans les livres ; mais pour M. Laborde, l’étude des idéogrammes chinois même les plus usuels, fut un pont qu’il ne franchit jamais. Que d’autres missionnaires, avant comme après lui, aient pu ignorer les caractères et devenir quand même de bons prédicateurs, d’excellents catéchistes, c’est vrai, mais M. Laborde ne put jamais prêcher avec aisance. De plus, et ceci devait durer toute sa vie, il éprouvait des frayeurs implacables devant un auditoire muet, si modeste fût-il. Ce qu’il savait de chinois il l’énonçait parfaitement, mais à condition que ce fût dans un cercle restreint et qu’il se sentit à l’aise. Cette infériorité, il la ressentait très profondément et elle était la torture de toute sa vie. Il n’en faisait pas mystère ; humblement il en profitait pour exhorter les jeunes confrères à ne pas l’imiter et à poursuivre coûte que coûte l’étude de la langue écrite et parlée. Parfois, souvent même, quand la pensée de cette lacune le hantait exagé¬rément, il glissait presque jusqu’au découragement, se disant à lui-même : « Ah ! si seulement j’étais sûr de pouvoir entrer au purgatoire. » S’il est permis de risquer ici cette prosopopée, à la porte du paradis, saint Pierre aura pu lui dire : « Entre tout de même ; certes, tu n’as pas fait beaucoup de sermons, mais tu l’as bien expié. »
En 1894, il fut envoyé dans le district de Tsingay. Il fit la visite des stations, recourant tant qu’il le put à des catéchistes, soit pour les sermons, soit pour les catéchismes. Il y fonda plu¬sieurs écoles et s’ingénia à y laisser des revenus suffisants pour leur entretien et aussi pour subvenir aux divers besoins du poste.
Au début de ce siècle, la Chine, sortant de sa millénaire léthargie, se modernisait à vue d’œil et cherchait partout pour ses écoles des professeurs de langues étrangères : français, anglais, espagnol. A Kweiyang, ne trouvant pas de professeur laïc, la direction de la grande école secondaire « Ta-Té » demanda un missionnaire ; Mgr Guichard, agréant sa requête, fit choix de M. Laborde. Celui-ci resta environ dix ans, très assidu dans l’exer¬cice de ses fonctions, d’un dévouement sans bornes, très aimé de ses élèves qui, tous, ont gardé de lui un souvenir ému et recon¬naissant. En 1914, par suite de la mobilisation de nombreux confrères, les besoins des districts ayant priorité sur toute autre considération, M. Laborde fut rendu à Tsingay. Enfin, en 1934, sa santé devenue très affaiblie, il demanda et obtint de se retirer à l’évêché.
Dans sa retraite il partagea son temps entre les exercices spiri¬tuels et le travail intellectuel. Jusqu’à la fin de sa vie il eut des vivacités naturelles, mais de plus en plus diminuées et presque aussitôt désavouées. Quelques jours avant sa mort, un de ses amis prenait occasion de ses souffrances pour le consoler et lui parler de ses mérites ; à ce moment même une impatience lui échappa à propos d’une chose de peu d’importance ; il se reprit et dit aussitôt : « Les voilà perdus mes mérites, c’est à recommencer. » Si notre confrère aimait la Très Sainte Vierge d’un amour tout filial, il avait aussi une dévotion très spéciale pour saint François d’Assise. De bonne heure admis dans les rangs du tiers-ordre franciscain, il en observa strictement le règlement et s’employa toute sa vie, non sans succès, à gagner des adeptes.
Pendant les deux ans de retraite passés à l’évêché, il eut à endurer des souffrances parfois bien pénibles, mais il les accepta toujours avec un très vif esprit de foi. Il en fut bien récompensé, semble-t-il, car à l’approche de ses derniers moments toutes les inquiétudes sur ses mérites disparurent pour faire place à la plus douce confiance en la bonté et en la miséricorde de Dieu. Il rendit le dernier soupir dans la journée du 21 décembre 1936 après avoir passé 45 ans en mission.
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Références
[1901] LABORDE-DEBAT Jean (1865-1936)
Références biographiques
AME 1891 p. 292. 362. CR 1890 p. 219. 1892 p. 123. 1896 p. 161. 1900 p. 114. 118. 1910 p. 405. 1920 p. 69. 1936 p. 234. 338. 1937 p. 244-246 (notice). BME 1923 photo p. 399. 1927 photo p. 457. 1928 p. 105. 362. photo p. 65. 1929 p. 47. 1933 p. 696. photo p. 775. 1934 p. 203. 712. 1935 p. 737. 1936 p. 742. 818. 1937 p. 123. EC1 N° 349.